- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 3 octobre 2023
- Publication : 25 mars 2015
- Affichages : 8298
CHÂLONS-SUR-MARNE
Jean-Claude SEGUIN
Châlons-sur-Marne, chef lieu de la Marne (France), compte 25.000 habitants (1894).
1896
Le Cinématographe (Salle des Fêtes, 26-30 octobre 1896)
Le cinématographe qui s'installe à la fin octobre dans la salle des Fêtes ne porte pas de nom particulier et il donne ses représentations à partir du 26 octobre :
Salle des fêtes, 5 jours seulement du lundi 26 au vendredi 30 octobre à 8h1/2 du soir : le cinématographe.
L'Union républicaine de la Marne, Châlons-sur-Marne, 26 octobre 1896.
Un autre journal local va nous fournir une partie du répertoire :
CHALONS. - Le Cinématographe. - Hier soir, à la Salle des Fêtes de la rue St-Jacques, a eu lieu une très intéressante séance de cinématographie.
Nous avons vu défiler successivement sous nos yeux émerveillés : le marché aux légumes de Saint-Mandé, les lutteurs forains, le 13e régiment d'artillerie revenant de la manœuvre et traversant le bois de Vincennes, l'arrivée d'un train sur la ligne de Ceinture, Micheline à l'Olympia, l'arrivée du Tsar à Paris à la gare du Ranelagh, avec le défilé des spahis et des cuirassiers, la Loïe Fuller, le transatlantique "La Normandie", quittant le port du Hâvre, et la gare saint-Lazare.
Ce soir, deuxième représentation, à 8 h 1/2, avec un programme complètement varié et nouveau.
Nous engageons vivement nos lecteurs à assister à cette très agréable soirée, agrémentée d'un bon orchestre châlonnais.
C.P.
Journal de la Marne, Châlons-sur-Marne, 28 octobre 1896, p. 2.
Le compte rendu que propose L'Union républicaine de la Marne permet au journaliste de s'étendre quelque peu sur quelques vues et les impressions qu'il ressent :
Hier a été donnée, à la salle des fêtes, 118 rue Saint-Jacques, la troisième séance à Châlons de l'appareil cinématographique. Cette étonnante invention, qui donne l'illusion absolue du mouvement et de la vie a émerveillé les spectateurs. Il ne manque que la parole au cinématographe. Mais patience, le phonographe aidant, on verra et on entendra tout et de partout, sans avoir à se déranger. C'est le thaumaturge Edison qui accomplit ces prodiges : « Venez, voyez, touchez, dit-il, ce n'est pas plus malin que ça et ce n'est encore que l'alphabet des merveilles que la science, aidée de sa fille chérie l'électricité, nous réserve dans un avenir sans doute même prochain ». Voici donc l’Arrivée d'un train de ceinture en gare : on l'aperçoit là-bas, dans la perspective tout petit, sortant du tunnel ; il arrive à toute vapeur, grossissant, grossissant ; il s'arrête sur vous, énorme et tout fumant ; les portières s'ouvrent ; les voyageurs qui attendaient courent et se bousculent pendant que les autres descendent et courent à la sortie. C'est un chassé-croisé rendu avec une perfection inouïe. Le cinématographe ne fait grâce d'aucun détail, d'aucun mouvement. C'est d'un réalisme à faire sécher de jalousie Emile Zola. En bien moins de temps que j'en mets à le raconter, l'illusion s'est évanouie, le train a disparu. Contraste ! C'est maintenant Le départ d'un steamer : il sort majestueusement du port, remorqué par un caboteur ; l'eau bouillonne, domptée par l'hélice ; les passagers rassemblés en masse sur le pont agitent leur mouchoir ; c'est "la Normandie" qui vogue vers New York ou ailleurs, adieu ! Et ainsi défilent devant les yeux nombre de tableaux de la vie réelle, fixés à jamais dans leur mobilité par la lumière et le fluide électrique. Où irons-nous ? Bah ! Laissons-nous conduire. Le cinématographe a eu hier, dans la salle des fêtes, les honneurs de la soirée. Les séances doivent continuer ce soir et demain. C'est un spectacle très intéressant que tous les fervents du progrès se verront obligés de connaître.
L'Union républicaine de la Marne, Châlons-sur-Marne, 30 octobre 1896.
Le cinématographe va continuer sa tournée et il se rend ensuite à Compiègne.
Répertoire (autres titres) : L'Arrivée d'un train à Versailles, Les Lutteurs forains, Le Bain, La Parisienne au bain, La Partie d'écarté, La Loïe Fuller avec la danse serpentine en couleurs.L'Union républicaine de la Marne, Châlons-sur-Marne, 29 octobre 1896).
