Charles DECROIX

(Bütweiler, 1877-Paris, 1943)

decroix charles portrait

Jean-Claude SEGUIN

collaborateur

Antoine GUICHARD

1

Pierre Juillet (-1899) et Marie Anne Angélique Laurentz (Bütweiler, 29/06/1851-). Descendance :

2

D'origine alsacienne, Charles Decroix est déjà installé à Paris au début du XIXe siècle.

Méliès (1902)

Selon une note de 1936, Achilles Juillet (a) Charles Decroix aurait travaillé chez Méliès en 1902, sans qu'il existe pour autant de traces de cette activité. 

La société Pathé (1904-1909)

Nous ignorons dans quelles conditions précises Charles Decroix arrive chez Pathé, vers 1904. De cette période de sa carrière, il a laissé quelques lignes pleines d'humour... mais fort peu vraisembables :

Meine Flügel führten mich dem Feuer der Rampe entgegen, wo sie bald verbrannten; von da aus war nur noch ein Schritt zu machen, um zur Kinematographie zu kommen. Diesen Schritt habe ich daher gemacht und bin bei Charles (O pardon) bei der Compagnie Generale des Phonographes, Cinematographes et Appareils de Precision, anciens Etablissements Pathe Freres .... (Uff!!) eingetreten. Bei dieser Firma, als zweiter Auskehrer, fegte ich mit Eifer die Ecken aus, die mir mein verehrter Meister und Lehrer, Herr Pénard, reservierte. Von weitem betrachtete ich die Aufnahme-Apparate, deren Handhabung ich zu verstehen versuchte. Leider! verlor ich bald meine Zeit und Mühe und, da ich als unfähig erachtet wurde, so wandte man bei mir das von Homer gesungene (Musik von Tolstoi) Gesetz an, welches lautet: „Wer mit dem Schwert schlägt, wird durch das Seil sterben . Infolgedessen kam die Reihe an mich, ausgefegt zu werden (herausgeworfen zu werden).


Lichtbild-Bühne, juin 1913, p. 114.

Quand on sait que Charles Decroix a dirigé de nombreux films et qu'il a été une figure marquante, on ne peut que lire au seconde degré cette "fantaisie" publiée dans la presse allemande où il se présente comme un raté n'ayant jamais réussi dans le monde du cinématographe, en l'occurrence "second balayeur" chez Pathé...

decroix charles 1908 pathé 
De g. à d., les opérateurs M. Tapis, Paul Guichard, Émile Pierre et Raoul Aubourdier, avec le réalisateur Charles Decroix, dans les studios Pathé (c. 1908)

On peut pourtant penser qu'il a dû gravir les échelons puisque l'une de ses premières réalisations identifiées, Le bagne des gosses, ne date que de 1907. Au cours de l'année suivante, Charles Decroix va sans doute intervenir dans plusieurs films de la maison Pathé dont très peu son identifiés. On lui attribue quelques films de Max Linder, ce qui lui aurait servi de tremplin. En mars 1908, Pathé et le Film d'Art signent un contrat d'édition et Decroix va intégrer, vers le mois d'août 1909, la direction artistique de cette dernière société pour laquelle il va réaliser plusieurs films. Par ailleurs, il devient également directeur artistique de la Film d'Arte Italiana (fondée le 18 mars 1909) qui a partie liée avec la Pathé.

1909 dans l hellade affiche 1909 une conquete affiche
V. Lorant Heilbronn. Dans l'Hellade (1909) Une conquête (1909)

L'atelier d'exécution de travaux cinématographiques (Montreuil, 1909-1910)

L'acteur Gaston Breteau a ouvert, à Montreuil-sous-Bois (11bis, rue de Fontenay), en 1909, un atelier pour la réalisation de travaux cinématographiques. Atteint d'une maladie grave, il décède au bout de quelques mois. C'est Charles Decroix qui va donc prendre en charge la direction de cette entreprise :

La Succession de M. G. Breteau
Les nombreux amis qu'avait su s'attacher le regretté G. Breteau, trop brusquement emporté, apprendront avec plaisir que l'entreprise déjà prospère qu'il dirigeait à Montreuil-sous-Bois sera désormais continuée par M. Decroix.
M. Decroix, qui possède à son actif cinq années de service à la fabrication des négatifs, mise en scène, chez Pathé frères, trouvera certainement une excellente carrière dans la maison à laquelle il apporte son activité éclairée.
Toutes les communications doivent lui être désormais adressées à l'usine et aux bureaux de Montreuil-sous-Bois (Seine) 11 bis, rue de Fontenay.


Ciné-Journal, nº 65, 15-21 novembre 1909, p. 11.

Au cours de cette brève période, Charles Decroix va également tourner quelques films pour la S.C.A.G.L.  (Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres), constituée en juin 1908 et très liée à la Pathé.

Charles Decroix ne va exercer ces fonctions que pendant quelques mois puisqu'il part peu après pour l'Allemagne.

La Deutsche Mutoskop & Biograph (Berlin, [mars] 1910-[avril] 1911)

C'est vers le milieu de l'année 1910 que Charles Decroix part pour l'Allemagne et prend la responsabilité de la Deutsche Mutoskop & Biograph.

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Ciné-Journal, janvier-mars 1911.  Die Spinne (1910)

Pour cette société, il va réaliser une douzaine de films identifiés. C'est sous sa responsabilité que la société va également utiliser la marque "Pharos-Film". Il ne semble avoir eu ces fonctions que pendant une année environ.

Alors qu'il réside toujours à Berlin, le journal La Presse de Paris publie un feuilleton, Le Crime d’une femme, sous la signature de Paul Lordon et C. Decroix, du n° 6776 (dimanche 8 janvier 1911) au n° 6925 (mardi 18 juillet 1911). Compte tenu de l'intérêt de Charles Decroix pour le récit, il n'est pas à exclure qu'il puisse être le co-auteur de ce roman par épisodes. 

La Milano Film (Milan, été-automne 1911)

Sa présence en Italie n'a laissé que peu de traces. Dans ses mémoires "humoristiques", il évoque  ce séjour en plaisantant sur ses fonctions imaginaires à la Milano Film :

CHARLES DECROIX.
Verfasser, Regisseur, Schauspieler, Operateur, Photograph, Maschinist, Nebenmaschinist usw., usw., usw.
Etwas französisch — ziemlich deutsch - Elsässer - ohne mehr.
Außer diesen hauptsächlichsten Titeln, Titel, die ich gestehe und die mir von den verschiedenen Persönlichkeiten der Kinematographenwelt verliehen werden, gibt es noch andere, die meine sprichwörtliche Offenheit — indem sie meiner wohlbekannten Bescheidenheit Vernunft zuspricht — nicht verschweigen kann. Diese Titel sind in ihrer ganzen Einfachheit die folgenden:
Ex- zweiter Auskehrer bei der Firma Pathe Freres, Paris,
" Bremsenwärter bei der Firma „Film d'Art français",
" Maurer bei der D M Biophon and Co., Berlin,
" Garderoben-Aufseher bei der Firma „Milano Film", Mailand,
" Maschinist bei der Firma Lux., Paris.
" Vorsteher der Abteilung für nicht abgeholte Sachen, Firma Gaumont, Paris
und schließlich...  einfacher Pionier der zukünftigen Deutsch-Französischen Entente.
Dieser schönen Aufzählung könnte ich noch den Titel eines „Abonnenten an der Berliner Straßenbahn“ hinzufügen, mein Oppositionsprinzip für jede Reklame und Propaganda verbietet es mir jedoch.


