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- Creado: 25 Marzo 2015
- Última actualización: 19 Agosto 2024
- Publicado: 25 Marzo 2015
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COGNAC
Jean-Claude SEGUIN
Cognac, ville du département de la Charente (France), compte 17.392 habitants (1894)
1896
Le Cinématographe Lumière (Boulevard Denfert-Rochereau, octobre-novembre 1896)
Nous ignorons le nom du responsable du poste et celui de l'opérateur. Joseph Valluy qui a opéré à Angoulême a déjà quitté la région en direction des États-Unis. La presse annonce sobrement l'arrivée du cinématographe Lumière.
LE CINÉMATOGRAPHE Nous apprenons l'arrivée, dans notre ville, du Cinématographe, de MM. Lumière, de Lyon. Cet appareil merveilleux donne l'agréable surprise et l'illusion complète de scènes où les personnages de grandeur naturelle sont, croirait-on, vivants, et s'agitent, se meuvent comme dans la réalité. Les projections auront lieu dans un local situé sur le boulevard Denfert-Rochereau, près le Café du Chalet. L'électricité faisant défaut la nuit, les séances auront lieu le jour seulement, toutes les demi-heures, le matin de dix heures à midi et le soir de une heure à six heures. Cette attraction scientifique n'étant dans notre ville que pour huit jours seulement, nos concitoyens feront bien de se hâter s'ils veulent voir cette nouveauté, l'un des merveilles du siècle. |
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L'Ère nouvelle, Cognac, dimanche 25 octobre 1896, p. 2. | Aux Dames de France, Cognac, Cognac, Place François 1er (c. 1910) |
L'article ci-dessus comporte un élément intéressant relatif à l'énergie utilisée. Le cinématographe Lumière, dès ses origines, utilise l'électricité, ce qui implique bien sûr qu'il organise des projections dans des communes déjà équipées... À Cognac, l'énergie électrique n'est pas offerte tout au long de la journée, et l'opérateur est ainsi contraint de s'adapter aux horaires de jour. On ne trouve, par ailleurs, que de très rares articles peu informatifs jusqu'au moment où la clôture est annoncée pour le jeudi 5 novembre :
LE CINÉMATOGRAPHE
Aujourd'hui jeudi, le Cinématographe de la maison Lumière donnera, pour sa clôture, deux grandes représentations de gala au prix unique de 2 fr., la première aura lieu à huit heures du soir, la seconde à neuf heures.
Pendant ce spectacle unique, le public assistera au défilé général de la collection la plus belle et la plus variée en son genre qui appartient à la maison créatrice du Cinématographe, une des plus complètes de celles vues jusqu'à ce jour.
L'Ère nouvelle, Cognac, jeudi 5 novembre 1896, p. 2.
Par ailleurs, aucune information sur la programmation ne transparaît dans la presse consultée. C'est bien au bout d'une semaine environ que le cinématographe Lumière quitte Cognac.
1899
Le Royal Viograph Américain de Constantin Daue (place d'Alger, 27 avril-4 mai 1899)
Le Royal Viograph Américain dont le propriétaire est Constantin Daue a fait parler de lui, l'année précédente, alors qu'il est présenté à Bordeaux à l'occasion de la foire des Quinconces. À Cognac, il s'installe place d'Alger.
Cognac, La Place d'Alger (c. 1900)
L'inauguration est initialement prévue pour le jeudi 27 avril comme le rapporte la presse locale :
Royal Viograph
C'est ce soir jeudi, qu'aura lieu l'ouverture du Royal Viograph américain, installé place d'Alger.
Nous sommes convaincu que le public cognaçais, amateur des attractions nouvelles, saura apprécier à sa juste valeur une des plus belles applications de la science contemporaine.
L'Ère nouvelle, Cognac, jeudi 27 avril 1899, p. 2.
Finalement, l'inauguration est repoussée au samedi 29 avril comme l'indique un autre journal :
A l'approche de notre grande foire annuelle, qui s'ouvrira |le 11 mai prochain, les diverses places de notre ville sont occupées par des attractions, théâtres-salon, oiselleries, etc.
Au square d'Alger se trouve un établissement des plus confortables, le Royal Viograph américain, attraction des plus intéressantes et qui fera, certainement, courir tout Cognac.
M. C. de Daue, directeur, — faisant bien les choses — a invité gracieusement les autorités de la ville et la presse à assister à la " première " qui a été donnée jeudi soir, à huit heures et demie.
La place nous manquant malheureusement pour parler longuement de cette charmante soirée, nous nous bornerons à dire que les nombreux, variés et très intéressants tableaux qui ont défilé devant le public, qui avait répondu à l'appel de M. Daue, ont fait ses délices, si on en juge d'après les bravos nourris qui ont souligné l'apparition de la plupart des tableaux.
