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- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 24 octobre 2024
- Publication : 24 mars 2015
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Marguerite VRIGNAULT
(Bordeaux, 1861-≥ 1933)
Jean-Claude SEGUIN
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Jean, François, Sydney Vrignault (Port-Louis, Île Maurice, 18/07/1827-) épouse (Bordeaux, 26/04/1856) Françoise Duburgué (Saint-Vincent-de-Xaintes, 07/05/1832-). Descendance :
- Louise, Marguerite, Marie Vrignault (Bordeaux, 17/02/1861-≥ 1933) épouse (Paris 8e, 05/07/1905) Ange, Victor, Alexandre Chenu (Blois, 14/01/1845-Paris 8e, 01/08/1905).
- Marie, Eugénie Vrignault (Bordeaux, 23/12/1864-Paris 16e, 20/12/1952) épouse (Paris 8e, 18/05/1904) Auguste, Gabriel Savard (Paris, 07/02/1861-). Descendance:
- Jean, François, Auguste Savard (Saint-Cloud, 02/07/1901->02/03/1940)
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Les sœurs Vrignault commencent leur carrière musicale et théâtrale dans les années 1870. Le nom de Mlle Vrigault - sans doute Marguerite - apparaît pour la première fois, à l'occasion du concours public de déclamation du Conservatoire (juillet 1877). "La Petite Vrignault", ainsi qu'on la nomme à ses débuts, apparaît, peut-être pour la première, sur la scène du Gymnase, le 21 mars 1878, dans le rôle d' " Adrienne " dans Monsieur Alphonse d'Alexandre Dumas fils (21 mars 1878). Elle va intégrer la troupe du Gymnase à partir de 1881, et elle est victime d'un grave accident, en avril 1882. Quant à Marie, Eugénie, elle poursuit également le même chemin et on la retrouve aux concours du Conservatoire, en juillet 1883.
Serge Panine (Georges Ohnet)
Le Monde illustrée, 14 janvier,1882, p. 21.
La carrière artistique de Marguerite Vrignault est pour le moins discrète. Elle semble n'avoir occupé que des rôles assez secondaires. Elle excelle dans les rôles de soubrette... mais sa sœur Marie, qui a eu une petite carrière, est également sur les planches et il est fréquent qu'il soit difficile de savoir qui joue quoi. Ce que l'on imagine aisément, c'est que Marguerite Vrignault a su assez vite se créer un réseau de relations parmi les gens du monde du théâtre et du spectacle en général, ce qui lui va être bien utile pour son projet de cinéma parlant.
Le Phono-Cinéma-Théâtre (mai 1900-juillet 1902)
Marguerite Vrignault est à l'origine de l'un des projets les plus singuliers et les plus précoces - même si tout cela est dans l'air du temps, puisque l'on trouve d'autres cinémas parlants à l'Exposition universelle de 1900 - de tentative d'association de l'image cinématographique et du son phonographique. Le projet semble remonter à 1898 selon les souvenirs de Marguerite Vignault :
-Deux ans avant l'ouverture de l'Exposition de 1900, m'a rappelé Mme Chenu, j'avais, au cours d'un déjeuner de chasse chez Paul Decauville, fait allusion à l'intérêt qu'il y aurait à reconstituer en des visions animées le jeu et la voix de nos plus grands artistes. Séduit, Paul Decauville, m'encouragea à réaliser mon idée et monta une société anonyme dont il voulut prendre le conseil d'administration. Je pus donc faire contruire mon pavillon et, m'étant adressée aux frères Lumière, ceux-ci me conseillèrent de prendre Clément Maurice comme opérateur. Je retrouvai Maurice qui travaillait avec le docteur Doyen, et je n'eus pas à le regretter, car c'était un véritable artiste.
Henry Cossira, 1933 : 25.
C'est en effet Paul-Amand Decauville qui va fonder la société et obtenir, pour 26250 francs la concession d'un emplacement de 210 mètres carrés, rue de Paris. Le bâtiment, édifié par M. R. Dulong, architecte, est, lointainement, inspiré du " pavillon Frais " du Petit Trianon (Alfred Picard, Rapport général administratif et technique, Tome Septième, Paris, Imprimerie Nationale, 1903, p. 230).