Le Cinématographe Joly (Salle des fêtes, 18-22 novembre 1896)
La salle des fêtes de M. Latruffe, sur la rue Saint-Jacques, accueille à nouveau un cinématographe. Il s'agit d'un Cinématographe perfectionné, système Joly. Grâce aux programmes publiés dans la presse nous disposons d'une partie du répertoire du tourneur :
Aujourd'hui 18 et jours suivants : Projections photographiques animées par le cinématographe, système Joly, breveté. Ceux qui ne l'ont pas vu viendront le voir. Ceux qui l'on vu viendront le revoir. Ceux qui ne l'on pas vu, n'ont rien vu. Programme de la soirée : 1. Le jardinier ou l'arroseur arrosé 2. Dispute d'un cocher avec son client 3. Une séance de boxe 4. Le bain des Soudanais 5. Sortie de l'église de Notre-Dame-des-Victoires 6. Le tsar au Panthéon 7. Le bain de la Parisienne 8. Scène de table 9. Enfants au bois 10. Moulin-Rouge 11. Scène d'ivrogne 12. Une leçon de bicyclette.-Audition musicale. Prix des places : première, 1f., seconde 50 c. Militaires et enfants demi-place. La direction traite à forfait avec les pensionnats et les familles nombreuses.
L'Union républicaine de la Marne, Châlons-sur-Marne, 19 novembre 1896.
Journal de la Marne, Châlons-sur-Marne, 19 novembre 1896, p. 3.
Une dernière annonce signale indique la clôture du spectacle :
Cinématographe, salle des fêtes, 118, rue Saint-Jacques : clôture dimanche 22 novembre 1896. Deux grandes et dernières séances à 2h 1/2 de l'après-midi. Prix d'entrée : 50c. par personne. Militaires, enfants et élèves des écoles paieront demi-place.Chaque entrée donne droit au bal qui aura lieu après chaque séance.
L'Union républicaine de la Marne, Châlons-sur-Marne, 22 novembre 1896.
Répertoire (autres titres) : Au Moulin Rouge, Le Bain, Le Czar au Panthéon, Les Soudanais (Journal de la Marne, Châlons-sur-Marne, vedrendi 20 novembre 1896, p. 2).
1901
Le Phono-Cinéma-Théâtre (Cirque, <3> juin 1901)
Après avoir connu un succès relatif à l'Exposition Universelle de Paris, le phono-cinéma-théâtre va être présenté en France comme à l'étranger. Si les films ont été tournés, pour l'essentiel, par Clément-Maurice, l'inspiratrice de ce spectacle novateur est Marguerite Vrignault, directrice artistique. C'est elle d'ailleurs qui organise une tournée dans l'Est du pays. C'est au Cirque de Châlons qu'ont lieu les représentations :
CHALONS. — Phono Cinéma-Théâtre — Le Phono-Cinéma-Théâtre, dirigé par Mme Krignault [sic] est dans nos murs ; aussi le public châlonnais reprend-il le chemin du cirque afin d’y passer une bonne et agréable soirée.
La trépidation du cinématographe de Mme Vrignault est nulle, le phonographe est parfait, l’illusion de la vie existe d’une façon étonnante.
Tous les numéros sont applaudis et bissés. Il y a des scènes délicieuses parmi lesquelles, l'Enfant prodigue, le Duel d’Hamlet sont uniques.
Avec le phonographe, nous avons entendu la cavatine de Roméo et Juliette, les Précieuses ridicules, Mily-Meyer dans ses chansons et Moy, le maître de ballet italien.
Puis viennent des scènes comiques : Foolit [sic] et Chocolat, les clowns du Nouveau-Cirque, etc.
Nous avons donc encore de belles et bonnes soirées à passer au Phono-Cinema-Théâtre.
Géo M.
L'Indépendant rémois, Reims, 3 juin 1901, p. 4.
Le programme, de ville en ville, est souvent le même surtout pour les vues sonores ou parlantes dont le répertoire reste assez limité.
Le Cinématographe d'Abraham Dulaar (Champ de Foire, <27->29 juin 1901)
À la foire de juin, Abraham Dulaar installe son Athénéum-Théâtre et présente des vues animées :
LA FOIRE DE CHALON
ATHENEUM THÉÂTRE
Ce coquet établissement, entièrement éclairé à l’électricité par un moteur Niel, réunit trois nouveautés du plus charmant effet.
L’Aérogyne ou la femme volante, de l’Alcazar d’été de Paris, est une gracieuse personne qui, grâce à un truc inédit, évolue dans les airs, tourne, culbute, pique des têtes comme une nageuse aérienne sans qu’on puisse deviner… et débiner le truc, si ce n’est pas un jeu de glaces.
Toute charmante aussi est la mise de cette femme en papillon, dont les ailes éployées se revêtent, grâce à des projections électriques, des compositions idéales du plus charmant effet, des couleurs les plus étincelantes du prisme, qui nous font songer aux robes couleur de soleil et de lune de Cendrillon et justifient le titre d'Apparition céleste donné à-cette incarnation.
Le spectacle est terminé par des scènes cinématographiques d’une haute bouffonnerie. Chalon, qui fit fête à tous les cinématographes qui se succédèrent à la foire, ne négligera pas celui-là.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon, jeudi 27 juin 1901, p. 3.
Le succès se prolonge pendant plusieurs jours :
ATHENEUM THEATRE
Le grand succès est toujours pour l’Atheneum Théâtre pour les promenades aériennes sans fil conducteur de la gracieuse apparition, pour les costumes flamboyants de mille couleurs dont elle se revêt et où les nuances les plus exquises, les constellations les plus délicates se marient aux feux étincelants des argents et des ors, pour les scènes constamment variées du cinématographe.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon, samedi 29 juin 1901, p. 3.