Georges MONCA

(Sèvres, 1867-Paris, 1939)

monca georges 1899 

Jean-Claude SEGUIN

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Jean, Baptiste, Antoine, Alexandre Monca (Autun, 01/04/1830-Autun, 07/11/1884) épouse (Sèvres, 28/08/1861) Adèle Léontine (-Sèvres, 16/09/1876). Descendance:

  • Madeleine, Jeanne, Marie Monca (Sèvres, 03/05/1871) épouse (Autun, 20/04/1895) Émile, Eugène, Jacques Chrétien (Autun, 03/06/1870-).
  • Georges, Jean, Baptiste Monca dit George Monca (Sèvres, 23/10/1867-Paris 15e, 26/12/1939)
    • épouse (Paris 18e, 24/01/1896) Jeanne, Eugénie Dupont (-≤1919). Descendance :
        • René, Louis, Georges Monca (Paris , 18e, 05/08/1889-Lisieux, 1915)
    • épouse (Paris 10e, 23/04/1919) Blanche Clara Céline Poupart (Hazebrouck, 17/12/1871-Paris 15e, 01/11/1958).

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Dès l'âge de 18 ans, il est déjà sur les planches dans Étienne au lansquenet (Paris, Salle Molière, décembre 1885) et il poursuit son activité théâtrale jusqu'en 1888, en écrivant également des pièces avec Georges Bilhaut (Par tube acoustique, 1887; Vingt marches de trop, 1888...). Il réside à Toulon (≥25/09/1888) avant de partir pour Paris (≥16/04/1889), Le Havre (≥17/09/1889) pour ses activités théâtrales. Déclaré bon pour le service, il en est dispensé au motif " aîné d'orphelins " ; toutefois, il accomplit une période d'exercices au 129e Régiment d'Infanterie (04/11/1889-15/12/1889). On le retrouve ensuite à Nice (≥[09]/12/1889), à Paris (≥22/03/1890), Dijon (≥30/12/1891) Bordeaux (≥04/08/1892) Paris (≥03/04/1893). Il parcourt l'Europe avec Mme Segoud-Weber, à côté de laquelle il interprète les principaux rôles du répertoire. Engagé par M. Lemonnier, il joue avec succès MarianneClaude Gueux (1895), Madame la Maréchale (1897), Bâtard rouge (1897), Dépit amoureux (1897), La Belle Grêlée, la P'tioteMaman Gâteau (1895), Louis XI, etc. Il devient Secrétaire général du théâtre Déjazet. En 1898, il est administrateur général à l'Alhambra de Bruxelles :

ALHAMBRA.- Le Roi de Rome.- M. George Monca vient d'ouvrir la saison d'été au Théâtre de l'Alhambra en nous donnant le Roi de Rome, une pièce de l'ancien répertoire, que bien peu de Bruxellois, sans doute, ont eu occasion de voir jouée. [...]


Le XXe siècle, Bruxelles, 1er mai 1899, p. 3.

Une première expérience chez Pathé (1899)

C'est en 1899, à l'occasion de la mise en scène de L'Auvergnate de Fernand Meynet, qui prévoit l'intervention d'un cinématographe, que George Monca rentre en contact avec Pathé afin de tourner Un drame dans la montagne, un film de 30 m qui est projeté pendant la représentation de la pièce :

Comment j’ai eu l’idée de venir au cinéma ? dit George Monca. Ce sont tout simplement les circonstances qui m’y ont conduit...
En septembre 1899, — vous voyez que ça n’est pas d’hier j’étais acteur au théâtre de la République, depuis baptisé l’Alhambra. Un auteur de la maison, Fernand Meynet, nous apporta une pièce où le cinéma jouait un rôle. Au premier acte, à l’insu de tous, un opérateur filmait une scène de famille qui dégénérait en meurtre, et la bande ainsi obtenue servait à dévoiler le vrai coupable au dénouement.
J’étais, en même temps qu’acteur, metteur en scène, et c’est moi qui eus à m’occuper de tourner le film nécessaire.
A cette époque-là, le cinéma était encore, si j’ose dire, dans ses langes. Il n’existait guère que deux maisons de production, Pathé et Gaumont. Je m’adressai à Pathé, et nous prîmes rendez-vous avenue des Minimes, à Vincennes, où se trouvaient les studios.
Quand je dis les studios... Vous qui connaissez les admirables aménagements de Joinville, vous allez rire... Imaginez un terrain vague, bordé de planches assez hautes pour décourager la curiosité des passants. Au milieu, une grande estrade avec des portants, des toiles de fond suspendues à des perches. A gauche et à droite, deux cabanes rudimentaires : l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes. Voilà ce qu'étaient les studios cinématographiques en l'an de grâce 99 !
Mon drame de famille - une bande de trente mètres - fut tourné en une seule matinée. Il avait pour cadre un parc, qu'une toile de fond représentait assez bien. Quand je pense qu'à vingt mètres de là, de l'autre côté de l'avenue, il y avait le vivant décor des arbres du bois...


