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- Création : 1 décembre 2023
- Mis à jour : 6 novembre 2024
- Publication : 1 décembre 2023
- Affichages : 4474
Eugène BECQUÉ
(Le Havre, 1868-Castres, 1932)
Eugène Becqué
© Collection Cécile Coolen
Cécile COOLEN
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Jean François Becqué (Montmidi, 1748-Sorèze, 15/08/1817) épouse Marie Claire Capelle (1750-Sorèze, 27/09/1828). Descendance :
- François Becqué (Sorèze, 16/09/1791-Lavaur, 21/07/1889) épouse (Aurillac, 26/02/1816) Jeanne Rose Benoît (Saint-Cernin, 11/10/1798-Lavaur, 26/02/1840). Descendance :
- Victor Vincent Léopold Becqué (Mauriac, 19/07/1831-Neuilly-sur-Seine, 04/12/1909) épouse (Le Havre, 26/07/1862) Marie Alphonsine Emélie Fleury (Ingouville Le Havre, 04/06/1843-Lavaur, 23/06/1932). Descendance :
- Jean Victor Paul Becqué (Le Havre, 02/09/1863-Clermont l’Hérault, 13/08/1959) épouse (Vincennes, 11/09/1899) Marguerite Louise Durême (Le Havre, 03/07/1873- Clermont l’Hérault, 08/10/1956). Descendance :
- Jean Victor Eugene Becqué (Vincennes, 23/11/1902-Clermont l’Hérault, 12/03/1991) épouse Raymonde Parlier.
- Albert François Eugène Becqué (Le Havre, 20/04/1868-Castres, 20/12/1932) épouse (Angers, 26/10/1898) Marie Louise Durême (Le Havre, 20/05/1876-Bois-Colombes, 06/11/1937). Descendance :
- Elisabeth Marie Lucienne Becqué (Paris 7e, 30/07/1899 -Villeneuve-Saint-Georges, 26/06/1973).
- Paul Eugène Victor Becqué (Sèvres, 07/07/1902-Vaux-sur-Lunain, 27/04/1976).
- Willy Louis Albert Becqué (Sèvres, 22/05/1904-Paris, 25/06/1975) épouse (Angers, 14/01/1938) Marguerite Andrée Clémentine Claudine Beucher (Précigné, 11/12/1907-Joinville-le-Pont, 24/01/1983). Descendance :
- Jean Victor Paul Becqué (Le Havre, 02/09/1863-Clermont l’Hérault, 13/08/1959) épouse (Vincennes, 11/09/1899) Marguerite Louise Durême (Le Havre, 03/07/1873- Clermont l’Hérault, 08/10/1956). Descendance :
- Victor Vincent Léopold Becqué (Mauriac, 19/07/1831-Neuilly-sur-Seine, 04/12/1909) épouse (Le Havre, 26/07/1862) Marie Alphonsine Emélie Fleury (Ingouville Le Havre, 04/06/1843-Lavaur, 23/06/1932). Descendance :
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Les origines (1868-1894)
Léopold Becqué, le père d'Eugène, enseigne de vaisseau au moment où il obtient le grade de chevalier de la Légion d'Honneur (1856). De mars à mai 1860, il officie à bord de l'aviso Le Brandon dont il a laissé un récit. Peu après, on le retrouve commandant en second du yacht "Jérôme Napoléon" (nom donné entre 1860 et 1866 au "Cassard"). En juin 1861, il est à bord de ce dernier à l'occasion de la traversée qui conduit le prince Jérôme Napoléon en Amérique.
"The Gunboat Steam Yacht Jerome Napoleon Captain Dubussion, Commander, in New York Harbor-Arrival of prince Napoleon and princesse Clothilde on a visit to the United."
Frank Leslie's Illustrated Newspaper, 10 août 1861, p. 208.
En juillet 1862, il épouse Marie Fleury, et le couple va avoir deux enfants dont Eugène. La famille habite alors rue Estimauville dans le centre du Havre. Ils y sont encore, probablement, au début des années 1880. Commandant du sémaphore du Havre, Léopold Becqué va s'illustrer lors de la tempête dramatique qui ravage le port, dans la nuit du 25 au 26 mars 1882, en organisant les secours. Malheureusement plusieurs sauveteurs périront.
Le Monde illustré, Paris, 8 avril 1882, p. 209.