Lichtbild-Bühne, juin 1913, p. 114.

On sait toutefois que l'un de ces films, Le Mutilé, a été distribué en France et au Brésil.

1911 o mutilado
Gazeta de noticias, Rio de Janeiro, lundi 1er janvier 1912, p. 24.

La question des droits des auteurs et les productions Lux et Gaumont (décembre 1911-février 1913)

C'est vers la fin de l'année 1911 que Charles Decroix revient en France au moment où le monde du cinématographe va être secoué par une initiative relative aux droits des auteurs dramatiques, à laquelle participe André Heuzé. Ce dernier est chargé par le Syndicat Professionnel des Auteurs de rédiger un rapport sur la question de la perception de droits sur les recettes des salles de cinéma lorsque ces dernières projettent des adaptations d'oeuvres théâtrales. La question va partager les principaux intéressés, et Charles Decroix va se positionner contre le projet en faisant parvenir une lettre à André Heuzé, publiée dans Gil Blas:

Mon cher Heuzé,
Il n'est pas de plus juste sentiment que celui qui vous incita à prendre la défense des pauvres auteurs d'idées cinématographiques, contre l'exploitation actuelle, si déplorablement injuste, de leurs œuvres.
Votre généreuse idée de groupement de ces auteurs et la perception de droits sur les recettes dans les exploitations, nous indique qu'une ère de justice est possible.
Réalisée pour notre bien-être, nous vous devrons une reconnaissance éternelle.
Du fait d'avoir pensé à nous vous acquiert déjà plus d'une gratitude...
Mais voilà!...
Pourquoi diable avoir dédié le parrainage de cette cause si noble à un syndicat d'auteurs littéraires et autres. Syndicat totalement inconnu lorsque le cinématographe prenait son essor, grâce à quelques hommes de bonne volonté, riches d'idées mais pauvres de moyens, tels : les Zecca, G. Hatto, Capellani. Jasset, Well, Flourv, Feuillade, Arnaut, Verse, vous et moi et quelques autres encore.
Quoique de fortune diverse aujourd'hui, ces hommes-là ont constitué presqu'à eux seuls, la base de la fortune de l'industrie cinématographique.
Ne vous souvient-il plus, cher ami, de toutes les rebuffades que rencontraient, auprès des littéraires, nos pauvres oeuvres d'alors, désuètes et hors de goût ?
Jusqu'aux artistes dramatiques, qui croyaient déchoir et n'osaient avouer faire du cinématographe. Dieu! que nous sommes loin...
Le succès aidant, le public s'amusant de nos petites choses, notre simple métier est vite devenu une source de fortune pour les éditeurs et les exploitants.
Vinrent ensuite les agents qui profitèrent de la concurrence naissante, mirent les éditeurs à contribution. J'en connais qui se sont fait de réelles fortunes.
Les acteurs ont suivi le mouvement s'affranchissant de toute fausse honte, ils émargent à présent pour des émoluments à faire pâlir nos Q. M.
A présent viennent les auteurs...
Oh! pas ceux qui, directement intéressés, ont défendu cette industrie aux prix d'efforts soutenus, prenant sur leur sommeil le temps nécessaire à combiner quelques scènes inédites, travaillant manuellement à la mise en place de leur champ photographique, confectionnant ou combinant les décors rudimentaires, mais suffisants; exemple, M. Zecca, qui, il y a encore six ans maniait alternativement la scie, le marteau et. le pinceau pour obtenir le décor à son idée. Et d'autres faits, trop longs à vous rappeler.
Non ce n'est pas de ces auteurs-là qu'il est question...
Le Syndicat des auteurs, à défaut de titres, ne voit dans le cinématographe qu'un débouché pour ses adhérents qui, à l'étroit au théâtre, où le voisinage de la puissante Société des auteurs les gène quelque peu, se rabattraient sur le cinématographe, et solidarisés enfin, devant la perspective du gain, ne rêvent rien moins que de décréter cette industrie leur propriété exclusive.
Voici donc l'édition des vues sous la tutelle du Syndicat et de la Société des auteurs, dans les pays statutaires, c'est-à-dire la France, la Belgique et la Suisse.
Les exploitations qui refuseraient de payer la dîme au Syndicat seraient interdites à représenter les œuvres des adhérents et... (ici j'emprunte votre plume), seraient réduits à la seule production des auteurs étrangers à la Société et ceux-ci constituent, d'après vous mon cher Heuzé, une minorité plus qu'infime.
Ne vous y trompez pas.
Pour ma pari personnelle, je les vois si nombreux et surtout si habiles dans notre métier, qu'ils suffiraient pour faire échec à toutes les tentations de votre Syndicat et de la Société réunis.
Sans doute, vous devez vous attendre à cette résistance, ne pouvant supposer un instant que tous les auteurs et metteurs en scène cinématographiques n'étant pas syndiqués ni sociétaires (tout le monde ne peut faire représenter au théâtre « La Course au Fromage » ou la « Ceinture de Flanelle ») vont de gaîté de cœur, céder la place à vos auteurs qui, dans notre métier jusqu'ici, nous ont encore rien prouvé.
Qu'une maison, puissante en débouchés, nous accueille demain elle s'adjugera la majorité des exploitants récalcitrants à la dîme, qui seront nombreux, étant également groupés pour la défense de leurs droits.
Néanmoins, mon esprit de justice m'oblige à dire que, de cœur j'aurais été avec vous, si votre syndicat eut transigé et accepté comme adhérents tous les auteurs et metteurs en scène qui répondent d'un passé cinématographique, mais voilà, votre réponse à ce sujet fut catégorique. « Ne fait partie du Syndicat que l'auteur ayant été joué au théâtre ».
A ce compte, si nous formions le Syndicat des auteurs cinématographiques et que l'on vous applique la loi du talon!
J'ai tout lieu de croire que ce dernier Syndicat aurait facilement raison du vôtre en raison des autorités qu'il saurait grouper et des sympathies qu'il rencontrerait parmi les éditeurs.
Il est, certes, regrettable que pareille chose n'ait pas encore été tentée par nos auteurs et metteurs en scène. Un syndicat ou groupement quelconque leur évitait la lutte qu'ils vont avoir à soutenir pour la défense de leurs droits, qui vont leur être âprement disputés.
Cependant, je veux bien croire que nos auteurs verront cette fois le danger réel et sauront se grouper, non pour s'opposer à une évolution avantageuse de leurs prérogatives, mais pour défendre leurs droits de vivre que semblent menacer le Syndicat et la Société des auteurs coalisés (Gil Blas, du 29 décembre 1911).
Que nos opérateurs de prises de vues, nos humbles collaborateurs, qui paraissent oubliés dans cette lutte, fassent nombre dans nos rangs et nous sommes sûrs de la victoire étant forts de notre bon droit.
Je vous avouerai, moi cher Heuzé, que je ne comprend pas très bien MM. Ch. Pathé et Louis Gaumont, approuvant votre réforme, et se livrant pieds et mains liés à un syndicat d'auteurs, susceptible de les rendre à la merci de revendications toujours nouvelles d'une coterie qui a conscience de sa force. du fait qu'elle fournit à elle seule le programme des firmes statutaires.
Voici, mon cher Heuzé, mes simples appréciations sur votre projet et sincèrement du plus profond de moi-même, je formule le souhait de ne pas vous voir être la première victime de la ruée de ceux à qui vous tentez d'ouvrir, en grand, la porte d'accès de notre industrie.
Recevez, mon cher Ami, l'assurance de mes meilleurs sentiments.
DECROIX,
Photographe.


