Louis HUET

(1866-)  

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Henri, Louis Huet (1866-)

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Les origines (1866-1904)

En 1892, Henri-Louis Huet rachète un fonds de commerce d'optique jusqu'alors propriété de François, Alphonse Clermont. Dès 1898, il dépose plusieurs brevets pour des instruments optiques: "Improvements in Optical instruments" (GB 189714102A du 09/04/1898); Improvements in Optical instuments (GB 189730925A DU 17/12/1898), Improvements in Binoculars, Telescopes, and other Optical instruments... (GB 189809805A du 04/03/1899). Il se fait connaître grâce à ses jumelles.

huet jumelles
La revue des revues, vol. XX, 1897, p. 154.

Dès 1900, il déversifie ses activités de recherche, et s'intéresse au phonographe et au cinématographe: "Système de phonographe à ruban applicable à volonté a tous les appareils donnant des vues animées ou non" (FR 296.753 du 01/02/1900); Dispositif permettant d'obtenir une image fixe d'un cliché, d'une gravure, d'un objet mobile, et ses différentes applications (FR 294.714 du 27/11/99 ). À l'occasion de l'Exposition universelle, il présente un appareil cinématographique familial, le diocinescope, puis, à partir de 1903, le diocinescope-audiphone automatique avec "déclanchement monétaire".

huet diocinescope huet diocinescope publicité
Diocinescope (c. 1900) Publicité pour le Diocinescope

Il dépose un nouveau brevet pour un "Système d'appareil permettant de photographier et de projeter des vues animées." (FR 330.384 du 18/03/1903) 

Société Anonyme du Cinématographe Automobile (1905-1908)

Le Cinématographe automobile se constitue en société au début de l'année 1905. La société est installé 19, boulevard Malesherbes, chez le banquier-cambiste Alfred Bréart, et parmi ses actionnaires les plus importants Louis, Henri Huet et Charles Louis. Il faut également y ajouter l'inventeur Auguste Baron et, peut-être aussi, Henri Joly. De son côté, François Dussaud va céder son invention à nouvelle Société :

M. Dussaud Charles François, ingénieur, chevalier de la Légion d'Honneur, ingénieur-conseil de la Compagnie Générale des Anciens Établissements Pathé frères cède à la société qui accepte, pendant toute sa durée le monopole de l'exploitation eet de la vente en France du Dussaudscope tel qu'il fonctionne depuis plusieurs mois au Petit Journal, 21 rue Cadet à Paris. Le Dussaudscope n'ayant fait l'objet d'aucun brevet ni marque, la société du Cinématogrpahe Automobile s'engage à exécuter le présnt contrat dans tous les cas où des objets du type dussaudscope seraient exploités ou vendus par tout autre tiers.
Monsieur Dussaud consent à rétrocéder à la société du Cinématographe Automobile les locaux sis à Paris, 31 boulevard des Italiens [...] Ce mobilier se trouvant dans lesdits locaux consiste en : tableaux en bois peint a l'extérieur sur le boulevard, caisse pour la caissière à l'entrée, 72 chaises en bois, deux loges, un écran de projections, un lustre, un fourneau Kern, une caisse suppportant la cabine, une cabine démontable, le tout dans la salle. Dans la cabine se trouvent : un poste Pathé complet, un tableau de distribution, une corbeille à recevoir les films, sept bobines à films [...] Ce mobilier restera la propriété exclusive de Monsieur Dussaud.


Bibliothèque Publique et Universitaire, Genève, 1994/32, dossier nº 12, contrat du 1er mars 1905, entre la Société du Cinématographe Automobile et François Dussaud. Cité dans Frauenfelder, 2005, 31. 

dussaud le cinematographe automobile
"Le Cinématographe Automobile"
L'Auto-vélo, Paris, 14 février 1905, p. 3.

Une présentation a lieu à Paris, orchestrée par Dussaud lui-même dont voici le compte rendu:

Le Cinématographe Automobile
La Société du 'Cinématographe Automobile' nous conviait hier après-midi à "une heure de projections".
"Elles auront lieu, disait l'invitation formulée par M. F. Dussaud inventeur d'un nouveau procédé cinématographique, dans la salle des fêtes du Petit Journal."
Et, de fait, vers 5 heures, une foule des plus select se réunissait là-même où, il y a quelques mois, nous avions entendu M. le comte de Montebello tonitruer avec juste raison contre l'administration des Téléphones et jeter les bases de sa fameuse ligue.
Tandis que s'éteignent peu à peu les lustres électriques, un orchestre invisible module d'exquises variations évocatrices des doléances du chevalier Des Grieux, tandis que le jeu combiné des projections multicolores nous "conte" — peut-on le dire ? — le Petit Poucet, par Perrault, qu'aurait illustré un Gustave Doré moderne!
De sanglotants trémolos à l'orchestre font prévoir un drame : c'est en effet une périlleuse ascension de ballon surpris par un orage, et dont les passagers tombent à la mer...
Les amis de Jacques Faure en frémissent — rétrospectivement !
Les aéronautes sont sauvés, comme vous pensez, au dernier tableau ; puis d'exotiques leit-motives accompagnent un enlèvement de jeune fille au Mexique.
Voici une chasse au sanglier : amazones, habits rouges (vous ai-je dit que le cinématographe est en couleur ?), hallali, harmonie imitative, sons de cor au fond des bois, etc.
Tandis que s'achève le mirifique défilé des projections particulièrement artistiques dues aux nouveaux procédés de M. F. Dussaud, au cours desquelles on applaudit le ballet des, abeilles, les fontaines lumineuses, les sœurs Barrisson (!), Amphitrite et la Loïe Fuller ! enfin, un splendide feu d'artifice, nous obtenons de M. Bréard, administrateur de la société, quelques explications complémentaires sur cette raison sociale imprévue faite de deux mots ultra-modernes : cinématographe, automobile.
Le cinématographe automobile se compose essentiellement. d'une voiture mue par un moteur à explosion de force suffisante pour parcourir à bonne allure toutes les routes de France.
Sur la grande place des villes, comme jadis le char doré sur tranches du charlatan et du marchand d'orviétan, le Cinématographe Automobile offrira aux populations reconnaissantes l'intéressant spectacle qui nous charma hier.
Les panneaux de la voiture - quart de panneau, demi-panneau, voire meme panneau entier — seront affermés pour la publicité diurne, nocturne aussi, puisque, grâce à un ingénieux dispositif, la lumière électrique les illumine.
Enfin au ras du châssis, moyennant la modique somme de 0 fr. 10, on pourra contempler dans d'ingénieux vérascopes, les scènes les plus amusantes de la vie parisienne cinématographique.
A 6 heures, les lustres qui soudain, resplendissent, nous signifient la fin de la séance.
Salutations, félicitations, babillages féminins, papotages, éloges, tandis qu'un vieux philosophe maugrée en endossant son pardessus:
"Jadis, lorsque s'allumaient les quinquets, c'était l'annonce du spectacle. Aujourd'hui, s'ils s'éteignent c'est que l'on commence, et quand les lumières brillent... tout est fini !"
Un signe des temps, vieux philosophe.
Pierre Souvestre.
"Le Cinématographe Automobile", L'Auto-vélo, Paris, 14 février 1905, p. 3.

Il semble pourtant qu'une fois le contrat signé, le rôle de Dussaud dans la société semble parfaitement annexe. D'ailleurs, en 1906, Louis, Henri Huet devient l'un des principaux responsables du Cinématographe Automobile

Société du Cinématographe automobile
À l'assemblée des actionnaires, le 29 juin, à l'usine de la société, 4,043 actions sur les 8,000 composant le capital social étaient représentées.
Les comptes ont été approuvés et l'assemblée a autorisé le conseil à répartir un dividende de 4% sur les résultats de l'exercice en cours.
MM. Louis Huet et Charles Louis, deux des plus forts actionnaires, ont été nommés administrateurs de la société.
Le procès-verbal de la séance ne donne pas de renseignements sur l'inscription à la cote du marché en banque des actions de la société.


Le Petit Journal, Paris, 9 juillet 1906, p. 5.

 societe du cinematographe automobile action
Société du Cinématographe Automobile
Action de Cent francs au porteur

En 1906, Louis Huet dépose à nouveau trois brevets relatifs au cinématographe: "Appareil photographique portatif, permettant la prise et la reproduction de vues animées." (FR 365.183 du 12/04/1906); "Appareil cinématographique." (FR 366.946 du 7/06/1906); "Dispositif de transmission de mouvement pour appareils destinés à la prise ou à la reproduction de vues animées." (FR 383.289 du 31/12/1906).

C'est le 20 novembre 1907 que l'établissement d'optique est transformé en une Société en commandite par actions au capital de 800.000 francs divisé en 8.000 actions de 100 francs chacune, sous la raison sociales:  "Anciens Établissements Clermont-Huet, Huet et Cie, successeurs.". Au cours des années 1909-1910, Huet dépose deux nouveaux brevets: "Mécanisme d’entraînement pour appareils cinématographiques à disques." (FR 415.144 du 5/07/1909), "Appareil photographique pour la prise de vues animées" (FR 430.674 du 18/08/1910). Ce dernier est commercialisé sous le nom de Cinéphote. La Société en commandite est transformée (29 décembre 1911) en Société anonyme et Louis Huet est nommé directeur pour vingt ans, poste dont il démissionne (7 décembre 1912). En janvier 1913, la société prend le nom de "Société anonyme des anciens établissements Huet et Cie et Jumelles Flammarion, Société générale d'optique".

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