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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

SAINT-ÉTIENNE

Jean-Claude SEGUIN

Saint-Étienne, chef lieu du département de la Loire (France), compte 130 000 habitants (1894)

1896

Le Cinématographe Lumière (Société Stéphanoise de Photographie, 25 avril 1896)

C'est sous les auspices de la Société Stéphanoise de Photographie que les Stéphanois vont sans doute découvrir le cinématographe Lumière, dans la salle des fêtes de l'Hôtel-de-Ville, à l'issue d'une conférence sur la photographie :

Société Stéphanoise de photographie. — On nous annonce qu’une grande soirée sera donnée samedi prochain, à 8 h. 1/2, sous les auspices de la Société Stéphanoise de photographie, dans la salle des fêtes de l’Hôtel-de-Ville.
M. le docteur Barral, professeur agrégé de la Faculté de Médecine de Lyon, a bien voulu accepter de venir faire une conférence à la fois populaire et scientifique, sur la photographie et les découvertes les plus récentes dont il doit renouveler les expériences curieuses qui ont eu récemment un si grand retentissement.
A elle seule, cette conférence serait déjà une attraction de premier ordre et incontestable. Le caractère et le savoir du professeur éminent qui doit parler sont un gage certain de succès. Avec le cinématographe lumière, qui doit compléter et animer cette séance, quel spectacle incomparable, et quelle bonne fortune pour nous !
Les quelques rares privilégiés qui ont pu contempler les scènes animées projetées à Lyon et à Paris par le cinématographe, ne tarissent pas d’éloges quand ils racontent ce qu’il leur a été donné de voir et avivent le désir de ceux qui en entendent vanter les merveilles et ne sauvaient s'en rendre compte par un simple récit.
Tout le monde assurément voudra voir le cinématographe ; mais tout le monde ne pourra être admis.
Bien que les places, en effet, soient à la portée de toutes les bourses, la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville ne sera pas assez vaste pour satisfaire la curiosité de tous ceux qui voudront entrer.
Nous sommes persuadés que les billets seront vite enlevés et nous ne saurions trop engager à se hâter pour s’en procurer.
On en trouvera dans les bureaux de l’Agence Fournier, rue Sainte-Catherine, mais il faudra se hâter. Prix : Premières, 5 fr. ; Secondes, 3 fr  ; Troisièmes, 2 fr.
Nous publierons ultérieurement le programme de cette soirée qui n’est pas encore entièrement arrêté. Qu’il nous suffise pour le moment de dire qu'il y aura des surprises et que la Musique Militaire sera probablement conviée à rehausser de son concours cette fêle déjà si attrayante.


Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Etienne, mercredi 22 avril 1896, p. 2

Malgré la longueur de l'article, nous ne disposons pas réellement d'information sur le programme des films proposés. En revanche, nous savons que l'agence Fournier est concessionnaire de la maison Lumière pour plusieurs villes autour de Lyon dont Saint-Étienne. Heureusement quelques jours plus tard, la presse locale propose le programme complet de la soirée du 25 avril :

Société de photographie. — Voici le programme de la soirée que donnera ce soir à 8 heures et demie, la Société de photographie de Saint-Etienne avec le concours de la musique du 38e régiment d'infanterie :
a. La Marseillaise ;
b. Poète et paysan, ouverture, par la musique militaire ;
Conférence par M. le docteur Barral, professeur agrégé de la faculté de médecine de Lyon, sur quelques découvertes de photographie : De la photographie à travers les corps opaque ; de la photographie des couleurs ; de la photographie du mouvement.
L’Etoile du Nord, fantaisie (Meyerbeer), par la musique militaire ;
Projections diverses et photographie totale de la salle par l’éclair magnésique.
Cinématographe Lumière avec scènes animées : Le repas de Bébé ; Bateau parisien ; Le marché à La Ciotat ; Place des Cordeliers, à Lyon ; Le Cantonnier ; La pêche aux sardines ; Une partie d’écarté ; Démolition d’un mur ; Gros temps en mer ; Barque sortant du port.
Fleurs d'automne, suite de valse (Dureau). — Ballets égyptiens, intercalés dans Aïda (A. Luigini). — Carmen, marche (Bizet) par la musique militaire.


Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, samedi 25 avril 1896, p. 2.