Ciné-journal, 9e année, nº 176, Paris, 6 janvier 1912, p. 5-16.

Dans ses "fausses" mémoires, Charles Decroix évoque par ailleurs, son passage chez Lux et chez Gaumont : 

" Maschinist bei der Firma Lux., Paris.
" Vorsteher der Abteilung für nicht abgeholte Sachen, Firma Gaumont, Paris
und schließlich...  einfacher Pionier der zukünftigen Deutsch-Französischen Entente.
Dieser schönen Aufzählung könnte ich noch den Titel eines „Abonnenten an der Berliner Straßenbahn“ hinzufügen, mein Oppositionsprinzip für jede Reklame und Propaganda verbietet es mir jedoch.


Lichtbild-Bühne, juin 1913, p. 114.

En réalité, loin de ces emplois fictionnels, il va tourner quelques films pour ces deux sociétésL'accordeur (Lux), [Les Voisins ennemis] (Gaumont), [La Lune de Miel] (Gaumont), [Incognito] (Gaumont)...

Là encore, il est probable que Charles Decroix ne soit resté que peu de temps dans ces deux sociétés, puisque peu après on le trouve à nouveau en Allemagne :

Nos compatriotes à l'étranger.
Une société cinématographique allemande de Cologne, annonce qu'elle vient d'engager Mlle Suzanne Grandais, la célèbre artiste de la Maison Gaumont, pour une série de films; elle espère que les exploitants allemands lui sauront gré de cette initiative de décentralisation artistique.
M. Charles Decroix, qui depuis quatorze ans appartient à la cinématographie, comme auteur, metteur en scène et opérateur de prise de vues, et qui fut attaché à la Maison Pathé, au Film d'Art Italien, aux Maisons Gaumont et Lux, a été engagé par la Maison Hanewacker et Scheler, de Berlin, où il a déjà édité plusieurs films à succès.


Le Courrier cinématographique, 3e année, nº 18, 3 mai 1913, p. 34.

La Hanewacker & Scheler (Berlin, mars-août 1913)

Charles Decroix est de retour en Allemagne dès les premières semaines de 1913. Au mois de mars, la revue Der Kimatograph, publiée à Düsseldorf, annonce, sur une double page, deux nouveaux films dont il est l'auteur: Der Fleck et Die Czarnowska? sous la "collection" Charles Decroix-Serie".

decroix charles 1913 kinematograph
Der Kinematograph, nº 324, Düsseldorf, 5 mars 1913.

La présence de son portrait - qui accompagne fréquemment ses nouvelles productions - ne laisse que peu de doutes sur sa volonté de personnaliser les œuvres qu'il met en scène. On remarque également le nom de la maison de production Hanewacker & Scheler (Friedrichstr. 25-26). La presse ne manque pas de saluer l'arrivée de ce "maître" qui a déjà deux œuvres à son actif :

Charles Decroix-Serie.
Charles Decroix ist den Fachleuten längst kein Fremder mehr; aber vordem ist ihm vielleicht nie die Gelegenheit geboten gewesen, mit seinem Können in Deutschland so an die Oeffentlichkeit’zu treten, wie gerade in diesen Wochen als Schöpfer der nach ihm benannten Serie.
Von den Bildern hatte ich bisher nur zwei zu sehen die Gelegenheit; doch schon die beiden Films lassen mit unverkennbarer Deutlichkeit ahnen, daß hier ein Meister am Werke ist. 


Lichtbild-Bühne, nº 15, avril 1913, p. 8.

Dès le mois de mai, Charles Decroix va lancer une série de films comiques avec le comédien "Pyp" qui aurait travaillé aux Folies-Bergère. La presse professionnelle va s'en faire l'écho comme dans la double-page de la revue Lichtbild-Bühne, reprise par Der Kinematograph.

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Lichtbild-Bühne, nº 21, may 1913, p. 33c.

Le long texte évoque le métier de metteur en scène, mais également des bribes de la carrière de Charles Decroix avec quelques films tournés en France et en Allemagne.

S'il est à la fois scénariste et metteur en scène, Charles Decroix compose également des partitions pour accompagner certaines de ses productions, comme dans le cas d'Ave Maria.

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 The Bioscope (supplément, jeudi 21 août 1913, p. XXIX. The Kinematograph and Lanters Weekly (supplément), jeudi 9 octobre 1913, XCVII.

La presse française informe régulièrement sur les activités professionnelles outre-Rhin de Charles Decroix :

L'Art n'a point de frontière
Aussi nos metteurs en scène parisiens ont-ils un joli succès à l'Étranger. On se les arrache à prix d'or. La Société Hanewacker et Scheler de Berlin, qui s'est assuré le concours de M. Charles Decroix, metteur en scène bien connu de la maison Pathé, annonce plusieurs nouveautés sensationnelles, entre autres, "L'Affaire Dumaine" et qui ont été filmées, dit-elle, par M. Decroix dans le plus fin genre parisien.
De son côté la maidon Vay et Hubert, de Milan, dont la succursale de Berlin devient de plus en plus importante, fera paraître, en août prochain, un grand film en 3 parties, "oeuvre d'art du nouveau régisseur Henry Etiévant."
C'est la maison Pasquali, de Turin, qui s'est chargée, dit-on, de la confectoin de la bande.


Le Courrier cinématographique. 3e année. Numéro 30. 26 juillet 1913, p. 46.

Peu après, la même revue, annonce une nouvelle série de bandes comiques, interprétées par "Pyp", qui a été lancée quelques semaines plus tôt :

Charles Decroix, l'ancien régisseur de chez Pathé, dont nous avions annoncé l'engagement à Berlin, à la Maison Hanewacker et Scheler, fera paraître très prochainement une série de bandes comiques dans le genre des Gribouille, Patachon et cie. Les deux premières s'appelleront Pyp et son flirt et Pyp cultive des champignons


Le Courrier cinématographique. 3e année. Numéro 32. 9 août 1913, p. 20 ((extrait de Wagner, « Chronique allemande », p. 16-20).

Carmen (La Cinès, septembre 1913)

À l'été 1913, entre deux tournages en Allemagne, Charles Decroix lance un nouveau projet, le tournage de Carmen, d'après le conte de Prosper Mérimée pour la société de production italienne, la Cinès :

Nos Hôtes
[...]
M. Decroix, le metteur en scène bien connu, est de passage à Paris pour s'assurer le concours d'artistes français pour l'établissement d'un film sensationnel qui n'est autre que Carmen, de Prosper Mérimée. Le rôle de Carmen sera tenu par Mme Marguerite Sylva, de l'Opéra-Comique.
La maison éditrice est la maison Cinès, de Rome.