Théâtroscope et Phono-Cinéma-Théâtre
© Phonorama
C'est en mars 1900 qu'est formée la Société du Phono-Cinéma-Théâtre dont le périodique Cote de la Bourse et de la banque et le Messager de la bourse réunis, Paris, 2 août 1900, détaille la constitution :
Société du Phono-Cinéma-Théâtre. — Constitution. — Suivant acte en date à Paris du 2 mars 1900, reçu par Me Edouard Lefebvre, notaire à Paris, M. Paul-Amand Decauville, ingénieur, officier de la Légion d'honneur, demeurant à Paris, avenue Matignon, 15, a établi les statuts d'une Société anonyme qui sera régie par les lois des 24 juillet 1857 et 1er août 1893.
Cette Société prend la dénomination de : Phono-Cinéma Théâtre.
Elle a pour objet : la construction et l’exploitation, à l'Exposition universelle de 1900, du Phono-Cinéma-Théâtre, dans lequel seront données des représentations de cinématographie et des auditions de phonographie, ainsi que toutes opérations accessoires pouvant se rattacher à cette exploitation; la construction et l’exploitation, soit en France, soit à l'étranger, de tous appareils de phonographie et de cinématographie, soit réunies, soit séparées, sous toutes leurs formes, ainsi que tous les éléments constitutifs de ces appareils: pellicules, rouleaux et autres; l'achat, la construction, la location et la sous-location de tous bâtiments et emplacements devant servir a cette exploitation et à toutes opérations accessoires; toutes opérations de publicité intérieures ou extérieures pouvant être faites à l’intérieur ou à l’extérieur des locaux occupés ou loués par la Société, soit au moyen des appareils par elle exploités, soit de toute autre façon, et généralement tout ce qui sera susceptible de se rapporter à son objet principal, les indications ci-dessus n’étant qu’énonciatives et non limitatives, et la plus grande liberté étant réservée à l'assemblée générale des actionnaires pour étendre l’objet social.
Le siège social est à Paris, provisoirement avenue Matignon, 15. La Société prendra cours du jour de sa constitution définitive et elle durera six années a partir de cette date.
M. Decauville apporte à la présente Société : la concession qui lui a été accordée par M. le commissaire général de l’Exposition universelle de 1900, d’un emplacement d’une surface de 210 mètres carrés environ, situé dans l'enceinte de ladite Exposition, entre le cours la Reine et la Seine; les démarches, études, plans, ayant eu pour objet la création du spectacle que la Société doit innover et exploiter, ainsi que l’organisation du pavillon à ériger sur l'emplacement concédé dans l’enceinte de l'Exposition; toutes conventions et tous traités ayant pu être passés avec tous architectes et entrepreneurs, tous travaux qui ont pu déjà être exécutés pour la construction du pavillon dont il vient d’être parlé.
L’apport qui précède est fait à la charge de la présenté Société :
1° De rembourser à M. Decauville toute somme par lui versée déjà à l’administration de l’Exposition universelle de 1900, tant pour cautionnement qu’à valoir sur la redevance, moyennant laquelle a été consentie ladite concession ;
2° D’exécuter à ses lieu et place toutes les charges, clauses et conditions de cette concession et de payer le surplus de ladite redevance ;
3° D'exécuter de même a ses lieu et place toutes conventions et tous traités et marchés qui ont pu être passés avec tous architectes et entrepreneurs. En représentation de cet apport, il est attribué à M. Decauville cinquante des parts bénéficiaires créées ci-après.
Le fonds social est fixé à 100.000 francs et est divisé en deux cents actions de 500 francs chacune.
Ces 500 actions ont été entièrement souscrites et libérées du quart.
Il est en outre créé 350 parts bénéficiaires au porteur, sans valeur nominale, donnant droit chacune à un 350e de la participation totale de 35 % dans les bénéfices sociaux attribuée a ces parts.
Sur ces 350 parts, un nombre de 50 parts est attribué à M. Decauville.
Sur les bénéfices nets, il sera prélevé :
1° 5 % pour constituer le fonds de réserve prescrit par la loi ;
2° La somme nécessaire pour payer aux actionnaires, à titre de premier dividende, 5 % des sommes dont leurs actions sont libérées et non amorties.
Le solde est réparti comme suit : 5 % au conseil d’administration ; 60 % aux actionnaires, et 35 % aux propriétaires de parts bénéficiaires.