L'anné suivante, le fils aîné, Paul, s'engage comme volontaire pour cinq ans (4 septembre 1883). Les 18, 19 et 20 février 1888, Léopold Becqué, directeur du matériel de sauvetage de la chambre de commerce du Havre, participe au sauvetage du vapeur Tancarville, incendié dans le port.
Courrier adressé à Léopold Becqué.
© Collection Cécile Coolen
C'est probablement peu après que la famille s'installe à Toulouse. Grâce à son matricule, on sait qu'Eugène est alors secrétaire à la Compagnie Générale Transatlantique et qu'il est dispensé de son service militaire, son frère étant alors sous les drapeaux. On sait qu'alors Eugène va résider à St Nazaire (21 janvier 1890) où il est recensé, 642, rue Amiral Courbet, en tant que pensionnaire. Il figure comme "commis" sous son premier prénom "Albert".
Saint-Nazaire. Recensement (1891).
Source: Archives Départementales de Seine Atlantique
On le retrouve ensuite à Angers (5 octobre 1892) avant qu'il ne s'installe à Paris (7 juillet 1894). Il va résider dans la capitale à plusieurs adresses successives : rue Lallier (7 juillet 1894), 15 rue des Petits Champs (1er mars 1895), 12 faubourg Poissonnière (20 février 1897) et 171, av. du Roule (1er mars 1898). En octobre de cette même année, il épouse, à Angers, Louise Durême. Outre le domicile d'Eugène Becqué (11, rue de l'Hôtel de Ville à Neuilly) qui est celui, en fait de ses parents, l'acte d'état civil fait apparaître, parmi les témoins, "Léon Gaumont, industriel, âgé de trente cinq ans, domicilié à Paris, rue Saint-Roch, ami des époux", preuve que des rapports personnels existent dès cette époque entre les deux hommes.
Le cinématographe (<1898-1909)
Eugène Becqué déclare, aux autorités militaires, résider au 15, rue du Bac (4 février 1899) où va voit le jour Lucienne, le premier enfant du couple qui déménage ensuite à Sèvres (65 bis rue de Brancas) où vont naître Paul (1902) et Willy (1904).
La succursale du Comptoir Général de Cinématographie (Barcelone, 1905-1909)
C'est l'année suivante qu'Eugène Becqué va mettre en place la succursale de Barcelone du Comptoir Général de Cinématographie. Les origines remontent, au moins, à mars 1905 comme l'indique l'annonce publiée dans un journal barcelonais qui indique que Léon Gaumont dispose d'un local sur le très fréquenté paseo de Gracia :
Se desea un armario en hierro, teniendo 2 metros de largo, 1’50 a 2 metros de altura y 0’30 a 0’40 metros de fondo. Razón L. Gaumont, paseo de Gracia, número 66.
El Diluvio (ed. mañana), Barcelona, 10 de marzo de 1905, p. 25.
D'autre part, il demande l'autorisation d'installer un moteur électrique dans une autre artère barcelonaise:
Han acudido al Ayuntamiento en demanda de permiso:
Don L. Gaumont, para instalar un electromotor en la casa número 27 de la calle de Valencia.
La vanguardia, Barcelona, 21 de mayo de 1905, p. 2.
Enfin, au même moment, une marque est déposée pour l'Espagne, qui est complétée par une seconde en novembre 1905.
Márca de fábrica "Elgé", nº 11797 (28/04/1905) Léon Gaumont (Barcelona) |
Márca de fábrica "Elgé", nº 12331 (21/11/1905) Léon Gaumont (Barcelona) |
Dès le mois de juillet, des lettres à en-tête sont imprimées (L. Gaumont, 66, paseo de Gracia) et le premier "catalogue" de vente d'appareils est proposé à la clientèle.
L. Gaumont, Lista de precios de los aparatos cinematográficos, Barcelona, 15 de julio de 1905. Source : Filmoteca Española. MAR/05/175. |
Dans une note biographique publiée plus tard par la revue espagnole Arte y Cinematografía de 1927 et reprise en 1936, il est question des débuts de la filiale et de ses activités :
... Desde el año 1905 la casa Gaumont había empezado a registrar y editar en España no sólo películas mudas, sino películas cantadas, que fueron exhibidas en público mediante el aparato de sincronismo, precursor de los aparatos sonoros actuales, de nominado Cronófono Gaumont.
