- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 26 octobre 2023
- Publication : 25 mars 2015
- Affichages : 7597
MONACO
Jean-Claude SEGUIN
Monaco est un état d'Europe.
1898
Les Concours photographiques (Société des bains de mer, 1er janvier-25 mars 1898)
La Société des bains de mer de Monaco organise, à l'hiver 1898, trois concours photographiques. La Mise au point, organe de la société Gaumont offre quelques éléments du règlement :
Ces trois concours sont ouverts depuis le 1er janvier 1898, et seront irrévocablement clos, le 10 mars à midi.
Les épreuves devront être envoyées avant cette date, à la Société des bains de mer de Monaco, et seront soumises à un jury composé de MM. Frédéric Dillaye, Léon Gaumont, Georges Mareschal.
Les prix seront proclamés le 25 mars 1898, et la Société des bains de mer de Monaco se réserve le droit absolu d'utiliser à sa convenance les phototypes négatifs des épreuves primées.
La Mise au point, nº 2, février 1898, p. 47.
Les deux premiers concours (" Monaco par la photographie " et "La Côte d'Azur par la photographie " sont réservés aux amateurs qui doivent présenter une série de douze épreuves constituant un ensemble aussi complet que possible de la Principauté et des villes de la Côte d'Azur. Le troisième concours concerne la chronophotographie et porte le titre de " Monaco Vivant " :
MONACO VIVANT
Ce troisième concours, ouvert aux amateurs et aux professionnels, comprend une bande pelliculaire de 35 millimètres de largeur et d'au moins 15 mètres de long, obtenue avec un appareil chronophotographique quelconque au pas américain, quatre trous par image, et représentant un sujet en mouvement pris dans la Principauté de Monaco.
Chaque bande négative, accompagnée d'une seconde bande en épreuve positive, sera enfermée dans une boîte présentant une devise inscrite sur son couvercle.
Cette devise sera reproduite en suscription sur une enveloppe cachetée renfermant :
1º Les noms, les prénoms et l'adresse du concurrent très lisiblement inscrits ;
2º Le titre explicatif du sujet ;
3º Un engagement par lequel le concurrent, s'il est primé, abandonne son envoi à la Société si elle juge utile de le garder, et lui reconnaît le droit de l'exploiter par la projection et la reproduction, à charge par elle de toujours spécifier le nom de l'auteur de la bande.
Il sera particulièrement tenu compte de la netteté, de la pureté et de la transparence de la bande, ainsi que de la stabilité de la projection sur l'écran.
Trois prix sont affectés à ce concours :
PREMIER PRIX.-Deux mille francs en espèces.
DEUXIÈME PRIX.-Mille francs en espèces.
TROISIÈME PRIX.-Cinq cent francs en espèces.
Sous aucun prétexte, ces trois prix ne pourront être attribués au même concurrent.
La Mise au point, nº 2, février 1898, p. 48
C'est finalement le 25 mars 1898 que l'ensemble des résultats est proclamé et, pour le concours "Monaco vivant" par les appareils cinématographiques, le premier prix revient à Clément Maurice, le second étant attribué à M. Dufour de Meulan (Journal de Monaco, 29 mars 1898, p. 1).
Le cinématographe du Dr Doyen (Château de Marchais, 23-24 décembre 1898)
Le Prince Albert vient d'inviter au Château de Marchais pour des chasses qui ont eu lieu vendredi et samedi, MM. Trarieux et Poirrier, sénateurs, Becquerel, de l'Institut, Cotelle, conseiller d'Etat, Regnard, de l'Académie de Médecine, et le docteur Doyen.
Journal de Monaco, 20 décembre 1898, p 1.
1899
Le cinématographe du Dr Doyen (Château de Marchais, 22 mars 1899)
Vendredi prochain, 22 mars, une très intéressante conférence médicale, avec projections cinématographiques, sera faite dans la salle du Théâtre, sous le haut patronage de S. A. S. le Prince, par le docteur Doyen, l'éminent professeur de Paris.Journal de Monaco, 21 mars 1899, p. 2.
