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- Creado: 25 Marzo 2015
- Última actualización: 06 Abril 2024
- Publicado: 25 Marzo 2015
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CHARLEROI
Jean-Claude SEGUIN
Charleroi est une ville de la province du Hainaut (Belgique).
1897
Le Cinématographe géant de Charles Schram (Place du Centre, [01]-[12] août 1897)
Le forain Charles Schram dispose depuis 1896 d'un cinématographe avec lequel il parcourt la Belgique. À Charleroi, il propose, dans les premiers jours d'août, des séances de photographies animées sur la place du Centre, non loin de la mairie :
Cinématographe géant.-Nous apprenons, non sans plaisir, que notre ancien concitoyen, M. Schram, va venir prendre part à notre foire, avec un cinématographe géant de son système.
Malheureusement pour nous et fort heureusement pour lui, M. Schram ne sera à Charleroi que dans les premiers jours d'août. En effet le succès toujours grandissant remporté par le cinématographe à Namur, contraint notre compatriote à rester en cette ville huit jours de plus.
Nous attendrons donc, non sans une certaine impatience, l'arrivée de M. Schram, et nous croyons pouvoir lui pirédire par avance un succès égal à celui de Namur, c'est-à-dire énorme.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 23 juillet 1897, p. 3.
Nous ne connaissons pas le programme des films qui ont été projetés, ni le type d'appareil utilisé. Un nouvel article, à caractère publicitaire, n'apporte guère d'informations nouvelles :
LA FOIRE
Le cinématographe géant.-La loge du cinématographe géant est établie, on le sait, en face de l'église de la Ville-Haute. On y donne des séances à l'heure et à la demi-heure, toute la journée le dimanche et à partir de certaine heure de l'après-midi les autres jours.
C'est un des spectacles les plus attrayants qui se puissent voir. Nous avons souvent décrit les merveilles étonnantes du cinématographe qui constitue l'un des progrès les plus marquants de ce siècle. Au lieu des vues froides et animées qui nous étaient offertes dans le temps et qui nous ravissaient déjà, nous avons sous les yeux l'illusion de la réalité même, la vie, le mouvement surpris et reproduits dans toute leur action.
Comme partout où le cinématographe a été offert en spectacle, celui de notre foire arrache des applaudissements frénétiques et convaincus à tous ceux qui assistent aux séances. Personne ne peut laisser passer la foire sans aller faire une visite à cette application de l'un des plus merveilleux progrès du siècle.
La Gazette de Charleroi, Charleroi, 12 août 1897, p. 6.
Un nouvel article, dans un autre journal local, n'offre que quelques rares informations complémentaires :
Cinématographe Géant
Notre ancien concitoyen, M. Schram, avec son cinématographe, situé place du Centre, en notre ville, remporte chaque jour le succès que nous avions prévu, succès justement mérité.
Il est curieux, en effet, de voir se dérouler sous nos yeux des scènes animées qui nous donnent l'illusion de la réalité, grâce à l'appareil ingénieux de M. Schram, qui donne en de grandes proportions ceux que d'autres appareils cinématographes produisent en infimes dimensions. De plus, toutes ces vues sont d'une pureté d'éclairage et de netteté irréprochable.
Nous apprenons au dernier moment qu'à partir de ce soir le Cinématographe Géant nous offre un programme entièrement nouveau.
Journal de Charleroi, Charleroi, 15 août 1897, p. 2.
Le Cinématographe géant quitte Charleroi après le 12 août 1897.
1898
Cynématographe géant (11 avril 1898)
C'est à l'occasion du lundi de Pâques qu'un " cynématographe géant " propose des vues animées à Charleroi :
LUNDI DE PÂQUES
La journée de lundi a été plus clémente que celle de dimanche. Toutefois les trop timides apparitions du soleil d'avril n'étaient pas dans la matinée, suffisantes pour rassurer ceux qui s'apprêtaient à venir en ville.
[...]
On y trouve déjà les mêmes attractions, les Galopants, les Tirs, les Fritures, les Arènes de lutte, les Balançoires, un Hypodrome, un Cirque Algérien, des Théâtres Franco-Belge et Lamberty, une Ménagerie-aquarium, des somnambules, un cynématographe géant, des grosses et des grandes femmes, etc., etc., ; à côté de cela des boutiques, des loteries, des camelots, des chanteurs, des jeux de vogel-pick et autour d'un tapis en plein air, deux athlètes, dont un manchot, faisant appel aux gros sous.
