Jules Robert GARNIER

(Sèvres, 1883-Condeau, 1958)

Jean-Claude SEGUIN 

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Arsène, Jules Garnier (Paris, 22/01/1847-Paris, 25/12/1889) épouse Joséphine, Henriette Potier ([1855]-03/06/1905). Descendance :

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Fils du peintre Arsène, Jules Garnier, élève de Jean-Léon Gérôme, Jules Robert Garnier exerce déjà la profession de peintre décorateur de théâtre dès l'année 1900:

J'étais d'abord décorateur de théâtre dans un atelier qui s'appelait Amable et c'était en 1900. Mais au bout de quelque temps, ça ne marchait plus très bien.


CRH44-B2. Fonds Commission de Recherche Historique. Cinémathèque française.

L'atelier est dirigé par Amable Delphin Petit (Rouen, 27/02/1846-) qui travaille pour l'Opéra et pour de nombreux autres salles parisiennes. Jules Robert est incorporé au 106e régiment d'infanterie au Camp de Châlons à compter du 14 novembre 1904. Il est envoyé en disponibilité le 23 septembre 1905.

Chez Gaumont (1905-1938)

C'est peu de temps après qu'il va rentrer chez Gaumont :

Alors un jour, j'ai été voir Amar qui n'avait pas été très gentil et, sur mon chemin, j' ai rencontré Meynessier qui me demande "qu'est-ce que tu fais ?" Je dis "rien". "Viens me voir." Le lendemain, j'ai été chez lui. Il m'a pris au pair tout de suite. La première parole que m'a dite le patron "C'est pour le moment..." J 'ai dit "bon, on verra". J'y suis resté 32 ans. Mais c'est pas ce que j'ai fait de mieux.


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À cette époque, Louis Feuillade et Henri Menessier travaillent déjà au Comptoir depuis le début de l'année 1905. L'arrivée de Jules Robert Garnier correspond de fait à une dynamique nouvelle dans l'entreprise:

Quelques années plus tard, au début de 1905, MÉNESSIER, retour du service militaire, entre à la maison GAUMONT et dès que la production devient suffisamment importante, il s'adjoint Robert-Jules GARNIER, PERRIER, LANCELOT, MARTENS et, en novembre 1905, EGROT, qui quittait la maison PATHÉ.


Hughes Laurent, " Le décor du cinéma et les décorateurs ", Bulletin de l'AFITEC, 11e année, nº 18, 1957, p. 4.

Avec la complicité d'Henri Menessier, Jules Robert Garnier va réaliser les décors de La Naissance, la Vie & la Mort du Christ comme le rappelle Alice Guy dans ses mémoires :

Menessier dont je vous ai déjà parlé et Garnier, fils du constructeur de l'Opéra [sic], autre excellent décorateur qui lui succéda, construisirent vingt-cinq décors solides, chiffe énorme pour l'époque.


GUY, 1976, 84.

 Il existe également comment se faisaient les autres décors pour les productions du tout venant :

C'étaient des décors très ordinaires à l'époque. On avait des feuilles qu'on arrangeait - on faisait 10 à 12 décors par jour. Il y avait un magasin de meubles, des châssis tout faits, tout peints - et alors on combinait les décors avec ça. 2, 3 jours avant, on savait qu'on faisait monter tel ou tel décor.


CRH44-B2. Fonds Commission de Recherche Historique. Cinémathèque française.

C'est dans les mois qui suivent qu'Henri Menessier quitte l'entreprise pour aller chez Pathé et il est remplacé à la direction des ateliers par Jules Robert Garnier qui évoque cette période, même s'il est probable que son souvenir ne soit pas très précis :

On m'a fait venir dans le bureau et on m'a dit "c'est vous qui prenez la direction des ateliers" J'avais 22 ans [sic], mais enfin, je m'en suis tiré quand même. C'était un petit peu inquiétant mais je m'en suis bien tiré. Je faisais tous mes efforts pour que ça réussisse. J'étais très soutenu par Feuillade à ce moment-là, qui était très gentil et très chic.