Ont été nommés administrateurs :
M. Paul-Amand Decauville, ingénieur, demeurant à Paris, rue Matignon, 15, et M. Albert Delthil de Fontréal, rentier, demeurant à Paris, rue du Faubourg-St-Honoré, 225. — P. A. 6 avril 1900.
Cote de la Bourse et de la banque et le Messager de la bourse réunis, Paris, 2 août 1900, p. 3.
Le second administrateur, Albert Delthil de Frontreal est étranger aux questions cinématographiques. Il s'agit de l'une des très nombreuses sociétés qui vont se constituer dans le cadre de la préparation de l'Exposition Universelle de Paris. Le projet est ainsi circonscrit à un temps et à un espace précis.
Reste donc le tournage des vues et l'enregistrement des cylindres. Cette tâche incombe à Clément-Maurice qui va se charger de la prise de vue des scènes. Pour ce faire, il va utiliser une caméra brevetée par Ambroise-François Parnaland, celle qui est utilisée pour les opérations du docteur Doyen :
L'appareil cinématographique du Phono-Cinéma-Théâtre était la caméra chirurgicale dont le célèbre chirurgien Doyn se servait pour enregistrer ses opérations ; il donnait des images très nettes, car il était le premier dont le projecteur ne dansait pas devant les yeux.
Cossira, 1933 : 25.
Quant au phonographe, c'est l'Idéal d'Henri Lioret qui est utilisé, car il se sert de cylindres de grande dimension qui permettent d'enregistrer quatre minutes. Toutefois les choses ne vont pas d'elles-mêmes et les questions techniques retardent les prises de vues :
Clément Maurice, le collaborateur de Lumière, celui qui installa le premier ciné au Gand Café, se rappela les difficulté qu'il éprouvait pour filmer, n'ayant pas d'objectif à grande ouverture, le maximum n'était que de 6X3. Aussi était-il très limité au point de vue luminosité :
- Trois semaines avant l'ouverture de l'Exposition, dit-il, nous n'avions pas un mètre de film ; mais en huit jours on m'édifia un théâtre vitré et nous fûmes prêts.
Cossira, 1933 : 26.
Le studio est installé au-dessus du Phono-Cinéma-Théâtre, comme le rappelle Henry Cossira :
C'était sur le toit même du Phono-Cinéma-Théâtre, où la fondatrice avait fait aménager un studio, qu'on tournait les films et qu'on enregistrait les cylindres. Les artistes s'habillaient et se grimaient dans une petite loge attenante. L'opérateur Clément Maurice tournait d'abord le film, puis, à la même cadence, on enregistrait le cylindre.
Cossira, 1933 : 24.
En réalité, la " synchronisation " dépend du son que l'on enregistre. Lorsqu'il s'agit de chant, le rythme de la musique constitue une aide appréciable. Ainsi, dans le cas d'Émile Cossira et de l'enregistrement de Roméo et Juliette, il va pouvoir coup sur coup procéder aux deux opérations :
Il me souvient d'avoir aidé mon père à revêtir le pourpoint de l'amoureux Roméo et d'avoir assisté à la prise de vue. Pour être sûr de rester dans le même mouvement, mon père avait tourné le film en chantant à pleine voix : " Ah ! lève-toi, Soleil ", et il avait bissé aussitôt, si l'on peut dire, mais sans le moindre geste, devant l'enregistreur. La synchronisation approximative ainsi obtenue n'était pas trop mauvaise... pour l'époque tout au moins.
Cossira, 1933 : 24.
Mais la question est tout autre lorsqu'il s'agit d'enregistrer des paroles sans musique comme le rappelle le fils du ténor :
Évidemment, cette méthode, facilitée par le rythme et la mesure de la musique, était celle qui permettait l'établissement du meilleur synchronisme entre la marche des deux appareils, phon et cinéma. Les scènes parlées étaient les plus difficiles à réaliser.
Cossira, 1933 : 24.
Or nous avons la chance de disposer d'un second témoignage, celui de Jules Moy, que l'on retrouve dans deux films, Le Maître de ballet et Une poule introduite dans un concert, qui nous confirme bien qu'alors la synchronisation du son se fait devant le film projeté :
Jules Moy débuta dans le film sonore... en 1900
[...]
- À quand remonte vos débuts dans l'art nouveau du spectacle ?
- À 1900.
- ?