Journal de Charleroi, Charleroi, 12 avril 1898, p. 2.
Nous ne disposons pas d'informations sur le nom de propriétaire - celui de l'appareil pourrait évoquer celui de Schram.
1900
Le Royal Cinématographe de [Demans] (Place du Manège, [29] juillet 1900-[22] août 1900)
Charleroi. Marché de la Place du Manège (c. 1902)
Pour la foire de Charleroi - qui ouvre le dernier dimanche de juillet et dure 16 jours - le Royal Cinématographe propose des vues animées,. Même si le nom du propriétaire n'est pas indiqué, il est très probable qu'il s'agisse du photographe liégeois, Demans qui dispose d'un appareil qui porte ce même nom :
Le Royal Cinématographe
Pour la première fois sur notre champ de foire nous verrons installés des cinématographes ; l'on sait que le cinématographe est l'appareil qui reproduit les scènes de la vie réelle par des milliers de photographies instantanées prises sur le vif et agrandies par l'appareil à des dimensions variables suivant les circonstances dans lesquelles l'opérateur se trouve. C'est ainsi que le Royal Cinématographe, établi place du Manège, projettera en grandeur naturelle toutes les vues qu'il fera défiler devant les yeux des spectateurs, entre autres une vue locale qui devra certainement intéresser notre population - qui représentera une sortie de messe à l'église St Christophe.
D'autres vues en couleur - cette loge est la seule à les posséder colorées - telles que celles relatives aux affaires du Transvaal encore palpitantes d'intérêt par les récents succès des Boers nous montreront quels sont ces braves qui tiennent en échec la plus forte nation du monde.
D'autres enfin, d'un caractère plus jovial ; le Royal Cinématographe nous les montrera pour nous égayer et nous faire apprécier quelle est cette merveilleuse et originale découverte.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 28 juillet 1900, p. 3.
Outre les vues qui proviennent de divers catalogues et dont l'identification reste délicate, le film qui retient l'attention est la vue locale Sortie de messe à l'église St-Christophe qui pourrait avoir été tournée par le photographe Demans lui-même. Les séances vont se prolonger au-delà de la date officielle de la fin de la foire, ce qui est monnaie courante :
Le Royal Cinématographe.-Dans la grande allée de la place du Manège se trouve le Royal Cinématographe, la plus grande attraction du champ de foire.
Les appareils sont du tout dernier perfectionnement, le spectacle est superbe, choisi, et vaut une visite.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 22 août 1900, p. 3.
Le Grand Cinématographe Grunkorn (Boulevard Jacques-Bertrand, [29] juillet-27 août 1900)
Wilhelm Hoffmann, Dresde, Charleroi, Boulevard Jacques Bertrand (début XXe siècle)
Le forain Henri Grunkorn arrive pour la foire de Charleroi, avec son Cinématographe électrique, et s'installe pour un mois sur le boulevard Jacques-Bertrand :
Le Cinématographe électrique
Situé boulevard Jacques Bertrand, et dirigé par M. H. Grunkorn, le cinématographe électrique a réalisé, au point de vue de l'actualité, des curiosités qui ne peuvent manquer d'y faire accourir le public en masse.
Son programme contient des numéros tels que : la sortie de la grand'messe à l'église st Christophe (Ville Haute) ; des défilés militaires ; la sortie des ouvriers de la Société Electricité et Hydraulique ; la Guerre du Transvaal ; une corrida de taureaux à Madrid, en couleur ; la lune à un mètre ou le rêve d'un astronome ; l'Exposition de Paris se composant de l'ouverture de l'Exposition, le panorama du vieux Paris, les palais des différentes nations du globe parmi lesquels le pavillon belge, l'hôtel-de-ville d'Audenaerde ; les pompiers de Londres, Amsterdam et Paris ; le Couvent, grande scène à transformations ; Cendrillon colorié, grande féerie de 830 pieds de longueur, le succès actuel de l'Exposition de Paris, etc., etc.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 4 août 1900, p. 3.