On sait que S. A. S. le Prince de Monaco s'intéresse à toutes les manifestations scientifiques et que, sans se distraire de ses travaux personnels, Il suit les tentatives élevées dans toutes les branches de la science. Le Prince ayant vu au Château de Marchais, où le docteur Doyen était son invité, les projections cinématographiques de ce praticien, le pria de venir faire, dans la Principauté, devant un auditoire de savants, ces démonstrations remarquables. L'éminent chirurgien, répondant au gracieux désir du Prince Albert, est donc venu à Monaco. L'annonce qu'une conférence, avec projections cinématographiques allait avoir lieu, créa parmi les nombreux médecins du littoral, un tel mouvement d'intérêt, et les demandes de places affluèrent en tel nombre que la salle de conférences du Palais des Beaux-Arts devenant trop étroite, la Société des Bains de Mer offrit au docteur Doyen la salle du théâtre, spacieuse et dont l'aménagement d'électricité favorisait mieux l'usage du cinématographe. Cette salle, pourtant vaste, a été encore trop étroite' pour la foule des praticiens et des membres des sociétês de secours aux blessés accourus de Cannes, Nice, Menton, et qui se sont réunis au corps médical de Monaco pour applaudir leur collègue. La causerie du docteur Doyen fut très simple et, en soi, plutôt sommaire : il s'agissait surtout de montrer comment, grâce au cinématographe, on peut reproduire en même temps que l'action des opérateurs, les moindres détails des opérations. D'où résulte pour principal avantage un nouveau mode d'enseignement, plus efficace que celui, déjà employé, des projections ,fixes, et en outre, la possibilité de propager au loin, de vulgariser rapidement les méthodes nouvelles. Le Docteur a expliqué comment il a pu, en étudiant ses propres opérations, reproduites par le cinématographe, améliorer ses méthodes opératoires. Les spectateurs ont pu noter avec intérêt l'impression profonde marquée sur la physionomie des confrères qui dans plusieurs cas assistaient à ces opérations, et dont le cinématographe perpétuera le témoignage.Journal de Monaco, Monaco, mardi 4 avril 1899, p. 1
1900
Le Concours de Cinématographie de la Société des Bains de mer (4 février 1900)
La très importante Société des Bains de Mer de Monaco va organiser un concours de cinématographie. Il s'agit, sans doute, de l'un des tout premiers organisés dans le monde. Il est ouvert à partir du 1er juillet 1899. Les envois sont à effectuer à partir du 15 décembre 1899 jusqu'au 15 janvier. en voici le règlement publié dans Gil Blas :
GRAND CONCOURS DE CINÉMATOGRAPHIE DE MONACO
Trente mille francs de prix
Le grand concours de cinématographie, organisé par la Société des Bains de mer de Monaco, que nous avons annoncé dernièrement, est ouvert à partir du 1er juillet.
Il est exclusivement réservé aux amateurs des différentes parties du monde, qui sont libres de choisir dans tous les pays leurs sujets en mouvement.
Chaque concurrent devra remettre trois sujets différents et inédits, chacun de ces trois sujets en deux bandes, l'une négative et l'autre positive, tirée en ton noir, en ton chaud ou coloriée, au gré du concurrent. Ces six bandes devront être enfermées dans une boîte présentant une devise inscrite sur le couvercle et accompagnée d'une enveloppe cachetée sur laquelle cette devise sera reproduite, et qui contiendra, avec le nom, prénom et adresse du concurrent, le titre explicatif des sujets qu'il aura produits.
Les bandes pelliculaires, obtenues avec un appareil chronophotographique quelconque devront mesurer 35 m/m de largeur et présenter exclusivement une perforation sur le côté, de quatre trous par image, perforation dite américaine, ce format et cette perforation étant généralement adoptés par tous les pays. La longueur des bandes n'est pas déterminée et reste ad libitum.
Il sera particulièrement tenu compte de l'intérêt artistique et de sa netteté photographique ainsi que de la transparence des bandes.
Trente mille francs en espèces seront décernés aux concurrents primés et les prix, au nombre de onze, seront répartis de la manière suivante :
1 grand prix de dix mille francs ;
2 prix de cinq mille francs ;
2 prix de deux mille francs ;
6 prix de mille francs.
En outre, il pourra être délivré un certain nombre de mentions honorables.
Chaque concurrent, primé ou mentionné, recevra une médaille ou un diplôme.
Plusieurs prix ne pourront être attribués au même concurrent.
Les Épreuves pour ce concours seront reçues à partir du 15 décembre jusqu'au 15 janvier. Les prix seront proclamés le 1er février.
Il est conseillé aux concurrents d'expédier leurs bandes de préférence, par la poste et dans des boîtes en métal pour les préserver des intempéries. Cette expédition devra être faite sous pli recommandé et franco de tous frais au Secrétariat Général du Palais des Beaux-Arts à Monte-Carlo.
La Société des Bains de mer se réserve le droit, pendant l'année 1900, d'utiliser les phototypes négatifs pour en faire l'objet de projections cinématographiques, soit au palais des Beaux-Arts à Monte-Carlo, soit au pavillon Monégasque à l'Exposition de 1900 à Paris.
Les épreuves et les bandes non primées seront retournées à leur auteur dans les deux mois qui suivront la publication des prix.
Le jury sera composé de peintres et de photographes amateurs.
Pour tous renseignements, s'adresser au secrétariat du palais des Beaux-Arts, à Monte-Carlo.
E. V.
Gil Blas, Paris, 6 juillet 1899, p. 3.
D'une part, le concours est réservé aux amateurs. Il semble malgré tout que cette restriction ait été levée, car par la suite il sera question de le réserver " principalement " aux amateurs dont on suppose qu'ils appartiennent à une classe aisée de la société. La proclamation des résultats montre que plusieurs films proviennent en fait de maisons d'édition tout à fait professionnelles. C'est finalement le 4 février que les résultats sont connus et que les films sont projetés au Palais des Beaux-Arts :
Une fort attrayante matinée a été donnée dimanche après-midi, au Palais des Beaux-Arts, à l'occasion de la proclamation des prix du Concours de Cinématographie organisé, on le sait, par l'Administration de la Société des Bains de. Mer. Les sujets primés ont été projetés sur une toile tendue dans le cadre de la scène du théâtre et ont émerveillé la nombreuse assistance, tant par la netteté des images que par leur pittoresque variété.