"Les souvenirs de George Monca", L'Image, 1re année, nº 9, Paris, 1932.

Après cette expérience cinématographique innovante, George Monca retourne au théâtre pendant quelques années.

Retour au cinématographe (1906)

Malgré cette première incursion dans le monde du cinématographe, George Monca ne renoue avec l'écran qu'en 1906, grâce à Vincent Denizot qui lui fait tourner quelques scénarios, dans un petit studio d'Asnières : 

Monca resta quelques années sans songer au cinéma, lorsqu'en 1906 Denizot lui fit tourner comme artiste quelques scénarios, dans un petit studio d'Asnières.


Guilaume-Michel Coissac, Histoire du cinématographe, Paris, Cinéopse/Gauthier-Villars, 1925, p. 399.

Chez Gaumont (1906-1908)

George Monca va rejoindre la maison Gaumont - peut-être en même temps que Vincent Denizot - où il se fait remarquer dans C'est papa qui prend la purge du débutant Louis Feuillade : 

En 1906,un ami introduisit Monca chez Gaumont où il eut le principal rôle d'une comédie intitulée C'est papa qui prend la purge. L'auteur était un inconnu. Depuis, Fantômas et Judex ont répandu le nom de Louis Feuillade...
"Les souvenirs de George Monca", L'Image, 1re année, nº 9, Paris, 1932.

Chez Pathé (1908-)

Il entame alors une longue carrière au cinéma. C'est Lucien Nonguet qui l'engage chez Pathé pour Le Roman d'un malheureux:

Ayant vu C'est papa..., Lucien Nonguet engagea Monca chez Pathé. Pendant trois ans, celui-ci partagea son temps entre le studio et les planches. Il tournait indistinctement les rôles de premier plan et les " pannes ". Les premières années du cinéma ne connaissaient pas la vedette ni ses cachets fabuleux. On jouait n'importe quel personnage et on était payé à un tarif unique : 15 francs pour le matin, 25 francs pour la journée.
Au bout de trois ans, Lucien Nonguet dit à Monca :
- Abandonne le théâtre. Tu vas faire de la mise en scène avec moi.
Et Monca raconte :
- Depuis 1899, l'industrie cinématographique avait fait des progrès. Au lieu du terrain vague de l'avenue des Minimes, je trouvai un grand studio rue du Bois, un autre à Montreuil, une usine rue des Vignerons... Nous tournions douze à quinze films par semaine. Il est vrai qu'ils n'étaient pas longs : 150 à 200 mètres au plus. Tous les lundis matin nous avions conférence et nous établissions le plan de travail pour la semaine. Tons les samedis après-midi, M. Pathé et Ferdinand Zecca examinaient la production et nous faisaient leurs remarques.
"Les souvenirs de George Monca", L'Image, 1re année, nº 9, Paris, 1932.

Toujours en 1908, il commence sa carrière de cinématographiste avec L'Armoire normande. En 1909, il participe à la formation de la S.C.A.G.L. (Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres), aux côtés d'Albert Capellani. Il devient l'un des metteurs en scène attitré de Pathé, avec une longue filmographie.

George Monca décède en 1939:

Georges Monca est mort
Un des plus anciens auteurs de films et metteur en scène, Georges Monca, qui avait conquis un nom dans le cinéma français et n'y comptait que des amis, vient de disparaître après une douloureuse maladie courageusement supportée.
Ses obsèques ont lieu ce matin, à 11 heures, 23, quai de Grenelle.


Le Journal, Paris, 29 de décembre de 1939, p. 4.

Sources

AMBRIÈRE Francis, "A l'aube du cinéma. Les souvenirs de George Monca", L'Image, 1re année, nº 9, 1932, p. 12, 13, 14 et 16.

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