ARRAS

Jean-Claude SEGUIN

Arras, chef-lieu du Pas-de-Calais (France), compte 27.000 habitants (1894).

1896

Le cinématographe (Rue Poitevin/Café Massy (8 -13 juillet 1896)

Au début du mois de juillet, un cinématographe s'installe au café Massy:

Nous apprenons que la Société Parisienne des Photographies Animées est en ce moment représentée dans notre ville et qu'elle doit y donner quelques séances. Nous ferons connaître à nos lecteurs l'heure et le lieu des expériences, lrès probablement l'une des nouvelles salles du café Massy, qui serait ouverte dès aujourd'hui au public.


L'Avenir d'Arras et du Pas-de-Calais, Arras, 7 juillet 1896.

Les journalistes sont invités à découvrir le cinématographe:

La Société Parisienne des Photographies animées dont nous avons annoncé l'arrivée dans notre ville, est installée depuis ce matin dans l'une des salles du café Massy. Les représentants de cette Société ont eu l'amabilité d'inviter les membres de la presse à l'une de leurs séances. A 11 h, nous nous sommes rendu à l'une de ces représentations spéciales et nous en sommes sorti tout à fait ravi. Les scènes les plus variées et à la fois les plus charmantes nous ont été mises sous les yeux. C'est réellement l'illusion complète de la vie et du mouvement. Les personnages sont représentés en grandeur naturelle. L'imitation est parfaite. Les résultats obtenus par la Société parisienne sont merveilleux et nos concitoyens voudront tous, nous en sommes sûr, s'en rendre compte de visu. Notons particulièrement les scènes ci-après : "Danse nègre", "Chez le dentiste", "Arrivée d'un train en gare", "Combat de coqs, "Exécution de Mary Stuart", "Sauvetage dans un incendie", "Madame Sans-Gêne", etc., etc. Séances chaque jour de 4 h à 6 h du soir et de 8 h 1/2 à 11 h 1/2 toutes les demi-heures. Prix d'entrée : 50 c. Réduction pour les militaires. Une entrée particulière est réservée par la rue de la Poste.


La Dépêche, Lille, 9 juillet 1896.

Un autre journal complète l'information:

Plusieurs séances de la Société Parisienne des Photographies Animées, en ce moment de passage à Arras, ont eu lieu depuis hier, dans une des dépendances du café
Massy, en présence d'un public qu'elles ont vivement intéressé. Malgré les tâtonnements inséparnbles du début et aussi d'un appareil dont le perfectionnement n'a pas dit son dernier mot, ces expériences sont des plus curieuses et elles méritent une visite que nous conseillons vivement à nos lecteurs et lectrices. Parmi les numéros les plus réussis citons : "Chez le dentiste", l"'Arrivée d'un train", "Danse nègre", etc. Tous donnent d'ailleurs l'impression du mouvement, de la vie, et en attendant que cette nouvelle découverte d'Edison soit entrée dans la période des applications industrielles, elle constitue un spectacle des plus curieux, et, cela va sans dire, inédit. Dont avis aux amateurs.


L'Avenir d'Arras et du Pas-de-Calais, Arras, 9 juillet 1896.

Le cinématographe - qui n'est pas un Lumière car les vues appartiennent à d'autres catalogues - suscite l'intérêt de la presse:

Arras possède maintenant le Cinématographe Lumière et la Société Parisienne vient de s'installer dans nos murs, au café Massy, dans une salle indépendante et où l'on pénètre par la rue Poitevin. Par une délicate attention de cette société, les membres de la presse ont été invités à une séance privée, mercredi à 11 h du matin. Nous nous y sommes rendu et nous en sommes sorti complètementenchanté. Les sujets présentés donnent l'illusion de la vie et à part la teinte grisâtre qui distingue la photographie on croirait assister à des scènes réelles. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les personnages ne sont pas représentés en grandeur naturelle, mais l'imitation est parfaite. Dans cette séance, on a déroulé devant nos yeux : "Une scène chez un dentiste", très amusante, une "Danse nègre", l"'Arrivée d'un train en gare", un vrai "Combat de coqs", l"'Exéculion de Marie Stuart", un "Sauvetage dans un incendie", une "Danse écossaise", "Madame Sans-Gêne", etc., etc. Tout était parfait et nous engageons vivement nos lecteurs à se rendre compte par eux-mêmes de ce que sont les photographies animées.


La Dépêche, Lille, 10 juillet 1896.

Un accident interrompt brièvement les séances:

Les séances, interrompues hier par un fàcheux accident (la lentille de la lampe oxy-éiliérique avait éclaté) reprendront dès ce soir.


L'Avenir d'Arras et du Pas-de-Calais, Arras, 11 juillet 1896.

Les séances sont annoncées  jusqu'au 13 juillet:

Séances tous les jours de 4 h à 6 h., et de 8 h 1/2 à 11 h 1/2 ; toutes les demi-heures. Entrée par la rue de la Poste. Prix d'entrée 50 c. Réduction pour les militaires.


L'Avenir d'Arras et du Pas-de-Calais, Arras, 12-13 juillet 1896.

Le Cinématographe d'Henri Botex (Rue Saint-Aubert, 15 octobre-1er novembre 1896)

Henri Botex, photographe, installe rue Saint-Aubert au milieu du mois d'octobre:

Des expériences de photographies animées (cinématographe) auront lieu à Arras à partir de jeudi prochain à 6h du soir, dans l'ancien café Joseph, rue Saint-Aubert. Ces expériences, faites par un photographe de talent, M. Botex, ex-opérateur des premières maisons de Paris, promettent d'être très intéressantes et nous les recommandons à nos lecteurs.Le prix d'entrée est de 50 c.


L'Avenir d'Arras et du Pas-de-Calais, Arras, mercredi 14 octobre 1896.

L'inauguration a lieu le 15 octobre: 

M. Botex a commencé hier ses expériences de cinématographe et de "machine parlante", expériences qu'il poursuivra tous les soirs à partir de 6 h. Du cinématographe, nous dirons que les sujets presenres par M. Botex sont des plus intéressants et que l'appareil qu'il manie avec une rare habileté est de beaucoup supérieur, en ses résultats, à ce que nous avons vu jusqu'ici dans ce genre à Arras. Quant à la "machine parlante", c'est absolument merveilleux. La "machine parlante", on le pense bien, est une application du phonographe ; mais une application infiniment perfectionnée. C'est ainsi, par exemple, que l'auditeur n'a plus à subir l'inconvénient de ces deux désagréables cornets qu'il fallait s'appliquer aux oreilles ; ainsi également que les sons (paroles, musique vocale et instrumentale) enregistrés par la machine, peuvent être distinctement entendus de toute une salle, tout comme si l'orateur, le chanteur, l'instrumentiste étaient réellement là. Pour notre part,nous venons d'assister aux expériences arlanLe" ; elles nous ont émerveillés et nous n'hésitons pas à inviter nos lecteurs à assister aux séances qui en seront données.


L'Avenir d'Arras et du Pas-de-Calais, Arras, samedi 17 octobre 1896.

Les séances rencontrent le succès:

Le grand succès obtenu, hier dimanche, par les photographies animées et la machine parlante a décidé l'administration à donner une dernière et irrévocable série de séances dimanche prochain 1 novembre. Séances à 2, 3, 4, 5, 6, 8 et 9 h du soir.


L'Avenir d'Arras et du Pas-de-Calais, Arras, mardi 27 octobre 1896.

 

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