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- Última actualización: 30 Julio 2024
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Démolition d'un pont de chemin de fer entre le passage de deux trains
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Démolition d'un pont de chemin de fer entre le passage de deux trains
Vues prises à Vernouillet-Verneuil, le 9 mai 1901. Sept reprises. Superbe vue cinématographique.
Lorsqu'à New-York, le territoire manque et que la population s'accroît, on s'en tire en élevant des étages aux maisons. En France, pour qu'un train puisse transporter plus de voyageurs sans augmenter le nombre de ses wagons, on surélève ceux-ci d'une impériale. Mais les ponts de pierre jetés au-dessus des voies, avant l'invention de l'impériale, présentent des voûtes trop surbaissées. Nécessité de les détruire pour les remplacer par des tabliers de fer. Un train qui passe nous montre, en effet, combien près de la voûte atteint le plafond des wagons.
La pioche fait son office. Le cintre seul reste. De larges ouvertures rectangulaires sectionnent les culées et ménagent une issue aux déblais. L'arche ne repose bientôt plus que sur de petites surfaces dont l'ampleur et la résistance diminuent à chaque retombée du pic.
Mais, si la voûte s'affaisse, le choc de sa chute pourrait endommager la voie. Or, il importe que le travail s'effectue sans gêner la marche régulière des trains. Un moyen s'offre, faire un lit de fascines sur toute l'étendue du sol au-dessous de la voûte. Les menues branches s'émietteront sous le choc mais protégeront les rails.
Un dernier coup de pioche aux extrémités des culées.
La voûte tremble, fléchit, s'incurve dans son centre, hésite, comme pour se relever, se creuse plus profondément et tombe dans un tourbillonnement de poussière d'où les pierres jaillissent. La station entrevue sous la voûte apparaît maintenant en entier, dans la coupée de la claire-voie.
L'horaire indique le passage d'un train dans 20 minutes. Dans ce cours laps de temps il faut déblayer la voie. À l'oeuvre : terres, pierres, fascines, tout doit disparaître. C'est le tohu-bohu du travail commandé, de la tâche limitée, du but à atteindre.
Le train siffle, stoppe à la station. Quelques fascines encore, quelques bribes de pierre. En un tour de main, les voilà rejetés sur les flancs de la voie. Place est faite. La vapeur est lâchée.
Lentement, majestueusement, en marche ralentie, le train passe sous le pont qui n'est plus que tranchée, montrant combien haute maintenant peut être la surélévation des wagons.