À l'instar d'autres forains belges, Grunkorn présente non seulement des vues provenant des éditeurs de films, en particulier Méliès mais également des vues originales dont il est l'auteur :
Cinématographe électrique, Boulevard Jacques-Bertrand, soirée de Gala. Aujourd'hui : La Procession du Saint-Sang à Bruges.
Journal de Charleroi, Charleroi, 4 août 1900, p. 3.
La Procession du Saint-Sang à Bruges a été tourné au mois de mai 1900 et représente une cérémonie religieuse importante pour les Brugelins qui a lieu depuis 750 ans. Compte tenu du succès obtenu, le cinématographe va rester au-delà de la fin de la foire, jusqu'au 27 août :
Cinématographe Grunkorn.-Par suite du grand et légitime succès qu'il a recueilli à Charleroi, le Grand Cinématographe Grunkorn situé Boulevard Jacques Bertrand, sous le cirque, a décidé de prolonger son séjour parmi nous jusqu'au 27 août.
Le Cinématographe Grunkorn a complété son programme par : Le procès Dreyfus, à Rennes ; les funérailles de Félix Faure ; le couronnement de la Reine Wilhelmine de Hollande ; dompteurs de lions et de panthères ; vues de l'Exposition de Paris ; la guerre du Transvaal, etc., etc.
Exceptionnellement, dimanche et lundi, le Cinématographe Grunkorn donnera encore la Procession du Saint-Sang à Bruges.
Nous engageons vivement nos lecteurs à faire visite au Cinématographe Grunkorn. Ils ne le regretteront pas.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 22 août 1900, p. 3.
Le Cinématographe français d'Étienne Thévenon (Place du Centre, [29] juillet-19 août 1900)
Éditeur F. Bertrand, Charleroi, Charleroi. Place du Centre (c. 1901)
Ancien collaborateur des frères Lumière, le forain Étienne Thévenon diffuse le cinématographe depuis 1897. À l'occasion de la foire de Charleroi, il installe son Cinématographe Français sur la place du Centre, en face de la mairie :
À la Foire
Le salon du Cinématographe Français qui a obtenu un si grand succès à Paris, Amiens, Gand, Bruxelles, Anvers, Lille et Liège est actuellement à Charleroi, place du Centre, en face de l'hôtel de ville, avec une série d'attraction nouvelles sur la guerre de Chine, du Transvaal et un grand chois de nouveauté sur l'Exposition de 1900.
Journal de Charleroi, Charleroi, 30 juillet 1900, p. 3.
Si d'autres forain tournent également des films, Étienne Thévenon est l'un de ceux dont la production est la plus importante. Il tourne dans toutes les villes par où il passe, comme c'est le cas à Ostende :
Cinématographe français
Les vues des plus choisies, offertes par la direction, diffèrent constamment. Après le Transvaal et le combat de Spion-Kops, l'on peut voir le lancement d'un cuirassé, un incendie à Paris, les pompiers de Paris au feu, une tempête en mer, vue prise à Ostende par M. Thevenan [sic].
Journal de Charleroi, 10 août 1900, p. 3.
À Charleroi, où les grèves se multiplient dans les verreries, Étienne Thévenon filme deux vues d'une réunion de l'Union Verrière sur la Grand Place de Lodelinsart :
Cinématographe Français
Une manifestation toute pacifique doit avoir lieu dimanche après-midi au Cinématographe Français, en face de l'Hôtel de Ville. La direction de l'établissement ayant eu la bonne fortune de prendre deux vues d'une réunion et de la sortie du local de l'Union Verrière, Place de Lodelinsart, vues ayant été prises quelques instants après la descente du Parquet, de nombreux verriers se trouvaient réunis.
Ce qui permit de prendre des vues très animées. Leurs nombreux amis et collègues doivent se rendre en foule pour assister à ce spectacle tout d'actualité.
Journal de Charleroi, Charleroi, 12 août 1900, p. 3.
Le départ du Cinématographe Français et d'Étienne Thévenon est annoncé pour le 19 août :
Cinématographe français
M. Thévenon, le directeur du Cinématographe français, situé en face de l'Hôtel-de-Ville, a voulu avant son départ pour Lille, fixé à dimanche soir 19 courant, offrir pour sa dernière journée un spectacle de gala, qui sera donné au public de Charleroi en remerciement de son bienveillant accueil. En plus du programme ordinaire composé de 12 vues, on donnera une série de vues nouvelles sur le Transvaal et l'Afrique sauvage, de nouvelles vues animées de l'exposition. A la demande générale le Trottoir Roulant, le départ des pêcheurs pour l'Islande, et comme numéro sensationnel les équilibristes du Cirque d'Hiver.
