Trompé mais content

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Trompé mais content

Monsieur s'apprête à partir en voyage. Madame l'aide dans ses derniers préparatifs, le brosse, lui tend son chapeau et sa valise, enfin le conduit jusqu'à la porte, puis, après s'être assurée qu'il est bien parti, elle revient à sa table à ouvrage et prend un travail de lingerie, mais elle paraît préoccupée et regarde souvent une montre placée devant elle. Tout à coup son visage s'éclaire, on frappe, elle court ouvrir et tombe dans les bras d'un superbe dragon. Celui-ci lui demande si elle est bien seule. Elle lui répond que son mari est parti pour cinq jours. Il manifeste alors sa joie, se débarrasse de son ceinturon et de son képi, s'assied sur un fauteuil et, attirant la jeune femme, il la fait s'asseoir sur ses genoux et la couvre de caresses qu'elle lui rend de bon cœur. Tout à coup ils sursautent tous les deux. On frappe violemment à la porte : c'est le mari qui, revenu inopinément, tempête pour se faire ouvrir. Les deux jeunes gens affolés courent autour de la chambre, cherchant une cachette sous tous les meubles. Finalement, ils avisent des rideaux qui masquent un placard et le dragon y rentre, après être revenu deux ou trois fois chercher dans la pièce ce qu'il a oublié. La jeune femme va ouvrir et, feignant une conscience tranquille, elle revient se mettre à son ouvrage. Le mari entre furieux : il lui dit qu'il la surveille depuis longtemps déjà et que cette fois il est sûr d'avoir vu entrer un militaire chez elle et qu'elle trouvera. La jeune femme, avec un grand calme, lui dit de chercher et qu'il ne trouvera rien. Il cherche sous tous les meubles, par la fenêtre et jusque dans un bouquet. Enfin il avise les rideaux et les entr'ouvre brusquement. Il se trouve face à face avec le dragon, mais celui-ci est armé. Il braque son revolver sur le mari et le menace de son sabre. Celui-ci croit alors plus prudent de faire comme s'il n'avait rien vu ; il revient à sa femme, s'excuse de l'avoir soupçonnée, l'embrasse, et s'en va pendant que les deux amants lui font des grimaces derrière la porte et dansent de joie.

GAU 1903-01

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1 Gaumont 640  
2 n.c.  
3 07/1901-01/1903 75m
4 [France]  

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