- Oui, j'ai tourné mon premier film sonore à l'Exposition de 1900. Ça s'appelait le "Phono-Cinéma-Théâtre". Il fallait s'habituer à parler en même temps que les images passaient. Quand on avait peu de choses à dire ça allait. Mais quand il fallait "synchroniser" (le mot n'existait pas encore) une longue tirade, ça n'allait plus du tout. Mes partenaires dans ce film était Sarah Bernhardt, Mounet-Sully, Coquelin aîné, Réjane, Carlotta Zambelli et Mariette Sully.
Comoedia, Paris, 16 avril 1932, p. 6.
Mais si la question de la synchronisation se pose pour le tournage et l'enregistrement, elle continue de le faire au moment de la projection. Le Phono-Cinéma-Théâtre dispose de deux salles (Le Figaro, Paris, 7 juillet 1900, p. 3) dont l'une d'elles est dirigée par Félix Mesguich, l'ancien collaborateur des Lumière, qui va devoir faire en sorte de bien faire fonctionner conjointement le cinématographe et le phonographe :
Pour les projections parlantes, installation était également très simple. Devant l'écran, à la place de l'orchestre, se trouvaient deux petits boxes pour le phonographe et les appareils à bruit. Dans le cornet du phonographe, il y avait un microphone qui prenait le son, qu'un tube acoustique amenait à la cabine de l'opérateur, Félix Mesguich. Une lampe rouge s'allumait au déclenchement du cylindre phonographique pour permettre le départ simultané du film. L'opérateur, au moyen d'un casque ou simple du cornet acoustique, avait le son dans l'oreille : il réglait alors sa manivelle au son et tournait plus ou moins vite pour que les paroles ou les bruits tombassent " juste ".
Cossira, 1933 : 24-25.
Dans la seconde salle, ce sont les fils de Clément-Maurice, Georges et Léopold qui s'occupent de faire fonctionner les appareils :
C'était mon frère Georges qui tournait la manivelle du projecteur, écoutant par une ouverture de la cabine le son qu'émettait dans la salle le phonographe à rouleau de marque Edison [sic] : Le synchronisme était approximatif, surtout lorsqu'il m'arrivait de le remplacer, car je n'avais pas son expérience pour suivre le son en accélérant ou ralentissant le projecteur. Qu'importe, le succès était considérable et la salle toujours pleine. "
Bulletin de l'Association Française des Ingénieurs et Techniciens du Cinéma, nº 29, 1969, p. 6.
À la fin de l'Exposition Universelle de 1900, les comptes n'y sont pas et l'affaire n'a pas vraiment été un succès. Si la société du Phono-Cinéma-Théâtre est dissoute le 26 novembre 1901, Marguerite Vrignault va chercher à compenser les pertes :
A la fermeture de l'Exposition, de tous les établissements de la rue de Paris, le Phono-Cinéma-Théâtre fut le seul à ne pas faire faillite ! J'avoue que cela me coûta fort cher. Avec Mesguich, nous promenâmes le Photo-Cinéma-Théâtre dans toute la France et dans l'Europe entière.
Henry Cossira, " La Résurrection du Phono-Cinéma-Théâtre ", L'image, nº 55, 31 mars 1933, p. 26.
D'une part, une salle est ouverte, à Paris, au 42 bis, boulevards des Bonnes-Nouvelles où des projections vont avoir lieu entre novembre 1900 et mai 1901. D'autre part, elle organise des tournées en France et en Europe, pour lesquelle elle est accompagnée par celui qui connaît le mieux le fonctionnement du Phono-Cinéma-Théâtre, Félix Mesguich. On va retrouver des projections-auditions à : *Rouen, Madrid, Lyon, Genève, Dijon, Troyes, Chalon-sur-Saône, Saint-Étienne, Reims, Karlsruhe, Stuttgart, Stockholm puis, en 1902, à Amsterdam, Munich, Vienne, Salzbourg... Il est d'ailleurs possible q'une autre équipe ait sillonné la France. L'appareil a également été installé, quelques semaines, à l'Olympia, en octobre-décembre 1901. Nous ignorons si ces initiatives ont pu être rentables et si Marguerite Vrignault a pu rétablir la situation financière. De son côté, Paul Decauville, comme d'autres, tente de récupérer une partie de ses fonds auprès des responsables de l'Expposition universelle, mais sans succès :
LE TRIBUNAL ARBITRAL DE L'EXPOSITION
Les nouvelles sentences. — Griefs injustifiés. Les arguments du tribunal.
