Gustave NEYMARK

(Poitiers, 1850-Paris, 1925)

neymark gustave portrait 02

Jean-Claude SEGUIN

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Mardochée Neymark ([1890]-Paris, 13/01/1824) épouse Sara Rophé (-). Descendance : 

  • Isaac Neymark (Bordeaux, 10/08/1818-) épouse (Bordeaux, 08/09/1845) Esther Lisca Kuhn (Bordeaux, 26/03/1828-Saint-Maurice, 09/10/1889). Descendance :
  • Isidore, Joseph Neymark épouse Laure, Bathilde Naxura. Descendance :
    • Sara, Angèle Neymark (Niort, 14/01/1850-25/09/1930) épouse (Bordeaux, 15/07/1869) Abraham Freudenberg (Bordeaux, 30/07/1835-1906). Descendance :
      • Marcel, Joseph Freudenberg (Bordeaux, 22/07/1875-Issoudun, 1949) épouse Ida, Marie Goldschmidt (Besançon, 20/02/1881-Issoudun, 1950). Descendance :
        • Jean, Henri Freudenberg (1991-1980).
        • enfant.
      • Haim, William Freudenberg.
    • Maurice, Moïse Neymark (Paris, 27/02/1855-) épouse (Bordeaux, 20/08/1877) Rachel, Jeanne Lang (Bordeaux, 21/03/1861-)
  • David, Félix Neymark (Bordeaux, 01/08/1821-) épouse (Paris, 16/03/1847) Laure, Esther Haim (Paris, 20/12/1828-).

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Les origines (1850-1895)

Petit-fils d'un journalier qui s'installe à Paris probablement vers 1822-1823, Mardochée, Gustave Neymark est le fils d'un négociant bordelais qui réside à Poitiers (place des Italiens) où avec ses deux frères, il va former une société pour le commerce de la draperie, de la nouveauté et de la confection des vêtements d'homme sous la raison sociale "NEYMARK frères" dont le siège est fixé à Paris, rue Croix-des-Petits-Champs, numéro 50. Cette société est dissoute le 24 novembre 1856. Peu après, il semble que le commerce ait été vendu à A. Lafond et que la famille se soit installée à Paris où, en 1864, Isaac Neymark figure comme "marchand confectionneur" (passage des Princes, 7 et 9). À peine quelques mois plus il est déclaré en faillitte (5 décembre 1864).

Gustave Neymark qui a dû suivre une partie de ses études dans la capitale commence sa formation artistique à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, puis il se perfectionne et étudie auprès du peintre Léon Bonnat (Bayonne, 20/06/1833-Monchy-Saint-Éloi, 08/09/1922). Installé au nº 10 Cité Trévise, Gustave Neymark se fait remarquer au Salon de 1876, où il expose deux tableaux :

Il faut regarder, de M. Gustave Neymark, un petit soldat Charles X, très finement peint, qui examine des armures avec étonnement, et de même le Saut de l'obstacle, effet du matin très juste d'impression, que l'on regrette de voir si mal placé.


Gazette des étrangers, Paris, 1er juin 1876, p. 2.

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Gustave Neymark, Le Saut de l'obstacle (1876), Huile sur toile. 50 x 80 cm.

La mode est alors aux panoramas et Gustave Neymark va accepter une commande à Lyon :

Les panoramas sont décidément la mode du jour.
Lyon aussi veut avoir le sien. C'est le peintre Dupray qui a été chargé d'en faire l'esquisse. Il représentera "le siège de Lyon en 93, par les républicains de la Convention contre la commune de Lyon."
La toile sera peinte par M. Gustave Neymark, dont on a apprécié le talent aux dernières expositions.


Le Figaro, Paris, vendredi 9 septembre 1881, p. 1.

L'inauguration a lieu en mars 1882 :

LE PANORAMA
Hier, a été ouvert au public le panorama, situé rue du Nord, 20.
La construction det l'aménagement ont été confiés aux soins de M. Duret, architecte; ils sont parfaits en tout point. Le bâtiment, en rotonde, est un polygone de 14 côtés; l'intérieur et au centre, un escalier donnant accès sur une plate-forme assez vaste, d'où l'on voit tout l'ensemble du motif exposé.
Le sujet actuel représente un épisode du siège de Lyon par l'armée de la Convention.
[...]
Cette oeuvre, exécutée par M. Neymark, est très saisissante, et traitée magistralement.
Nous avons remarqué, notamment, le cavalier passant le marais gelé, et tout à côté, le coin du marais où sont en tirailleurs les troupes républicaines tirant sur les gardes nationaux; ce côté a un grand air de vérité qui fait honneur au peintre M. Neymark. Citons aussi le canal parallèle au Rhône, avec son pont, très réussi comme perspective; tout près de là un groupe de saules frappant d'exactitude.
L'oeuvre, dans son ensemble, est excellente,, peinture très franche, dessin très correct et perspective irréprochable.


