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- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 27 septembre 2024
- Publication : 25 mars 2015
- Affichages : 10493
VIENNE
Jean-Claude SEGUIN
Vienne, ville du département de l'Isère (France), compte 24 983 habitants (1894).
1896
Le Scénimatographe (Salle de l'Union viennoise, août-septembre 1896)
Les premières images animées que vont découvrir les Viennois sont projetées par un appareil baptisé " scénimatographe " installé dans la salle de l'Union viennoise. Ce cinématographe est commercialisé à Toulouse par la Société Anonyme des Attractions Nouvelles, 3, rue Saint-Pantaléon. (Le Petit Marseillais, Marseille, 2 juillet 1896, p. 4) :
Pour quelques jours seulement
Séances de photographies animées
par le
SCÉNIMATOGRAPHE
Visibles tous les Jours
Le Dimanche, de 10 h. à midi et de 2 h. à minuit ;
Les Lundi et Samedi, de 2 h. à 11 h. du soir.
Les autres jours, de 8 h. à 11 h. du soir
Boulevard de la République, à Vienne,
(Près le cours Romestang)
PRIX UNIQUE : 0 FR. 50mes.
Le Journal de Vienne, Vienne, 29 août 1896, p. 2
Nous ne savons rien de plus sur l'opérateur ou sur le programme proposé. L'annonce est reproduite quelques jours après...
Vienne, Boulevard de la République
La salle de l'Union Viennoise se situe dans le deuxième bâtiment, à droite, devenu par la suite Salle des Ventes (1904)
Le Cinématographe (angle rues de l'Archevêché et de Pompignan, novembre 1896)
Quelques mois plus tard, un nouvel appareil est installé à Vienne, dont on ignore le nom, mais dont le programme est décliné dans le Journal de Vienne :
Le Cinématographe à Vienne
Nous avons eu le plaisir de voir le cinématographe installé à Vienne, à l'angle des rues de l'Archevêché et Pompignan.
Les tableaux représentés étaient : les Lutteurs, les Halles, un Duel en chambre, un Bain, Loïe Fuller, la Soupe auvergnate et une scène entre un cocher et un voyageur.
Tous les mouvements sont parfaitement imités, surtout pour les Lutteurs, on croirait vraiment des personnages vivants.
Le mouvement des Halles était parfait aussi, l'on voyait les piétons se presser, les voitures circuler, etc.
Les scènes sont changées tous les jours et sont très intéressantes.
Journal de Vienne, Vienne, 4 novembre 1896, p. 2.
La présence de certains films, comme La Soupe auvergnate, laisse penser que les vues proviennent du catalogue De Bedts. Mais ici encore, rien n'est publié dans les jours suivants qui permette d'en savoir davantage sur l'origine de l'appareil et de l'opérateur qui ne restent que quelques jours.
Le Cinématographe Lumière (Salle de l'Unions viennoise, 21-29 novembre 1896)
Mais les Viennois ne vont pas attendre longtemps pour pouvoir contempler de nouvelles vues animées et dans ce cas, c'est le cinématographe Lumière qui les leur apporte. Dans le système Lumière, nous ne savons pas qui est en charge du département de l'Isère, même si certaines villes de la région lyonnaise sont sous la responsabilité de l'agence Fournier, comme dans le cas de Grenoble. Parmi les possible opérateurs, il faut compter sur M. Gallois qui semble installé à Bourgoin, non loin de Vienne, mais il semble que ce soit M. Trabuc qui soit l'organsiteur de ces séances. La maison Lumière a mis en place un système particulièrement efficace qui lui permet de bien mailler les territoires. C'est à nouveau la salle de l'Union Viennoise qui accueille la nouvelle invention. Dès le 21 novembre, une annonce est publiée dans la presse :
SALLE DE L'UNION VIENNOISE
Boulevard de la République
Aujourd'hui, samedi, 21 novembre, à 8 heures du soir, ouverture du
CINÉMATOGRAPHE
de MM. Auguste et Louis LUMIÈRE de Lyon.
Le programme sera renouvelé chaque jour et affiché à la porte.
Prix d'entrée : 0,50 cent.
Pour les séances particulières, s'adresser à M. TRABUC , hôtel Guinard.Journal de Vienne, Vienne, 21 novembre 1896, p. 2.
Aucun doute en revanche sur la provenance des films qui sont tous au catalogue Lumière. Le premier programme connu est publié dans la presse quatre jours plus tard et l'on y retrouve une dizaine de vues animées :
Le Cinématographe à Vienne
Il est bien rare de pouvoir jouir d'un spectacle à la fois amusant et artistique, nous sommes donc favorisés actuellement à Vienne, en possédant le Cinématographe Lumière, qui remplit merveilleusement ce double but.
Après les éloges unanimes qu'il a reçus partout, il est bien inutile d'insister sur la valeur de ce spectacle ; allez passer seulement uno demi-heure dans la salle du boulevard de la République, vous en sortirez charmé.
Programme des scènes qui seront représentées demain, jeudi : Danse au bivouac.—Le 7e Cuirassier, la Mêlée. — L'Aquarium. — Vienne. Exposition de Dresde. — Lutteurs javanais. — Enfants et Jouets.— Le Photographe. — Venise, les pigeons de la place St-Marc. — L'arroseur. — Le train. — La baignade en mer.
Journal de Vienne, 25 novembre 1896, p. 2.
Les séances vont se prolonger jusqu'au 29 novembre 1896 (Journal de Vienne, Vienne, 28 novembre 1896 p. 2.).
