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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

Paul DUFRESNE

(La Motte d'Aveillans, 1876-Haiphong, 1906)

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Paul, Jean Dufresne (1800-) épouse Jeanne, Elisabeth Laternnaux. Descendance :

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Les origines (1876-1904)

Fils d'un capitaine d'infanterie, chevalier de la Légion d'Honneur (1879), Paul Dufresne passe ses premières années en Isère.

En 1903, il s'installe à Haiphong (Viet-Nam) comme photographe. Une première annonce, sans doute erronée, donne comme adresse le 19 boulevard Amiral de Baumont. Dès l'annonce suivante, il est question du "13" du même boulevard qui ne changera plus pendant quelques années.

dufresne p dufresne paul 1903 01 25
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, vendredi 16 janvier 1903, p. 3 L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 25 janvier 1903, p. 6

 Il est dépositaire, pour l'Indo-Chine, des produits d'Helios S.A. 

dufresne p 1903 helios
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 11 février 1903, p. 3.

Il commercialise aussi la Carburine Brisson contre la chute des cheveux. (L'Avenir du Tonkin, Hanoi, 15 février 1903, p. 5).

Le Cinématographe (1905-1906)

Paul Dufresne commence à associer son nom au cinématographe en 1905 à l''occasion de la préparation de l'Exposition Coloniale de Marseille (1906) :

Comité de l'Exposition de Marseille.
Le Comité local pour l'Exposition de Marseille s'est réuni  Vendredi sous la présidence de M. Hauter.
L'on y a discuté plusieurs questions, l'on y a fait diverses propositions et l'on a pris une résolution.
Commençons par celle-ci.
On sait que les collections photographiques pour projection et cinématographie avaient été soumises à un appel d'offres. C'est M. Dufresne, de Haiphong, qui demeure chargé d'instruire par les yeux sur les choses du Tonkin les visiteurs de l'Exposition et nous ne pouvons que nous en féliciter, M. Dufresne possédant déjà une fort intéressante collection, dont nos lecteurs ont pu ici même apprécier quelques échantillons et qui ne fera que s'accroître el s'embellir. Les prix faits par M. Dufresne sont les suivants :
Rubans cinématographiques — de 1 mètre à 500 mètres, 1 piastre le mètre -- de 500 à 100 mètres 0.75.
Clichés. — 1.80 les 300.
L'on a traité la question du théâtre annamite. Vu le peu de ressources et le besoin de faire des économies, on se demande s’il ne serait pas préférable de s'entendre avec le comité de l'Annam afin d'organiser une seule troupe aux trais communs des deux budgets.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, 9 avril 1905, p. 2.

Finalement un contrat a été passé avec Paul Dufresne :

Exposition Nationale Coloniale
DE MARSEILLE
COMITÉ LOCAL DU TONKIN
Séance du 7 Avril 1905
Procès-Verbal
Le vendredi sept Avril mil neuf cent cinq à deux heures et demie de l'après-midi, en la Salle des Commissions de la Résidence Supérieure, le Comité local du Tonkin pour l'Exposition Nationale Coloniale de Marseille, s'est réuni sur la convocation de son Président, M. Hauser, Administrateur des Services Civils, Résident de France à Bac ninh.

[...]
Un contrat avantageux a été passé avec M. Dufresne, photographe à Haïphong, qui s'engage à fournir 300 vues panoramiques et autres à raison de 1 p. 80 par cliché positif livré et de 500 à 1.000 mètres de bandes cinématographiques à raison de une piastre par mètre jusqu’à 500 mètres et de 75 cents de 600 à 1.000 mètres. Le montant du contrat est de 1.500 piastres environ.
Il restera à louer deux appareils pour les projections et à s’entendre avec un habile ouvrier pour leur manipulation. M. Le Vasseur préférerait un achat ferme à la location d'un appareil cinématographique qui ferait retour au Protectorat après l’Exposition et dont l’action réflexe se ferait utilement sentir au Tonkin en permettant l’exhibition dans les provinces des vues de France, de scènes agricoles, industrielles, etc., susceptibles d'intéresser et d’instruire les indigènes.
M. Lafrique ajoute que de petites conférences ou de simples explications détaillées pourraient être faites en langue annamite par des lettrés. M. Le Vasseur insiste en disant que l’achat de l’appareil pourrait être amorti sinon soldé par le prix des entrées aux séances de projections qui seront données à Marseille.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, 17 avril 1905, p. 2.

L'une de premières présentations du cinématographe a lieu à l'occasion de la soirée donnée par l'Avenir du Prolétariat de Haiphong :

Avenir du Prolétariat. — Contrairement à ce qui avait été décidé tout d’abord la soirée donnée par l’Avenir du Prolétariat samedi prochain 23 ne comprendra pas de partie de concert, mais quelques monologues seront dis entre les danses par MM. G. et D. et à minuit avant le cotillon pour permettre aux musiciens de prendre quelques minutes de repos, M. Dufresne fera défiler dans son cinématographe plusieurs de ses bandes les plus sensationnelles.
Enfin à différentes reprises notre Estudiantina Haiphonaise nous avons nommé « le Plectre » fera entendre ses morceaux les plus entraînants et les plus mélodieux.
Le cotillon pour lequel de nombreux et jolis accessoires ont déjà été achetés, comprendra une quarantaine de figures dont quelques unes toutes nouvelles auront certainement beaucoup de succès ; il sera conduit par Mme Debon et M, Rouyer, et par Melle Decus et le lieutenant de Herdrouillères.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, 21 décembre 1905, p. 3.

