- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 8 août 2023
- Publication : 24 mars 2015
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Vincent BILLARD
(Saint-Vulbas, 1871-Lyon, 1934)
© Coll. Le Grimh
Jean-Claude SEGUIN
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Henri Billard épouse Claudine Belin. Descendance :
- Pierre, Joseph Billard (Saint-Vulbas, 25/05/1845-Saint-Vulbas, 03/08/1909) épouse (Saint-Vulbas, 31/08/1867) Marie Cornollier (Saint-Vulbas, 06/10/1845-). Descendance :
- Louise, Henriette Billard (Saint-Vulbas, 13/09/1868-) épouse (Saint-Vulbas, 07/05/1892) Louis Guerrier (Saint-Vulbas, 05/07/1863-)
- Vincent Billard (Saint-Vulbas, 18/10/1871-Lyon, 28/12/1934)
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Les origines (1871-1895)
Fils d'un cultivateur de Saint-Vulbas (Ain), Vincent Billard est recensé dans la commune en 1872, en 1876 et en 1881. Il auait fait ses études au petit séminaire de Meximieux.
Petit Séminaire de Meximieux
Source: Archives Départementales de l'Ain
Au recensement suivant (1886), il n'habite plus avec ses parents. Il est probablement déjà à Lyon où il poursuit des études de pharmacie à. Après un report d'un an, il est incorporé au 113e régiment d'infanterie (12 novembre 1892) où il accomplit ses obligations militaires jusqu'à son passage dans la disponibilité de l'armée active (24 septembre 1893), puis dans la réserve (1er novembre 1895). Pendant son service militaire, il a accompli une période d'exercices comme infirmier militaire (26 août-22 septembre 1895).
Le Cinématographe Lumière (1896-1897)
Son appartenance au milieu pharmaceutique explique sans doute qu'il soit rentré en contact avec les frères Lumière au moment de la mise en place du système des concessions. Il va donc seconder Antoine Chavanon au moment de l'ouverture du poste de Bordeaux, le 29 février 1896. La presse locale ne fait jamais mention de son nom ce qui ne permet pas de savoir jusqu'à quel moment il reste dans la capitale girondine. Il n'est pas impossible qu'il ait également participé à l'ouverture du local de Périgueux, toujours sous la responsabilité de Chavanon. Ce dont on peut être sûr c'est qu'il met un terme à ses activités en France vers la fin du mois d'octobre ou au tout début novembre.
Après ces premières expériences, Vincent Billard va donc acheter la concession pour l'Argentine et le Brésil :
La société Lumière voulant tirer profit de sa nouvelle invention dite le cinématographe Lumière, a confié à Billard sous certaines conditions à la date du vingt novembre mil huit cent quatre-vingt-seize, la concession exclusive de l'exploitation de cette invention pour la République Argentine et le Brésil jusqu'au premier Mai suivant.
Tribunal de commerce. 6UP 1/1393-1894 (sept.-décembre 1897).
Les conditions de cette concession sont similaires à celles qu'accordent les frères Lumière aux autres concessionnaires :
Cette concession obligeait Billard à prendre à sa charge absolument tous les frais du voyage, d'employés, d'installation et autres sans exception [...] il était responsable des appareils et de tout le matériel confié; [...] il devait donner à la Société Lumière quarante-cinq pour cent de ses recettes brutes.
Tribunal de commerce. 6UP 1/1393-1894 (sept.-décembre 1897).
Vincent Billard va donc partir en Amérique et il déclare aux autorités militaires qu'il va résider à Buenos Aires à partir du 26 novembre 1896, mais son départ semble avoir été retardé. Il embarque finalement à bord du paquebot "Espagne" qui quitte Marseille pour rejoindre Buenos Aires où il arrive le 10 janvier 1897 :
Billard arriva à Buenos Ayres le dix Janvier et se mit immédiatement en rapport avec le représentant de la société Lumière, le sieur Orthiz qui lui apprit que le cinématographe Lumière était exploité à Buenos Ayres, depuis six mois au moins, ce dont il avait prévenu la société dès le vingt-cinq octobre, et notamment par un sieur Étienne pour le compte de la société Lumière, lequel venait justement de donner ses dernières représentations.
Tribunal de commerce. 6UP 1/1393-1894 (sept.-décembre 1897).
La situation à Buenos Aires, pour la société Lumière est en effet assez confuse. Dans un premier temps, c'est le Belge Camille Cerf, pièce maîtresse de la stratégie Lumière, qui se charge de la concession pour l'Argentine, puis la sous-traite à la société Mallmann et compagnie :
Les sieurs Mallmann et compagnie sous-concessionnaires du sieur Cerf auquel la société avait concédé l'exploitation de son appareil le cinématographe pour différents pays de l'Amérique du Sud.