1897
Le Cinématographe américain (Salle de l'Union viennoise, 27-[29] novembre 1897)
Passée la première année qui a vu trois appareils présenter des films à Vienne, il faut attendre un an pour entendre parler à nouveau de photographies animées. Cette fois c'est un cinématographe américain qui s'installe toujours dans la même salle de l'Union Viennoise :
Un nouveau Cinématographe
On nous annonce l'arrivée â Vienne venant de Paris, du Cinématographe Américain, accompagné du Haut parleur Edison.
Ce qui double l'intérêt des auditions de ce Cinématographe, c'est le haut parleur perfectionné par Edison lui-même, et qui s'entendant de toute la salle, au moyen d'un immense pavillon métallique, reproduit avec une intensité de sons remarquables et une exactitude véritablement étonnante, la parole, la musique et le bruit.
Ce haut parleur, combiné avec le cinématographe, produit un effet magique, en accompagnant sans le moindre contre-temps les chants et les danses projetés sur l'Ecran.
Cette combinaison des deux appareils est la plus merveilleuse des inventions dernièrement offerte au public.
Cet intéressant spectacle aura lieu pour trois jours seulement dans la salle de l'Union Viennoise, boulevard de la République.
Les débuts auront lieu ce soir samedi, 27 novembre.
Journal de Vienne, Vienne, 27 novembre 1897, p. 2.
Si l'on ne sait rien des vues présentées, en revanche, l'article détaille la combinaison entre le cinématographe et le haut parleur Edison, probablement une variante du graphophone. Il s'agit en l'occurrence d'accompagner des vues de danses et de chants, mais on est sans doute encore loin de la synchronisation... Trois jours seulement et sans doute d'autres projections ailleurs.
1898
Le Cinématographe Lumière à la vente de Charité (Salons de l'hôtel Servox, 26-28 avril 1898)
Il faut une manifestation caritative pour que l'on entende parler, à nouveau, du cinématographe Lumière. Le système d'exploitation a été abandonné depuis mai 1897, date à partir de laquelle l'appareil est mis en vente. Dès lors quiconque peut projeter des vues Lumière avec cet appareil ou autre d'ailleurs. Le propriétaire pourrait être H. Amblard, dont on sait qu'il possède un appareil Lumière avec lequel il organise des projections dans la région, comme en octobre 1897, à Clermont-Ferrand. Son nom apparaîtra d'ailleurs dans la presse viennoise à plusieurs reprises à partir de 1901. Les ventes de charité sont fréquentes à l'époque et elles permettent de récolter des fonds pour des oeuvres de bienfaisance :
VENTE DE CHARITÉ
Une vente de Charité aura lieu dans les salons de l'hôtel Servoz, cours Romestang, les mardi 26, mercredi 27 et jeudi 28 avril. Les différents Comptoirs seront ouverts au public, le matin de 10 heures à midi, spécialement pour les personnes en deuil, et dans l'après-midi, de 2 heures à 7 heures.
Le jeudi, différentes représentations du Cinématographe Lumière seront données de 2 heures à 10 heures du soir. La vente se terminera par le tirage de la tombola dont les différents lots excitent, depuis quelque temps, une convoitise bien légitime et par des enchères auxquelles seront mis les objets restant aux divers Comptoirs.
Ce n'est pas la première fois que l'on fait, à Vienne, une vente de Charité ; le beau succès qu'a obtenu jusqu'à présent dans notre ville, cette ingénieuse méthode de faire le bien, permet de concevoir, pour cette année encore, de belles espérances. Le fructueux résultat de la vente sera la meilleure récompense du zèle actif et intelligent du Comité d'organisation et des dames qui s'occupent des différents Comptoirs.
Journal de Vienne, Vienne, 23 avril 1898, p. 1.
Parmi les nombreux usages du cinématographe, celui d'adjuvant de manifestations de cet ordre est finalement assez fréquent. Dans ces circonstances, on conçoit aisément que le programme des vues ne soit pas l'essentiel, ce qui explique sans aucun doute que le titre des vues ne figure pas dans cet article unique.
Hôtel Servoz (Hôtel de la Poste), 47 cours Romestang (c. 1910) [D.R.]
1900
Le Cinématographe Lumière (Place de la Caserne, 19- [25] août 1900)
Les Viennois retrouvent, une nouvelle fois, le cinématographe Lumière, mais cette fois-ci c'est sur le Champ-de-Mars, place de la Caserne, que l'appareil s'installe.Peut-on penser qu'il s'agit de l'appareil d'H. Amblard ? C'est probable puisque, en 1901, on signale qu'il a déjà présenté le cinématographe à Vienne :
CINEMATOGRAPHE LUMIÈRE
Place de la Caserne
Demain, dimanche 19 août, ouverture du Cinématographe Lumière, installé place du Champ-de-Mars.
Ce vaste établissement, qui obtient dans chaque ville un légitime succès, est ouvert de 3 heures de l'après-midi à minuit.
Avec sa riche collection, qui comprend plus de 500 scènes animées les plus variées, le Directeur du Cinématographe Lumière peut changer de programme chaque jour.
Les appareils fonctionnent à l'électricité. Les séances ont lieu malgré la pluie.
Journal de Vienne, Vienne, 18 août 1900, p. 2.
Si la collection est effectivement immense, le cinématographe ne reste que quelques jours, peut-être un peu plus d'une semaine, même pas le temps de présenter tous les films annoncés. Un nouvel article est publié le 25 août :
CINEMATOGRAPHE LUMIÈRE
Place de la Caserne
Ce vasle établissement, qui obtient dans chaque ville un légitime succès, est ouvert de 2 heures de l'après-midi à minuit.
Avec sa riche collection, qui comprend plus de 500 scènes animées les plus variées, le Directeur du Cinématographe Lumière peut changer de programme chaque jour. Les appareils fonctionnent à l'électricité. Les séances ont lieu malgré la pluie.