Journal de Charleroi, Charleroi, 18 août 1900, p. 3.
L'étape suivante de la tournée d'Étienne Thévenon le conduit à Lille.
Répertoire (autres titres) : Les Événements de Chine, l'incendie d'une chapelle catholique et le massacre des missionnaires, Les vues du Transvaal en couleur (Journal de Charleroi, Charleroi, 4 août 1900, p. 3), Les Courses de taureaux à Séville, Les Grévistes verriers à Lodelinsart, Vues en couleur de l'Exposition (Journal de Charleroi, Charleroi, 15 août 1900, p. 2).
1901
La foire d'été 1901
Même si la presse n'évoque que quatre cinématographes, il semble qu'il y en ait eu davantage si l'on en croit le journaliste de la Gazette de Charleroi qui signe " H. " :
La vogue est aux cinématographes. Il n'y ena pas moins d'une demi-douzaine qui s'attacheront à donner l'actualité et ne manqueront pas ainsi de faire de bonnes recettes. L'un d'eux a eu déjà la bonne idée de faire dérouler sous les yeux du public des vues de la manifestation Gilles. Un malin celui-là. Tous les verriers voudront allere voir leur grand homme et son état-major.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 4 août 1901, p. 2.
Le Royal Cinématographe de Demans (Place du Manège, [28] juillet-[22] août 1901)
La foire de Charleroi commence le dernier dimanche de juillet et dure 16 jours. Le photographe Demans est de retour en 1901 et propose son Royal Cinématographe qu'il installe place du Manège :
Royal Cinématographe (Place du Manège, en face de la rue Chavannes).-Si vous êtes désireux de passer une très agréable soirée, nous vous conseillons d'aller au Royal Cinématographe. Vaste loge, très propre, presque coquette, bien éclairée et pourvue d'un appareil cinématographique qui ne tremblote pas et ne fatigue par conséquent pas la vue des spectateurs.
Ce qui est surtout à admirer c'est la splendide course de taureaux. Depuis l'entrée du taureau dans l'arène jusqu'au moment où le toréador lui plonge l'épée entre les deux épaules, rien ne manque et les couleurs des costumes sont d'un effet saisissant.
Nous ne pouvons que féliciter le directeur de cet établissement, M. De Mans.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 1er août 1901, p. 4.
Très peu d'informations sur cet appareil dont la dernière annonce paraît le 22 août 1901 (Gazette de Charleroi, Charleroi, 22 août 1901, p. 3).
Répertoire (autres titres) : La guerre du Transvaal : Convois de blessés, Passages de gués, Défilé de troupes boers et anglaises (Gazette de Charleroi, Charleroi, 14 août 1901, p. 3).
Le Cinématographe électrique d'Henri Grunkorn (Boulevard Jacques-Bertrand, [10]-26 août 1901)
Henri Grunkorn est de retour pour la foire d'été de Charleroi avec son Cinématographe électrique qui s'installe à nouveau sur le boulevard Jacques-Bertrand. L'annonce de l'appareil est assez tardive, mais comme le rappelle la presse : " Chacun sait, d'ailleurs, que l'ouverture de la foire se fait officiellement le dernier dimanche de juillet, mais c'est à partir du dimanche suivante seulement que la foire bat son plein. " (Gazette de Charleroi, Charleroi, 26 juillet 1901, p. 2.). D'ailleurs, pour l'inauguration le théâtre forain de Grunkorn est à peine prêt :
Les attractions principales ont cependant commencé à faire recette : le cirque, la ménagerie, les cinématographes qui sont nombreux, sans compter le plus important dont la grande construction neuve s'achève au boulevard Jacques Bertrand, le Théâtre Moderne, etc., etc.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 29 juillet 1901, p. 2.
Très peu d'informations relatives à la programmation des vues animées puisqu'il n'est question que de la Procession du Saint-Sang à Bruges :
Cinématographe électrique H. Grunkern, boulevard Jacques Bertrand.-Représentations tous les soirs à 8 h 1/2 et 9 h 1/2. Les mercredis et vendredis, la Procession du Saint Sang à Bruges, 1901.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 10 août 1901, p. 3.
