Lolotte 

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Lolotte

La scène représente une chambre d'hôtel.
Entrée d'une gentille petite femme souriante et de son mari furieux accompagnés du patron de l'hôtel qui les installe puis sort.
Le Mari (d'une voix courroucée). — « Dire que nous avons manqué le dernier train… de cinq secondes ! Me voilà « propre » ! Comment pourrais-je être au bureau, demain… à 9 heures ? »
Lolotte (accorte, caressante, enchantée). — « Ne t'en fais pas, chéri ! Il fait beau…, il fait bon…, l'air est embaumé… À plus tard les soucis ! »
(Elle regarde par la fenêtre ouverte ; lui se couche).
Le mari (sévèrement). — « Allons, Lolotte ! Viens te coucher ! »
Lolotte. — « Regarde : des étoiles filantes… ! »
Le mari (avec impatience). — « Allons Lolotte ! Viens te coucher ! »
La petite Lolotte se décide à obéir. (Rien d'indécent, un maillot sous la chemise). À peine est-elle au lit qu'on entend une musique militaire passer. (Musique et bruits de pas).
Lolotte (sautant à bas du lit). — « Les soldats !… Viens voir les soldats ! »
Le mari (frappant sur l'oreiller). — « Ah zut !… »
La musique militaire s'éloigne (on l'aurait cru).
Le mari (résigné). — « Allons Lolotte, viens te coucher ! »
La jeune femme attend un instant, puis vient à regret se recoucher.
À peine cet-elle allongée qu'un rossignol se fait entendre (le célèbre imitateur Bergeret, du « Casino de Paris »). Lolotte se relève et court à la fenêtre :
Lolotte. — « Oh ! viens le voir !… Il est là… pas sauvage ! »
Exaspéré, le mari se lève et veut forcer sa femme à se coucher. Dispute, gestes regrettables ; il jette quelque chose par la fenêtre (la pendule), casse la cuvette… bruits divers — un temps — on frappe…
Lolotte (sautant du lit). — « Voilà ! tu fais du scandale !… On vient ! »
Elle ouvre ; entre, en bonnet de nuit et le bougeoir à la main, le patron.
Le patron. — « Eh bien ! Vous en faites du bruit ! Vous empêchez les autres de dormir… Il est au moins (pas de pendule sur la cheminée)… Qu'avez-vous fait de la pendule ? »
Le mari (furieux). — « Votre pendule, tenez la voilà ! » (Il désigne un coin du ciel. Le patron se penche pour voir mais le furieux le prend par les jambes et le précipite par la fenêtre !… Stupeur de Lolotte… On entend crier faiblement : « À l'assassin ! »
Lolotte (effrayée). — « Comment malheureux, tu as jeté le patron de l'hôtel par la fenêtre » (affolée) « Sauvons-nous ! » A demi-habillés, portant en paquet le reste de leurs vêtements, ils s'enfuient."


 La vérité sur l'invention du film photophone ", Le Nouvel Art Cinématographique, nº 5 (2e série), janvier 1930, p. 52-53.

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1 Joly-Normandin  
2 Ernest Normandin Henri Joly (le patron), Bergeret (imitateur)
3 1900  
4 France, Paris  

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