Journal de Vienne, Vienne, 25 août 1900, p. 3.
Cliché C.D., Blanchard, éditeur, Vienne, Vienne-Le Champ de Mars et la route d'Avignon (début XXe siècle)
L'American Electric Palace d'Étienne Sabatier (Boulevard de la République, 5- [16] décembre 1900)
Les représentations cinématographiques restent, la plupart du temps assez épisodiques et le nouvel appareil d'Étienne Sabatierne déroge pas à la règle. Son établissement porte le nom d'American Electric Palace :
American Electric Palace
Boulevard de la République
Nous nous faisons un plaisir d'annoncer à nos Lecteurs les débuts de l'American Electric Palace pour aujourd'hui, mercredi, 5 décembre, à la salle Dorey, boulevard de la République.
L'American Electric Palace est le théâtre cinématographique le plus important qui existe. Il arrive ici précédé d'une très grande réputation, tous les journaux des villes dans lesquelles vient de passer cet établissement sont unanimes pour vanter son spectacle si varié tout en restant toujours dans la note absolument morale.
Les trépidations qui nous fatiguaient tant les yeux avec les anciens cinématographes ont complètement disparu avec cet établissement, car muni des appareils les plus perfectionnés, ses opérateurs ont trouvé le moyen de faire disparaître ces trépidations.
C'est n'est plus du cinématographe, c'est de l'art.
La salle Dorey a été remise à neuf, le public y trouvera une installation absolument confortable.
Nous conseillons donc fortement à nos Lecteurs de visiter cet Etablissement, car ils seront charmés du spectacle et désireux d'aller le revoir.
Les représentations commenceront à 8 heures 1/2 et dureront deux heures.
Journal de Vienne, Vienne, 5 décembre 1900, p. 2.
À la lecture de cet article, on comprend vite qu'il s'agit d'un texte publicitaire produit, sans aucun doute, par le responsable du spectacle. La question du scintillement ou des trépidations est consubstantielle au cinématographe des origines qui ne parvient pas à se débarrasser - et il faudra encore attendre plusieurs années - de ces défauts techniques. La salle Dorey dont il est question ici n'est autre que l'ancienne salle de l'Union viennoise. Trois jours plus tard un second et dernier article nous offre quelques précisions sur le programme :
American Electic Palace
Salle Dorey, boulevard de la République
Cet excellent établissement qui inaugurait, mercredi soir, la série de ses spectacles, s'est, du coup, acquis une très grande réputation.
Dans une ville comme la nôtre, où le public est habitué aux représentations cinématographiques, il fallait faire mieux encore pour le satisfaire.
L'American Electric Palace a réalisé ce désir, et c'est avec un véritable intérêt que les nombreux spectateurs suivent la série des tableaux, aussi intéressants que variés, qui se déroulent sous leurs yeux.
Signalons spécialement les vues de l'Exposition reproduites avec une netteté parfaite, et qui permettent à ceux qui l'ont visitée de revivre quelques minutes agréables ; la guerre du Transvaal, et surtout une scène comique de la plus grande actualité : l'Agent plongeur, etc., etc.
Viennois, qui ne savez pas comment occuper vos loisirs, allez visiter l'American Electric Palace, installé dans la salle Dorey, fort bien aménagée et coquettement décorée, ce sera pour vous un agréable passe-temps.
Demain, dimanche, à 3 heures, Matinée; le soir, à 8 heures 1/2, grande Représentation, avec programmes variés.
Journal de Vienne, Vienne, 8 décembre 1900, p. 2
La netteté est également un argument commercial très fréquent à l'époque... trahissant à contrario un autre des défauts fréquents des projections. Cela dit, nous ignorons tout du nom du propiétaire et de celui de l'appareil. Trois vues simplement sont évoquées, mais au moins l'une d'elles est identifiable, puisque L'Agent plongeur figure au catalogue Pathé. On peut également en déduire qu'il en est de même pour La Guerre du Transvaal. Si l'on en croit les titres, la morale n'est pas en danger comme l'affirme le publiciste, ce qui sous-entend que les spectacles cinématographiques ne sont pas toujours aptes pour tous les publics... À partir du dimanche 12 décembre, l'appareil cinématographique va partager la vedette avec deux conférenciers, le couple de voyageurs canadiens Madame et Monsieur O'Malley (Journal de Vienne, Vienne, 12 décembre 1900, p. 2). Une dernière annonce a de quoi surprendre quelque peu :
American Electric Palace
Salle Dorey
Boulevard de la République
Les spectateurs — ils sont nombreux — qui ont assisté hier, vendredi, à la première soirée mondaine, se sont retirés absolument satisfaits.
La série de photographiés animées s'était corsée, hier, par quelques scènes aimables : reproduction de tableaux vivants et plastiques, sujets biens choisis, intéressants et fort nets qui, cependant, quoique plus lestes et plus grivois, restent d'une moralité absolue.
En présence du succès obtenu, nous pouvons prédire à l'aimable Direction pour vendredi prochain, une foule encore plus nombreuse ; peut-être, même, sera-t-on obligé de refuser du monde.
Ce coquet établissement, unique dans son genre, donne tous les soirs à 9 heures une représentation, avec programme des plus variés. Des sujets pleins d'actualité tels que : La Guerre au Transvaal, La Guerre de Chine, etc. font partie de ces soirée.
Demain, dimanche, à 3 heures, matinée ; le soir à 8 heures 1/2, grande représentation.