L'indication " 1901 " pourrait indiquer qu'il s'agit d'une nouvelle version, même si l'on doit rester prudent, car il pourrait s'agir tout simplement de la version 1900. C'est en tout cas la seule vue qui retient l'attention des journalistes :
Cinématographe électrique H. Grunkorn, boulevard Jacques Bertrand.-Représentations tous les soirs à 8 h. 1/2 et 9 h 1/2. Les mercredis et vendredis, la Procession du Saint Sang à Bruges, 1901.
Les cinématographes de la foire possèdent chacun des vues particulières qui les font tout admirer par le public suivantes les goûts de celui-ci.
Au cinématographe Grunkorn, ce que l'on peut trouver de mieux est la procession du Saint Sang, à Bruges, qui se déroule longtemps, longtemps, en un cortège mi-religieux et carnavalesque, d'un pittoresque extraordinaire et d'un grand intérêt.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 11 août 1901, p. 3.
Le Cinématographe électrique donne sa dernière représentation le 26 août :
Cinématographe électrique H. Grunkorn, Boulevard Jacques Bertrand.-Tous les lundis, mercredis et les vendredis à 8 h. 1/2 et à 9 h 1/2, soirée de gala : Procession de Saint Sang à Bruges.
Lundi soir, 26 août, clôture.
Journal de Charleroi, Charleroi, 25 août 1901, p. 3.
Le Cinématographe français des frères Lumière d'Étienne Thévenon (Place du Centre, [28] juillet-18 août 1901)
Comme l'année précédente, Étienne Thévenon revient à Charleroi et installe son appareil sur la place du Centre. Cette année, c'est sous le nom de Cinématographe Français des Frères Lumière qu'il va donner ses représentations. Il est annoncé dès le 29 juillet 1901, alors que la foire vient à peine de commencer :
LA FOIRE
[...]
En face l'Hôtel-de-Ville, à côté de Fritz nº II je pense, là où autrefois on avait l'habitude de voir de grands théâtres, sur les tréteaux desquels se déroulaient d'inénarrables parades, avec le pitre, pierrot, colombine et arlequin, se trouve aujourd'hui le Cinématographe Français Thevenon.
Journal de Charleroi, Charleroi, 29 juillet 1901, p. 1.
Le forain va profiter à nouveau de la notoriété des frères Lumière en publiant des encarts qui leur rendent hommage et rappellent le succès du cinématographe géant présenté lors de l'Exposition Universelle de Paris :
Cinématographe français des frères Lumière.-Place du Centre, en face de l'Hôtel-de-Ville.
L'exposition de 1900 a consacré par un grand prix la supériorité du cinématographe de MM. A. et L. Lumière de Lyon.
Cette belle récompense est venue couronner les efforts persévérants et les travaux scientifiques des inventeurs. Tous ceux qui ont visité la grande exposition de 1900 ont été émerveillés devant les nombreuses photographies animées développées dans la Grande Salle des fêtes sur un tableau de 500 mètres carrés (25 m. de largeur sur 20 m. de hauteur.)
Séances tous les jours de 4 à 11 heures du soir.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 2 août 1901, p. 3.
Mais comme il l'avait fait l'année précédente, Étienne Thévenon va s'intéresser à la situation locale de la verrerie et tourne une série de films à l'occasion de la " manifestation Edmond Gilles " du nom du leader syndical comme le rapporte le journaliste " GEO E. " :
Au Grand Cinématographe Français.
-Nous avons assisté, ainsi qu'un nombreux public, à la représentation donnée hier dans cet établissement, déjà connu et fort apprécié de nos concitoyens.
La salle de spectacle est spacieuse et parfaitement aménagée. Devant la scène, des plantes ornementales, groupées gentillement, forment un parterre du plus gracieux effet. Les scènes défilent sous les yeux charmés des spectateurs, aux sons de valses, de marches exécutées au piano.
Le programme est bien composé, à la fois instructif et amusant. A noter surtout, " danseuses de ballet, la fête des fleurs, l'agent plongeur, la sortie des verriers de leur local de Lodelinsart, et enfin Plus fort que Frégoli ", qui m'a paru le clou de la soirée.