Le compte rendu de la soirée met l'accent plus sur le programme et les projections que sur la conférence qui a été sans doute trop scientifique pour le public :

La cinématographie
Un beau succès pour la Société stéphanoise de photographie que la soirée donnée par elle, hier, dans la grande salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville.
Assistance nombreuse et select, aussi M. Gillet et les autres organisateurs étaient-ils rayonnants de satisfaction.
Tout, d'ailleurs, a marché à merveille; la conférence —un peu trop scientifique du docteur Barral — aura bien peut-être paru un peu longue aux jeunes dames et aux demoiselles, que la différence qui existe entre les rayons cathodiques et les rayons X de Rœntgen n'intéresse assurément que d'une façon toute relative. Elles ne doivent aussi que très peu se passionner pour les principes sur lesquels repose la magnifique découverte de Lippman, la photographie des conteurs.
Enfin, cette partie ardue du programme prend fin: quelques projections d'épreuves photographiques à travers les corps opaques commencent à les distraire; l'excellente musique du 38e achève de rendre à leurs beaux yeux tout leur éclat et l'appareil des fils Lumière n'avait plus qu'à les faire sourire.
Il n'y a pas manqué: dès le premier tableau, le Repas de Bébé, toute la salle était conquise. Est-elle gracieuse, d'ailleurs, cette petite scène de famille… et bien vraie !
Le Bateau parisien avec les vagues qu'il soulève, la place des Cordeliers à Lyon, avec son tramway qui arrive et disparaît, le Cantonnier grincheux, qui ne reprend sa lance qu'après avoir corrigé l'intrus; tout a soulevé les éclats de rire de la salle et fait regretter que ce fût déjà fini avec… le cinématographe ! En somme, soirée charmante, nous le répétons, et bonne œuvre aussi, car les pauvres n'y ont pas été oubliés.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, lundi 27 avril 1896, p. 2.

Le Cinématographe Lumière (Passage Sainte-Catherine, 30 avril-20 juillet 1896)

Le Cinématographe Lumière va s'installer pendant presque trois mois dans le passage Sainte-Cathérine. La première séance a lieu le 30 avril :

La photographie Animée par le Cinématographe Lumière.- A partir du 30 avril, tous les jours de 2 heures à 10 heures du soir. Les dimanches et fêtes, de 10 heures du malin à 10 heures du soir. Passage Sainte-Catherine. Prix d'entrée : 50 centimes.


La Loire républicaine, Saint-Étienne, 30 avril 1896.

La presse est globalement assez discrète sur le cinématographe. Si l'on laisse de côté les longs articles à visée plus ou moins scientifiques sur l'appareil et son fonctionnement comme celui que publie La Loire républicaine le 2 mai 1896, on ne trouve que de rares références aux projections stéphanoises

saint etienne 1896 cinematographe lumiere
Le Salut public, Lyon, jeudi soir 11 juin 1896, p. 3.

La dernière mention est publiée dans La Loire républicaine le 20 juillet 1896.

Répertoire (autres titres): Place des Cordeliers à Lyon, Barque sortant du port, Démolition d'un mur, Marché à La Ciotat, Bateau parisien, Pêche aux sardines, Repas de bébé, Arrivé du train en gare, Cantonnier, Partie d'écarté (La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 2 mai 1896), Jeux de boules, Chapeaux, Débarquement, Le photographe, Arrivée d'un train militaire (La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 16 mai 1896), Charcuterie marseillaise (La Loire républicaine, Saint-Étienne, vendredi 29 mai 1896), Bateau parisien, Saut à la couverte (La Loire républicaine, Saint-Étienne, lundi 1er juin 1896), Aquarium, Maréchal-ferrant, Querelle enfantine (La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 6 juin 1896), Maréchal-ferrant, Démolition d'un mur, Querelle enfantine, Aquarium, L'Arrivée du train en gare, la baignade en mer; le débarquement, barque sortant du port; gros temps en mer (Le Salut public, Lyon, jeudi soir 11 juin 1896, p. 3), Concours en voitures automobiles, La vieille garde, Usine Lumière (La Loire républicaine, Saint-Étienne, jeudi 18 juin 1896), Exercice du sabre, Chèvres du parc (La Loire républicaine, Saint-Étienne, vendredi 19 juin 1896), Budapest, rue Andrasy, Cuirassiers: la mêlée, Cuirassiers: au fourrage, Cyclistes et cavaliers, Courses de Lyon, Budapest, pont suspendu (La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 27 juin 1896), Charge de cuirassiers, Cuirassiers: défilé par escadrons, Départ en voiture, Voltige, Hyde Park (La Loire républicaine, Saint-Étienne, mercredi 8 juillet 1896), Fêtes du couronnement du tsar: Empereur et impératrice se rendant au sacre, Tsar et tsarine après le sacre, Mme la comtesse de Montebello et le général de Boisdeffre sortant du Kremlin, Chefs asiatiques, Députations asiatiques, Attelage de gala. Budapest, Danse aux bivouacs, Concours de bébés (La Loire républicaine, Saint-Étienne, dimanche 12 juillet 1896).

