- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 30 juillet 2024
- Publication : 25 mars 2015
- Affichages : 10707
ALGER
Jean-Claude SEGUIN
Alger, capitale de l'Algérie, compte 92.120 habitants (1896).
1896
Le Cinématographe Lumière d'Alexandre Promio (Théâtre des Nouveautés, 16-19 décembre 1896)
Le " globe-trotter " de la maison Lumière, Alexandre Promio arrive en Algérie en décembre 1896 pour un bref séjour principalement destiné à prendre des vues locales. Il en profite malgré tout pour organiser quelques séances au théâtre des Nouveautés d'Alger :
Ce soir, mardi, aux Nouveautés, la Compagnie F. Achard nous donnera deux grands succès de son répertoire : Feu Toupinel et Les surprises du divorce, deux pièces plusieurs fois centenaires de l’auteur préféré du public, Mr Alexandre Bisson. Entre ces deux pièces, pendant l’entracte, première représentation du Véritable cinématographe Lumière.
La Dépêche algérienne, Alger, mercredi 16 décembre 1896, p. 3.
L'information est succincte et ne nous offre aucune information sur le répertoire présenté. C'est d'ailleurs le cas également lorsque la derniere séance est annoncée :
Ce soir, aux Nouveautés, dernière représentation de Monsieur le Directeur et de Le Remplaçant ; entre les deux pièces, projections du Véritable Cinématographe Lumière, faites par M. Promio, ingénieur de la Maison Lumière. Pendant la soirée, l'admirable orchestre espagnol se fera entendre.
La Dépêche algérienne, Alger, 19 décembre 1896, p. 3.
Le cinématographiste ne s'attarde guère et file à Tlemcen pour tourner quelques films.
1897
Le Cinématographe Lumière (salle de la Lyre Algérienne, 1er mars-[?] 1897)
C'est par la correspondante Prinsac que nous savons que le cinématographe Lumière s'installe, à partir du 1er mars 1897, dans la salle de la Lyre Algérienne :
[...] afin de pouvoir nous installer à Alger où nous aurons fort affaire pour nous tirer des pattes de Lumière qui d'après les affiches qu'a vu Vernet doit venir s'y installer au 1er mars. La salle qu'il a choisi est celle de la Lyre Algérienne. Les affiches donnent le programme et disent que la date de l'ouverture sera donné ultérieurement. Vernet est allé à la salle de la Lyre, c'est là qu'un garçon lui a dit que c'était pour le 1er mars. L'ouverture devait avoir lieu avant, il n'a pu être prêt, je pense que tu feras tout ce qu'il te sera possible pour régler le plus promptement possible et au mieux les affaires qui peuvent te retenir en France. Vernet a maintenant une peur atroce d'Alger et retardera le plus qu'il le pourra la date de notre départ, il voudrait voir devant nous encore pas mal de localités comme Boufarik, il est atterré de n'avoir pas trouvé plus d'argent.
[J. Prinsac], À Gaston Prinsac, Boufarik, 27 février 1897.
Nous ignorons le nom de l'opérateur et le répertoire des films proposés.
Le Cinématographe de M. Leroux (26, rue Bab-Azoun, [juillet] 1897)
Le photographe algérois, M. Leroux, fait une demande auprès de la mairie afin d'obtenir l'autorisation d'installer un cinématographe dans son établissement, 26, rue Bab-Azoun :
Arrêté. —Fêtes et spectacles. — Installation d'un Cinématographe.
Le Maire de la ville d'Alger, chevalier de la Légion d'Honneur,
Vu la loi du 5 avril 1881, notamment l'art. 97 ;
Vu le décret du 6 Janvier 1864 ;
Vu l'arrêté municipal du 29 novembre 1883, sur les salles de spectacles ;
Vu la demande formée par M.Leroux, photographe, A l'effet d'être autorisé A installer dans son magasin, rue Bab-Azoun, n* 26, un cinématographe ;
Vu le procès-verbal de la visite effectuée dans cet établissement, le 14 juin courant, par M. le chef du service des travaux communaux et l'agent voyer ;
Considérant qu'il résulte de ce procès-verbal que l'installation projetée peut être autorisée en prescrivant des mesures destinées à assurer la sécurité publique ;
ARRÊTE :
ARTICLE PREMIER. — M. Leroux est autorisé à installer dans son magasin, rue Bab-Azoun, n° 26, un cinématographe en so conformant aux prescriptions suivantes :
1° Il devra laisser sur toute la longueur de la salle entre la paroi de gauche et les rangées de chaises, une largeur libre d'au moins un mètre formant un couloir continu.
