- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 21 septembre 2024
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 8881
Famille LEILICH
([1840]-1910)
Jean-Claude SEGUIN
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Les origines (<1867-1896)
Les Leilich sont une famille de forains dont les activités professionnelles remontent, au moins, aux années 1860. La figure la plus en vue est celle de Philipp Leilich qui signe ses annonces comme "Ph. Leilich aus Bayern". Sa première loge, probablement, est un panorama et ses tableaux de bataille qualifiés parfois de "Pariser Welt-Ausftellung" (Exposition Universelle de Paris).
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| Tagblatt der Stadt Biel, Bienne, dimanche 21 avril 1867, p. 1. | Le Chroniqueur suisse, Fribourg, samedi 2 mai 1868, p. 4. |
Ce spectacle est encore présenté au début des années 1870, mais par Konrad Leilich. Y a-t-il un arrangement avec un membre de sa famille ? Toujours est-il que peu après Philippe Leilich se retrouve à la tête d'une nouvelle loge consacrée à un Musée anatomique. pendant presque vingt ans, c'est le spectacle dont sont friands les spectateurs de l'époque que le forain va présenter en France, en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne...
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| Karlsruher Tagblatt, Karlsruhe, lundi 5 juin 1871, p. 3. | |
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| L'Industriel alsacien, Mulhouse, mercredi 12 août 1874, p. 4. | Le Jura, Porrentruy, 22 juillet 1879, p. 3. |
Grâce à un article détaillé publié dans la Gazette de Lorraine en 1881, nous disposons d'une information assez précise sur la loge de Philippe Leilich :
Revue foraine.
Metz, le 5 mai.
Continuons notre tournée sur le champ de foire et entrons un peu dans
Le Musée anatomique de P. Leilich.
De toutes les études, nulle peut-être n'offre autant d'intérêt que celle de l'anatomie. Partant de ce principe, M. Leilich s'est efforcé de réunir tout ce que science a pu découvrir et que l'art plastique a su imiter sur ce vaste terrain. Ce n'est pas pour la première fois que nous voyons M. Leilich à Metz ; mais on aime à retourner dans son local, afin d'examiner derechef les engrenages secrets et les rouages multiples de l'être humain. Les modèles d'après nature sont d'une exécution parfaite, très-souvent trompeurs, de sorte que l'on se croirait plutôt transporté dans un cabinet de dissection que dans un musée anatomique. La collection de M. Leilich comptait déjà, il y deux ans, près de 1000 préparations ; ce nombre s'est encore accru depuis. Parmi les nouveaux modèles nous citerons : l'ouverture de l'œsophage, opération pratiquée récemment avec un succès complet par un célèbre médecin de Vienne ; un homme atteint de trichine (avis aux amateurs de viande de porc à moitié cuite) ; l'assassinat du prince Napoléon par les Zoulous ; un chef des Zoulous, etc. M. Leilich possède et expose en outre le buste d'un homme très-connu à Metz il y a quelque dix ans ; on dit que la ressemblance est frappante avec le personnage lui-même, qui n'est autre que l'ex-maréchal Bazaine.
Le buste de M. le président de la République française est très-ressemblant ; à côté se trouve celui de M. Gambetta.
Il serait trop long d'énumérer ici les nombreuses curiosités que recèle encore le musée anatomique de M. Leilich. Qu'il nous suffise de dire que le tout forme un ensemble complet, capable de donner au laïque des notions claires et précises sur la structure intérieure du corps humain.
Gazette de Lorraine, Metz, samedi 7 mai 1881, p. 3.
Philippe Leilich n'est pourtant pas le seul forain à porter ce patronyme. En septembre 1885, Heinrich Leilich présente à Salzbourg (Autriche-Hongrie), un Grand Musée et un Panoptikum.
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| Salzburger Wolksblatt, Salzbourg, lundi 14 septembre 1885, p. 5. | Gazette de Lorraine, Metz, 3 mai 1887, p. 4. |
Le forain édite des catalogues en différentes langues avec de nombreuses gravures.
Guida del Museo Etnologico ed Anatomico di L. Filippo Leilich. 19,9 x 13,5 cm. 1890.
Philippe Leilich décède au tout début de l'année 1890, ce qui explique pendant un certain temps, sa veuve ait signé les annonces publiées dans la presse, en particulier entre mars et août 1891, par "Veuve Ph. Leilich".
Feuille d'avis de Neuchatel, Neuchatel, mercredi, 25 mars 1891, p. 3.
Les images animées (1895-1909)
S'il est vrai que Philippe Leilich a présenté pendant des années des panoramas historiques, il n'a pas eu le temps de connaître les images animées qui vont se développer à partir de 1895. C'est Christina Ehwald qui va reprendre les affaires après la mort de Philippe Leilich, très probablement avec l'aide de ses deux fils Heinrich et Philipp Konrad et quelques mois plus tard, la loge reprend la dénomination "Ph. Leilich", en hommage probable au père disparu.