Je renvoie mes lecteurs au compte-rendu que Billy-Young a donné, dans le Journal d'hier, de la manifestation Edmond Gilles. On y lira qu'un cinématographe a pris quelques vues du cortège. En voici les titres : " Formation du cortège devant l'Union Verrière ", " Arrivée des délégations du Parti ouvrier, de nos amis Furnemont, Maes, allant à la rencontre du héros de la fête ", " La rencontre ", " Défilé du cortège, les cyclistes, les drapeaux ", et enfin " Edmond Gilles, les députés Lambillotte, Léonard des Essarts".
Ces vues seront données lundi prochain, et nous pouvons dire que tout le monde voudra aller les voir. Les verriers, tous les manifestants, voudront revoir les scènes inoubliables qui se sont produites mercredi, savourer encore les péripéties diverses de cette rentrée triomphale du Président Gilles dans sa bonne commune de Lodelinsart.
Nous félicitons, sans réserves, M. Thévenon de son heureuse idée, et souhaitons à son entreprise le succès le plus vif. GEO E.
Journal de Charleroi, Charleroi, 2 août 1901, p. 2.
La totalité des vues de la Manifestation Edmond Gilles est présentée au Cinématographe Français, à partir du 8 août :
Cinématographe français des frères Lumières.-Place du Centre, en face de l'Hôtel-de-Ville.
L'exposition de 1900 a consacré par un grand prix la supériorité du cinématographe de MM. A. et L. Lumière de Lyon.
En supplément au programme : La manifestation des Verriers en l'honneur d'Edmond Gilles : 1. Formation du cortège. 2. Rencontre de la délégation. 3. Défilé du cortège. Les bicyclistes. 4. Edmond Gilles escorté de la députation du parti ouvrier belge.
Séances tous les jours de 4 à 11 heures du soir.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 8 août 1901, p. 3.
Le succès est au rendez-vous et les vues de la Manifestation y sont sans doute pour quelque chose. C'est presque un journal cinématographique que propose ainsi Étienne Thévenon jusqu'à son départ :
Grand Cinématographe Français.-Et. Thévenon, directeur, place du Centre, en face de l'Hôtel-de-Ville.-Dimanche soir, clôture. Un succès sans précédent est venu couronner les efforts de la direction du Grand Cinématographe Français, établi devant l'Hôtel-de-Ville.
Les différentes vues du cortège de la manifestation en faveur d'Edmond Gilles, et la variété de ses programmes, ont suscité la curiosité d'une foule nombreuse, à tel point que dimanche et lundi la salle s'est trouvée être trop petite, et l'on a dû refuser du monde.
Pour éviter l'encombrement, et pour que l'on puisse assister plus agréablement aux séances, elles auront lieu tous les jours à partir de 4 h.
La Direction, tout en remerciant le public de l'accueil empressé qu'il a bien voulu faire à son établissement, a le regret de porter à sa connaissance, que la clôture définitive aura lieu le dimanche soir 18 courant, ses engagements l'obligeant à se rendre à Lille. Que ceux qui veulent assister à un beau spectacle se hâtent donc à nous rendre visite.
Journal de Charleroi, Charleroi, 14 août 1901, p. 3.
La tournée des foires conduit ensuite Étienne Thévenon à Lille.
Répertoire (autres titres) : Les Acrobates (représentant toute une famille gracieuse et nerveuse à souhaits. Le père, couché sur le dos, fait sauter sur les pieds tous ses enfants, les faisant pirouetter dans l'air dans les positions les plus diverses), Une baignade de chevaux, Une charge de dragons , Un dîner infernal , Vengeance de belle-mère (le châtiment de la coupable est terrible), La fête des fleurs. (Journal de Charleroi, Charleroi, 10 août 1901, p. 2).
Le Théâtre du Biographe américain ([août]-[15] août 1901)
Venu pour la foire, le Théâtre du Biographe américain connaît des difficultés dès son installation à Charleroi :
Le Théâtre du Biographe américain qui, à l'unique représentation donnée jusqu'ici, s'était trouvé forcé de réduire considérablement son programme par suite d'un accident, ouvre à nouveau ses portes aujourd'hui.