Journal de Vienne, Vienne, 15 décembre 1900, p. 1
Il y a sans doute des subtilités difficiles à saisir, mais il faut bien reconnaître que les nouvelles vues semblent déplacer le curseur de la morale affichée par le promoteur du spectacle. Il nous manque des titres, mais le catalogue Pathé n'en manque pas. On y trouve également des films sur la " Guerre de Chine " qui pourraient aussi correspondre à ces vues projetées à Vienne. Mais, pour une fois, l'installation est restée un peu plus, une bonne dizaine de jours, ce qui n'est déjà pas si mal.
1901
Le Cinématographe Lumière d'Henri Amblard (Place de la Caserne, 6-[13] juillet 1901)
Le cinématographe d'Henri Amblard est annoncé dans la presse:
Photographie animée.-La photographie animée par le cinématographe Lumière est de retour dans notre ville.
L'établissement est installé, comme précédemment, place de la Caserne.
Ouverture samedi soir. Le succès est assuré.
Le Progrès, Lyon, vendredi 5 juillet 1901, p. 2.
Dans un autre journal, on évoque le nom du propriétaire :
Photographie Animée
Le Cinématographe Lumière qui l'année dernière, a obtenu un si grand succès dans notre ville, est de retour à Vienne, où il s'est installé, place de la Caserne.
Le propriétaire, M. H. Amblard, nous revient avec les dernières créations de la Photographie Animée, il se propose également de nous donner quelques scènes locales qui obtiendront certainement un gros succès.
Ouverture, aujourd'hui, samedi.
Journal de Vienne, Vienne, samedi 6 juillet 1901, p. 2
Le retour du propriétaire du cinématographe au même endroit que l'année précédente montre que, d'une façon cyclique, les projections cinématographiques commencent à faire partie du paysage viennois. Mais ce qui est sans doute le plus significatif, c'est la projection de vues locales, ce qui est totalement nouveau ici :
CINEMATOGRAPHE LUMIÈRE
Place de la Caserne
Le succès de ce magnifique Etablissement continue comme au premier jour ; c'est, du reste, la juste récompense des efforts que fait son actif propriétaire, M. H. Amblard, pour donner satisfaction au public viennois.
Demain, dimanche, grande attraction nouvelle; VUES LOCALES: Sortie de la Manufacture Pascal-Valluit et Cie.
Journal de Vienne, Vienne, samedi 13 juillet 1901, p. 2.
La manufacture Pascal-Valluit se consacre principalement à la fabrication de draps imprimés et fait travailler un nombre important d'ouvriers et d'ouvrières. Le choix de prendre une vue de ce fleuron local rappelle, bien entendu, les nombreux films de sortie depuis les origines. C'est aussi une image de la France qui travaille. Même s'il est difficile de l'affirmer, il y a fort à parier que c'est le propre Henri Amblard qui en est l'auteur.
Un autre journal évoque ces vues locales :
Cinématographe Lumière.-Tous les soirs, place de la Caserne, vues animées par le Cinématographe-Lumière, vues locales. Sortie d'une manufacture de draps de Vienne.
Le Progrès, Lyon, dimanche 14 juillet 1901, p. 2.
Manufacture Pascal-Valluit & Cie, En-tête, 1895 | Vienne-Sortie des ouvriers, usines Pascal-Valluit (début XXe siècle) |
Le cinématographe Lumière va donc rester un peu plus d'une semaine à Vienne, mais il reviendra, à plusieurs reprises, toujours sous la houlette de M. Amblard.
1902
Le Cinématographe Lumière de M. H. Amblard (Place de la Caserne, 21- [30] août 1902)
En effet, un an plus tard, le Cinématographe Lumière - de M. Amblard, même si la presse omet son nom, il y a très peu de doutes, s'installe à nouveau place de la Caserne et ouvre ses portes le jeudi 21 août 1902 :
Ville de Vienne, Place de la Caserne
CINEMATOGRAPHE LUMIÈRE
Jeudi ont eu lieu les débuts du Cinématographe Lumière, déjà si avantageusement connu à Vienne, où il a séjourné il y a quelques temps.
Aucun appareil du même genre ne peut lui être comparé.
Ne pas confondre avec les nombreuses imitations.
Séances particulières pour lycées et pensions.
Demain, dimanche 24 août,
Séances extraordinaires de 3 heures A 11 heures du soir.
Prix des Places: Premières, 1 fr. ; Deuxièmes , 50 cent. ; Troisièmes , 30 cent.
Enfants et Militaires, demi-place aux premières et deuxièmes.
Tous les jours changement de programme
500 vues en collection. Les appareils fonctionnent à l'électricité.— Les séances ont lieu malgré la pluie.
Journal de Vienne, Vienne, 23 août 1902, p. 1.
En lisant l'article, on a l'impression que rien n'a vraiment changé depuis un an. D'ailleurs, quelques jours plus tard, on annonce à nouveau la Sortie de la Manufacture Pascal-Valluit et Cie de l'année précédente. Malgré tout, on présente également une nouveauté : " La Catastrophe de la Martinique, terrible cataclysme qui a détruit la ville de Saint-Pierre " (Journal de Vienne, Vienne, 30 août 1902, p. 2). Difficile pourtant de savoir à quelle maison appartient ce film, puisque le drame de la Martinique a donné lieu à plusieurs reconstitutions dont celles de Méliès et Pathé, rien que pour la France.
1903
Le Cinématographe Américain (Boulevard de la République, [25] avril- [2] mai 1903)
Le " Cinématographe Américain " arrive à l'occasion de la foire du 25 avril tout comme le cirque Pinder :
Salle du Boulevard de la République
CINEMATOGRAPHE AMERICAIN
genre tout nouveau
Installation Electrique spéciale
Deux heures de séance
PROGRAMME VARIÉ ET INTERESSANT
La Guerre du Transwaal, avec sonneries de trompettes.