Le Royal-Viograph américain de M. Daue est très perfectionné : beaucoup de netteté dans les projections et les titillations visuelles sont presque nulles.
Durant la représentation, qui se compose de trois parties, M. Bénévol, à chaque entr'acte, amuse les spectateurs par des tours de prestidigitation fort divertissants.
En résumé, cette première — malgré que tout ne fut pas encore bien installé, bien réglé — fait augurer d'agréables soirées à passer au Royal-Viograph américain et d'excellentes recettes au directeur.
Ce soir samedi, 29 avril, première grande représentation.
La Charente, Angoulême, dimanche 30 avril 1899, p. 3.
Quelques jours plus tard, L'Ère nouvelle publie un bref compte rendu :
Royal Viograph Américain
Samedi dernier a eu lieu l'ouverture du Royal Viograph. La salle était trop restreinte pour contenir les nombreux spectateurs qui étaient venus admirer cette merveilleuse attraction, et le spectacle a été bien goûté car touts les soirs la salle est comble et les premières places prises d'assaut.
L'administration du Viograph, toujours soucieuse de plaire aux cognaçais, donnera, aujourd'hui jeudi, à 3 heures de l'après-midi, une matinée où sera représenté, pour la première fois, le grandiose tableau : La Passion.
Ce sera un nouveau succès.
L'Ère nouvelle, Cognac, jeudi 4 mai 1899, p. 2.
La seule information relative au programme concerne La Passion dont on ignore précisément l'origine. Mais cela n'a finalement guère d'importance, car, par un malheureux hasard, un incendie va détruire la baraque du Royal Viograph, deux ans, jour pour jour, après le drame du Bazar de la Charité. Une coïncidence que la presse s'empresse d'utiliser :
INCENDIE DU ROYAL VIOGRAPH
Jeudi dernier, pendant qu'à Paris dans les églises parées de tentures noires, l'on célébrait l'anniversaire d'un des plus grands sinistres de l'année 1897, la catastrophe du Bazar de la Charité, Cognac voyait éclater entre ses murs un terrible incendie qui en quelques minutes a réduit en cendres l'une des plus belles attractions de nos foires nationales, le Royal Viograph Américain.
Il était deux heures et demie environ, lorsque la première flamme fut aperçue par M. Pedro Garmendia, le caissier de cet établissement.
Un quart d'heure plus tard, 300 enfants allaient assister à la matinée et la catastrophe du Royal Viograph allait rivaliser avec celle du Bazar de la Charité !
En une seconde le feu fut communiqué aux tentures et à la grande toile goudronnée au-dessus de la chambre noire, et ce superbe établissement devint la proie des flammes.
Avant qu'on ait pu sauver quoi que ce soit de la cabane où se trouvaient les nombreuses pellicules et l'appareil de projections le Royal Viograph ne forma plus qu'un immense brasier.
Pendant ce temps de courageux citoyens au milieu des flammes procédaient au sauvetage de la machine à vapeur et du dynamo qui se trouvaient placés à l'extrémité de l'établissement.
Les pompiers arrivés aussitôt sur le lieu du sinistre ne purent être utiles, le fléau avait accompli son oeuvre dévastatrice avant que tout secours put être organisé.
Voici les pertes exactes :
Tableaux..............................20.000
Une machine à projection......5.000
Onze objectifs.......................6.000
Tentures................................1.000
Appareils et matériel divers..8.000
Barraque en planches
(propriété de M. Pradeau,
chapentier à Cognac)...........2.500
TOTAL................................42.500
Rien n'était assuré.
Les causes de cet incendie sont restées, malgré les enquêtes, jusqu'alors inconnues ; le personnel de l'établissement ne s'explique pas lui-même comment le feu a été communiqué.
POUR LES SINISTRÉS
Nous apprenons que les organisateurs des matchs de dimanche, dans un but tout humanitaire, partageront la recette avec M. de Daue, directeur du Viograph.
Les matchs de dimanche seront donc une fête toute de charité à laquelle les cognaçais voudront certainement participer en y assistant en foule.
UNE SOUSCRIPTION
Voulant nous aussi venir en aide aux sinistrés, nous ouvrons une souscription au profit du personnel du Royal-Viograph que la catastrophe du 4 mai laisse dans le plus complet dénuement.
Les sommes seront reçues dans les bureaux de l'Ère Nouvelle.
L'Ère nouvelle, Cognac, dimanche 7 mai 1899, p. 2.
Si le drame a été évité de peu, le sinistre est dramatique pour le propriétaire de la baraque et de l'appareil cinématographique puisque aucune assure n'existe Cela met en lumière l'insécurité et l'insouciance qui règnent parmi les forains qui exploitent des appareils chronophotographiques dans les foires. La question n'est pas légère et l'écho de cet incendie reste dans les mémoires. Heureusement, il a été possible de compter sur la solidarité des Cognaçais.