[Un jour de guigne] 

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[Un jour de guigne]

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1 Gaumont  
2 n.c.  
3 ≤18/12/1905  
4 France
 

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06/11/1905-18/12/1905  FranceParis, Société Française de Photographie n.c.  Un jour de guigne 
03/02/1906 FranceBourges, Salle des Fêtes The Stinson Bio  Un jour de guigne 
 

Je recommande à ceux qui nient le guignon d’aller voir Un jour de guigne. Cette vue seule vaut qu’on se dérange pour aller salle Lesage. 
Pour faire une agréable surprise à son mari qu’elle adore, une jeune femme fait l’acquisition d’un superbe parapluie qu'elle lui offre à l’occasion d’un voyage qui le force à partir immédiatement. Il doit prendre le premier train et obligé de couper court à toute folle expansion, il emportera au moins avec lui le précieux gage de leur amour. Il se sauve donc à toutes jambes, non sans avoir reçu force recommandations au sujet du susdit parapluie.
Arrivé à la gare tout en nage, il aperçoit le train qui lui part sous les yeux. Désespéré, il veut le rattraper, mais il s’empêtre dans une brouette de bagages et va s’abattre sur la voie, au milieu des malles et des valises. Il se relève tant bien que mal et, tout en époussetant son pantalon, il donne tête baissée dans une vieille dame qui s’amène en courant à la gare. Nouvelle bousculade et nouvelle chute dans laquelle il arrive difficilement à se dépêtrer des jupes de sa victime. Pendant que, furieux et tout confus, il cherche à s’excuser de sa maladresse, il n’entend pas venir trois cyclistes qui tombent en plein sur lui, l’accrochent par sa redingote à laquelle ils enlèvent la moitié du dos et les deux manches, et le malheureux parapluie auquel il ne reste plus que les baleines.
J’en omets, et des plus abracadabrantes. Mais pour comble de guigne, pendant son absence, les cambrioleurs ont dévalisé sa maison et quand à moitié nu, la figure en sang, sans chapeau, le manche seul de son parapluie à la main, et bien entendu sans être parti, il rentre chez lui, il constate qu’un incendie brûle sa demeure et que les pompiers achèvent d’inonder ce que les flammes voulaient épargner.
On ne peut s’empêcher de plaindre le malheureux tout en se tordant devant tant de déveine.


L'Indépendant du Cher, Bourges, 3 février 1906, p. 3.

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