Les Boxers.
17 kilomètres en chemin de fer électrique (Le Fayel à Chamonix).
Danses de l'Opéra (la Fée du Lac).
Et nombreuses autres attractions.
Au cours de la séance
Audition de Musique et de Chant
Pour quelques jours seulement
Journal de Vienne, Vienne, 25 avril 1903, p. 2.
L'association des vues animées avec des musiques n'est pas neuve, et nous savons que depuis les débuts du cinématographe la " sonorisation " des vues est un phénomène très fréquent. Nous ignorons en revanche d'où provient les " sonneries de trompettes ", d'un graphophone... ou plus vraisemblement d'une trompette dissimulée derrière l'écran. Quand au programme, si l'on peut penser que les vues de La Guerre du Transwaal peuvent provenir de la maison Pathé, les 17 kilomètres en chemin de fer électrique (Le Fayel à Chamonix) font partie de la série La Géographie par le cinématographe, produit par Gaumont. Il est possible que le forain ait d'ailleurs réunis les quatre vues qui portent le titre de Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée-Ligne électrique du Fayet à Chamonix. La même annonce est publiée le 29 avril et le 2 mai, toujours dans le Journal de Vienne, puis l'appareil disparaît.
Le Cinématographe Lumière Select (Place de la Caserne, 11 juillet-[29] août 1903)
Fidèle à son habitude, Henri Amblard s'installe, place de la Caserne, où il offre désormais un programme beaucoup plus ambiteux. Son séjour va d'ailleurs se prolonger pendant plus d'un mois et demi, au moins jusqu'à la fin du mois d'août :
CINEMATOGRAPHE LUMIERE
SELECT
Nous apprenons avec plaisir que M. Amblard, directeur du Cinématographe Lumière, qui obtint un succès colossal l'année dernière, vient s'installer dans notre ville, place de la Caserne, avec un programme tout à fait nouveau.
Les débuts de cet important établissement, — qui fonctionne à l'électricilé,— auront lieu ce soir, à 8 heures, avec le programme suivant : Chasseurs Alpins. — Querelle de matelassières, - Course de matelots. - Les 7 Châteaux du Diable, féérie extraordinaire à grand spectacle en 40 tableaux. La plus grande vue cinématographique qui ait paru jusqu'à ce jour, 40,000 photographies.
Durée de la projection: 20 minutes.
LE CAKE-WALK
Sortie de la Manufacture Pascal-Valluit et Cie
Tous les jours changement de programme. 500 vues en collection.
Les appareils fonctionnent à l'électricité. — Les séances ont lieu malgré la pluie. — Toutes les vues portées sur ce programme sont projetées à chaque séance.
Prix des Places : Premières, 1 fr. ; Secondes, 0,50 c.;Troisièmes, 0,30 c. Enfants et Militaires, demi-places aux Premières et Secondes.
Journal de Vienne, Vienne, 11 juillet 1903, p. 2.
Mème si le programme n'est pas tout à fait nouveau, ne serait-ce que parce que la Sortie de la Manufacture Pascal-Valluit et Cie figure déjà dans les programmes des deux années antérieures, nous y trouvons des vues bien plus longues comme dans le cas de Les 7 Châteaux du Diable, la féerie réalisée par Ferdinand Zecca pour Pathé. On retrouve également des photographies animées Lumière qui datent un peu. De nouvelles vues sont mises au programme au cours des semaines, mais celles qui retiennent le plus l'attention, ce sont deux nouveautés locales : Sortie de la manufacture Bouvier Frères (vue prise jeudi dernier) (Journal de Vienne, Vienne, 18 juillet 1903, p. 1) et Sortie de la manufacture Bonnier (Journal de Vienne, Vienne, 25 juillet 1903, p. 2-3). Dans le premier cas, ce qui est assez exceptionnel, nous connaissons même le jour du tournage de la vue. Les " sorties " sont des classiques qui connaissent toujours un grand succès, ne serait-ce que parce que les spectateurs s'y précipitent pour s'y reconnaître ou reconnaître un parent ou un voisin. Ce sont ainsi trois manufactures viennoises qui ont les honneurs du cinématographe. On retrouve aussi des productions Gaumont comme Visite aux mines à 300 mètres sous terre qui peut correspondre aux vues de la série Dans les mines (nº 290, nº 291, nº 292, nº 293 et nº 294). Ça n'est finalement qu'à la fin du mois d'août que l'on annonce " Prochainement clôture " (Journal de Vienne, Vienne, 29 août 1903, p. 2).
Répertoire (autres films) : Ali-Baba et les 40 voleurs (Journal de Vienne, Vienne, 18 juillet 1903, p. 1), La Belle au bois dormant, " féerie à grand spectacle en 12 principaux tableaux ", Événements de Serbie, Assassinat du Roi de Serbie et de la Reine Draga, Les Omerrs, cambrioleurs modernes, " la plus désopilante scène prise par le cinématographe. " (Journal de Vienne, Vienne, 25 juillet 1903, p. 2-3), La Pêche miraculeuse (Journal de Vienne, Vienne, 15 août 1903, p. 2).
1904
Le Royal Cinéorama de M. Lagneau (Place de la Caserne, 23 avril-15 mai 1904)
Le nouveau cinématographe qui s'installe place de la Caserne appartient à l'une des grandes figures du monde forain, M. Lagneau qui tourne depuis des années dans la plupart des foires. Dernièrement, il a organisé des projections à Saint-Étienne. À Vienne, la première a lieu le samedi 23 avril :
ROYAL CINEORAMA
Place de la Caserne
Ce soir, samedi, auront lieu les débuts du Royal Cinéorama, installé place de la Caserne. Le programme comporte les Scènes animées. Effets panoramiques, faits du jour photographiés et reproduits cinématographiquement par le Royal Cinéorama, dernier perfectionnement de la photographie animée.
