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- Creado: 24 Marzo 2015
- Última actualización: 25 Julio 2024
- Publicado: 24 Marzo 2015
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Jérôme DULAAR
(Liège, 1867-Lyon, 1946)
Jean-Claude SEGUIN
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Fils de Moïse Dulaar, photographe né aux Pays-Bas, Jérome Dulaar exerce le même métier que son père lors de son mariage, en 1889, avec Rosalie Huisman, fille d'Emmanuel Huisman (1828-1898), propriétaire du studio "Photographie du Globe" à Dunkerque. Le couple, photographe forain, est domicilié à Paris (rue Mornay, nº 5), mais leur profession les conduit à se déplacer fréquemment. Ainsi Moïse naît à Rouen (1889).
C'est cette même année qu'il obtient la nationalité française par décret du 18 septembre 1889. Il est alors conduit à effectuer son service militaire. Il arrive le 15 novembre 1890 au 67e régiment d'infanterie, puis est mis en congé le 23 septembre 1891. Dès son retour, Jérôme Dulaar renoue avec sa vie de forain et sillonne la France
La naissance des différents enfants permet de confirmer une vie itinérante de photographe forain. , Emmanuel à Dieppe (1892) et Berthe à Commentry (1895). C'est probablement peu après que Jérôme Dulaar va inaugurer son "Théâtre Mondain" avec lequel il parcourt la France. Il va s'adjoindre les services de Bénévol :
Il connaissait bien "le voyage" et avait pénétré les arcanes de la vie foraine, chez parents d'abord, puis chez Jérôme Dulaar au "Théâtre Mondain" où il avait été engagé en qualité de prestidigitateur dans les années 1898. Il y fit le coupeur de têtes.
GARNIER, 1969: 57.
Théâtre Mondain. c. 1898.
Source: GARNIER, 1969: 58.
Après le décès de Moïse, fils aîné de Jérôme Dulaar, à Paris en 1899, la famille semble s'installer à Lyon où naît Henriette en 1900. Jérôme Dulaar est alors directeur de théâtre forain, cours du Midi, le "Théâtre Mondain". Deux ans plus tard, la famille fixe sa résidence rue de la Charité, puis quai Claude-Bernard (1903). De cette époque, datent ses premières activités cinématographiques connues comme en témoigne le suivant article :
LES Fêtes du "Progrès"
CONCOURS DE BOULES
Kermesse de Bienfaisance et Joutes Nautiques
(Les 31 mai, 1er, 2 et 7 juin)
La place Bellecour est dès à présente le siège d'une activité incessante; les travaux préparatoires à nos fêtes se poursuivent sans qu'une minute soit perdue, et nos lecteurs et amis peuvent être assurés que tout sera prêt à l'heure indiquée.
[...]
Avez-vous déjà vu le théâtre mondain de M. Dulaar ? Si non, vous y avez perdu, mais vous avez une bonne occasion de vous "rattraper". Son Cinéographe français comprend un choix varié des dernières nouveautés et de vues locales inédites, et il est unique au monde pour la fixité et la netteté de ses tableaux.
Les visions lumineuses, avec des ruissellements de pourpre et d'or en fusion, vous feront connaître le triomphe de miss Edith Chromas.
M. Dulaar renouvellera, tout exprès pour nous, le spectacle apparent du Looping the Loop, qui fit courir tous nos concitoyens au Cirque Rancy, et il nous donnera la cinématographie exacte du premier cake-walke exécuté par les créateurs de cette danse célèbre.
Voilà assurément un spectacle intéressant à ajouter à tous ceux que nous avons déjà nommés.
Le Progrès, Lyon, vendredi 29 mai 1903, p. 2.
Jérôme Dulaar est également, à l'occasion, cinématographiste comme on peut le lire dans ces quelques lignes :
Les Enfants à la Montagne
DÉPART POUR L'ARDÈCHE
Ainsi que nous l'avons annoncé, le départ de la colonie scolaire, composée des pupilles de la Caisse municipale des écoles, a eu lieu hier matin, à six heures, à la gare de Perrache.
[...]
A six heures, la colonie était prête. Les mamans attendries envoyaient de la main leurs derniers baisers, et M. Beauvisage, heureux comme les enfants eux-mêmes, prenait la tête de la colonne et la conduisait au train spécial qui avait été retenu pour elle. Pendant ce temps le cinématographe de M. Dulaar enregistrait précieusement les mines souriantes, les geste d'adieu et les mouvements joyeux de tous les groupes.
Le Progrès, Lyon, mercredi 5 août 1903, p. 2.
Jérôme Dulaar va concevoir une loge démontable qui lui permet de suivre les vogues lyonnaises. Le succès qu'il rencontre alors va le conduire à en réaliser de plus modestes, les "baraques Dulaar" à la demande de futurs exploitants. Ces établissements en bois sont vendus tout équipés et prêts à fonctionner. Construits sur un plan rectangulaire de 15 mètres par 7 mètres environ, ils comprennent les 4 côtés, la toiture à deux pentes recouverte d'une bâche, le plancher, les sièges, la cabine de projection avec les appareils et l'écran. Leur capacité est de 200 spectateurs environ.