Ciné-Journal, 6e année, nº 256, Paris, 19 juillet 1913, p. 5.

Pour cela, il s'attache les services de la grande actrice Marguerite Sylva.

sylva marguerite
Reutlinger (Paris), Marguerite Sylva.

Comme décor, il va choisir les arènes de Nîmes pour les dernières séquences :

AUX ARÈNES
Nous apprenons qu'une puissante maison d'édition cinématographique a choisi nos arènes pour y terminer les scènes de l'oeuvre si populaire de Bizet Carmen.
Mme Marguerite Sylva, de l'Opéra-Comique y tiendra avec son merveilleux talent, le rôle de Carmen, le rôle de Don José serait confié à M. Habay, du théâtre Sarah Bernart, M. Garat, du Gymnase, interprétera Escamillo.
La mise en scène de cette oeuvre a été confiée à M. Decroix, un des plus réputés metteurs en scène.
La scène sera représentée intégralement.
Il y aura même mise à mort d'un toros par un matador.
Il ne manque plus que l'autorisation du maire, ce qui ne fait pas l'ombre d'un doute.
Nous assisterons donc la semaine prochaine à cette brillante représentation.
AVIS.-On demande figuration hommes et dames pour scènes cinématographiques. Bien rétribué. S'adresser, à partir de Jeudi 4 Septembre, à M. César, Express-Bar, Boulevard Victor-Hugo, Nîmes.


Nîmes-journal, 7 septembre 1913, p. 2.

Il semble toutefois que le tournage du film ait connu quelques rebondissements puisque quelques semaines plus tard, il se poursuit dans la région de Valence (Espagne) sous la direction d'un autre metteur en scène.

La Charles Decroix Films (septembre 1913- juillet 1914)

Peu après, Charles Decroix est de retour à Berlin où il tourne de nouveaux films et annonce por le début de l'année 1914, la "super-production" Vae Victis qui va connaître une diffusion internationale :

Le distingué metteur en scène français M. Charles Decroix, dont la réputation est aussi brillante que méritée, fera paraître, en janvier 1914, une grande bande cinématographique, qui portera le titre de "vae victis" (malheur aux vaincus). Dès à présent elle s'annonce comme devant être un des plus grands succès de la saison.
C'est la maison Hanewacker et Scheler qui l'éditera.


Le Courrier cinématographique, 3e année, Numéro 41, 11 octobre 1913, p. 34 (dans la «Chronique allemande», p. 34).

Les premières mentions de la "Decroix-Films" apparaissent dans la presse allemande en septembre 1913, mais elle figure encore comme une composante de la Monopolfim-Vertriebs-Gefellfchaft m. b. H. Hanewacker & Scheler. La presse recueille, en outre, un fait divers qui concerne M. Hanewacker lui-même :

Accident d'automobile
On nous mande de Berlin que M. Hanewacker, de la maison Hanewacker et Scheler, Monopolfilm Compagnie, qui édite la série des Pyp de notre compatriote Charles Decroix, actuellement au programme du Consortium, fut victime d'un accident d'auto. À la suite d'un dérapage, il fut violemment projeté contre un arbre, et s'est contusionné assez gravement. Aucune incapacité de travail n'en est cependant résultée.


Comoedia, Paris, 12 novembre 1913, p. 4. 

Ce malheureux accident se produit alors que Charles Decroix formalise la création de sa société. Les premières publicités apparaissent en décembre.

decroix charles 1913
Lichtbild-Bühne, nº 52, décembre 1913, p. 52.

En même temps, il signe un accord avec Max Stambulki qui se charge de la distribution de sa production :   

La Maison d'édition Ch. Decroix fait savoir qu'elle a cédé la représentation exclusive de tous ses films dans le monde entier, à M. Max Stambulki, Friedrichstre. 243, à Berlin.


Cine-Journal, 4e année, nº 52, 27 décembre 1913, p. 81.

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Lichtbild-Bühne, février 1914, p.nº 9, p. 9. 

Au cours de ces premiers mois de l'année 1914, Charles Decroix va engager plusieurs artistes comme Renée Dauge, interprète de Toto Odettes Liebesbote

Films Decroix
Les films interprétés par Mlle Renée Dauge, anciennement à la maison Pathé, et maintenant engagée par M. Charles Decroix, l'heureux metteur en scène et propriétaire de la maison Decroix, à Berlin, sont en vente chez M. Joseph Lamy, Cinéma-Centre 9, place de la Bourse, Paris, qui a su s'assurer la représentation des Films Decroix pour tous les pays latins de l'Europe et de l'Amérique. Le premier film de la série Charles Decroix "Vae Victis" a été un "hit" et actuellement le Cinéma-Centre montre à sa clientèle une ravissante comédie en deux parties "Séparés de biens" qui fait honneur au bon goût spirituel et à la mise en scène de M. Decroix.


Ciné-Journal, nº 289, Paris, 7 mars 1914, p. 5.

La presse britannique annonce également la prochaine sortie d'un nouveau film :

An explosion in a submarine is the sensation of the next Decroix film, handled by the Continental Kunstfilm Co.


Kinematograph Weekly, vol. 14, nº 366, jeudi 30 avril 1914, p. 31.

Il fait appel à Andrée Fern qui a fait ses débuts dans Ave Maria et qui est à nouveau l'interprète principale dans Der Stern :

Andrée Fern
Nous apprenons que M. Charles Decroix, le distingué metteur en scène, vient d'engager ferme Mlle Andrée Fern, la célèbre Américaine qui remporta de nombreux prix de beauté. Cette artiste paraîtra sous peu dans l'Etoile et dans Pêcheuse de lune.


Ciné-journal, nº 307, Paris, 11 juillet 1914, p. 5.

1914 sign of the star
Der Stern [The Sign of the Star] (Charles Decroix, 1914)

Le conflit qui s'annonce va mettre un terme aux activités de Charles Decroix. L'actrice Ferne Andra, à nouveau sollicitée, raconte comment elle a dû mettre un terme à cette nouvelle collaboration :

Haciendo una tournée por Austria y Alemania en calidad de equilibrista, llamé la atención del famoso director cinematográfico francés Charles Decroix, el cual me contrató para interpretar el rol de protagonista en la película "Fuerzas misteriosas". Tenía la intención de continuar con él, pero surgió la guerra, y Decroix fue internado.


El Mundo cinematográfico, Barcelone, 6 janvier 1920, p. 4 

De fait, le tournage de Mondfischerin, le film dans lequel elle devait à nouveau intervenir, est définitivement interrompu à cause du déclenchement des hostiliés.

1914 mondfischerin
Lichtbild-Bühne, juillet 1914.

Alors que la guerre est déclarée, la revue allemande Lichtbild-Bühne signale curieusement que Charles Decroix n'est pas français, mais alsacien... et donc allemand. L'article indique également que son vrai nom est Achille Lorentz:

Der Regisseur Charles Decroix wird verschiedentlich fälschlich als Franzose bezeichnet; dies trifft aber nicht zu, denn er heißt bürgerlich Achilles Lorentz und wurde im deutschen Elsaß geboren.


