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ANALYSE
Thierry LECOINTE
Fort du succès rencontré par les vues de Courses de taureaux (Nîmes, 1898) auprès du public, la maison Lumière décide d’organiser un second tournage l’année suivante. La direction, échaudée par le protocole administratif, adresse un courrier au maire de Nîmes le 11 septembre 1899 dans lequel elle lui fait part de son désir d’envoyer un opérateur filmer une corrida. La réponse ne se fait pas attendre car une course doit se dérouler le 24 septembre. Le 16 septembre, un second courrier informe le maire de l’envoi de deux opérateurs.
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Lumière, lettre à M. le Maire de Nîmes, 11 septembre 1899 © collection particulière |
Lumière, lettre à M. le Maire de Nîmes, 16 septembre 1899 © collection particulière |
Quelques jours plus tard, le 24 septembre, deux employés Lumière se trouvent dans les arènes. Comme l’année précédente, ils sont positionnés sous la présidence, face au toril, mais cette fois à même le sol. Le tournage commence dès l’entrée des quadrilles. Six films ont été tournés (trois bobines par opérateur) quand un événement survient à la troisième course :
[...]. Le toro se venge [des picadors] en lançant en l'air tout un panneau de la burrera [sic] vis-à-vis d'un employé de la maison Lumière, en train de cinématographier la course. Mais cette volée de planches l'a fait effondrer derrière le burladero, et nous doutons bien que l'objectif n'ait pas pris ce tableau qui ne serait pas ordinaire, rendu par le cinématographe.
Le Petit Républicain du Midi, 26 septembre 1899.
Après sa chute, la caméra s’avère inutilisable et le tournage doit s’arrêter. Face à cet échec, il est décidé de tourner d’autres vues. Malgré la programmation à Nîmes de corridas les 1er et 29 octobre, c’est celle du 8 octobre à Béziers qui est choisie ; c'est donc dans les toutes nouvelles arènes de la ville, situées sur le plateau de Valras, que cette saga se termine. Les deux opérateurs tournent vingt bobines ; douze films sont mis en vente sous les numéros 1107 à 1118.