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Désormais, pièce maîtresse du personnel de chez Gaumont, il devient le responsable des principaux décors de la maison. Au moment de la 1re guerre mondiale, il est mobilisé et rejoint le 164e régiment d'infanterie (3 août 1914). En 1915, à l'occasion d'une permission, il épouse Edmonde, Rose, Hélène de Montigny et Léon Gaumont est l'un des témoins du mariage. Passé sergent (4 janvier 1918), il est mis en congé illimité de démobilisation (28 février 1919). Toujours chez Gaumont, il signe les décors des grands films de la société. Étienne Arnaud donne de lui un portrait flatteur :

Parmi les nombreux artistes qui se sont spécialisés dans la réalisation parfaite du décor pour studios de cinématographe, un seul nom mérite d'être retenu :cleui de M. Robert-Jules Garnier, des Établissements Gaumont. M. Robert-J. Garnier est le décorateur habituel des films Poirier, L'Herbier, Feuillade et autres étoiles de la mise en scène.


ARNAUD, 1922: 25.

Ses travaux lui valent une reconnaissance à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs :

DEUX LAURÉATS
Parmi les récompenses de l'Exposition internationale des Arts décoratifs, il faut noter particulièrement le Grand Prix décerné à M. Robert Jules-Garnier et la médaille d'or attribuée à M. Maurice Champreux.
M. Robert Jules-Garnier est le maître décorateur de la Société des établissements Gaumont. Architecte et peintre, sa puissance d'invention n'a d'égale que la richesse de son érudition technique. Aussi à l'aise devant une cathédrale à reconstituer que devant une chaumière à bâtir, il a créé des centaines de décors humbles ou fastueux, grandioses ou coquets, réalistes ou féeriques, toujours marqués de sa séduisante personnalité. Citons parmi ses oeuvres : les édifices de « L'Agonie de Byzance », la nef de l'église de « Mon P'tit », les vaisseaux de haut bord du « Fils du Flibustier » et de « Vindicta », le tremblement de terre de ce dernier film, les palais de « .Don Juan » et « Faust », la vieille rue de « (La Fille des Chiffonniers », la Grotte des Aigles de « Jocelyn », la salle du trône de « La Bouquetière des Innocents », etc., etc.
Quant à M. Maurice Champreux, il est entré personnellement en plein succès dans la carrière cinématographique après la mort de Louis Feuillade, son beau-père, dont il était le collaborateur et avec qui il signa « Le Stigmate ». « Après l'Amour », « Le Roi de la Pédale » attestent sa parfaite connaissance du public et la sûreté de son art. Il termine en ce moment, avec Biscot, « Bibi la Purée », une production Gaumont qui s'annonce comme un chef-d'oeuvre du genre.


Les Spectacles, 29 janvier 1926, p. 15.

Il va prendre également le tournant du parlant et participe, entre autres productions, au premier long métrage basque sonore, Au pays des Basques :

DE GAUMONT
Sur la demande des réalisateurs du grand documentaire sonore et parlant, « Le pays des Basques », M. Robert-Jules Garnier, chef-décorateur, des Etablissements Gaumont, est venu les rejoindre, à Biarritz, où ils ont momentanément établi leur quartier général.
M. Garnier s'est rendu hier au moulin d'Ascain, pour procéder à l'aménagement des pièces où seront tournées les scènes d'intérieur du film.
Une installation électrique, spécialement établie à cet effet, permettra d'obtenir des effets de clair-obscur extrêmement, artistiques et égaux, sinon supérieurs à ceux que l'on eût pu réaliser dans les meilleurs studios.


Les Spectacles, 6 juin 1930, p. 2.

On lui doit également un cours donnée dans le cadre de l'Ecole universelle par correspondance de Paris.

Sources

ARNAUD Étienne et BOISYVON, Le Cinéma pour tous, Paris, Librairie Garnier Frères, 1922, 292 p.

GARNIER, Robert Jules, "Leçon de cinéma", 1895, nº 65, 2011.

GUY Alice, Autobiographie d'une pionnière du cinéma (1873-1968), Paris, Denoël/Gonthier, 1976, 238 p.

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1906

 
La Naissance, la Vie & la Mort du Christ  
C'est papa qui prend la purge  

1912

 
Le Mystère des roches de Kador 1912 Le mystere des roches de kador

1913

 
L'Agonie de Byzance (Gaumont) 1913 agonie byzance

1921

 
El Dorado  

1922

 
La Fille des chiffonniers (Gaumont) 1922 fille chiffonniers
Le Fils du flibustier (Gaumont)  
Jocelyn (Gaumont)  
Don Juan et Faust (Gaumont)  

1923

 
La Bouquetière des innocents (Gaumont) 1923 bouquetiere innocents
Vindicta (Gaumont) 1922 vindicta

1930

 
Au pays des Basques (Gaumont)  

1932

 
La Folle Nuit  

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