2º En face de la porte latérale de droite devant servir de sortie de secours en cas de besoin, les rangées de chaises seront interrompues sur toute la largeur de la salle de manière à laisser un couloir transversal entre cette porte et le couloir longitudinal et à permettre l'accès facile de cette issue.
3° Les chaises seront fixées au sol, ou au moins reliées entre elles, pour empêcher qu'en les déplaçant, elles ne gênent les passages à laisser libres.
4° Les appareils d'éclairage et de projection et leurs annexes devront être complètement isolés de manière que le public ne puisse pas s'en approcher.
5° Le nombre de personnes pouvant être admises dans la salle au moment des représentations publiques est fixé au maximum à cinquante.
ART. 2. — L'Ingénieur chef du service des travaux communaux et le Commissaire central sont chargés de l'exécution du présent arrêté.
Alger, le 28 Juin 1897.
Le Maire,
A. GUILLEMIN.
Bulletin municipal officiel de la ville d'Alger, Alger, 5 juillet 1897, p. 204.
Encore faut-il rappeler que l'incendie du bazar de la Charité, à Paris, le 4 mai 1897, a rendu les administrations très vigilantes avant d'accorder des autorisations d'installation de poste cinématographique. Nous ignorons si l'appareil est finalement exploité et combien durent les séances.
1900
La Société du Cinématographe Algérien (4 février-[21] juillet 1900)
C'est à l'initiative de Louis Trémolet qu'est constituée la Société du Cinématographe Algérien:
Réunion de la Chambre Syndicale
Séance du 30 janvier 1900
Présidence de M TACHET, Président
[...]
SOCIÉTÉ DU CINÉMATOGRAPHE ALGÉRIEN
8e Une convocation de la Société concessionnaire monopole du Cinématographe Algérien à l'Exposition Universelle de 1900, demandant au Syndicat de s'intéresser à l'oeuvre de vulgarisation algérienne qu'elle entreprend, et qui consiste à faire connaître, au moyen du cinématographe, les beautés de l'Algérie rustique et pittoresque.
Après échange de vues, la Chambre décide d'insérer dans le Journal Général un avis informant les Syndicataires qu'ils trouveront au Secrétariat les renseignements relatifs à cette entreprise, qui doit être réalisée par une Société anonyme au capital de 75.000 francs.
Journal Général de l'Algérie, Alger, 4 février 1900, p. 1.
La société se dispose à présenter des films dans le cadre de l'Exposition Universelle de 1900 :
L'Algérie animée
Un de nos jeunes et sympathiques concitoyens, M. Louis Trémolet, photographe d'art, formait le projet, il y a quelque temps, de montrer l'Algérie vivante, l'Algérie animée, à l'Exposition de 1900. Ce projet qu'il a conçu, il l'a réalisé Nous y applaudissons de tout cœur.
Une société de Cinématographe Algérien s’est constituée, "pour la vulgarisation de l'Algérie pittoresque, rustique, agricole et industrielle, par le moyen du cinématographe et de tous les appareils chronophotographiques et graphophoniques.
Ajoutons que cette société a obtenu la concession et le monopole de l'exploitation du cinématographe et du phonographe algériens à l'Exposition Universelle. C’est dire combien est assuré, combien promet d'être grand le succès de l'œuvre entreprise.
Mais, pour en montrer toute l'importance et toute la portée, laissons parler sou initiateur lui-même.
Voici comment s’exprime M. Louis Tremolet :
"La France adresse aujourd’hui à tous les peuples un appel fraternel, elle les convie à la plus imposante manifestation du Génie humain, et dans quelques mois, notre capitale, Paris, ouvrant toutes ses portes, aux innombrables visiteurs accourus des quatre points du monde, offrira le grandiose spectacle de l’union et de la paix par le travail, elle déploira pour eux toutes ses richesses, tous ses trésors ; de notre côté, nous Algériens, ne devons nous pas aussi faire connaître, admirer et aimer notre colonie, tel a été mon premier désir en créant à l’Exposition de 1900, un spectacle par la photographie animée, représentant notre beau pays, sous ses aspects les plus séduisants et les plus variés.
J'ai voulu mettre sous les yeux des visiteurs, le côté pittoresque et rustique de notre Colonie Africaine, faire connaître l’indigène dans ses coutumes, ses mœurs curieuses et souvent étranges, faisant dérouler devant des millions de visiteur, non par une simple image, mais bien plutôt par le mouvement et la vie elle-même, la réalité en un mot, et dans le cadre enchanteur des pays arabes, les scènes les plus attrayantes et les plus animées.