Lichtbild-Bühne, nº 60, septembre 1914, p. 8.

La guerre et la Suisse (1914-1917)

Dès le début de la guerre, Charles Decroix va être interné au camp d'Holzminden dans des conditions difficiles.

decroix Holzminden C G1 A 06 0004 0214 0001 lightbox decroix Holzminden C G1 A 06 0004 0215 0001 lightbox
CICR, Allemagne nº 31. Camp d'Holzminden. Vues générales des baraquements CICR, Allemagne nº 32. Camp d'Holzminden. Boutiques improvisées par les prisonniers civils

De façon parfaitement fortuite, et ignorant sans doute la situation de Charles Decroix, la revue espagnole Mundo Cinematagráfico publie un dessin de lui.

decroix
A. Petresco, "DECROIX"
Mundo cinematográfico
, Barcelone, 10 mars 1915, p. 17

En mai 1916, il est transféré en Suisse, à la pension Walvegy de Frutigen :

UN PRISONNIER
Nos lecteurs seront certainement heureux d'être enfin rassurés sur le sort de Monsieur Decroix, le metteur en scène et fabricant de vues si actif et si éclairé, qui avait monté à Berlin, avant la guerre une agence florissante, la Decroix-Film.
M. Decroix a bien été en Allemagne, depuis le 2 août 1914... mais pas pour s'occuper de cinéma. Emmené à Holzminden dès le début des hostilités, il y fut interné dans un camp de prisonniers, souffrant de la faim, du froid et du manque total des nouvelles. Tous cela le rendit fort souffrant et il vient d'arriver en Suisse, à Frutingen, dans l'Oberland Bernois, avec un contingent de prisonniers malades.
Mais le bon air, les bons soins, nos journaux ont déjà réconforté M. Decroix. Il vient de nous l'écrire, il nous apprend aussi que les journaux cinématographiques d'Allemagne ont tenté d'organiser la défense de la production allemande.
On verra après.
Nous avons aussi le plaisir d annoncer aux lecteurs du Ciné-Journal, que M. Decroix s'est remis à la besogne. Voilà rouverte une source abondante d'excellents scénarios.
Nous tenons l'adresse de M. Decroix à la disposition de ses amis.


Ciné-journal, nº 50, Paris, 27 mai 1916, p. 43.

decroix_suisse_C_G1_E_13_32_0007_1509_0.jpg decroix charles suisse C G1 F 13 01 0039 1282 0
"Achille Decroix-Juillet"
Source: CICR (Centre International de la Croix-Rouge, Genève)
"Achille Decroix-Juillet"
Source: CICR (Centre International de la Croix-Rouge, Genève)

Quelques mois plus, Charles Decroix reprend, à Zurich, ses activités cinématographiques. Il est nommé directeur de l'Iris Film : 

M. Decroix en Suisse.
Nous apprenons avec plaisir que M. Decroix, metteur en scène, après avoir été interné, comme prisonnier civil de guerre, d'abord en Allemagne, puis en Suisse, vient d'être nommé directeur de l'Iris Film, à Zurich. Là, notre compatriote pourra utiliser ses loisirs en mettant en scènes de petites comédies d'où, nous pouvons avoir au moins la certitude que l'esprit français ne sera pas absent.


Cine-journal, nº 70, 14 octobre 1916, p. 5.

À peine quelques mois plus tard, la presse lance une polémique au sujet de la "collaboration" d'Iris Film avec l'Allemagne alors que Charles Decroix se lance dans la réalisation de films avec Joseph Lang, metteur en scène d'origine suisse :  

Verwahrung!
Unter diesem Titel bringt ein französisches Fachblatt folgende für den deutschen Filmhandel recht beachtenswerte Ausführungen:
„Wir erhalten von der Schweizer Gesellschaft „Iris-Film” aus Zürich eine Verwahrung gegen einen Artikel, der in einer kinematographischen Zeitung erschienen ist, worin diese Gesellschaft beschuldigt wurde, mit dem Feinde (lies Deutschland. Die „L.B.B.” -Redaktion.) in geschäftlicher Verbindung zu stehen.
Wir müssen, sagen die Direktoren der Irisfilmgesellschaft, energisch gegen eine solche Beschuldirgung protestieren, die ohne jede vorherige Auskunft und nur auf die vor dem Kriege gewesene Situation gestützt, gemacht wurde."
Gewiß, vor den Feindseligkeiten hatte die Iris-Film-Gesellschaft, wie auch andere französische Häuser, mit deutschen Häusern betreffs Filmhandel für die Schweiz in Verbindung gestanden, Aber seit 1914-15 wurden die Verträge nicht mehr erneuert und seit dieser Zeit hat Italien allein die Erzeugnisse dieser Gesellschaft erhalten.
Gestützt auf die Sympathien hat der Direktor, Herr Joseph Lang, schweizer Abstammung und skrupellos neutral, eine Fabrikation kleiner Films in Angriff genommen unter Mitarbeit unseres Landsmanns Herrn Charles Decroix, der gegenwärtig in der Schweiz bürgerlich interniert ist und der uns nächstens ein Erzeugnis vorführen wird, das absolut nichts von all den bekannten Tölpeleien der verruchten Fabrikation (gemeint ist die deutsche Fabrikation. (Die „L.B.B."-Redaktion.) aufweisen wird.
Herr Charles Decroix, künstlerischer Direktor der Iris-Film-Gesellschaft, kennt seine Pflicht und seine Verantwortlichkeiten als Bürger unseres Landes. Alle von Herrn Decroix angewendeten Elemente, Film, Schauspieler, Material usw, usw, sind französichen Ursprungs. Der Film ist vom Hause Pathé aus Zürich, das Material stammt von den Herren Rivat und Zabarowski aus Genf und die Schauspieler sind Schweizer, Belgier, Russen, Italiener oder Intermerte,
Alle offiziellen Stücke werden in einem rechtskräftigen Vortrag vorgeführt, den die Iris-Film-Gesellschaft zur Rechtfertigung ihrer Glaubwürdigkeit machen zu müssen glaubt, um für die Zukunft ähnlichen Manövern, deren Ziel und Zweck offenbar böswillig ist und die auf das Erscheinen der Produktion eines Hauses, deren Sympathien für die Verbündeten sich wahrlich oft genug offenbar gezeigt haben, nur warten, zuvorzukommen."
Soweit das französische Blatt. Jedenfalls weiß die deutsche Filmbranche, wie sie sich solchen wunderbaren „Neutralen“ gegenüber zu verhalten hat.


Lichtbird-Bühne, nº 4, janvier 1917, p. 42.

Même s'il ne fait pas directement allusion à la polémique, le Ciné-journal en reprend certaines phrases tout en annonçant de prochaines productions : 

M. Charles Decroix qui, actuellement est interné civil en Suisse, va nous présenter sous peu, une production qui n'aura rien des lourderies connues de la fabrication exécrée.
M. Charles Decroix, à titre de Français et directeur artistique de la Société Iris-Film, connaît son devoir et ses responsabilités de citoyen de notre pays. Tous les éléments employés par M. Decroix, film, artistes, matière première, etc., sont de fabrication française ou alliée. Le film est livré par la maison Pathé (Hollingue, concessionnaire à Zurich), les matières, par MM. Rivat et Zaborowski, Genève et les artistes sont Suisses, Belges, Russes, Italiens ou internés.
Toutes pièces officielles vont être présentées dans une action juridique que la Société Iris-Film croit devoir faire suivre pour la justification de sa bonne foi et pour prévenir à l’avenir les manœuvres dont le but, évidemment malveillant, attente à la production d’une maison dont la sympathie pour les alliés s’est pourtant bien des fois manifestée.