Arte y Cinematografía en el año XXV de su publicación 1910-1935, Barcelona, 1936.
C'est vers la mi-octobre 1905 qu'Eugène Becqué et son épouse Louise reçoivent chez eux (Calle Lauria 96) Alice Guy qui effectue un voyage en Espagne accompagnée du fidèle cinématographiste Anatole Thiberville. Dans son autobiographie, elle se souvient ainsi de cette rencontre :
Le directeur de notre filiale à Barcelone avait une charmante femme qui me donna l'hospitalité pendant plusieurs jours. Un de nos clients, "Napoléon", qui m'avait rencontrée à Paris où il faisait de fréquentes visites, m'avait préparé une réception grandiose. Je fus, grâce à lui, reçue à bord d'une canonnière où les officiers, après m'avoir offert le pain et le sel, me firent visiter leur navire et m'invitèrent à leur table où m'attendait un superbe bouquet de camélias.
Alice Guy, Autobiographie d'une pionnière du cinéma (1873-1868), Paris, Denoël/Gonthier, 1976, p. 90.
Eugène Becqué, d'après les correspondances conservées, part pour Saragosse avec Alice Guy où ils séjournent, environ, du 22 au 26 octobre 1905, soit quelques jours à peine après les célèbres fêtes de la Virgen del Pilar.
"Eugène Becqué. Madame E. Becqué. Saragosse. 26 octobre 1905." Fototipia L. Escola (nº61). Zaragoza, Zaragoza, Plaza y Templo de Nuestra Señora del Pilar © Collection Cécile Coolen |
Pour sa part, Anatole Thiberville se rend à Madrid juste au moment où, le 22 octobre, le président Émile Loubet entame son voyage officiel dans la capitale espagnole. Le directeur de la succursale et la responsable du secteur cinématographique de la société Gaumont rejoignent Anatole Thiberville, Ils logent à l'Hôtel de Rusia (carrera San Jerónimo). Eugène Becqué annonce à son épouse qu'il pense repartir, le jeudi 9 novembre, pour Barcelone.
"Eugène Becqué. Madame E. Becqué. Madrid. 4 novembre 1905." Unión postal universal. Madrid. Palacio Real. © Collection Cécile Coolen |
Sous la direction d'Eugène Becqué, l'agence catalane va développer ses activités avec un certain nombre de professionnels locaux. On compte ainsi parmi ces collaborateurs Juan Munilla, qui aurait joué un rôle dans la diffusion de la production Gaumont, Ricardo Baños, l'un des premiers à être en contact avec la société et qui semble avoir travaillé à Paris ([1904]-[1907]. José Gaspar et Fructuoso Gelabert, eux aussi, auraient gravité autour de la filiale dans ces années-là.
Alors qu'Eugène Becqué poursuit ses activités barcelonaises, le Comptoir Général va se constituer en Société anonyme des Établissements Gaumont (7 décembre 1906) dont l'un des souscripteurs n'est autre que le père d'Eugène, Léopold Becqué (25 actions de 100 fr). Toujours dans l'environnement familial, son frère Paul, Commandant d'Administration, est fait chevalier de la Légion d'Honneur (1908). L'année suivante est marquée par un drame familial : le suicide de son beau-frère qui ramène la famille (mai-juin 1909) en France. Il semble avoir eu l'intention de reprendre ses activités ou tout au moins de revenir en Espagne, mais finalement c'est Henri Huet qui reprend la direction de la succursale en juin 1909 :
CRÉATION DE LA Filiale « Gaumont » à BARCELONE : C’est au début de l’année 1905 que Mr. GAUMONT prit la décision de créer une filiale à Barcelone pour la zone « Espagne & Portugal », y compris les Iles Baléares, les Isles Canaries, l’Ile Madere et les Açores »-Le directeur désigné de cette filiale fut, jusqu’en JUIN 1909 Mr. Becquet. Au départ de Mr. Becquet en juin 1909, Mr. GAUMONT désigna pour lui succéder Mr. H. Huet qui resta à ce poste en qualité de directeur jusqu’en 1931, date de fermeture de cette filiale sur ordre de la G.F.F.A.
"La diffusion des films: dossier de Louis Gaumont sur les Agendes d'Espagne". LG332-B45. Cinémathèque française.
Et après (1910-1932)
Sources
Le Monde illustré, Paris, 8 avril 1882.