En outre, il a également un contrat pour les photographies d'identité avec la mairie :

M. Dufresne a adressé une lettre au résident sollicitant le renouvellement de son contrat pour la fourniture des photographies d’identité des indigènes, aux mêmes prix que cette année, soit 0 p. 22 la première épreuve et 1 cent les suivantes. M. Dufresne étant le seul Européen établi photographe à Haïphong, le conseil approuve sa demande et décide de renouveler purement et simplement le contrat existant.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, 31 décembre 1905, p. 5.

Pendant presque un an, Paul Dufresne va organiser des projections tant à Haiphong qu'à Hanoi. Il semble également avoir tourné quelques vues dès le début de l'année :

Cinématographe.-[...]
D'ici peu, de nombreuses pellicules que M. Dufresne a pris sur place et envoyées en France au développement lui permettront de nous donner une nouvelle séance composée entièrement de scènes tonkinoises qui sont appelées à avoir un gros succès.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 10 janvier 1906, p. 1.

Comme photographe, il édite des cartes postales prises au Viet-Nam.

dufresne paul carte postale nam dinh
50-Nam-Dinh-Rue du Cuivre
Collection P Dufresne Haiphong (c. 1903-1906)

dufresne paul carte postale groupe de nhos
Tonkin. Groupe de Nhos.
Collection P. Dufresne. Haihong (1905)

Maladie.-Depuis quelques jours M. Dufresne, l'artiste photographe bien connu de tous les Haiphonnais, souffre d'une dysenterie assez grave.
Nous lui adressons nos bien sincères voeux de prompt rétablissement.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, jeudi 8 novembre 1906, p. 1.

Paul Dufresne décède à 30 ans en novembre 1906 :

CHRONIQUE DE HAÏPHONG
[...]
Décès.— Nous annoncions dernièrement que M. Dufresne était très souffrant. Nous avons aujourd’hui le regret d’avoir à enregistrer le décès du sympathique photographe survenu le 9 courant à 1 heure du matin. Depuis plusieurs années déjà à Haïphong où il avait pris la suite des affaires de M. Martin, M. Dufresne était très aimé de tous. Travailleur consciencieux et courageux, il disparaît en pleine jeunesse à 31 ans, et au moment où à la suite de ses incessantes recherches, il venait de découvrir un procédé de reproduction fort intéressant. Ses obsèques ont eu lieu vendredi soir à 5 heures à la cathédrale de Haïphong et de là, le cortège s’est rendu au cimetière. M. Tournois, résident-maire, avait tenu à assister lui-même à la levée du corps et l’a accompagné jusqu’à l’église, ainsi que M. Picanon. Assistaient également M. de Kergoumeaux, représentant le colonel Leblois, M. Pellet, de la Banque de l’Indo-Chine, et de nombreux amis du défunt qui l’ont accompagné jusqu’à sa dernière demeure.


L’Avenir du Tonkin, Hanoi, dimanche 11 novembre 1906, p. 1.

Un dernier article donne quelques informations sur les conditions lamentables de son enterrement :

CHRONIQUE DE HAÏPHONG
Incroyable. — Nous apprenons aujourd’hui un fait que nous nous refuserions à enregistrer s’il ne nous était donné par une personne sur la bonne foi de laquelle nous ne pouvons avoir aucun doute. Lorsque, la semaine dernière, on transporta au cimetière le corps de notre malheureux compatriote Dufresne, les quelques amis qui l’accompagnaient constatèrent avec douleur que le cercueil était déposé dans un fosse creusé à même le sol, sans la moindre maçonnerie, et comme le cimetière est un peu en contrebas, le fond de la fosse était plein d’eau, si bien que les coolies laissant descendre le corps un peu rapidement, furent éclaboussés par l’eau jaillissant hors du trou. Personne, paraît-il, n’avait fait l’avance des fonds nécessaires à la construction d’une fosse en maçonnerie. Or il nous semble que M. Dufresne ayant une maison de commerce, l’administration n’aurait pas dû s’inquiéter de cette légère dépense, sûre de la retrouver dans la succession. Et si même un de nos concitoyens mourait sans ressources, ce ne devait pas être, à notre humble avis, une raison pour l’enterrer dans l'eau, parce qu’alors on pourrait encore faire une autre économie, celle du cercueil, et le jeter dans le Cua Cam cousu dans un sac. Simple et économique. Et dire que nous sommes en 1906. Et dans une colonie d’un pays civilisé !


L’Avenir du Tonkin, Hanoi, 15 novembre 1906, p. 1.

Sources

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