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La Bicyclette du colonel

Polyte, l’ordonnance, va et vient dans la cour, de son pas militaire, lourd et balancé comme la marche des oies. Céleste apparaît à la porte de la cuisine. Elle aperçoit la bicyclette du colonel et vivement, aidée de Polyte, enjambe le cadre de la machine. Et les voilà tous deux, lancés à travers les allées, zigzaguant, fauchant les fleurs des parterres, foulant l’herbe des pelouses, renversant les plantes rares de Madame, dévastant tout sur leur passage, gris comme de jeunes chevaux qu’on vient de mettre à l’herbe. Ah ! la bonne partie. Mais quelle débandade quand la tête effarée du colonel leur apparaît au tournant d’une allée tandis que Madame, du côté opposé, ayant découvert les dégâts, attrape et secoue énergiquement Céleste pleurante et décoiffée. Quelle sauce, mes amis !

PAT 1906-11/12