Georges FAGOT

(Saint-Maur-des-Fossés, 1878-Corbeil-Essonnes, 1960)

fagot georges

Jean-Claude SEGUIN

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Marie, Jules, Adolphe dit "Jude" Fagot (1851-) épouse (Paris 3e, 12/09/1877) Berthe, Elisa Guérin (Paris, 20/04/1859-). Descendance :

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Les origines (1878-1902)

Fils d'un négociant en épicerie domicilié à Paris, Georges Fagot naît à Saint-Maur-des-Fossés en 1878. Encore jeune,  il s'intéresse à la littérature et à la poésie et fonde la société littéraire L'Idée, en février 1895 :

GEORGES FAGOT: LE MINEUR (Éditions de L'Idée, 12, rue Lagrande, à Paris.).-M. Georges Fagot n'est pas seulement un poète, c'est encore un homme d'initiative; il a fondé une Société littéraire qui s'intitule L'Idée; beau titre, et noble rôle à jouer.
Sous les auspices de L'Idée, il a publié ce généreux poème, Le Mineur, dont le succès a dû le payer de toutes ses peines. Le Mineur, en effet, est arrivé à sa deuxième édition. Ajoutons qu'elle est fort bien illustrée par M. A. Valley.


L'Année des poètes, Paris, Edition de l'Année des Poètes, 1895, p. 607.

Ce poème a été publié, en particulier, dans Le Parti ouvrier :

LE MINEUR
à M. Jean C. P.

Mineur, malgré ta pâle mine,
Descends, tu n'est qu'une machine,
Descends, descends dans cette nuit
Où luit
Le feu grisou qui, dans la mine,
Chemine.

Mineur, frappe, à coups de pioche,
Le charbon et l'humide roche,
Attends la mort, voici le flot
Qui clot
L'oeil que la nuit a rendu sombre.
Tout sombre...

Mineur, accomplis bien ta tâche,
Montre-nous que tu n'es point lâche.
Crois-moi, la terre est un tombeau
Fort beau,
Que Dieu créa pour l'homme brave;
Esclave:
Georges FAGOT fils.Le Parti ouvrier, 29-30 janvier 1895, p. 1.

À la suite d'un incident qui l'oppose, en juin 1898, à un autre directeur de journal, Georges Fagot fait passer dans la presse un rectificatif où il affirme ses convictions politiques :

Au quartie Latin.[...]
"Quant aux huées des 'étudiants républicains et socialistes', permettez-moi de sourire : personne, plus que moi, n'est républicain et anticlérical, et je ne vois pas en quoi un différend survenu entre deux directeurs de journaux dont l'un -le mien- est nettement et exclusivement littéraire, pourrait mettre de mon côté des cléricaux que je répudie, et contre moi des républicains dont je me réclame.
"Veuillez agréer, monsieur, l'assurance de ma considération très distinguée.
"GEORGES FAGOT,
"Rédacteur en chef de l'Idée."


Le Radical, Paris, dimanche 26 juin 1898, p. 3.

Son engagement ne semble pourtant pas très clair puisque quelques mois plus tard, il va prendre fait et cause contre Dreyfus comme on peut le lire dans ce courrier adressé à la presse :

Nous recevons, en outre, de notre distingué et vaillant  confrère M. Georges Fagot, directeur de l'Idée, la lettre suivante :
Mon cher confrère,
Je lis dans le plus ignoble des journaux dreyfusards mon nom au bas d'une liste de protestation en faveur du jésuite dégalonné Picquart. Vous pensez bien, n'est-ce pas, que je n'y suis pour rien et que c'est un faux de plus à l'actif des défenseurs de Dreyfus.
Je vous serai reconnaissant de le dire, les faussaires n'ayant pas inséré ma protestation indignée.
Croyez, etc.,
Georges FAGOT.


L'Intransigeant, Paris, lundi 5 décembre 1898, p. 1.

Il semble avoir fait volte-face quelque temps plus tard si l'on en croit cet entrefilet de mai 1899 :

M. Georges Fagot nous écrit pour rectifier une information erronée que nous avons publiée ces jours derniers. M. Georges Fagot déclare qu'il n'a pris en ces derniers temps la direction d'aucune manifestation antisémite ; il n'a pas été du nombre des assommeurs qui ont assailli dimanche dernier à Montmartre, M. Worms.
Nous donnons acte à M. Fagot de sa protestation.


Les Droits de l'homme, Paris, lundi 22 mai 1899, p. 2.