Ciné-journal, nº 82, Paris, 6 janvier 1917, p. 50.

Il quitte la Suisse à l'automne 1917. En Allemagne, ses films continuent d'être exploités, sous le label "Charles-Decroix-Films".

Le Film Alsacien "Hahn et Cie" (1919-[1921])

De retour en France, Charles Decroix est en quête de propositions pour reprendre ses anciennes activités cinématographiques :

RETOUR D'ALLEMAGNE
Nous avons eu le plaisir de voir ces jours-ci notre distingué collègue, M. Decroix, le metteur en scène bien connu qui vient d'être rapatrié après trois ans de séjour en Allemagne et en Suisse. M. Decroix est absolument libre de tout engagement et prêt à offrir ses services -mise en scène ou machinerie - aux nouvelles firmes françaises.


Ciné-journal, nº, 13 octobre 1917, p. 44.

Cet appel va pourtant rester vain et c'est vers son Alsace natale qu'il va tenter de se relancer. Vers la fin de l'année 1919, Charles Decroix participe à la fondation de la société cinématographique Hahn et Compagnie (Strasbourg, 13 rue Sainte-Barbe), là où se trouvait au préalable un débit de boissons (Zum Wintergarten). Le responsable de l'entreprise est Charles Hahn, qui a fondé la société de cinématographie la Philanthropische Lichtspielgesellschaft (1910), puis construit la salle Eldorado.

hahn charles
Charles Hahn (Strasbourg, 1864-Avignon, 1941)

En 1919, Charles Hahn (administrateur commercial) et Charles Decroix (administrateur artistique) fondent donc la société Hahn et Compagnie) :

Le Film Alsacien
HAHN et Cº
Nous sommes heureux d'apprendre qu'avec le concours de M. Charles Decroix, MM. Hahn et Cie ont installé un atelier de prises de vues cinématographiques et constitué au sein de leur société une section spéciale qui éditera Film-Alsacien HAHN et CIE. La section s'occupant exclusivement de ces films sera administrée par:
M. Charles Hahn, administrateur commercial;
Charles Decroix, administrateur artistique;
Joseph Dentel, conseil de surveillance;
René Durlach, conseil de surveillance;
Emile Kuhff, conseil de surveillance;
Eugène Stiegler, conseil de surveillance.


Cine-Journal, nº 534, 8 novembre 1919, p. 35.

decroix hahn strasbourg Demi lune 1 Wintergarten Dan. Lohner
Intérieur du Jardin d’Hiver (Wintergarten). 13 rue Sainte-Barbe. Strasbourg. (c. 1910)

Dès le mois de décembre, un premier film est annoncé :

L'Alsace au travail
M. Charles Decroix met la dernière main à une œuvre exclusivement alsacienne qui marquera les débuts heureux de la Société du Film Alsacien, de Strasbourg.
Cet ouvrage nous ménagera des surprises fort agréables.


Cine-journal, nº 13 décembre 1919, Paris, p. 39.

Il faut attendre les premiers mois de l'année 1920 pour avoir davantage d'informations sur l'organisation de la société et ses projets :

L’ART MUET
LE FILM ALSACIEN
Une nouvelle société d’édition cinématographique « Hahn et Cie, Strasbourg », vient de se fonder à Strasbourg. L’intention de cette société est, avant toute chose, de garder son caractère national. Elle a pour but d’éditer une série de films montrant sous tous leurs aspects les goûts, coutumes et mœurs de l’Alsace. Composée d’éléments exclusivement alsaciens, elle trouvera un champ vaste dans la littérature spéciale d’auteurs alsaciens.
Elle n'éditera annuellement que quelques œuvres choisies avec un soin spécial et montées avec un réalisme minutieux.
Aux côtés de M. Charles Hahn, administrateur général, se trouve un autre Alsacien, M. Charles Decroix, administrateur artistique, et qui, durant sa carrière cinématographique déjà longue, a remporté de nombreux et impérissables succès. Pour sa collaboration directe, M. Decroix s’est entouré d’autorités averties, tels M. Curton-Smith, chef-opérateur, arraché à prix d’or aux studios américains; M. Fortuné-Emile Hahn, le spécialiste bien connu, directeur technique.
Parmi les éléments artistiques, nous citerons : Mmes Suzel Ried, Mady Lob; MM. Theo Shall, Sandoz, Vierne, Maurer, etc., etc.
Fort de ces éléments, le film alsacien a pour unique but de révéler au monde cinématographique que l'Alsace, dans ce domaine, entend gagner une place respectable.
Le premier film : Cloches du soir, sera une révélation par laquelle il sera prouvé que les éléments ne manquent pas en notre beau pays pour l'élaboration d’une production saine.
La mise en scène de nos œuvres est exclusivement réservée à l'administrateur artistique, M. Charles Decroix, dont la renommée n’est plus à faire.


L'Ère nouvelle, Paris, 26 février 1920, p. 7. 

En 1921, il est également question, semble-t-il, d'un autre projet plus ambitieux :

Une fabrique de films alsaciens va éditer, au profit du monument de LA MARSEILLAISE, qu'un comité local va offrir à la ville de Strasbourg, un grand film historique ayant pour titre: Rouget de Lisle et sa Marseillaise.


Le Petit Parisien, Paris, 1er septembre 1921, p. 3.

On attribue parfois le titre Der Hans im Schnockeloch à cette société de production. Mais, ces films n'ont pas laissé de traces dans la presse... encore faudrait-il savoir s'ils ont effectivement été tournés ou s'ils ne sont restés qu'à l'état de projet.

En février 1921, il épouse en secondes noces Renée Lejeune et dépose la firme "Achille Juillet" :

Registre de Commerce du Tribunal de Bailliage de Mulhouse.
Inscriptions du 7 juin 1921
Registre des firmes:
Vol. V nº 702, firme Achille Juillet. Propriétaire: Monsieur Achille Juillet, négociant à Mulhouse. Fondée de pouvoirs (Procuriste) Mme Achille Juillet, née Renée Lejeune, à Mulhouse.


L'Express de Mulhouse, Mulhouse, 17 août 1921, p. 4.

Les dernières activités cinématographiques (1921-1925)

Afin de se relancer une dernière fois, Charles Decroix va tenter sa chance en Allemagne, le pays où il a connu une gloire éphémère. À Berlin, il va co-diriger deux comédies avec Heinrich Bolten-Baeckers : Der Herr Papa et Der Herr Landrat.

Bolten Baeckers oswalda_ossi.jpg
 Heinrich Bolten-Baeckers (Chemnitz, 1871-Dresde, 1938) Ossi Oswalda (Niederschönhausen, 1897-Prague, 1947)

La presse évoque également un scénario écrit pour l'actrice Ossi Oswalda qui vient de fonder sa propre maison de production :

Franco-German Relations
The Lichtbildhühne announces that Charles Decroix, the French producer, is at the moment in Germany, and that he will write a scenario for Ossi Oswalda.