Dernières actualités : La Guerre Russo-Japonaise.
Tous les deux jours, vues nouvelles.
Journal de Vienne, Vienne, 23 avril 1904, p. 2.
Quelques jours plus tard, un nouvel article est publié qui dévoile un peu plus des éléments du programme du Royal Cinéorama où figurent des films de la maison Pathé :
Nous avons assisté, dimanche dernier, à une représentation du coquet Royal-Cinéorama confortablement installé place de la Caserne.
Disons de suite que le programme est tout ce qu'il y a de plus intéressant et nous comprenons le grand succès qu'il a obtenu dans toutes les villes où il a passé.
Avec les scènes comiques et féériques, la guerre Russo-Japonaise est bien d'actualité, à signaler surtout le panorama de Port-Arthur ; le combat naval, la charge des dragons russes.
Le Royal-Cinéorama est appelé à voir, pendant les 15 jours qu'il va passer au milieu de nous, le tout Vienne prendre place sur ses banquettes.
Son directeur, M. Lagneau, offrira jeudi, en matinée, en plus de son programme, La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, cinématographiée a Oberamergau.
Nous lui souhaitons bon succès, d'autant plus que tous les dimanches son programme est complètement changé.
Tous les soirs, représentation à 8 heures 1/2.
Journal de Vienne, Vienne, 27 avril 1904, p. 2
En 1904, l'industrie du cinématographe est largement dominée par la société Pathé et les forains, en majorité, se fournissent en films auprès de cette maison. Cette dernière a consacré une série aux Événements russo-japonais où l'on trouve, parmi d'autres, le Combat naval russo-japonais. Dans les jours suivants, le programme se complète avec " la grande course de taureaux et mise à mort " (Journal de Vienne, Vienne, 4 mai 1904, p. 2). Finalement, la clôture " irrévocable et définitive " a lieu le dimanche 15 mai (Journal de Vienne, Vienne, 11 mai 1904, p. 2)
Répertoire (autres films) : Grande Course de taureaux à Valladolid, La Visite du président Loubet à sa Majesté le Roi d'Italie (Journal de Vienne, Vienne, 11 mai 1904, p. 2).
The Bioscope (septembre 1904)
Nous ne connaissons l'existence de ce Bioscope que grâce à un seul et unique entrefilet publié dans le Journal de Vienne en septembre 1904 :
Grand Cinématographe
THE BIOSCOPE
La Direction de cet important établissement, qui a eu un succès si mérité ces jours derniers, informe le public que pour la clôture, samedi et dimanche il n'y aura qu'une seule représentation à 8 h. 1/2.
Les personnes qui ne sont pas allé rendre visite à cette attraction de premier ordre pourront venir admirer les tableaux magnifiques.
Journal de Vienne, Vienne, 3 septembre 1904, p. 2.
Mais nous n'avons plus aucune information sur cet appareil, ni sur l'opérateur qui le présente.
1906
La Conférence de M. Mulsant (Rue des Cloîtres, 11 février 1906)
Pourquoi le cinématographe va-t-il disparaître pendant presque un an et demi ? Objectivement, il n'y a pas de raisons précises. On peut également penser que la presse n'a pas toujours répercuté la présence d'appareils. Toujours est-il que l'on n'entend de nouveau parler d'un cinématographe qu'en février 1906, dans des conditions très particulières. Il s'agit en réalité d'une conférence organisée par une figure en vue de l'époque, l'abbé Mulsant qui a effectué, en 1903-1904, un voyage en Orient où, en compagnie de l'abbé Chevalier, il a tourné une série de films. Ces conférences ont souvent lieu dans des établissements religieux comme à Vienne :
Conférence Cinématographique
Une rare bonne fortune est offerte aux habitants de Vienne, celle de voir la remarquable collection cinématographique de M. Mulsant, membre du Photo-Club de Paris. Cette collection absolument inédite a été prise en Orient par le conférencier lui-même, on ne peut donc pas la voir ailleurs ; elle a été présentée avec le plus grand succès â Bruxelles, à Paris, à Londres, à Turin, etc., etc.
Cette conférence aura lieu dans la Salle des Fêtes des Anciens Elèves des Frères, rue des Cloîtres, 1, le dimanche 11 février, à 4 heures 1/2.
Prix des places : 2 fr. et 1 fr.
Le Moniteur de Vienne, Vienne, 31 janvier 1906, p. 1
Une occasion unique pour les Viennois de pouvoir découvrir les lieux réels où se déroule certains épisodes du Nouveau Testament comme le remarque l'édition du 6 février : " le spectacle comprendra 110 vues fixes et 600 mètres de vues cinématographiques : Bethléem, Nazareth, l'Egypte. " (Moniteur de Vienne, Vienne, 6 février 1906, p. 1). Dans les semaines suivantes, Alfred Mulsant va organiser de nouvelles conférences dans le Sud-Est.
Le Royal-Eden (Cours Romestang, 24 mars-8 avril 1906)
Peu après, c'est le tour d'un forain - ou d'un tourneur - de présenter des vues animées au public viennois. La nouveauté, c'est bien entendu que nous avons affaire à un cinématographe parlant :
ROYAL-EDEN
Cours Romestang, 6
Ex-Pensionnat des Frères
C'est ce soir, samedi 24 courant, à 8 h. 1/4, que débute ce merveilleux cinématographe parlant, qui a obtenu de si gros succès dans les villes où il a été précédemment en représentation. Nous sommes certains qu'il trouvera dans notre ville le même accueil sympathique et le même succès que partout ailleurs.