Tout en poursuivant ses activités littéraires, Georges Fagot poursuit des études de droit. Après avoir été ajourné en 1899 pour "faiblesse", il est déclaré bon pour le service l'année suivante (matricule militaire). Il rejoint, le 15 novembre 1900, le 37e régiment d'infanterie, puis passe au 132e. Tout en accomplissant ses obligations militaires, Georges Fagot ne néglige pas sa carrière artistique :

M. Georges Fagot, secrétaire du célèbre poète Edmond Rostand, actuellement soldat au 37e de ligne, a bien voulu écrire, spécialement pour ce bulletin, une pièce de vers dédiée au colonel de Castelnau, et qui a pour titre : Vision.
Tous apprécieront le talent de ce jeune poète qui, du reste, n'en est pas à son coup d'essai; nous croyons savoir, en effet, que le théâtre de Reims a déjà joué un drame en un acte et en vers, signé Georges Fagot, il y a quelques mois.


L'Est républicain, vendredi 12 avril 1901, p. 2.

Finalement, Georges Fagot est envoyé en congé, le 21 septembre 1902, avec un certificat de bonne conduite, en poche. À cette époque, il utilise également son nom d'artiste, Georges d'Adamville, tout en occupant son porte de rédacteur en chef de L'Idée qui va changer de formule dès le mois de mars 1903.

Le cinématographe (1907-1932)

Georges Fagot prétend, dans ses souvenirs, qu'il a commencé à travailler pour la société Pathé dès 1903. Il évoque ainsi sa rencontre avec Charles Pathé :

En 1903, dit Georges Fagot, j'étais le secrétaire de M. Hémard, président du Conseil Général de la Seine. C'était un ami de Charles Pathé, et c'est par lui que je connus le grand producteur de la firme au coq gaulois. A ce moment-là, quoique très jeune, j'avait publié quelques articles et j'avais fait jouer une pièce, Le Miséreux, au grand théâtre de Reims. Charles Pathé l'apprit, me lut et me proposa d'entrer dans sa maison.


AMBRIÈRE, 1932: 27.

Si rien ne permet de remettre en cause sa version, son nom n'apparaît dans la filmographie de la société Pathé qu'en 1908. En outre, dans un conflit qui l'oppose à Pathé-Cinéma et Pathé-Consortium, en 1934, il déclare qu'il a commencé à travailler en 1907 pour la société :

Considérant que, contrairement aux prétentions de Fagot qui prétend que les fonctions qu'il a successivement exercées depuis 1907 aux établissements Pathé s'étant subdivisés en Pathé-Cinéma, Pathé-Consortium (1930) devenu Paris-Consortium-Cinéma et Cinéromans (1934), doivent faire considérer sa situation dans son ensemble, il appert des documents versés aux débats et de la procédure même telle qu'elle est engagée séparément par Fagot, que c'est la situation qu'il occupait dans ces deux dernières sociétés juridiquement indépendantes lors de la rupture concomitante des conventions qui doit servir de base à l'examen du litige.


Revue des conseils de prud'hommes, 1er novembre 1938, p. 592.

Qu'il y ait eu des contacts entre 1903 et 1907, c'est possible, mais Georges Fagot ne semble avoir été engagé officiellement qu'en 1907. Dans ses mémoires, d'ailleurs, il ne parle que de films tournés après cette date : Le Voleur mondain (1909) avec Max Linder, FaustLatude... Il va passer sous les ordres de Ferdinand Zecca dont il devient le collaborateur :

Voilà comment je devins le secrétaire de Ferdinand Zecca, qui était le directeur artistique de la firme Pathé frères.
[...]
Quand je devins son collaborateur, la rédaction des sous-titres était confiée à un brave homme qui s'appelait Caussade. Et ses textes n'avaient rien de bien palpitant. Le fin du fin consistait alors à trouver des sous-titres qui, mis bout à bout, fissent une phrase dont le sens résumait le film: La petite fille de M. Dupont... entre dans la chambre de son père... Elle le réveille... et il se fâche. Tout le texte était de ce style, et il commentait l'image sans nulle nécessité.

Je représentai à Caussade que, si l'on voyait à l'écran un personnage se dévêtir et se glisser entre les draps, il n'y avait aucun besoin d'écrire : Durand se met au lit. Je fis en sorte que désormais les sous-titres fussent suggestifs; leur vrai rôle étant, ou d'expliquer ce qu'on ne peut voir, ou de piquer la curiosité du spectateur.


AMBRIÈRE, 1932: 27.