Le Cinographoscope (28 rue Gambetta, 18 juillet-3 août 1896)

En juillet, un appareil cinématographique, le Cinographoscope présente des vues animées :

Samedi 18 juillet à 7 h du soir, ouverture du plus grand succès du jour, la photographie animée par le cinographoscope, rue Gambetta, 28. Ouvert tous les jours de 8 h à 10 h du soir, dimanches et fêtes de 8 h du matin à minuit. Changement de vues tous les 8 jours.


La Loire républicaine, Loire, samedi 18 juillet 1896. 

Peu après, Le Stéphanois publie un compte rendu :

Photographie animée
Nous avons visité hier le Cinégraphoscope installé rue Gambetta, à l'angle de la rue de la Tour-Varan, et nous en sommes sorti véritablement émerveillé.
Rien de plus extraordinaire que cette reproduction exacte de la vie. On n'est plus en face de l'image unique et immobile d'une scène. Là, les personnages se meuvent, marchent, courent; les voitures défilent avec une rapidité vertigineuse, etc.
Il y a surtout l'arrivée d'un train en gare, qui est une petite merveille. A citer aussi la partie de cartes.
Prochainement la direction de ce curieux spectacle donnera, par le même procédé, des vues stéphanoises.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, lundi 20 juillet 1896, p. 2

La dernière annonce est publiée le 3 août :

Spectacles et Concerts
La photographie animée par le cinographoscope, ouvert tous les jours de 2 heures à 10 heures du soir. Dimanches et fêtes de 8 heures du matin à minuit, rue Gambetta, 28, changement de vues tous les 8 jours.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, lundi 3 août 1896, p. 3.

*L'Aléthorama (13 rue de Paris, 11 août 1896)

Gaston Rousseau et Paul Mortier organisent une séance dans la Salle des Nouveautés artistiques et industrielles pour présenter les rayon X. En revanche, il n'est question de l'aléthorama que comme un appareil encore à perfectionner :

Les rayons X.
M G. Chéri Rousseau, fidèle aux traditions de sa maison, suit avec un soin jaloux tous les progrès de son art : les rayons X qui permettent de photographier l'invisible, et le cinématographe qui reproduit, au moyen d'une série de clichés photographiques, le mouvement des personnages enregistré par l'objectif, ne pouvaient le laisser indifférent.
De concert avec notre savant électricien M. Mortier, M. Chéri-Rousseau a eu l'excellente idée d'organiser au n°13 de la rue de Paris un cabinet de physique, où le public, pour une somme très modique, pourra venir s'initier aux progrès de la science nouvelle.
C'est aux premières expériences de ce cabinet mystérieux que MM. Rousseau et Mortier avaient convié hier un petit comité spécial et auxquelles il nous a été donné d'assister avec nos confrères de la presse stéphanoise.
[...] Quant au cinématographe, on dit merveille du nouveau que vient d'inventer M. Mortier et qu'il a appelé l'Aléthorama, mais auquel il est en train d'apporter un dernier perfectionnement On parle surtout d'un "pêcheur à l'épervier" dont tous les mouvements sont rendus avec une fidélité étonnante. Mais ne le déflorons pas !...
Inutile d'ajouter que l'art ne pouvait être négligé là où M. Chéri-Rousseau mettait la main. Aussi a-t-il justifié le nom de Salle des Nouveautés artistiques et industrielles qu'il a donné à son nouveau salon de la rue de Paris, en y exposant de vrais petits chefs-d'œuvre.
[...]
Tant de science et tant d'art réunis justifient le succès et, sans poser au prophète, nous le prédisons très grand à MM. Gaston Rousseau et Paul Mortier.
Ce ne sera que justice.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, 12 août 1896, p. 2-3. 