Au point de vue colonisation, j’ai tenu surtout à montrer les progrès accomplis par notre activité nationale, faire admirer nos grandes cités et leurs industries naissantes, nos grands centres avec leurs exploitations modèles, l'Agriculture et la Viticulture et leurs immenses domaines, en un mot faire connaître et apprécier au monde entier, les beautés les richesses de ce merveilleux pays ; n’est-ce pas là, la plus intéressante et la plus utile Vulgarisation que l’on puisse rêver.
Toutes ces scènes, ayant aussi un caractère essentiellement artistique, seront animées du souffle pour ainsi dire réel de la vie, et produiront l’illusion complète de la réalité, chaque tableau sera la reproduction vivante et fidèle de l’Algérie depuis son littoral jusqu'au désert.
La section algérienne, où sera installé le cinématographe algérien, dont je me suis assuré la concession monopole, est édifiée sur un terrain admirablement situé, au centre des Jardins du Trocadéro réservés aux colonies, et en bordure de la grande avenue, où viendra converger le plus grand nombre des visiteurs. C’est donc là, dans un local spécialement aménagé, et que m’a concédé la section algérienne, que sera créé au point de vue algérien, la plus séduisante attraction du siècle.
Je ne doute pas que mes efforts soient couronnés d’un plein succès et qu'ils contribuent à faire connaître, aimer et apprécier encore davantage notre beau pays, si souvent méconnu, et lui apporter les sympathies de tous les peuples venus dans notre capitale célébrer l'apothéose du travail et du génie national.
Ce sera un pas immense pour le développement de notre Algérie, car, lorsqu’on aura vu la reproduction vivante, on tiendra à la connaître encore mieux, on voudra alors y venir, la parcourir en tous sens, afin d’en admirer les sites merveilleux et les richesses incomparables que la nature s’est plu à lui prodiguer."
Bien dit, Monsieur ! Et nous n’avons que des applaudissements à ajouter à ce magnifique exposé de votre œuvre généreuse de propagande algérienne. Vous nous permettrez seulement de nous réjouir en toute sincérité à ses futurs succès pour notre belle colonie française et pour vous-même...
L'Anti-juif algérien, Mustapha, mardi 20 février 1900, p. 2.
Un autre organe de presse français offre quelques informations complémentaires qui indique des difficultés :
Aux attractions algériennes. L’administration de l’Exposition cause un préjudice énorme aux propriétaires du stéréorama algérien, qui ne peuvent faire fonctionner leur appareil mécanique faute de la force motrice qui devait leur être fournie depuis l’ouverture de l’Exposition. Ne voyant encore rien venir et fatigués de perdre tous les jours de l’argent, MM. Francowitchtz et Godan viennent de se décider à installer un moteur électrique qui fonctionnera aujourd’hui ou demain. J’engage tous les visiteurs à s’arrêter au stéréorama, ils ne regretteront pas leur argent. Il en est de même pour le propriétaire de la grotte de Bou Arnaina, renfermant un million en pièces de vingt francs authentiques et qui, outre ce million, a installé une cascades de pièces d’or; il a été obligé, lui aussi, de monter un moteur électrique. À signaler une nouvelle attraction, celle de M. Trémollet [sic], propriétaire du cinématographe algérien. Vues animées de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Afrique centrale.
La Libre Parole, Paris, 22 mai 1900, p. 2.
Dès le mois de juillet, le président, Auguste Seigle, la société fondée par Louis Trémolet prononce sa dissolution :
AVIS
Société en commandite par Acitons, TRÉMOLET et Cie, pour l'exploitation du Cinématographe Algérien
Les Actionnaires sont convoqués en assemblée générale le samedi, 21 juillet 1900, à neuf heures du matin, dans les salons de l'Hôtel de la Régence, à Alger.
Ordre du jour:
1º Dissolution de la Société;
2º Nomination d'un liquidateur aux lieu et place du gérant actuel ;
3º Autorissation pour le liquidateur de vendre le matériel et de céder le droit au bail.
Le Président, Auguste SEIGLE.
La Dépêche algérienne, Alger, 15 juillet 1900, p. 3.
1903
Le Cinématographe (26, rue Bab-Azoun, <25> avril 1903)
Le Cinématographe propose des projections animées en avril :
Cinématographe, 26, rue Bab-Azoun
Changement de programme
Aujourd'hui, vendredi, changement du programme au Cinématographe. Matinée pour les familles. La Fée des Roches Noires, le Papillon et Madame, Salle à manger fantastique, L'Histoire d'un Crime, Grand ballet pantomime de l'Odéon, Folies Masquées. Vues fixes: Le Premier Pas du Président Loubet sur le sol algérien, les Courses à Oran.