Il va écrire plusieurs scénarios pour la société et publie, à l'occasion des critiques cinématographiques comme "The Japanese Film d'Art" en 1910. Il assiste aux obsèques d'Alfred Broult, directeur des usines Pathé Frères, en 1914 :

Les obsèques de M. Alfred Broult, directeur des Usines Pathé Frères, ont été célébrèes hier, au milieu d'une affluence considérable, en l'église de Polangis.
Dans l'assistance, on remarquait MM. Charles et Emile Pathé, Prévost, Zecca, Continsouza, Marette, Lair, Fourel, Caussade, Fagot, commandant Ollivier, Gaveau, Lelièvre, Delamotte, Flogny, etc...
Au cimetière, M. Fagot a pris la parole au nom de la riection et a retracé en termes émouvants la belle carrière du disparu, qui fut l'un des pionniers du cinématographe.
L'inhumation a eu lieu au cimetière de Polangis.


La Presse, Paris, 15 mai 1914, p. 2.

Il est mobilisé le 4 août 1914 au 29 bataillon d'infanterie, puis dans différentes unités au cours de la guerre. Il est démobilisé le 18 février 1919. De retour chez Pathé, il y reste jusqu'en 1932. Un différend surgit entre les sociétés Pathé-Cinéma et Pathé-Consortium et Georges Fagot lorsque ce dernier est congédié. En 1932, il raconte quelques souvenirs à Francis Ambrière sur sa collaboration avec Pathé.

Et après... (1933-1960)

Georges Fagot intègre les Productions A. Hugon (61, rue du Mont-Cenis. Paris 18e) où il devient scénariste, dialoguiste, mais aussi metteur en scène pendant plusieurs années. À nouveau mobilisé lors de la 2e guerre mondiale, il est fait prisonnier au camp de Koenigstein où il passe le temps comme il peut :

Le théâtre au camp
Nos prisonniers en Allemagne s'ingénient à se distraire. L'on devine qu'ils y arrivent. L'ingéniosité française n'est pas un vain mot.
Un magazine nous donne cette semaine des photographies d'une séance récréative donnée au camp de Koenigstein.


Comoedia, Paris, 23 août 1941, p. 4.

fagot georges 1941 portrait
"Une cigarette avant d'entrer en scène.- Georges Fagot se hâte de fumer. C'est la 'jeune première' d'une parodie très spirituelle du Faust de Gounod, Cambou, le fameux comique français, qui figure ici Siebel, souffle à la 'jeune fille' sa première réplique."
Signal, 1er août 1941, p. 30.

Georges Fagot rentre de captivité en janvier 1942 :

Saint-Satur.-Retout d'un prisonnier.-Nous apprenons le retour de captivité de notre compatriote G. Fagot.
Musicien, autant qu'érudit et artiste, G. Fagot avait été lors de son séjour en Allemagne l'animateur d'une troupe théâtrale renommée.
L'hebdomadaire "Signal" nous avait donné d'ailleurs, il y a quelque temps, des nouvelles inattendues et de belles photos de notre compatriote à l'occasion d'une représentation donnée devant les généraux français prisonniers.
Georges Fagot, qui fit des études de médecine, a été rapatrié au titre de "sanitaire".


Journal de Sancerre, Sancerre, 24 janvier 1942, p. 2.

Il décède à Corbeil Essonnes en 1960.

Sources

AMBRIÈRE Francis, "À l'aube du cinéma. Les Souvenirs de Georges Fagot", L'Image, 1re année, nº 30, p. 27-30.

Revue des conseils de prud'hommes, 1er novembre 1938, p. 591-594.

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1908

   
  Sauvé par son chien  
  L'Affaire Steinheil  

1909

   
  Le Voleur mondain 3212b
  Jemmy  

1910

   
  Faust  

1911

   
  Latude  
  Une conspiration sous Henri III  
  Max a un duel  
  Le Roman d'une Pauvre Fille (Georges d'Adanville)  
   Boireau a le ver solitaire (Pathé 4223) [photogrammes] 5490

1912

   
  Le Tournoi de l'écharpe d'or  
  Capture du bandit Bonnot  
  La Féria (Georges d'Adanville)  

1913

   
  Max est charitable  

1914

   
  Un grand amour ou La Vengeance du mort  

1933

   
  Le Gros Lot de Cornembuis (A. Hugon)  

1934

   
  La Claque (A. Hugon)  

1935

   
  La Main passe (A. Hugon)  
  Moïse et Salomon, parfumeurs (A. Hugon)  
  La Carte forcée (A. Hugon)  
  Piment  

1936

   
  Le Réserviste improvisé (G. Fagot)  
  Les Trois Épingles (G. Fagot)  
  Le Faiseur (A. Hugon)  
  Les Mariages de Mlle Levy (A. Hugon)  

1937

   
  Monsieur Bégonia (A. Hugon)  

1938

   
  L'Héritage d'Onésime (A. Hugon)  
  Le Héros de la Marne (A. Hugon)