Le tribunal arbitral de l'Exposition avait, jusqu'ici, statué sur diverses demandes de concessionnaires, notamment des frères Guillaume, du directeur de la Maison du rire et du directeur de la Féria. Les frères Guillaume, seuls, obtinrent 25.000 francs, au lieu d'un million qu'ils demandaient.
Le tribunal vient de statuer sur les demandes de : MM. Pierre Wolff et Tirribilot, concessionnaires du théâtre des Auteurs gais, réclamant 800.000 francs ; Decauville, concessionnaire du Phono-Cinéma-Théâtre, réclamant 150.000 francs ; Cailac, concessionnaire du restaurant des Grandes Marques, réclamant 200.000 fr. ; M. Guyard, concessionnaire du Panorama du mont Blanc et du Club alpin, réclamant 800.000 francs. Le tribunal a décidé que les griefs présentés par les concessionnaires, que représentait Me Caroa, n'étaient pas justifiés. D'abord, sur l'argument tiré des promesses, selon eux fallacieuses, qui leur avaient été faites pour l'organisation de grandes fêtes de nuit, le tribunal estime que des circonstances imprévues ont empêché cette organisation, et que, d'ailleurs, il n'y avait aucun engagement, mais de simples projets, de la part du commissariat général.
L'éclairage de la rue de Paris a, ensuite, été jugé suffisant, et divers autres arguments ont été enfin écartés pareillement.
M. Cailac, seul, a obtenu 6.000 francs, de restaurants non accordés par voie de concession lui ayant fait une concurrence jugée irrégulière. Parmi les nombreuses réclamations que le meme tribunal devra prochainement examiner, signalons celui des directeurs des établissements suivants Panorama du Congo, Village Suisse, Inde française, restaurant du Pavillon bleu, restaurant de l'Automobile et des Sports, restaurant franco-belge, restaurant viennois, section algérienne, etc. Et ce ne sera pas fini.
Le Siècle, Paris, 22 février 1901, p. 2.
Finalement, au bout donc d'un peu plus de trois ans, l'aventure du phono-cinéma-théâtre prend fin pour Marguerite Vignault.
Louis, Amédée Mante, Marguerite Chenu-Vrignault, 1895
© Famille Mante
Et après (1903-≥1933)
Entre le projet et la fin de l'exploitation du Phono-Cinéma-Théâtre cinq ans se sont écoulés au cours desquels, Marguerite Vignault s'est essentiellement consacrée au cinématographe. Après cette expérience exceptionnelle, son nom va vite disparaître de la presse française. En 1905, elle épouse Ange, Victor, Alexandre Chenu à peine plus de trois semaines avant le décès de ce dernier. S'est-il agi d'un mariage arrangé ? Toujours est-il que désormais elle se fera appeler Mme Chenu.
L'autre activité essentielle de Marguerite, désormais, Chenu et de sa soeur Marie Vrignault, qui se fera appeler Mlle Vignault, même après son mariage, reste la cause des femmes, même s'il faut remettre cette expression dans son contexte. Marie Vrignault, dès 1888, rejoint " L'Union des Femmes de France ". Fondée en juin 1881, elle a pour objet " la préparation et l'organisation des moyens de secours qui, dans toute localité, peuvent être mis à la disposition des blessés ou malades de l'armée française ". Secrétaire de la propagande pendant des années (La Presse, Paris, 9 juillet 1905, p. 3), elle reçoit les Palmes académiques (1904) et devient officier de l'Instruction publique (1913). Quant à Marguerite Chenu, elle aussi va rejoindre - plus tardivement semble-t-il - l'Union des Femmes de France, et elle va donner des conférences. C'est pourtant son rôle au cours de la Première Guerre Mondiale qui va faire d'elle une figure de proue des missions humanitaires. Elle arrive aux États-Unis, en février 1916 :
In aid of 2.000 Belgian refugees in Lyons, France, an entertainment was given on Tuesday afternoon at the Automobile Club, 247 West Fifty-fourth street. At it Mme Marguerite Chenu made her first public appearance in this country. She recently arrived from Paris to give a series of conferences for the benefit of the French Red Cross.
The Sun, New York, 20 Feb 1916, p. 28.
La couverture médiatique de ses activités dans le cadre de la Croix Rouge et de l'Union des Femmes de France est très importante, et elle est saluée comme une figure exceptionnelle dans bien des journaux. Elle donne de nombreuses conférences pour récolter des fonds pour les causes qu'elle défend.
