- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 10 avril 2022
- Publication : 25 mars 2015
LA ROCHE-SUR-YON
Jean-Claude SEGUIN
La Roche-sur-Yon, chef-lieu de la Vendée (France), compte 10.000 habitants (1894).
1896
Le Cinéphotographe (Musée, 4-[7] octobre 1896)
Le cinéphotographe est un appareil commercialisé par Lépée qui connaît un certain succès. Plusieurs jours avant l'inauguration, un article évoque son arrivée prochaine, mais sans donner le nom de son propriétaire :
Le Cinéphotographe.
Nos lecteurs ne sont pas sans avoir entendu parler des projections animées, de ces tableaux photographiques dont la succession en même temps que la simultanéité, donne aux spectateurs l'illusion de la réalité.
Parmi ces tableaux, on cite à chaque instant : L'arrivée et la descente d'un train, 'Le défilé d'un régiment, La charge de cavalerie, L'effondrement d'un mur, représentations photographiques qui saisissent comme si on assistait réellement à ces divers spectacles.
Nous sommes heureux de leur annoncer que, très prochainement, ils pourront se rendre compte de ce qu'est le Cinéphotographe dont nous aurons plusieurs séances à la Roche, et éprouver eux-mêmes cette illusion pour ainsi dire complète de la réalité qu'est parvenue à donner la science de la photographie instantanée.
Nous reviendrons d'ailleurs sur ce sujet, en indiquant la date de sa première» à La Roche.
Le Messager de la Vendée, La Roche-sur-Yon, dimanche 27 septembre 1896, p. 2.
Si les films qu'évoque le journaliste sont ceux qui ont obtenu un grand succès et qui sont très connus - on y reconnaît des titres du catalogue Lumière -, ils sont difficiles à identifier, en sachant d'autant plus que les frères Lumière ne commercialisent pas encore leur production. La confusion - sans doute pour des raisons commerciales - est entretenue comme on peut le constater dans ce nouvel article :
VENDÉE
LA ROCHE-SUR-YON
Le Cinéphotographe.-A une date très prochaine, mais que nous ne pouvons encore fixer, le Cinéphotographe aux projections animées fera pour la première fois son apparition à la Roche-sur-Yon. L'appareil est fondé sur les mêmes principes que le Cinématographe Lumière que les Nantais ont à loisir admiré et fonctionne de la même façon. C'est un système ingénieux de photographies qui tournent avec une très grande rapidité sur un rouleau et au fur et à mesure de leur développement se projettent sur un écran placé en face des spectateurs. Les impressions que perçoit la rétine sont si rapides qu'elles donnent l'illusion d'une vision continue ; elles sont si nettes que les images qui passent sur l'écran semblent douées de vie et de mouvement ; il ne leur manque que la parole, lorsque ce sont des ombres humaines. C'est l'électricité qui est l'agent lumineux.
Parmi la série de projections animées dont nous serons témoins, citions la descente d'un train, la danse serpentine, la lutte, la chute d'un mur, etc., etc.
Il nous a paru utile de donner ces détails dans la chronique vendéenne où pas un seul mot n'a encore été écrit sur cette intéressante découverte.
Pourvu que les industriels qui nous feront connaître les merveilles du Cinéphotographe ne s'avisent pas de brûler l'étape de la Roche dans leur tournée !
Le Progrès de Nantes, Nantes, samedi 3 octobre 1896, p. 3.
C'est finalement le 4 octobre 1896 qu'a lieu l'inauguration du cinéphotographe dans la salle du musée :
Les vulgarisateurs du cinéphotographe ne nous feront pas faux bond.
C'est dimanche dans la salle du musée que l'appareil fonctionnera de 2h de l'après-midi à 10h du soir. Le cinéphotographe y restera 3 jours au maximum.
Le Populaire, Nantes, samedi 3 octobre 1896.
La Roche-sur-Yon, Le Musée (c. 1902) [D.R.]
Un nouvel et dernier article pousse encore plus loin la confusion en assimilant directement le "cinéphotographe" au "cinématographe-lumière", avec une minuscule malgré tout... :
Le Cinéphotographe.-Pas n'est besoin de la voix de la réclame pour lancer dans les villes où on les ignore les curiosités du cinéphotographe qui n'est d'ailleurs pas autre chose que le cinématographe-lumière. De sept heures à dix heures du soir, la salle du Musée, où avaient lieu les expériences, n'a pas désempli. Parmi les numéros du programme, citons la descente d'un train, les brûleurs d'herbes, la danse serpentine, reproduction de clichés en couluer, et un duel d'amoureux, un duel à l'épée mais pour rire et dans lequel les deux duellistes tirent de la main gauche. Ce dernier numéro était surtout très réussi.