Demain vue fixe: La Revue au Kreider, la Danse du ventre devant le Président, et, pour terminer, la Charge finalet, etc.
A ce soir, rendez-vous au Cinématographe.
La Dépêche algérienne, Alger, samedi 25 avril 1903, p. 3.
Le Cinématographe Lyonnais (fin décembre 1903) → 1904
À la fin de l'année 1904, parmi d'autres attractions, arrive à Alger, un Cinématographe Lyonnais:
La Semaine Artistique à Alger
(De notre correspondant particulier)
L'approche de la fin de l'année et l'arrivée des fêtes de Noël et du Jour de l'An ont donné à la ville une animation extraordinaire, telle qu'on n'en avait pas vu depuis plusieurs années. La foire, l'inévitable foire s'est installée sur la place du Gouvernement, et une foule bariolée -pas très propre,- se presse chaque jour devant le palais des Singes, le Cinématographe Lyonnais, la ménagerie Emmanuel, sans oublier les manèges, les entreprises de danses du ventre, les tirs et autres attractions...
La Semaine artistique d'Oran, Oran, 10 janvier 1904, p. 6.
→ 1904
1904
← 1903 Le Cinématographe Lyonnais (<2> janvier 1904)
← 1903
Le Cinématographe Lyonnais continue d'organiser des projections de vues animées au début de l'année 1903 :
Cinématographe Lyonnais
Une attraction qui, sur le champ de foire de la place du Gouvernement, attire et retient volontiers le public est le grand Cinématographe Lyonnais. Disons de suite que l'empressement de nos concitoyens est justifié. Les vues les plus intéressantes et les plus variées, sans ce tremblement habituel à ce genre de spectacle, défilent pendant près d'une heure sur l'écran, devant un public toujours intéressé, jamais lassé.
Nous sommes heureux d'enregistrer un pareil succès et de constater une vogue bien méritée et due, nous n'en doutons pas, à l'excellence du spectacle, et aussi à la modicité du prix d'entrée qui met à la portée de tous l'accès de ce vaste et coquet établissement.
Stradivarius.
L'Union antijuive, Alger, 2 janvier 1904, p. 3.
1905
Le Cinématographe (Palace-Salon, <26 janvier->23 février 1905)
Le Cinématographe du Palace-Salon fonctionne en janvier-février 1905:
PALACE-SALON, 26, rue Bab-Azoun-Tous les jours, de 2 à 7 h. : Cinématographe et la Voyante musicale.
L'Algérien, Alger, 26 janvier 1905, p. 2
Une dernière annonce est publiée le 23 février.
Prises de vue de Félix Mesguich (novembre-décembre 1905)
Le cinématographiste Félix Mesguich, qui est employé par The Continental Warwick Trading Co., installée à Paris et dirigée par Charles Raleigh et Robert Schwobthaler est en Algérie afin de tourner une série de films:
Lumineuse avec ses terrasses en amphithéâtre, Alger étincelle sous le soleil de midi. La Mosquée, la Casbah, le lacis des ruelles étroites et grimpantes, les petites maisons arabes, je filme ma jeunesee et son décor.
Félix Mesguich, Tours de manivelle, Paris, Grasset, 1933, p. 94.
Il se rend ensuite à Oran.
1906
Le Cinématographe de M. Bréard (Café de Bordeaux, >20 novembre 1906)
M. Bréard est autorisé à installer un cinématographe dans le sous-sol du café de Bordeaux :
ARRÊTÉS MUNICIPAUX
Théatres et Spectacles.-Arrêté autorisant l'installation d'un cinématographe.
Par arrêté du Maire en date du 16 novembre courant, M. Bréard est autorisé sous diverses conditions, à installer un cinématographe dans le sous-sol du café de Bordeaux.
Bulletin municipal officiel de la ville d'Alger, Alger, 20 novembre 1906, p. 294.
Alger, Café de Bordeaux (c. 1900)
1909
Le Biographoscop d'Auguste Goudeau (Casino Music-Hall, <9> juin 1909)
En 1909, Auguste Goudeau, présente un appareil cinématographique :
CASINO MUSIC-HALL.-Tous les soirs, le Biographoscop A. Goudeau. Ses vues algériennes et marocaines. Tous les dimanches, matinée à 2 h 30.
Les nouvelles, Alger, mercredi 9 juin 1909, p. 3.