Mais Charles Étienne, qui organise, sous la responsabilité de la société Mallmann, les projections à Montevideo, face à la situation révolutionnaire que connaît le pays, décide, en octobre, de s'éloigner et exploite, sans autorisation, le cinématographe en Argentine. A son retour, en janvier 1897, dans la capitale uruguayenne, il constante qu'un certain Rossigneux exploite le cinématographe Lumière. La société Lumière semble avoir voulu avec Rossigneux et Vincent Billard reprendre en main la situation qui lui échappe. La société Mallmann est-elle alors intervenue ou n'est-elle plus tout simplement la concessionnaire ? Toujours est-il que Billard, en arrivant à Buenos Aires a le sentiment d'avoir été abusé par la société Lumière qui ne semble pas l'avoir tenu au courant. Lorsqu'il arrive dans la capitale argentine, il rentre en contact avec le - nouveau ? - représentant de la société de Lumière, M. Orthiz qui décrit à Vincent Billard une situation assez peu favorable lui conseille d'installer son cinématographe Lumière à Mar del Plata, balnéaire qui pourrait peut-être intéressé par les vues animées, mais tel n'est pas le cas :
Le sieur Orthiz lui faisait remarquer que pour ces motifs il avait bien peu de chances de réussite, lui conseilla d'aller plutôt à Mar del Plata, station balnéaire où se rendait toujours à cette époque le monde élégant de Buenos Ayres. [...] à suivre conseil, Bernard s'entendit pour donner des représentations avec l'Hôtel où il était descendu, lequel moyennant quinze pour cent sur les recettes lui fournissait tout, même l'électricité, mais qu'au bout de deux jours les recettes étant nulles parce que les vues produites l'avaient déjà été à Buenos Ayres, le propriétaire de l'Hôtel ne voulut pa continuer.
Vincent Billard est désappointé et décide, malgré tout, de poursuivre son séjour à Mar del Plata, sur la plage :
Il fut alors obligé de louer une place sur la plage, d'y élver une enceinte et de l'aménager qu'il resta là jusqu'au quatre mars y faisant une recette totale de mille cinq cent trois francs tandis qu'il avait dépensé mille six cents francs en installation.
Il va encore tenter exploiter son cinématographe Lumière en revenant à Buenos Aires :
Il revint alors à Buenos Ayres où il trouva difficilement un engagement à quarante francs par soirée et y resta trente jours.
Les médiocres résultats qu'obtient Vincent Billard en Argentine le conduisent à rentrer en France :
En présence de ces résultats déplorables, prévoyant le même à Rosario, où avait également séjourné le sieur Etienne, persuadé que le Brésil avait été exploité aussi d'après les renseignements que lui avait fournis le sieur Orthiz et un ancien employé d'Étienne, il crut imprudent de s'exposer à de nouvelles pertes et prit le parti de rentrer en France après en avoir avisé la société Lumière.
De retour à Lyon, vers le premier avril 1897, Vincent Billard ne peur restituer le matériel cinématographique que le 21 août, car il s'est égaré au port de Barcelone. Le bilan désastreux de la tournée argentine conduit Vincent Billard à traîner la société Lumière devant le tribunal de commerce, qui va lui donner raison :
Condamne la Société Lumière à payer à Billard à titre d'indemnité une somme de deux mille francs pour le préjudice causé par l'inexécution de la convention intervenue le vingt novembre mil huit cent quatre-vingt-seize.
Et après... (1898-1934)
Grâce aux indemnités que reçoit Vincent Billard, il va pouvoir acheter une pharmacie.
Vincent Billard devant la pharmacie (c. 1900)
© Le Grimh
Au nº 84 du cours Gambetta (Lyon), se trouve une pharmacie dont le propriétaire est M. Gibergy. Vincent Billard en devient propriétaire peu après. Il semble que la pharmacie soit passée au numéro 90 vers 1912. Vincent Billard est toujours inscrit sur les listes électorales de l'année 1932 (6e bureau du 7e arrondissement).
Il décède en son domicile (148 rue Lacassagne) le 28 décembre 1934. Il est inhumé à Saint-Vulbas. Célibataire, Vincent Billard va léguer à sa sœur Louise ses biens dont la jouissance, pour une part, revient à Mlle Marie Vincendet comme il est stipulé sur la mutation par décès.
Remerciements
Les descendants de Vincent Billard.