Des Moines Tribune, Des Moines, 27 avril 1916, p. 1. |
On la retrouve également au Brésil, en juin 1916 (Revista de Semana, Rio de Janeiro, 10 de junho de 1916). Dans le cadre de ses conférences, elle utilise, à l'occasion des projections cinématographiques :
A primeira conferencia de Mme Chenu
Quinta-feira, na séde da Liga dos Aliados, mme. Marguerite Chenu fez a sua primeira palestra, lendo a conferencia de Maurice Donnay, da Academia Francesa - La Parisienne avant et pendant la guerre. O nosso publico ouvirá, breve, no Lyrico, essa mesma conferencia que é un primor, com projecçoes cinematographicas dos hospitaes de sangue, das trincheiras e aspectos de Paris.
Revista de Semana, Rio de Janeiro, 10 de junho de 1916.
De retour aux États-Unis, en 1917, elle se rend à Québec (The Gazette, Montreal, 30 June 1917, p. 3) et annonce, en décembre, son intention de se rendre au Japon (San Francisco Chronicle, San Francisco, 19 december 1917, p. 10). Nous perdons sa trace par la suite. Elle disparaît après 1933.
Sources
COSSIRA Henry, "Henry Cossira, " La Résurrection du Phono-Cinéma-Théâtre ", L'image, nº 55, 31 mars 1933, p. 23-27.
TOULET Emmmanuelle, " Le cinéma à l'Exposition universelle de 1900 ", Revue d'histoire moderne et contemporaine, Tome 33, nº 2, avril-juin 1986, Cinéma et société, pp. 179-209.
LANGE Éric, " L'Exploitation du cinéma sonore en France avant 1914 " dans Maurice GIANATI et Laurent MANNONI (dir.), Alice Guy, Léon Gaumont et les débuts du film sonore, John Libbey Publishing Ltd., 2012, p. 148-149.
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22/12/1900-[05/01/1900] | Espagne | Madrid | Music-Hall/Teatro Moderno | Phono-Cinéma-Théâtre |
[19/01/1901]-[--/02/1901] | France | Lyon | Cirque Rancy | Phono-Cinéma-Théâtre |
02/02/1901-17/02/1901 | Suisse | Genève | Victoria-Hall | Phono-Cinéma-Théâtre |
25/03/1901-27/03/1901 | Allemagne | Phono-kinematographisches Theater | ||
06/04/1901-10/04/1901 | France | Dijon | Grand-Théâtre | Phono-Cinéma-Théâtre |
12/04/1901-14/04/1901 | France | Troyes | Cirque Plège | Phono-Cinéma-Théâtre |
16/04/1901-20/04/1901 | France | Chalon-sur-Saône | Théâtre | Phono-Cinéma-Théâtre |
22/04/1901-26/04/1901 | France | Saint-Étienne | Grand-Théâtre | Phono-Cinéma-Théâtre |
*01/05/1901-08/05/1901 | France | Saint-Étienne | Eden Théâtre | Phono-Cinéma-Théâtre |
*03/05/1901-19/05/1901 | France | Reims | Cirque | Phono-Cinéma-Théâtre |
14/06/1901-19/06/1901 | Allemagne | Karlsruhe | Stadtgarten-theater | Phono-kinematographische Theater |
24/06/1901 | Allemagne | Stuttgart | Liederhalle, Festsaal | Phono-Kinematographisches Theater |
01/09/1901-14/10/1901 | Suède | Stockholm | Olympia-Teatern | Phono-Cinéma-Théâtre |
* > 14/10/1901 | Russie | Phono-Cinéma-Théâtre | ||
[25/10/1901]-[22/11/1901 | France | Paris | Olympia | Phono-Cinéma-Théâtre |
04/01/1902-[06]/01/1902] | Pays-Bas | Amsterdam | Salle Odéon | Phono-Cinéma-Théâtre |
08/01/1902-15/01/1902 | Allemagne | Munich | Kaim-Saal | Phono-Cinéma-Théâtre |
03/02/1902-[21/02/1902] | Autriche | Vienne | Danzer's Orpheum | Phono-Cinéma-Théâtre |
10/07/1902-18/07/1902 | Autriche | Salzbourg | Phono-Cinéma-Théâtre |