N'étaient la trépidation qui subsiste même avec les meilleurs appareils et l'indécision de certains détails qui restaient un peu flou, par suite sans doute d'un léger défaut de lumière sur l'écran, ce serait parfait de vie et de mouvement.
Le Progrès de Nantes, Nantes, mercredi 7 octobre 1896, p. 4.
Les séances terminées, le propriétaire du Cinéphotographe se dirige probablement vers Les Sables-d'Olonne où un cinéphotographe est présenté quelques jours pus tard.
1897
Le Cinématographe Joly (Théâtre, 28-29 avril 1897)
Le propriétaire de ce Cinématographe Joly ne nous est pas connu, mais il s'agit probablement d'un tourneur qui parcourt la région. Deux séances seulement sont prévues les 28 et 29 avril, au théâtre de La Roche-sur-Yon :
Théâtre de La Roche-sur-Yon
Mercredi 28 et Jeudi 29 Avril 1897
ATTRACTION MERVEILLEUSE
Photographies Animées grandeur naturelle par projection électrique reproduites par le Véritable Cinématographe (système Joly) avec ses derniers perfectionnements. En voici le programme :
PREMIÈRE PARTIE
L'Arroseur arrosé. — Débarquement d'un Bateau à vapeur. — Un Cocher et son Client. — Sortie de l'Église N.-D. des Victoires.- Place du Gouvernement (Alger) —Assaut de Boxe française. — La Pavane (danse d'autrefois), — Place de la Bastille.
Première leçon de bicyclette. — Un atelier de Forgeron. — La Mer à Dieppe. — Charge de Dragons.
Leurs Majestés Impériales de Russie au Panthéon. — Arrivée d'un train à Asnières, — Automobiles et Cycles (Porte-Maillot). — Scène de Ferme.
DEUXIÈME PARTIE Grand Cortège de l’Arrivée de l'Empereur de Russie à Paris. Chef-d’œuvre durant près de 5 Minutes.
Bain des Soudanais (Exposition du Champ de Mars) — Famille au Bois de Vincennes. — Place de la République (Paris). — Une Scène d'ivrogne.
Secondes en Chemins de Fer. — Assaut de Bâton. — Arc de Triomphe (Paris). — Saut d'Obstacles (dragons français). Danse serpentin e (en couleurs). — Visite du Président de la R. F. à l'ambassade russe. — Départ du Tsar pour Versailles. —- Une Farce à la Chambrée.
On commencera à Huit heures et demie
PRIX DES PLAGES. — Loges et Fauteuils, 2 tr, 50. — Parquets et Baignoires, 1 fr. 50, — Parterre, 1 fr. — Secondes, 0 fr. 75. — Troisièmes, 0 fr. 40.
Le Libéral de la Vendée, La Roche-sur-Yon, mercredi 28 avril 1897, p. 3.
La presse donne la totalité du programme des vues animées proposées aux spectateurs yonnais. Un compte rendu, publié deux jours plus tard, souligne la qualité des vues et de la projection :
Photographies animées, par projection électrique
Hier soir, à 8h1/2, a eu lieu au théâtre une séance véritablement très intéressante de projections lumineuses. Il ne s'agit point d'un vulgaire Cinématographe, mais d'un appareil très perfectionné avec lequel les photographies animées donnent l'illusion presque complète de la réalité.
Les sujets comiques, alternant avec les paysages ou les sujets d'actualité, instruisaient, égayaient le public, qui n'a point ménagé ses applaudissements.
Nous avons surtout remarqué dans la première partie L"'Arroseur arrosé", une scène des plus divertissantes ; 'La 1re leçon de bicyclette, et surtout La mer à Dieppe : ah ! que ces vagues sont douces et caressantes ! que le ciel est bleu et limpide, et que ces baigneurs sont heureux !
Pendant quelques secondes, nous avons pu vivre dans l'illusion.
