LA REVUE NAVALE.
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Aussitôt, la revue navale a commencé. Le beau temps l'a favorisée pleinement. Le soleil, heureusement, voulait bien paraître, et il mettait une note gaie et claire sur les pavillons claquant au vent. A ce moment, la rade offrait un coup d'œil superbe. Sur la passerelle de l'Élan, décorée d'une tenture rouge, on avait disposé trois fauteuils pour les souverains russes et pour le Président de la République. A bord se trouvaient encore : le ministre de la marine, l'amiral Gervais, le général de Boisdeffre, l'amiral Roustan et un certain nombre d'officiers attachés à la maison de l'Empereur ou à la maison du Président.
L'aviso a passé successivement devant tous les navires dont les équipages, rangés sur les plats-bords, poussaient les sept hourras réglementaires. J'ajoute même avec grand plaisir que jamais je n'ai entendu des cris si nourris, si enthousiastes que ceux poussés tout à l'heure par nos braves marins. On sentait que le cœur y était. Même allégresse a été remarquée à bord des trois paquebots transatlantiques mouillés en rade, avec de nombreux curieux, lorsque l'Élan, continuant sa tournée, a passé dans leur voisinage. Après avoir circulé pendant une demi-heure autour de l'escadre, l'Elan s'est, approché du Hoche, le navire-amiral, près duquel se trouvait un grand canot blanc dont la chambre arrière était recouverte d'un dais doré et drapé de soieries. L'Empereur, l'Impératrice, le Président et une partie de leur suite se sont embarqués dans ce canot, à trente rameurs, qui les a conduits à bord du Hoche.
Reçus à la coupée par l'amiral de Prémesnil, entouré de tous les commandants de l'escadre, les souverains ont tout d'abord salué les officiers, puis l'Empereur a passé en revue le peloton de garde, tandis que l'Impératrice causait amicalement avec l'amiral Gervais. On a procédé ensuite à la visite du cuirassé, puis on a fait défiler la compagnie de débarquement. Après quoi, les souverains se sont retirés.
Le Figaro, Paris, 6 octobre 1896, p. 2.