Outre le programme des vues du biographe, considérablement augmenté, la direction offrira au public un intermède des clowns musicaux excentriques, les Vassy, pour la première fois en représentation en Belgique.
Le spectacle, qui ne devra plus, cette fois, être écourté, durera environ deux heures.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 9 août 1901, p. 3.
Peu d'informations par ailleurs sur les vues présentées de l'American Biograph qui n'est qu'un des numéros du spectacle :
Américan Biograph et Mutoscopes.-le théâtre de l'Américan Biograph, dont la salle est comble à chaque représentation, nous ménage une surprise qui fera sensation.
En effet, à partir du 15 août, Burton, le célèbre professeur Burton, le magicien le plus parfait, donnera une séance à chaque représentation.
Les clowns musicaux, les Vassy, resteront jusqu'au 16, ce qui permettra à la direction de corser son spectacle pendant les deux jours de fête.
Gazette de Charleroi, Charleroi, 14 août 1901, p. 3.
Plusieurs mutoscopes complètent les représentations. On ne connaît pas le nom du propriétaire des appareils, même si celui de l'American Biograph pourrait rappeler le forain H. Opitz.
1903
Le Grand Cinématographe Français Lumière de Thévenon (Place du Centre, 26 juillet-25 août 1903)
Étienne Thévenon, comme d'autres années, est présent à la foire et la presse annonce l'inauguration :
La Foire
Cinématographe Français, place du Centre, face à l'Hôtel-de-Ville. On verra cette année des merveilles :
La Belle au Bois Dormant, grande féerie en couleur; les fêtes du couronnement d'Edouard VII aux Indes, vue en couleur d'un grand effet, défilé de 80 éléphants; Le voyage présidentiel en Algérie et en Angleterre; La mort et les funérailles de Léon XIII, etc., etc. Enfin une belle série de vues à transformations et d'actualité, et toujours supériorité dans l'exécution, tableau d'une fixité absolue.
Ouverture aujourd'hui dimanche.
Journal de Charleroi, Charleroi, dimanche 26 juillet 1903, p. 3.
Dans un article signé Billy Young, il est question de la foire et des nombreuses baraques foraines dont celles des cinématographes :
A LA FOIRE
[...] Dirigeons nos pas vers l'Hôtel-de-ville pour visiter le Grand Cinématographe Français Lumière.
M. Thévenon, l'intelligent directeur, promet des choses extraordinaires dont une féerie: La Belle au Bois dormant qui ne dure pas moins de vingt-cinq minutes, avec vues coloriées; le Couronnement d'Edouard VII aux Indes, avec défilé des princes indiens à cheval, ou en palanquins, avec une centaine d'éléphants, etc., etc.
Une remarque en passant. Que le cinématographe n'oublie pas que ce que l'on préfère, ce que le public attend et est en droit d'exiger c'est de l'actualité, tout ce qu'il y a de plus actualité !
Journal de Charleroi, Charleroi, 2 août 1903, p. 2.
D'autres titres sont évoqués au cours du mois d'août :
Au Cinématographe Français, en face de l'Hôtel-de-Ville, les magnifiques vues du Couronnement d'Edouard VII aux Indes ont eu un grand succès; à chaque séance, les spectateurs émerveillés se demandaient comment on pouvait obtenir un pareil résultat de perfection et de beauté de coloris.
Aujourd'hui sera inauguré un nouveau programme: La Visite d'Edouard VII à Paris, sa présence à la Revue de Vincenne, le Défilé et la Charge de Cuirassiers, le Départ, son Arrivée à Longchamps, les Courses en son honneur et la présentation du vainqueur de la course, en mot tout l'historique de la visite du Souverain Anglais à la nation Française.
"La Mort de Léon XIII " fait assister aux derniers moments du pontife; c'est une scène très émouvante et d'actualité.
Plusieurs vues comiques complète ce très intéressant programme.
Journal de Charleroi, Charleroi, jeudi 6 août 1903, p. 4.
La foire ferme ses portes à la fin du mois d'août :
À la foire.-Voilá bientôt ce dont on ne parlera plus. Les loges, tel le Cinématographe Français, ont commencé à être démontées plus vite qu'elles n'ont été construites et les vides vont se faire de plus en plus grands et plus nombreux sur nos places jusqu'à ce qu'elles aient repris leur aspect désert et monotone.