Kinematograph Weekly, jeudi 15 décembre 1921, vol. 58, nº 763, p. 60.

Sans doute, un projet sans lendemain. En 1925, Charles Decroix dépose un brevet pour une installation théâtrale et cinématographique dont la presse va se faire l'écho :

Le Cinéma en marche
Vers quoi ? Tout bonnement vers le théâtre. Cette semaine, les gens, plus rares qu'on ne le croit, même parmi les professionnels, qui suivent attentivement ce qui se passe furent convoqués dans un studio pour assister à une première démonstration qui est peut-être un pas sérieux vers une collaboration étroite du cinéma et de l'art dramatique.
M. Charles Decroix vint, il y a quelques mois, me présenter une maquette que je lui avais vivement conseillé de montrer à nos directeurs de music-halls et de théâtres, ce qu'il a fait, sans grand résultat d'ailleurs. Réduit à ses seules ressources, mais animé d'une foi qui triomphera, il nous a soumis un petit scénario qu'il a écrit lui-même et que jouent des camarades. M. Decroix partage la scène en deux parties, dont l'une est occupée par un véritable décor  de théâtre, meublé, éclairé, comme pour une représentation ordinaire. Tandis que son petit drame se déroule, joué comme au théâtre, une projection sur l'écran voisin montre des scènes extérieures dont les personnages ont été tournés bien entendu par les mêmes artistes. Leur passage de l'écran au décor réel, absolument au point dès maintenant, réalise une simultanéité d'un effet saisissant.
Il faut que M. Charles Decroix fasse une tentative publique sur une vraie scène. Tous ceux qui assistèrent à celle de l'autre jour ont aperçu un champ extraordinairement nouveau ouvert à l'imagination de nos auteurs dramatiques.
ANTOINE.


Comoedia, Paris, 14 mai 1927, p. 4.

On ne connaît pas de réalisation publique pour ce dernier projet en lien avec le cinématographe. Il est sans doute de retour à Paris vers 1927 et se marie, pour la troisième fois, en 1929, et divorce peu après.

Homme de confiance chez Grasset ([1931]-1933)

La figure de Charles Decroix refait son apparition au début des années 1930. On le retrouve alors dans l'entourage de l'éditeur Bernard Grasset. Alors que ce dernier est fragilisé au sein de son entreprise et quitte Paris pour Divonne, en novembre 1931, entouré de ses proches :

Charles Decroix, apparemment chasseur de talents pour l'éditeur, est l'homme des confidences.


Bernard Grasset: vie et passions d'un éditeur, Paris, Bernard Grasset, 1989, p. 251.

Par ailleurs, Bernard Grasset traverse alors une grave crise psychologique et, à l'été 1933, Charles Decroix reste encore l'un des rares à garder sa confiance : 

Il se retire dans son petit appartement confortable et bohème, encombré de journaux, de livres écornés, déchirés, tachés, avec, au mur, des toiles uniquement de lui, et dans un coin un gramophone presque toujours muet, ou répétant vingt fois de suite une rengaine qui lui plaît. Il se mure. Il reçoit peu. André Sabatier, Pierre Bessand-Massenet, Charles Decroix seront pendant plusieurs mois son seul lien régulier avec l'extérieur. Il boit de plus en plus, se néglige, se lamente.


Bernard Grasset: vie et passions d'un éditeur, Paris, Bernard Grasset, 1989, p. 269.

Il est également en contact avec l'écrivain Paul Léautaud qu'il tente de convaincre de publier chez Grasset :

1933
[...]
Jeudi 2 Novembre. - Tantôt, visite d'un Ch. Decroix, de la part  de Bernard Grasset, pour me demander de lui donner à publier Le Petit Ami et In Memoriam, illustrés des photographies que je pourrais donner. Édition à laquelle j'ai souvent pensé moi-même. Il entendait là une édition courante. Il parlait même déjà d'une «option» que je pourrais lui donner dès maintenant. Il m'a fallu le refroidir en lui disant que l'édition courante paraîtra au Mercure, que je n'ai nulle raison de quitter, que les photographies que je possède auraient leur place surtout dans In Memoriam et qu'il ne pourrait être question que d'une édition de celui-ci, édition de luxe, à tirage restreint et assez cher.
Il m'a expliqué : « Grasset est malade, vous le savez. Il vit retiré. On le voit peu. Il a besoin de temps en temps d'avoir une chose qui l'excite un peu, qui le sorte un peu de sa claustration. Cette publication lui ferait grand plaisir. »
Il doit venir me revoir, vers le printemps prochain, époque, je lui ai dit, à laquelle je pense avoir mon texte prêt. Le Petit Ami appartient au Mercure, mais ln Memoriam, qui n'a jamais paru que dans le Mercure, m'appartient et je peux très bien faire cette édition illustrée, qui ne ferait aucun tort au Mercure.


Paul Léautaud, Journal littéraire, X. octobre 1932-janvier 1935, Paris, Mercure de France, p. 252.

Les dernières années (1934-1943)

On ne sait que peu de choses sur les dernières années de la vie de Charles Decroix. Grâce à un article-hommage, publié en 1936, on apprend qu'il travail comme manoeuvre :

LE MOULIN A IMAGES
Histoire de notre temps
Venu au cinéma en 1902 chez Meliès à Montreuil, continuant chez Pathé Frères en 1906, Ch. Decroix est aujourd'hui l'un des plus vieux pionniers de l'industrie du film.
Technicien éprouvé et breveté, il fut tour à tour auteur, metteur en scène et directeur du film d'art et de nombreuses sociétés de production. En 1910, Decroix quitta Ch. Pathé et partit pour Berlin comme Capellain, Tourneur, etc. gagnaient l'Amérique.
Sous la direction de celui qu'on a appelé là-bas : " Vater der Deutsche Film Industrie " (le père du cinéma allemand), le cinéma allemand s'organise, se développe...
Vient la guerre. Le 1er août 1914, Ch. Decroix est arrêté et enfermé au Politzei Praesidium sous l'inculpation d'espionnage. Il passe quatre années de dure captivité au camp de Holzminden.
Après l'armistice, Ch. Decroix a regagné Paris, mais son activité en Allemagne avant la tourmente a détourné de lui ceux qui auraient pu l'aider. Il a été repoussé, boycotté.
Aujourd'hui, à 60 ans, il est manœuvre d'usine et en chômage.
Pourtant son activité intellectuelle demeure entière : un scénario dont il est l'auteur, Le Bal sur l'abîme, le prouve surabondamment.
Telle est l'édifiante histoire que me transmet un correspondant. Tout commentaire paraît pour aujourd'hui superflu.
Gaston Thierry.


Paris-soir, Paris, 30 mai 1936, p. 11.

Il décède à Paris en 1943.

Sources

"Charles Décroix", Lichtbild-Bühne, nº 15, avril 1913, p. 8.

"Charles Decroix", Lichtbild-Bühne, juin 1913, p. 114.

LEFEVRE Maurice, "Les Grands Tondus", Le Monde artistique, 16 décembre 1911, p. 787-789.