Je citerai encore, dans la seconde partie, l"Arrivée du tsar à Paris, vue très complète et d'une durée de 5 minutes ; le Saut d'obstacles par des dragons français, la Danse serpentine, etc.
Pour bien faire, je devrai tout citer, car tout était parfaitement réussi. Je ne puis qu'engager le public à profiter de l'occasion unique qui lui est offerte.
Ce soir, à 8h 1/2, aura lieu au théâtre une dernière représentation.
Le Cinématographe sera demain vendredi et samedi à Luçon ; dimanche et lundi, à Fontenay-le-Comte.
Le Libéral de la Vendée, La Roche-sur-Yon, vendredi 30 avril 1897, p. 3.
Comme il l'a annoncé, le propriétaire du cinématographe Joly quitte La Roche-sur-Yon pour se rendre à Luçon.
1899
Le Théâtre-Salon des Visions d'Art de Joseph Potel (Place d'Armes, 2 juillet-[juillet] 1899)
Le directeur du Théâtre-Salon des Visions d'Art, Joseph Potel, installe son établissement à La Roche-sur-Yon sur le Champ-de-Foire :
Une Attraction Intéressante
Parmi les nombreux forains arrivés pour les fêtes des courses, nous devons signaler à nos lecteurs le Théâtre-Salon des Visions d'Art, entièrement éclairé à l'électricité, à l'aide d'un moteur à gaz très puissant.
Grâce à cette puissante lumière, M. Potel, directeur de cet intéressant établissement nous donne tout ce qu'il y a de mieux en fait de cinématographe : le gioscope. Les scènes d'actualité, de voyage, scènes comiques défilent avec une grande netteté ; les personnages représentés sont grandeur nature. Citons aussi les transformations successives de Miss Darling-Chromo, obtenues par une application nouvelle de projections électro-lumineuses, et le Voyage autour du Monde, dont les vues, variées à l'infini, forment un numéro des plus instructifs.
Le Salon des Visions d'Art, qui obtient partout un succès mérité, ouvrira ce soir ses portes au public Yonnais.
Le Messager de la Vendée, La Roche-sur-Yon, dimanche 2 juillet 1899, p. 2.
Peu d'informations sur le " gioscope " et moins encore sur le répertoire des films. Vers le milieu du mois, la presse publie un nouvel article qui n'offre guère d'informations complémentaires :
Visions d'Art
Nous engageons vivement nos lecteurs à profiter des dernières représentations offertes par l'établissement Potel qui, place d'Armes, donne chaque soir de ravissants numéros de cinématographe et de projections électriques.
Le Messager de la Vendée, La Roche-sur-Yon, dimanche 16 juillet 1899, p. 2.
1905
Le Théâtre Vernassier (Place d'Armes, 22-[29] janvier 1905)
Le Théâtre Vernassier dont le propriétaire est Louis Vernassier présente, parmi ses nombreux numéros, des projections cinématographiques. Il s'installe sur la Place d'Armes à partir du 22 janvier :
Théâtre Vernassier
Nous avons la bonne fortune de posséder dans notre ville, mais pour quelques jours seulement, le Théâtre Vernassier, dont les spectacles originaux et les attractions sensationnelles obtiendront, comme dans toutes les villes où il a passé, un complet succès.
Au Théâtre Vernassier, installé place d'Armes, on a depuis longtemps rejeté la banalité de ces pièces, jadis classiques, dont le dénouement était l'inévitable mariage de deux amoureux, sur la route desquels on se plaisait à semer mille obstacles. La gaieté est inscrite au programme de chaque soirée et la nouveauté des séances ne manquera pas d'attirer, tous les soirs, à cet établissement, un nombreux public.
Le Théâtre Vernassier débutera demain dimanche 22 janvier, et donnera des représentations tous les soirs, sauf les jours où le Théâtre municipal sera retenu par des troupes de passage. C'est là de la bonne camaraderie et, en constatant cette louable mesure, nous souhaitons à la Direction du Théâtre Vernassier tout le succès qu'elle mérite.
Le Messager de la Vendée, La Roche-sur-Yon, dimanche 22 janvier 1905, p. 2.