Le Cinématographe (Passage Sainte-Catherine, 11 novembre-31 décembre 1896) → 1897

Dans les premiers jours de novembre, un cinématographe est annoncé dans la presse :

Demain aura lieu, passage Sainte-Catherine, l'ouverture du nouveau cinématographe perfectionné. On en dit merveille.


La Loire républicaine, samedi 7 novembre 1896.

Un autre journal évoque également l'ouverture imminente du cinématographe :

Le Cenématographe [sic]
On nous annonce pour ce soir samedi, l'ouverture d'un nouveau cenématographe perfectionné, passage Sainte Catherine.
On dit le plus grand bien de cette nouvelle installation, qui sera visible tous les jours de 2 heures à 10 heures du soir.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 8 novembre 1896, , p. 2.

Finalement l'inauguration est repoussée de quelques jours :

Le Cinématographe
L'ouverture du Cinématographe perfectionné (passage Sainte-Catherine) fixée pour le 8 novembre, a été faute d'installation complète retardée de quelques jours. Une affiche spéciale en avertira le public.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, mardi 10 novembre 1896, p. 2.

Le programme est annoncé deux jours plus tard :

Le Cinématographe
L'ouverture définitive est fixée à ce soir, mercredi 11 courant.
Voici à titre de renseignements, les vues projetées :
Le tsar aux Champs-Elysées ; la leçon de bicyclette ; l'arrivée d'un train ; les enfants au Jardin d'acclimatation ; un chargement de décombres ; le forgeron ; le ballet de Li-Hung Tchang ; l'ivrogne au cabaret ; le bain d'une mondaine.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, jeudi 12 novembre 1896, p. 2.

Dans les jours suivants, un programme assez semblable est publié par le même quotidien. Ce journal propose un article un peu plus étoffé sur le cinématographe :

Le Cinématographe
Qu'il est loin le temps où, pour se récréer, tout enfants, on nous conduisait voir la lanterne magique. La photographie a fait des progrès depuis et les vulgaires images que projetait à grand'-peine une lampe fumeuse sont remplacés maintenant par des vues animées de grandeur naturelle, émises par un puissant appareil électrique. L'illusion des sens est complète, et l'on s'attend toujours à entendre parler les sujets, mais cela viendra, n'en doutons pas.
En attendant, l'aimable directeur du Cinématographe a réalisé, comme perfection, le dernier mot du progrès ; la puissance de l'appareil, l'heureux choix des sujets, et enfin le confortable aménagement de l'ancien Caveau Stéphanois, qu'il occupe, font de ce spectacle le plus agréable passe-temps.
Tous les tableaux mériteraient une description détaillée ; mais alors, où serait la surprise ? Nous signalerons cependant : l'Arrestation de l'Ivrogne, l'Arrivée du Train, et le Bain de Madame, comme particulièrement réussis.
Ajoutons, pour terminer, que l'entrée est fixée, pour le dimanche, à 25 centimes seulement.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, lundi 23 novembre 1896, p. 2. 

Les séances se prolongent jusqu'à la fin de l'année.

Répertoire (autres titres): L'Ivrogne, Les Enfants aux Bois, La Sortie de l'Eglise (Le Stéphanois, Saint-Étienne, samedi 14 novembre 1896, p. 3), L'Ivrogne au Cabaret (Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 15 novembre 1896, p. 3), Mondaine au bain (Le Stéphanois, Saint-Étienne, jeudi 26 novembre 1896, p. 3), Les plongeurs soudanais, Le déshabillé de la mariée, La soupe de la caserne, Les trois farceurs, L'arroseur arrosé, Les quadrilles des gommeux (Le Stéphanois, Saint-Étienne, mercredi 23 décembre 1896, p. 3), L'Ivrogne au comptoir (Le Stéphanois, Saint-Étienne, vendredi 25 décembre 1896, p. 2).

→ 1897

 

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