Voici la liste de ces sujets publiée dans l'ordre où on les a fait défiler, c'est-à-dire en terminant par ceux (cinquième série) qui ont obtenu les premiers prix :
PREMIÈRE SÉRIE
1. Un coin de Paddock (Courses de Nice).
2. Les Pompiers de Monaco.
3. L'Etoile de Monaco (Société de Gymnastique).
4. Départ en excursion.
5. Jeux d'enfants.
6. Le Hardy (Étalon).
DEUXIÈME SÉRIE
7. Défense d'une maison par des Chasseurs Alpins.
8.. A la file indienne.
9. Jeux d'enfants à Pékin.
10. Déchargement de Bois à Nawim (Sibérie) sur le Transsibérien.
11. La mer à Monte Carlo.
TROISIÈME SÉRIE
12. La Boxe Française (Charlemont et son prévot).
13. Course d'Automobiles — Paris-Amsterdam (Le défilé).
14. Phryné au Bain.
QUATRIÈME SÉRIE
15. Course dans les Dunes.
16. Assommage d'un bœuf à la Campagne.
17. La mer à Saint-Briac (Etude de vagues).
18. Déchargement d'un bateau (effet de fumée).
19. Déchargement du poisson à Dunkerque.
20. Vendanges dans le Midi de la France.
CINQUIÈME SÉRIE
21. Machine Agricole.
22. Vaches à l'Abreuvoir.
23. Laveuses au bord de l'eau.
24. Troupeau de Moutons.
25. Chevaux à l'abreuvoir.
26. Intérieur de ferme.
27. Opération chirurgicale du docteur Doyen (L'Ablation du goitre).
Toutes ces projections ont été fort admirées et la dernière. avant laquelle un court entracte avait permis aux personnes trop sensibles de quitter la salle, a vivement impressionné les spectateurs. En résumé, ce concours, auquel ont prix part les premiers amateurs de cinématographie du monde entier,, a donné de remarquables résultats et on, ne saurait trop en féliciter les généreux et intelligents organisateurs. Deux nouvelles séances des mêmes projections ont eu lieu hier et aujourd'hui avec un égal succès.
Journal de Monaco, 6 février 1900, p. 1.
Il faudra attendre quelque temps avant qu'une nouvelle initiative de ce type voit le jour. Une partie des films projetés lors de ce concours, et en particulier les vues monegasques, sont projetées quelques mois plus tard à Paris, au pavillon de Monaco de l'Exposition Universelle
1901
Le cinématographe de François Dussaud (mars 1901)
Le savant François Dussaud est déjà connu à Monaco lorsqu'il se présente à la fin du mois de mars 1901 pour donner trois conférences. Leur sujet sont, comme on peut en juger dans l'article qui suit, divers et variés, mais la dernière intervention est consacrée à ses multiples inventions :
Les trois conférences faites ces jours derniers au palais des Beaux-Arts, par M. Dussaud, ont été suivies avec un très vif intérêt et ont obtenu un très grand succès. Dans la première, le distingué professeur a parlé des « Campagnes scientifiques de S. A. S. le Prince Albert » et a fait défiler sous les yeux de ses auditeurs, des projections photographiques, montrant les yachts l'Hirondelle et la Princesse-Alice, les installations spéciales de ce dernier navire et les nombreux appareils servant aux recherches physiques et physiologiques, appareils dont la plupart ont été établis sur les plans et les indications de Son Altesse. La seconde conférence a été consacrée à la description du monumental Muséum Océanographique en construction à Monaco, et de nouvelles projections ont fait voir l'ensemble et les détails du monument, puis quelques beaux échantillons des richesses scientifiques qu'il est destiné à contenir. La séance a été complétée par des vues cinématographiques d'une chasse à l'ours et du départ du ballon de l'infortuné Andrée; enfin par le défilé des palais de la rue des Nations à l'Exposition Universelle de Paris. M. Dussaud, dans sa dernière causerie, a entretenu l'auditoire de ses inventions personnelles et, comme l'an dernier dans la salle du théâtre de Monte Carlo, il nous a fait assister à des expériences concluantes sur l'utilité et l'originalité de ses merveilleux appareils, entre autres le « cinématographe pour aveugles », le « phonographe pour sourds », le « téléphone haut parleur » et le « téléphone inscripteur ». Le spectacle charmant de combinaisons cinématographiques et phonographiques ont terminé la séance qui, comme les deux précédentes,ont valu de chaleureux applaudissements au distingué et ingénieux savant.
Journal de Monaco, 26 mars 1901, p. 1.
Pour agrémenter sa deuxième conférence, il a projeté des vues qui figurent au catalogue Pathé.