Journal de Charleroi, Charleroi, mardi 25 août 1903, p. 2.
Le Phono-Cinéma-Théâtre (Place du Manège, 26 juillet-25 août 1903)
Le Phono-Cinéma-Théâtre s'installe sur la place du Manège à l'occasion de la foire :
Phono-Cinéma-Théâtre, Place du Manège.-Tous les soirs spectacle. De la Terre à la Lune, féerie en 30 tableaux, Le Petit Chaperon Rouge, etc., etc.
Journal de Charleroi, Charleroi, samedi 1er août 1903, p. 3.
Quelques jours plus tard, la presse donne quelques titres du répertoire :
Grand Phono-Cinéma-Théâtre .-Le Grand Phono-Cinéma-Théâtre établi place du Manège, nous revient cette année avec un programme tout nouveau et des plus variés.
Entr'autres, citons le Petit Chaperon Rouge, légende dramatique en 15 tableau coloriés.
Le Voyage dans la lune (en 30 tableaux coloriés) tiré du roman de Jules Verne; De la Terre à la Lune, le plus grand succès de l'Olympia de Paris.
Le Phono-Cinéma-Théâtre est situé sur la place du Manège, dans l'allée du milieu.
Journal de Charleroi, Charleroi, mercredi 5 août 1903, p. 3.
D'autres films sont proposés au cours du mois d'août :
Grand Phono-Cinéma-Théâtre.-
On annonce une nouvelle sensationnelle et vraiment digne de toute autre attention: La Direction du Grand Phono-Cinéma-Théâtre nous prie de faire connaître au public qu'à chacune de ses représentations on verra: Le Looping the loop Cercle de la mort qui en ce moment fait courir le monde entier.
On y voit également: Les massacres de Belgrade, l'assassinat du roi et de la reine de Serbie.
Le Petit Chaperon Rouge en 15 tableaux coloriés.
Voyage dans la lune en 30 tableaux coloriés.
Le Cake Walk, danse originale, qui obtient partout un succès sans précédent.
Tous les Carolorégiens amateurs de spectacle à sensation visiteront le Grand Phono-Cinéma-Théâtre situé sur la place du Manège, dans l'allée du milieu.
Journal de Charleroi, Charleroi, jeudi 13 août 1903, p. 3.
Le Cinématographe Kruger (Place du Manège, 26 juillet-25 août 1903)
Le Cinématographe Kruger s'installe sur la place du Manège à l'occasion de la foire :
Le Cinématographe Kruger.-Le cinématographe Kruger est aussi revenu s'installer sur la place du Manège.
En remettant à demain l'énumération du spectacle et des vues qu'on y produira, il nous suffira de signaler celle de l'assassinat d'Alexandre de Serbie et de la reine Draga. Débuts ce soir.
Journal de Charleroi, Charleroi, samedi 1er août 1903, p. 3.
1906
The Royal Cinematographe Parlant de Grandsart (Place du Manège, [04 août 1906)
La famille Grandsart propose des séances de cinématographie depuis plusieurs années. À Charleroi, les séances vont commencer, place du Manège, en août 1906 :
THE ROYAL CINEMATOGRAPHE PARLANT.-Le The Royal Cinématographe parlant, de la famille Grandsart, place du Manège, en face du Cirque, allée du milieu, n'a pas besoin de recommandations. Voilà un demi-siècle qu'il jouit d'une vogue extraordinaire. Ce succès, il le doit à l'initiative qui anime la direction et aux tours variés et nouveaux mettant toujours en éveil l'intérêt du public. On nous promet cette année les Visions lumineuses, les Danses électriques avec projections de couleurs du plus brillant effet, exécutées par Mlle Grandsart, ainsi qu'une série de curieux tableaux cinématographiques dont nous ménageons la surprise aux spectateurs. Il faut citer particulièrement le sympathique M. G. Gransart fils, qui apportera le précieux concours de sa verve aussi spirituelle qu'intarissable.
Tous les jeudis, à 3 heures, représentation enfantine. Tous les soirs, spectacle varié. Prix des places affichés au contrôle.
Journal de Charleroi, Charleroi, 4 août 1906, p. 4.
Aucune information ne permet d'avoir une idée du répertoire de films proposées aux spectateurs.