ROLLINI Louis Z., Les 3 Zecca (manuscrit), Archives Ferdinand Zecca, fonds Maurice Bessy, coll. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé.

http://maisons-de-strasbourg.fr.nf/page/9/?s=27

3

1907

Le bagne des gosses (Pathé) (juillet)

1907 bagne des gosses
Le Bagne des gosses (1907)

1908

Pédicure par amour (mai)

1908 pedicure par amour
Pédicure par amour (1908)

La Maîtresse de piano (juin)

1909

Dans l'Hellade [Na Hellade] (Le Film d'Art) (juin)

1909 dans l hellade
Dans l'Hellade (1909)

Die Überführten Missetäter [Les Délinquants condamnés] (SCAGL) (juillet)

La Victime [A Victima] (Le Film d'Art) (août)

1909 victime 1909 a victima
La Victime (1909)

Les Paysans [Os camponezes] (Le Film d'Art) (août)

1909 les paysans
Les Paysans (1909)

Une conquête [A conquest] [Uma conquista] (Le Film d'Art) (22 octobre)

1909 une conquete
Une conquête, (1909)

1910

Aimez-vous les uns les autres [Love Ye One Another !] [Liebet Euch untereinander] [Amai-vos uns aos outros] (Pathé Frères. S.C.A.G.L.) (mars)

1910 aimez vous les uns les autres
Aimez-vous les uns les autres (1910)
© SCAGL, 1910, carte postale. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, collection Delpire-Corbeau

Haine implacable [Odio implacavel] (Pathé) (mars)

Werther [Werther] (Le Film d'Art) (mars-avril)

1910_werther.jpg 1910 werther 01
Werther (Henri Pouctal, 1910)

Affaire d'honneur (Pathé) (mai)

Der Leuchtturmwächter (Deutsche Mutoskop und Biograph)

Das Vierte Gebot (Deutsche Mutoskop und Biograph) (mars) 

Die Vernunft des Herzens (Deutsche Mutoskop und Biograph) (juillet)

1910 die vernunft des herzens
Die Vernunft des Herzens
Digital Art and Culture Archive Düsseldorf

Graf Gallas (Deutsche Mutoskop und Biograph) (août) 

Die Spinne (Deutsche Mutoskop und Biograph) (< novembre)

Weihnachtstränen (Deutsche Mutoskop und Biograph) (décembre)

Pro Patria (ou Für 's Vaterland) (Deutsche Mutoskop und Biograph) (décembre)

1911

Das Herz einer Gattin (Deutsche Mutoskop und Biograph)  (février)

Die Neue Gouvernante (Deutsche Mutoskop und Biograph) (mars)

Die Guten Hosen (Deutsche Mutoskop und Biograph) (avril)

Die Tipmansell (Deutsche Mutoscope GmbH)

Il Mutilato [Le Mutilé] [O mutilado] (Milano Films)

1912

L'accordeur (Lux)

Les Voisins ennemis (Gaumont)

La Lune de Miel (Gaumont)

Incognito (Gaumont)

Mona Lisa (Continental GmbH Deutschland)

1913

Der Fleck [The Stain] (Hanewacker & Scheler) (28 mars).

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1913 der fleck
Der Fleck (1913)

Freunde (Hanewacker & Scheler) (avril)

Die Czernowska ? [A Woman's Treachery] (Hanewacker & Scheler) (18 avril).

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Die Czernowska ? (1913)
Digital Art and Culture Archive Düsseldorf

Das Ave Maria (Hanewacker & Scheler) (avril)

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Das Ave Maria (1913)

Der neue Unterpräfekt (Hanewacker & Scheler/Monopol-Film) (mai)

Pyp und sein Flirt (American & Continental Film Co.) (Vienne: 8 août)

Die Affaire Dumaine [A Cry in the Night] (Hanewacker & Scheler) (Vienne: 22 août)

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Die Affaire Dumaine (1913)

Carmen (Cinès) (tournage septembre)

1913 carmen
Carmen

Pyp als Champignonzüchter [

Pyp as a Mushroom Groewer](American & Continental Film Co.) (19 septembre)

1913 Monsieur Pyp als Champignon Züchter
Pyp als Champignonzüchter (1913)

Freuden der Reserveübung (Hanewacker & Scheler) (26 septembre)

1913 Freuden der Reserveübung

Pyp bleibt Junggeselle (American & Continental Film Co.) (12 octobre)

Brutal ! (Hanewacker & Scheler) (24 octobre).

Wenn die Liebe sich einmengt (Hanewacker & Scheler) (21 novembre).

1914

Gütertrennung (Charles-Decroix Films) (janvier)

Vae victis ! [Wehe den Besiegten] [Woe to the Conquered] [ Ai dos vencidos !] (Hanewacker & Scheler) (février)

1913 vae victis 01 1913 vae victis 02
1913 vae victis 03
1914 ai dos vencidos 01 1914 ai dos vencidos 02
Vae victis ! (1914)

Schwitzbad G.m.b.H.  (Charles-Decroix Films) (21 mars)

Toto Odettes Liebesbote (Charles-Decroix Films (28 mars)

Zimmer nº 22 (Continental Kunstfilm G.M.B.H.) (avril)

Die kleine Heiratsvermittlerin (Charles-Decroix Films) (avril) 

Die Unschuld vom Lande (Charles-Decroix Films) (15 mai)

1914 die unschuld vom lande
Die Unschuld vom Lande (1914)

Ein Frauenherz [La Barcarole], [ Coração de Mulher] (Charles-Decroix Films) (23 mai)

1914 coraçao de mulher 01 1914 coraçao de mulher 02
I Acto
Apresentando a amiga
Coração de Mulher (1914)
II Acto
Depois do concerto
Coração de Mulher (1914)
1914 coraçao de mulher 03 1914 ein frauenherz
III Acto
Um doce "tête à tête"
Coração de Mulher (1914)
Ein Frauenherz (1914)

Der Hühneraugenoperateur (Charles-Decroix Films) (juillet)

Im Liebstaumel [Liebe und Mode (Lustspiel)] (Charles-Decroix Films) (juillet)

Die Mondfischerin (Charles-Decroix Films) (juillet)

Über alles die Ehre [Avant l'honneur] (Charles-Decroix Films) 

Der Stern [The Sign of the Star] (Eiko (auch: Riko) (Deutschland) (octobre)

[Das berühmte Dreigestim]

1917

Der Retter in der Not (Iris-Films AG, Zürich) (mars)

Die sieben Todsünden: Der Zorn (Iris-Films AG, Zürich) (mars)

Endlich allein! (avril)

Seeregatta auf dem Zürichsee (Irs Films AG. Zúrich)

Frühlingsmanöver / Manœuvres de printemps (Iris-Films AG, Zürich) (août)

1920

[Der Hans im Schnockeloch]

[Cloches du soir]

1921

[Rouget de Lisle et sa Marseillaise]

Der Herr Papa (avec Henrich Bolten-Baeckers) (BB-Film-Fabrikation Bolten-Baeckers)

Der Herr Landrat (avec Henrich Bolten-Baeckers) (BB-Film-Fabrikation Bolten-Baeckers) 

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