" Le Cinéma Mondain, de Jérôme Dulaar. Au Centre, coiffé d'une casquette, Emmanuel Roger Dulaar puis sa mère, Mme Jérôme Dulaar (née Rosalie Huisman) et, à la caisse, Berthe Dulaar "
(reproduit dans Deslande, 1968: 218)
BAZIN, 1975: 7.
En 1909, Jérome Dulaar va intervenir vivement dans le débat qui secoue le monde du cinématographe en 1909 et dénonce les conditions imposées par les Editeurs de Films à l'occasion de leur convention :
Mes collègues doivent être au courant des résultats du Congrès des Editeurs de films.
Nous sommes, il n’en faut pas douter, gravement menacés dans nos intérêts par les agissements de cette réunion. Allons-nous donc ainsi nous laisser égorger sans crier ?... Croyez-moi camarades, faisons vite, le temps presse ; que des propositions soient faites dans les colonnes du journal : elles seront largement ouvertes à tous ceux qui voudront bien s’intéresser à cette cause et nous communiquer leurs idées.
En face de ce trust des films n’hésitons pas à organiser une ligue des exploitants contre les exploiteurs.
A partir d’aujourd’hui n’achetons plus rien à toutes les maisons dont le nom figure au bas de ce pacte. Unissons- nous à notre tour, car tous nos efforts concentrés ne seront pas superflus pour écarter ce danger et abattre ces affameurs. J. DULAAR, (de l'Industriel Forain.).
Ciné-journal, nº 28, Paris, 25 février-4 mars 1909, p. 3.
En 1921, Jérôme Dulaar et sa famille sont recensés à Lyon (8, place de la Croix-Rousse). En 1924, il est secrétaire de l'Union syndicale patronale des industriel forains. Il est une figure très présente dans le monde de l'exploitation cinématographique :
Lyon. — A la dernière réunion de la Fédération des Directeurs de spectacles de Lyon et de la région, M. Dulaar a exposé l’intérêt qu’il pourrait y avoir pour la corporation des Directeurs de Spectacles à prendre part à la « Semaine de la Propriété Commerciale » qui doit se tenir en novembre prochain à Paris. Il a demandé que la question soit soumise au Bureau de la Fédération Générale de Province, et l’Assemblée a chargé le président de s’entendre à ce sujet avec M. Mauret-Lafage, président de la Fédération de Province.
Ciné-journal, Paris, 19 septembre 1924, p. 11.
En 1931, Jérôme Dulaar et sa famille sont toujours recensés à Lyon (19, Rue Sibille Bergeon). Au cours de la 2e guerre mondiale, les lois anti-juives vont s'appliquer à son entreprise, le Cinéma La Perle :
Le commissaire général aux questions juives,
Vu l'article 1er de la loi du 22 juillet 1941 relative aux entreprises, biens et valeurs appartenant aux juifs,
Arrête :
Article unique. — Les entreprises suivantes appartenant en tout ou en partie, ou dirigées en tout ou en partie par des juifs, sont pourvues des administrateurs provisoires ci-dessous :
[...]
Cinéma « La Perle », 8, rue Croix-Rousse, à Lyon, propriétaire, M. Dulaar, exploité par M. Rodier. — Administrateur provisoire : M. Marcel Mayoux, 5, rue Servient, à Lyon (Rhône).
Fait à Vichy, le 4 octobre 1941.
XAVIER VALLAT.
Journal officiel de la République française, 73e année, nº 290, Paris, 23 octobre 1941, p. 4603.
Jérôme Dulaar décède en 1946.
Sources
BAZIN Georges, "Les Cinémas de la Rive Gauche", Rive Gauche, nº 55, décembre 1975.
DESLANDES Jacques et Jacques RICHARD, Histoire comparée du cinéma, Tome II "Du cinématographe au cinéma 1896-1906", Paris, Casterman, 1968, 556 p.
GARNIER Jacques, Bénévol. Le maître du mystère, Orléans, Éditeur Jacques Garnier, 1969, 260 p.
3
[1900]
Les vues animées ci-après sont cités dans DESLANDES, 1968: 159.
La Sortie des Usines du Cirage français à Vaise
La Partie de boules
L'Arrivée du train de Bourg-en-Bresse en gare de Perrache
Le Président Loubet à Lyon
La Sortie de l'église de la Rédemption.
La Grande Rue de la Croix-Rousse (panorama de l'avant d'un tramway jusqu'au terminus de Sathonay).
1903
4
08->08/11/893 | France | Rouen | 60 rue de la République | résidence |
06/09-11/05/1895 | France | Bordeaux | Chez Lévy Photographe | résidence |
07->07/01/1898 | France | Cette | Place de l'Esplanade, 12 | résidence |
07/1900-22/07/1900 | France | Annonay | Place des Cordeliers | biographe français |
09->09/07/1902 | France | Lyon | Rue de la Charité, 31 | résidence |
24->24/07/1903 | France | Lyon | 1, quai Claude-Bernard | résidence |
[24]/12/1904-[15]/01/1905 | France | Bourges | Place de la Nation | cinématographe américain |
[01]/06/1905-[18]/06/1905 | France | Orléans | Champ-de-Foire | cinématographe |