- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 12 avril 2022
- Publication : 25 mars 2015
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LES ANDELYS
Jean-Claude SEGUIN
Les Andelys, ville du département de l'Eure (France), compte 6.000 habitants (1894).
1897
Le Chronophotographe de M. Chédeville (< 3 novembre 1897)
Un nouvel appareil se présente vers la fin du mois d'octobre:
Le chronophotographe et les Rayons X.- Le cinématographe, qui avait déjà fait son apparition dans notre région, vient de réapparaître aux Andelys sous un nouveau nom : le Chronophotographe. Nous n'insisterons pas sur la description de l'appareil. On sait en effet qu'une nombreuse série de clichés photographiques positifs disposés à égale distance sur un rouleau de gélatine bien transparente vient successivement passer devant une lentille fortement éclairée. La durée de chaque image devant cette lentille correspond à une courte période d'obscurité remplacée à son tour par une seconde image et une nouvelle zone d'ombre; mais la succession de ces périodes est si rapide que l'œil ne perçoit pas ces intervalles. Ces images successives sont projetées sur un écran. L'éclairage se faisait primitivement au moyen de la lumière oxy-éthérique,mais depuis l'incendie du Bazar de la Charité, on l'a remplacée par la lumière électrique, du reste plus puissante : il faut une force d'environ 15 ampères (3 chevaux) pour éclairer convenablement la lentille. Les bandes de gélatine mesurent environ 25 m. de longueur sur 0,06 de largeur, dans le système de M. Gaumont; tandis que celles employées par M. Lumière et Edison n'ont que 35 mm. de largeur. Une de ces bandes se vend 75 fr. lorsqu'il s'agit de sujet en noir et 125 fr. pour les scènes coloriées. Pour assurer aux projections la netteté suffisante, il faut que ces pellicules soient assez souvent renouvelées, car le roulement use la partie brillante de la surface et les rend moins translucides. Quant aux rayons X, dont la découverte est due au docteur Roentgen, ils sont tombés également dans le domaine public, depuis la découverte de la lunette fluorescente ou radioscope formé d'un châssis, sur lequel est appliquée une plaquette de platino-cyanure de baryum. Cet écran reçoit l'image des objets soumis aux rayons fluorescents. Le détail des opérations est des plus simples. Un courant électrique produit par des piles ou des accumulateurs est dirigé dans une forte bobine Rhumkorff capable de produire à l'air libre des étincelles de 25 cm. Les deux pôles de cette bobine sont mis en communication avec une grosse ampoule en verre dont la découverte est due au physicien anglais Crookes. L'étincelle électrique jaillit à l'intérieur de ce tube, entre deux fils de platine, et comme le vide existe dans l'intérieur, des lueurs verdâtres fluorescentes s'y produisent. Ce sont ces rayons qui parviennent à traverser tous les corps, sauf les minéraux et les métaux. Tout objet métallique enfermé dans une boîte est vu distinctement à travers des enveloppes qui peuvent le recouvrir. Les étoffes qui recouvrent une personne s'aperçoivent légèrement, les chairs sont un peu plus foncées et enfin le squelette se distingue encore mieux. Si par hasard une bouteille, des bijoux cachés, un porte-monnaie existent sur cette personne, on les distingue très bien malgré plusieurs épaisseurs d'étoffe. Aussi la douane s'est-elle emparée de cette précieuse découverte, pour soumettre à l'examen les colis peu volumineux et les personnes suspectes d'introduire des flacons, des montres, etc. Seuls les cigares et la dentelle peuvent passer inaperçus. Les projections étaient faites par M. Chédeville, de Vernon, qui s'est fort bien acquitté de son rôle un peu improvisé, car jusqu'ici, il ne s'occupait que de l'installation électrique chez des particuliers, dans les noces ou les fêtes publiques.
Le journal d'Evreux, du département de l'Eure, écho des Andelys et de la plaine du Vexin, 3 novembre 1897.