Le Réveil lyonnais, Lyon, lundi 6 mars 1882, p. 2.

Poursuivant sa carrière artistique, Gustave Neymark va réaliser en 1887 l'une de ses oeuvres les plus connues, Le Combat de Hoff présenté au Salon de la Société des Artistes (Paris) :

M. Gustave Neymark vient de terminer un très beau tableau représentant la charge conduite par Murat au combat de Hoff, en 1807.
Ce tableau, commandé par l'Etat, est destiné au 10e cuirassiers.


Le Pays, Paris, 17 mars 1887, p. 2.

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Gustave Neymark, Combat de Hoff. 6 février 1807, 1887, huile sur toile, 139x200 cm.
En dépôt depuis le 12/12/2003 à l'Ambassade de France (Minsk).

L'année suivante, il peint son tableau La Soupe qui connaît un certain succès et fait la une de la revue La France Illustrée (nº 710. 07/07/1880).

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Gustave Neymark, La Soupe (1888)

Gustave Neymark développe également des activités de dessinateur et d'illustrateur. Il publie ainsi une série de vignettes humoristiques, "Une farce de Jean-Jean" dans la revue Paris illustré. En 1894, il participe à l'ouvrage Contes tout simples de François Coppée.

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"Une farce de Jean-Jean"
Paris illustré, 6e année, nº 30, 28 juillet 1888, p. 14.
François Coppée, Contes tout simples,
Paris, Librairie Alphonse Lemerre, 1894, 159 p.

En mai 1895, il contribue à illustrer le Grand Prix de Paris 1895 dans le quotidien La Presse. C'est au début de l'année suivante que Gustave Neymark, pour des raisons que l'on ignore, quitte Paris pour Marseille, où il embarque à bord du F.M.S Ville-de-la-Ciotat, fait escale à Albany (Australie), le vendredi 3 janvier 1896, en direction de Sydney :

MAIL STEAMERS,
F.M.S. VILLE-DE-LA-CIOTAT.
Albany, SUNDAY.
The French mail steamer Ville-de-la-Ciotat, L. Fiaschi commander, arrrived from Marseilles at halt-past 10 last night. She brings the following saloon passengers:
[...]
For Sydney,- [...] Neymark.


The Australasian, Melbourne, samedi 4 janvier 1896, p. 33.

La presse locale française va consacrer quelques lignes à l'installation de Gustave Neymark à Sydney :

M. Gustave Neymark. — Un peintre français de valeur, M. Gustave Neymark, est arrivé il y a quelques semaines pour se fixer définitivement à Sydney. M. Neymark élève de Bonnat, est peintre de figures et animalier. II a exposé à Paris avec succès, depuis 20 ans au Salon annuel, des tableaux de guerre, de sport et des portraits. Son dernier tableau a été acquis par l'Etat pour le musée de Morlaix qui avait déjà commandé à cet artiste une grande toile qui figure dans la salle d'honneur du 10e Régiment de cuirassiers. M. Neymark également auteur du premier Panorama édifié à Lyon, est lauréat du Salon et a obtenu une médaille d'or à la dernière exposition des Beaux-Arts de Moscou. Egalement illustrateur notre compatriote a collaboré à nombre de journaux illustrés, il fut choisi par François Coppée, Arm. Sylvestre et d'autres auteurs en renom pour orner les derniers volumes de leurs compositions.


Le Courrier Australien, Sydney, samedi 28 mars 1896, p. 3.

Quelque temps après son arrivée en Australie, Gustave Neymark va honorer une commande pour la réalisation d'un panorama sur Le Raid Jameson, un épisode qui s'est déroulé en Afrique du Sud en janvier 1896. Il réalise cette oeuvre avec la complicité de M. Daplyn :

Messrs. Neymark and Daplyn have just finished a large picture, 30ft. bu 12ft. to form part of a diorama, the subject being Jameson's famous ride in South Africa. The scene depicted is a charge of troopers in the face of the fire kept up by the boers is the surrounding hills. The picture will be on view to-day at 42 Margaret-st., Wynyard-square.


The Daily Telegraph, Sydney, jeudi 6 août 1896,  p. 5.