Mous devons dire qu'une salle a été aménagée spécialement dans l'immense local de l'Ex-Pensionnat des Frères, et aussi grâce à l'amabilité des propriétaires actuels.
La Direction du Royal-Eden n'a rien négligé pour offrir au public viennois un spectacle nouveau, choisi et spécialement recommandé aux familles, et nos Lecteurs ont pu voir sur les murs de notre ville nombreuses affiches, donnant un aperçu du programme qui est des plus variés et de bon goût.
Il nous sera donné, enfin, de voir un cinématographe parlant et sans aucunes trépidations, chose absolument nouvelle, sans la projection cinématographique. En outre, des merveilleuses vues qui se dérouleront à nos yeux, nous pourrons entendre et voir les artistes, tel que Mercandier [sic], dans leurs chansons favorites.
Il y aura donc foule ce soir et demain, dimanche, à 8 heures, ouverture des portes du Royal-Eden.
PRIX DES PLACES : Stalles réservées, 1 fr. 50;— premières, 1 franc; —Secondes, 0 fr. 60. — Les enfants au-dessous de 7 ans, auront leur entrée gratuite.
Journal de Vienne, Vienne, 24 mars 1906, p. 2.
Grâce à la référence à Émile Mercadier, nous savons que les films chantants appartiennent au registre de la maison Pathé qui produit ce type de films depuis quelques années. Pour le reste, nous ignorons le titre des vues qui composent le programme puisque le public est renvoyé aux affiches placardées dans la ville par le responsable du Royal-Eden. Les séances vont se prolonger jusqu'au 8 avril (Journal de Vienne, Vienne, 4 avril 1906, p. 2). Préalablement une représentation de gala est donnée, le vendredi 6 avril, " au bénéfice de l'Oeuvre des Enfants à la Montagne de la Ville de Vienne " (Journal de Vienne, Vienne, 4 avril 1906, p. 2). Le Royal Eden continue sa route vers Saint-Claude.
L'Étoile du soir du docteur Dobler (Salle des Fêtes, 14-[22] avril 1906)
En avril, l'Étoile du soir du docteur Dobler s'installe dans la salle des Fêtes et inaugure ses séances le 14 avril :
SALLE PROVISOIRE DES FÊTES
L 'ÉTOILE DU SOIR
CINÉMATOGRAPHE
Aujourd'hui, samedi 14 avril, débute à la Salle des Fêtes de notre ville, de l'Etoile du Soir, le Grand Cinématographe Américain qui fit courir tout Lyon, " Aux Folies Bergères ".
L'Etoile du Soir présentera son magnifique premier programme que tout Vienne connaît, grâce à la publicité électrique ; La musique, les bruits d'auto et autres qui accompagnent le défilé des tableaux tous animés ajoutent encore à. la réalité déjà si grande des scènes cinématographiques, et contribueront à former un ensemble harmonieux et parfait.
Mardi 17, changement complet de programme qui ne sera donné que trois fois. Vendredi 20, nouveau changement.
Cette grande diversité permettra aux Viennois de venir applaudir plusieurs fois l' " Evening Star Cinima ".
Si nous disons, en outre, que les merveilleux appareils du Dr Dobler, permettent à I Etoile du Soir de présenter ses scènes d'une façon artistique, on comprendra que le plus puissant des cinématographes ne peut que remporter à Vienne, comme partout ailleurs, le plus vif succès.
Le jour de Pâques et tous les jours jusqu'au 22 avril inclus, Soirée à 8 h. 1/2; Bureaux à 8 heures.
Prix des Places : Réservées, 2 fr — Premières, 1 fr. 50; — Secondes, 1 fr. — Troisièmes, 0 fr. 50.
Journal de Vienne, Vienne, 14 avril 1906, p. 2.
S'il est habituel que les spectacles s'annoncent non seulement grâce à la presse, mais aussi par des affiches placardées, dans le cas présent la diffusion de l'information se fait par une " publilcité électrique " dont on ignore le mode de fonctionnement. Ce que l'article indique, c'est que le répertoire de ce nouveau cinématographique est important, ce qui permet un renouvellement très fréquent. Quelques jours plus tard, un nouvel article nous dévoile une partie du répertoire :
SALLE PROVISOIRE DES FÊTES
L'ÉTOILE DU SOIR
Le Roi des Cinématographes
C'est devant une salle comble que l'Etoile du Soir a donné ses premières représentations, en remplissant merveilleusement les promesses de ses affiches. La netteté, la perfection et la beauté des scènes en font un spectacle magnifique qu'il ne nous a pas encore été donné de contempler à Vienne.
Tous les jours, soirée à 8 h. 1/2. Ce soir et vendredi, changement complet de programme. Ces derniers seront apposés en temps utile sur les affiches.
En plus des soirées annoncées, à la demande générale, jeudi, matinée à 3 heures, avec le programme et le prix du même soir.
Enfin, samedi et dimanche, à 3 heures, nous aurons la bonne fortune d'avoir deux splendides matinées artistiques.
L'Etoile du Soir nous donnera: La Catastrophe de COURRIÈRES, actualité retentissante, dont les principaux tableaux sont : Les funérailles des victimes ; les équipes des sauveteurs français et allemands, et les RESCAPÉS : Neny, Prévost et leurs camarades.
Le clou de ces séances sera une merveilleuse nouveauté : la Passion du Christ.