Le kinetoscope (1895)
En Suisse, pays que la famille Leilich visite fréquemment, les précurseurs locaux de la présentation de vues animées sont Casimir Sivan et François Dussaud. Ils ne sont pourtant pas les seuls à s'intéresser à l'invention d'Edison. De façon précoce, les Leilich vont incorporer à leur Grand Musée Artistique, un kinetoscope, dès le mois de juin 1895, à La Chaux-de-Fonds :
Un musée intéressant.-Nous avons déjà dit deux mots l'autre jour du musée Ph. Leilich, actuellement installé à la place d'Armes de notre ville, où il ne restera que jusqu'au 9 courant.
L'exhibition est des plus captivantes. Un groupe superbe représente une jeune chrétienne condamnée par "l'empereur Néron à être dévorée par les lions". Non loin de là, on remarque "le président Carnot sur son lit de mort", et "Béisaire avec sa fille", tout autant de chefs-d'oeuvre de mécanique.
A voir également les kinétoscopes Edison, des bustes bien exécutés, et de magnifiques collections anatomiques, qu'il est à la fois instructif et intéressant de visiter.
A tous égards, le musée Ph. Leilich est digne d'attirer l'attention, et nous ne pouvons qu'encourager dans leur dessein les personnes qui ont l'intention d'aller y passer quelques instants.
Le National suisse, La Chaux-de-Fonds, vendredi 7 juin 1895, p. 3.
Si l'on ne connaît pas d'autres présentations du kinetoscope, il est probable qu'il ait été installé dans d'autres villes. Si l'on en croit une annonce publiée en novembre 1896, Philippe Leilich - le fils ? - cherche à acheter des montagnes russes :
A ACHETER
[...]
UN MANÈGE de Montagnes Russes circulaires, en bon état, avec machine anglaise. Le tout payable au comptant. Adresser les offres, accompagnées de photographies à M. Philippe Leilich, directeur de Musée.
3me Arrond. Zurich (Suisse).
L'Industriel forain, Paris, 15 novembre 1896, p. 3.
Le Kinetographe (1897-)
En mai 1897, Philippe Leilich présente un kinetographe lors de la foire de Metz sur la place Empereur-Guillaume.
Le Cinématographe Lumière (1898-)
Dès 1898, les Leilich vont annoncer un Cinématographe Lumière qui s'installe dans une annexe du Grand Musée artistique et mécanique. À la foire de Metz, c'est à nouveau la "Veuve Ph. Leilich" qui annonce le programme. S'agit-il de la même qui avait repris les commandes de l'entreprise en 1890 à la mort de Philippe Leilich ?
La Gazette de Lorraine, Metz, dimanche 30 avril 1899, p. 3.
Leilich frères (Neuchatel, juillet 1898)
Il présente des spectacles cinématographiques dans divers pays européens dès 1897: Italie (1899), [Allemagne](1904), Suisse (1904-1906), Luxembourg (1905).
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| Cinematograf Leilich Original: Stiftung Deutsche Kinemathek, Berlin. © Bildarchiv Preußischer Kulturbesitz |
Leilich Cinematograph Stadtarchiv München |
Balançoires élégantes aynt servi que 6 mois, avec tous les accessoires. Un tir mécanique ayant servi une année. 10 m. de façade sur 6 de profondeur, tout en bon état, pour un prix très modéré. On peut voir les deux métiers montés jusqu'au 1er février Plaine de Plainpalais-Genève. S'adresser à M. C. Leilich, Plainpalais Genève (Suisse).L'Industriel forain, Paris, 7-13 janvier 1900, p. 2.
Imprudence. — Dimanche soir, dit la Tribune, un accident, qui aurait pu avoir des conséquences plus graves, est survenu sur la plaine de Plainpalais dans un tir mécanique tenu par Mme Leilich, le long de l’avenue du Mail.
Un jeune homme venait de tirer plusieurs coups de carabine lorsque son ami sortit de sa poche un pistolet flobert pour tirer avec cette arme, sa propriété personnelle. Le maladroit, au lieu de casser une pipe, atteignit Mme Leilich, qui se trouvait au fond du petit stand. Plusieurs personnes s'empressèrent autour de Mme L., qui était atteinte à la poitrine. On la transporta à la pharmacie Muller, où l’on put constater que la blessure de Mme L. était heureusement sans gravité.
La Suisse, Genève, mardi 6 février 1900, p. 2.