Le cinématographe (1896)

Les conditions dans lesquelles Gustave Neymark va acquérir un appareil de projection de vues animées restent obscures, d'autant plus que les versions divergent. Selon Albert James Périer, c'est lui qui l'aurait fait venir :

lt was not until towards the end of the year 1896 that the kinematograph itself came to Sydney. Three machines for the projection of kinematograph films were landed by three different people in Sydney. Probably the first one to arrive was one imported by Mr Perier himself, in his capacity as manager for Messrs. Baker and Rouse, and Mr G. Neymark. This instrument was a projector manufactured by A.J. Pipon, of Paris. As the whole stock of films sent with it consisted of only 12 subjects, the owners awaited further supplies before making a public exhibition.
[...]
In the meantime the Pipon machine was taken to Melbourne, and a salon was opened in Collins-street.


The Sydney Morning Herald, Sydney, vendredi 9 juin 1922, p. 9.

Pourtant, la presse de l'époque donne une autre version :

At the Mechanics' Institute on Wednesday next the people of Ballarat will have the opportunity of seeing the "Cinematographe Perfectionné," from Paris, which was brought out by M. G. Neymark.


The Ballarat Star, Ballarat, mardi 1er décembre 1896, p. 2.

Quoiqu'il en soit, l'appareil cinématographique est celui pour lequel les frères Alexandre et Jules Pipon, en collaboration avec René Pressecq, ont déposé un brevet et auquel ils donnent le nom de Cinographoscope (Brevet FR 254394 du 2 mars 1896). C'est donc avec cet appareil que des projections vont bien avoir lieu à Melbourne dans un salon ouvert sur la Collins-street, à la fin du mois d'octobre :

OUR MELBOURNE LETTER.
Friday.
The Cinematographe promises to become a scientific parlor game. Already it is being shown at four places in Melbourne — the Princess, the Opera House, the Athenaeum, and on the block in Collins-street. The novelty of this truly marvellous invention is as great as ever, for all four places of exhibition are crowded during this particular "show." And yet there need be little wonder in this when it is remembered that by means of the Cinematographe, the " wonders of the world" may be projected on to a screen in " their very habit as they live." On Monday afternoon I made one of a party who visited Mons. Neymark's Exhibition. Some of the pictures were so movingly realistic as to absolutely excite the spectators. These were "The Steeplechase" in which a horse is seen to rise at a wall, fall and roll over his jockey, who is subsequently carried off the field. In viewing a scene like this very little imagination is required to induce the belief that one is actually on a steeplechase course. So also the pictures of Soudanese diving, "Watering Cavalry Horses" and “Returning from The Course,” are full of life and action. I hear that a clever mechanist is already engaged on a number of minature Cinematographes for home use, so that as I have said, this clever invention is likely ere long to become a parlor amusement.


Ovens and Murray Advertiser, Beechworth, samedi 31 octobre 1896, p. 10.

Les projections ont lieu du 26 octobre au 9 novembre 1896, puis l'appareil est vendu à M. Vanheem qui l'installe à Bendigo à partir du 13 novembre.

Et après... (1896-1925)

Alors qu'il est en train d'exploiter le Cinographoscope, il aurait eu  quelques contacts avec le poète Christopher John Brennan (Haymarket, 01/11/1870-Lewisham, 05/10/1932). Toujours à la même époque, il met en vente certains de ses tableaux à Sydney.

neymark gustave 1896 vente tableaux
The Sydney Morning Herald, Sydney, vendredi 9 octobre 1896, p. 8.

Le séjour en Australie de Gustave Neymark ne va durer que quelques mois. En effet, il embarque pour Yokohama (Japon) en novembre :

DEPARTURES
[...]
For Japan.-The following passengers left by the Yamashiro Maru this afternoon: [...] Mr. G. Neymark.


The Australian Star, Sydney, lundi 23 novembre 1896, p. 6.

La presse australienne oublie par la suite son nom. En 1898, de retour à Paris, Gustave Neymark expose ses oeuvres à l'exposition de l'Association syndicale des peintres et sculpteurs français (galerie des Artistes Modernes). il reste un proche du poète Stéphane Mallarmé (Paris, 18/03/1842-Valvins, 09/09/1899) qui lui avait consacré, quelques années auparavant, un quatrain tourné à partir d'une suscription de la lettre qu'il lui transmet :

Parti de mon parc,
Ce message vise
Gustave Neymarck,
Douze, cité Trévise.


L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, 27 janvier 1899, p. 2.

Il décède en janvier 1925 et est inhumé au cimetière Montmartre :

Les obsèques de M. Gustave Neymark, artiste peintre, 18, rue des Gâtines, auront lieu le 22 janvier. Réunion à 9 h 45 porte principale du cimetière Montmartre. Le présent avis tient lieu de faire-part.


Le Matin, Paris, mercredi 21 janvier 1925, p. 2.

Sources

MARTIN Jules, Nos peintres et sculpteurs, graveurs, dessinateurs, Paris, Flammarion, 1897, 398 p.

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