Les moyens dont dispose la science ont permis d'établir une extraordinaire reconstitution du grand drame chrétien. La toute nouvelle Passion chef-d'œuvre cinématographique présenté sous un jour et dans un cadre éminemment tragiques, laisse fort loin derrière elle toutes ses devancières. Les grands journaux de Paris viennent de lui consacrer des articles enthousiastes.
Nul doute que toute la population viennoise ne vienne voir ces deux représentations, qui seront égayées par " une fausse alerte, et une partie de tennis bien gagnée ", deux jolies vues comiques.
Ces vues, ainsi que la Passion et Courrières, ne paraîtront qu'à ces deux séances, qui dureront environ une heure, et dont les prix seront 1 fr. et 2 fr.
Journal de Vienne, Vienne, 18 avril 1906, p. 2.
Le répertoire de l'Étoile du Soir est plutôt éclectique puisque l'on y retrouve des vues qui proviennent des éditeurs Pathé, Gaumont, Méliès et peut-être d'autres. Pour certains films, il est délicat de savoir leur origine comme dans le cas de la Passion dont il existe plusieurs versions, toutefois l'indication qu'il s'agit de la toute dernière version montre que les Viennois peuvent admirer la série réalisée par la maison Gaumont. Le dernier programme date du 21 avril et permet de compléter quelques éléments du répertoire, mais pour le reste peu d'informations nouvelles. Le départ de l'Étoile du Soir est annoncé pour le 22 avril 1906. On ne retrouve plus ailleurs, semble-t-il, de représentations organisées par l'Étoile du Soir.
Répertoire (autres films) : Marche de l'Armée, Grand incendie à Londres, Course d'automobiles devant l'Empereur d'Allemagne, L'Hiver et ses plaisirs, Marie-Antoinette, Le Miracle de la Madone (Journal de Vienne, Vienne, 21 avril 1906, p. 2).
La conférence de M. J. Meunier (Grand manège de la Caserne, 31 mai 1906)
La seconde conférence à laquelle vont pouvoir assister les Viennois, après celle de l'abbé Mulsant, en février, est d'une nature bien différente. C'est un conférencier de l'Université Populaire, J. Meunier, qui va utiliser le cinémagraphe pour évoquer une question d'actualité, la situation au Maroc :
Au 19e Dragons
M. J. Meunier, conférencier de l'Université Populaire, a fait, jeudi soir, dans le grand manège de la Caserne, une remarquable photo-conférence avec vues cinématographiques qui a obtenue un très grand succès. M. J. Meunier, n'est pas seulement un conférencier de talent, c'est aussi un projectionniste habile, ses vues du Maroc sont d'une finesse et d'une netteté remarquables.
La Conférence qui comprenait en outre d'un exposé sur la question Algéro-Marocaine, un voyage de Tanger à Fez, a permis au sympathique Conférencier de faire revivre les us et coutumes de cette étrange contrée, livrée à l'anarchie et au brigandage des prétendants. Les incidents de Figuig, l'attaque du fort d'EI Mongar. La Conférence d'Algésiras oû se sont, malgré les pièges de l'Allemagne, dénouées de si graves questions, tout, en un mot, contribuait à rendre intéressante cette Conférence qui s'est terminée bien après 9 heures, l'appel du soir ayant été reporté après la soirée, par une disposition bienveillante du Colonel.
Journal de Vienne, Vienne, 6 juin 1906, p. 2.
Nous ne disposons d'aucune autre information relative à cette conférence, ni sur le conférencier.
Le Théâtre Garnier (Place de la Caserne, 21-[29] juillet 1906)
C'est à nouveau sur la place de la Caserne que s'installe en juillet 1906, le Théâtre Garnier, un spectacle forain comme il y en a tant. Pourtant, dans le cas présent, nous ne connaissons pas d'autre occurrence de cette baraque. Le cinématographe n'est pas le seul spectacle offert, même s'il semble avoir une place immportante :
THEATRE GARNIER
place de la Caserne
Du 21 AU 29 JUILLET
Le Théâtre Garnier, qui vient d'arriver dans notre ville, nous présente deux attractions hors de pair. D'abord Maïna, la célèbre voyante roumaine que se sont disputés tous les grands Casinos de France et de l'étranger, Maïna lit et voit dans la pensée des spectateurs. C'est là une importante recrue pour le Théâtre Garnier, et tout Vienne viendra la consulter. — Ensuite un Cinématographe de la grande maison Pathé, avec tous les perfectionnements nouveaux. Vues et couleurs, grandes scènes comiques et dramatiques. Fixité et intensité des projections inconnues jusqu'à ce jour. Tout le confort moderne se trouve dans l'Etablissement.
Journal de Vienne, Vienne, 21 juillet 1906, p. 2.
Même si nous savons que l'appareil utilisé est un Pathé, aucune information dans la presse ne permet de connaître les films qui sont présentés. Au bout d'une semaine, semble-t-il, le Théâtre Garnier disparaît.
Royal Eden (Salle des Fêtes, 8-[11] novembre 1906)
Vers la fin de l'année, un dernier spectacle cinématographique est annoncé. Le Royal Eden, qui vient de donner quelques séances à Annonay, s'installe dans la Salle des Fêtes :
Royal-Eden géant
On nous annonce le retour du Royal-Eden, ce magnifique cinématograpbe qui a remporté, ici même, un si légitime succès.
Il arrive avec un bagage de nouveautés inédites.
C'est demain jeudi, à huit heures du soir, qu'aura lieu la représentation de début, dans la Salle des Fêtes de la place Miremont.
Vendredi relâche, séances samedi et dimanche.
Journal de Vienne, Vienne, 7 novembre 1906, p. 2
Mais nous n'en saurons pas davantage, comme bien souvent, les cinématographes laissent rarement des traces dans la presse.