Il lui arrive de présenter (Lausanne) des vues locales comme Défilé de l'infanterie du 1er corps d'armée y Artillerie suisse en manœuvre, Il est difficile de savoir si Philippe Leilich en est l'auteur dans la mesure où des titres similaires ont été tournés par Jean Weber-Clément.C'est également le cas de Fête fédérale de tir à St-Gall (Lausanne, 31 décembre 1904)
Bürger und Beamten Zeitung, Luxembourg, samedi 31 août 1901, p. 3.
ZURICH.- Un drame de la folie. — Mardi matin, à Zurich, Mme Leilich, âgée de 54 ans, directrice du musée Leilich bien connu par ses tournées en Suisse, a tenté de se donner la mort dans le wagon qui sert d'habitation au personnel de l'établissement. Prise soudain d'un accès d'aliénation mentale, la malheureuse s'est coupé les veines du cou et du bras et s'est en outre blessée à la tête au moyen d'un marteau. Très grièvement blessée, Mme Leilich a été transportée à l'hôpital cantonal.L'Impartial, La Chaux-de-Fonds, dimanche 23 août 1903, p. 1.
ZURICH. — Accès de folie. — Une artiste foraine qui fut une comédienne assez connue Mme Leilich âgée de 54 ans prise d'un accès de folie a tenté de se suicider mardi dans sa roulotte. Elle s'est ouvert les veines du cou et des bras et s'est frappée la tête à coups de marteau. On l'a transportée à l'Hôpital cantonal. Son état est grave.La Tribune de Genève, Genève, vendredi 21 août 1903, p. 2.
En janvier 1906, tout le matériel du cinématographe est dans le train en provenance de Neuchâtel lorsque se produit un accident à Bienne:
Le train de marchandises facultatif avec voitures de 3me classe venant à 6 h. 50 de Neuchâtel s'est heurté jeudi matin, au passage à niveau de la route Gare-Nidau, contre un train de manœuvre, à cause d'une erreur d'aiguillage. Le choc a été terrible. Une dizaine de wagons du train de Neuchâtel ont été complètement démolis. Ils sont si bien enchevêtrés et montés les uns sur les autres qu'il est difficile de dire au juste combien il y en a ; en son milieu, ce monceau de ruines atteint presque la hauteur d'un deuxième étage.
[...]
Comme marchandises, ce sont surtout les voitures du cinématographe Leilich qui ont souffert. Par un heureux hasard, cependant, les wagons les transportant ont chevauché sur les autres et les employés de la maison Leilich qui y couchaient en ont été quittes pour la peur. On a eu cependant de la peine à les sortir des voitures dans lesquelles ils se trouvaient emprisonnés — l'un d'eux a même dû être retiré par le toit — et il a fallu de longues échelles pour les descendre du monceau de débris.
La Tribune de Genève, Genève, samedi 13 janvier 1906, p. 5.
Et après... (1907->1910)
En 1907, il est dans le canton des Grisons, en Suisse:
ROVEREDO.— Allievi a diporto. — Lunedì, nel pomeriggio, colla ferrovia elettrica, giungevano a Bellinzona, da Roveredo, gli allievi di quella Scuola reale, accompagnati dagli egregi docenti Viscardi e Giudicetti, onde visitare il Cinematografo Leilich ed il serraglio Holzmüller.
La Rezia, Lostallo, 20 avril 1907, p. 2.
Le Kinematograph de Philipp Leilich (1907)
(repr. dans Livio Fantino, Tempo e passatempo, Trévise, Otto e Novecento, 1988)
Basel. Die Baseler Messe ist eine der besten, welche überhaupt existieren. Leider ist der zur Verfügung stehende Platz ein äusserst beschränkter, so dass verhältnismässig wenig Schaubuden Aufstellung finden können. Im kleinen Saale des Stadtkasinos ist der Kinematograph des Philipp Leilich etabliert und macht bei guten Preisen stets ein volles Haus. Die gebotenen Darbietungen sind denn auch solche, dass man sie getrost den besten beizählen kann.
Kinematographische Rundschau, nº 20, Vienne, 15 novembre 1907, p. 4.
Le Courrier de Metz, Metz, samedi 14 & dimanche 15 mai 1910, p. 4.
En 1909, il présente son kinematograph à Coire:
Chur.
[...]
Ein angenehmes Amüsement bietet über die Markttage der zurzeit hier weilende Kinematograph Leilich . Das bisher Gebotene befriedigt nach allgemeinem Urteil fehr , was schon aus dem zahlreichen Besuch desselben hervorgeht. Wer Freude daran hat, benütze also die Gelegenheit, es wird niemand gereuen.
Graubündner General-Anzeiger, Coire, 15 mai 1909, p. 2.
En 1909, Heinrich et sa famille sont recencés à Ulm où il exerce la profession de cinématographiste.
Sources
GARNCARZ Joseph, "Marketing im frûhen deutsch Kino, 1895-1907".