La remarque finale n'a rien d'exceptionnel, car les forains proposent toujours des séances de bienfaisance ou des séances réservées à certains publics : écoliers, militaires... Un nouvel article évoque la grande spécialité de Louis Vernassier, son numéro de travestisme est connu depuis des années et constitue une véritable singularité du forain :
Théâtre Vernassier
A chaque représentation donnée par le théâtre Vernassier l'on peut constater une salle comble et c'est justice, les attractions de ce coquet établissement, éclairé par de puissantes lampes électriques, ont le don d'intéresser les grands et les petits. Faut-il rappeler les expériences si bien réussies du prestidigitateur ; celles non moins curieuses du magnétisme, grâce à un sujet hors ligne qui a nom Isoline ; la voyante musicienne jouant sans aucune hésitation le morceau cité à voix basse par un spectateur ou seulement pensé par un autre surprend à coup sûr et fait rêver ceux qui ne croient pas à la transmission de la pensée. L'Homme-Protée, aux changements si rapides de physionomie, imitateur fort exact de scènes prises sur le vif, le Guignol des Pupazzi, les vues cinématographiques représentées, etc., forment une partie des plus gaies d'un programme qui se termine par une séance musicale peu banale. Rien de plus drôle en effet que de voir M. Vernassier lui-même, en un costume féminin qui lui sied parfaitement, donner une audition sur toutes sortes d'instruments, depuis la mandoline, le xylophone, le violon, etc., jusqu'à la harpe. Le théâtre Vernassier doit donner ce soir une représentation à laquelle nous engageons nos lecteurs à assister. Demain, dimanche, il sera donné une Matinée à 3 heures, et le soir, par autorisation spéciale de la Municipalité et bien qu'il y ait soirée au grand Théâtre, l'établissement Vernassier ouvrira ses portes. Ceux qui les franchiront n'auront certainement pas lieu de le regretter, s'ils aiment le nouveau et la saine gaieté.
Le Messager de la Vendée, La Roche-sur-Yon, dimanche 29 janvier 1905, p. 2.
Il est probable que le forain quitte peu après La Roche-sur-Yon.
Théâtre Bénévole (Champ-de-Foire, [9]-[10] avril 1905)
Le cinématographe n'occupe qu'une petite partie des attractions proposées par le forain Bénévole - de son vrai nom Francesco Benevole - qui s'est fait connaître en se faisant passer, comme artiste, pour Mexicain :
Théâtre Bénévol
De nombreux théâtres sont déjà passés ici, mais il ne nous avait pas encore été possible de trouver spectacle plus attrayant que celui que nous offre Bénévol et sa troupe d'élite.
À tout seigneur, tout honneur : Bénévol, lui-même, pendant 25 minutes, nous offre un numéro absolument déconcertant, c'est inouï ; ensuite Camill', un ombromane extraordinaire ; Gill Ki Manq. absolument désopilant dans son travail d'équilibres ; Miss Ida, la femme caméléon , numéro d'un très bel effet. Et encore Bénévol (encore, est certainement de trop) que l’on ne se lasse pas de le voir nous présente sa danse fantastique et mystérieuse, c'est étourdissant, réellement bien fantastique, et le Cinématographe américain, splendide, curieux ; pas de trépidations , absolument merveilleux comme finesse de vues nouvelles.
Enfin une attraction dont tout le monde attendait avec impatience le début, c'est le professeur Roscoff, présentant la voyante Fosca la Gitane, numéro qui a débuté jeudi soir avec un énorme succès et que tout le monde voudra voir.
Tant qu'à l'aménagement de la salle et de tout l'établissement lui-même, c'est d'un effet féerique, le luxe déployé est tout ce qu'il est possible de rêver.
Demain dimanche, ainsi que lundi, à l'occasion de la Foire, grandes matinées à 2 heures. Certainement la Direction refusera du monde tous les soirs.
Le Messager de la Vendée, La Roche-sur-Yon, dimanche 9 avril 1905, p. 2.
Nous ne connaissons pas le répertoire du forain.
1906
Le Cinématographe Américain de Nicolaï Kobelkoff (> 28 octobre 1906)
L' "artiste-tronc" Nicolaï Kobelkoff annonce son arrivée prochaine à La Roche-sur-Yon :
Cinématographe américain On nous annonce l'arrivée prochaine d'un grand Cinématographe américain dont le propriétaire est M. Kobelkoff. Nos confrères de la région, où actuellement cet établissement est installé, en disent le plus grand bien. — Nous en reparlerons.
Le Messager de la Vendée, La Roche-sur-Yon, mardi 28 octobre 1906, p. 2.