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- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 14 juin 2025
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 11757
Victor DENIZOT
([1873]-≥1931)
Jean-Claude SEGUIN
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État de la question.
L'identité de "Denizot" reste encore à établir. Le prénom qui lui est habituellement associé "Vincent" n'est appuyé par aucune donnée précise et ne figure jamais dans les articles publiés tout au long de sa carrière. Il a été produit par l'historiographie. En revanche, le seul prénom contemporain que l'on trouve est "Victor" :
La Compagnie nouvelle d’éditions cinématographiques (Phocea-Film), 3, rue des Récollettes, Marseille, vient de s'attacher de façon permanente, à titre de metteur en scène M. Victor Denizot, qui remplissait, depuis sept ans, à l’Itala-Film, ces importantes fonctions. M. Victor Denizot a été, on le sait, un des metteurs en scène du célèbre film Cabiria. On ne peut donc que féliciter Phocea-Film d’une décision qui ramène dans une maison française un artiste qui honore l’art du cinéma.
Le Courrier cinématographique, 8e année, nº 1, 5 janvier 1918, p. 10.
On trouve également une occurrence intéressante dans un document officiel relatif au voyage à Montréal d'une troupe de théâtre dont font partie Victor Denizot (32 ans) et Marie-E. Denizot (30 ans).
Ces informations ténues ne se consolident pas à la consultation des sources généalogiques. Les bases de données n'offrent que très peu de solutions satisfaisantes. Une seule figure pourrait quelque peu correspondre à "Denizot" : Pierre, Victor, Jean, Joseph, Jules Denizot (Paris 5e. 30/06/1873) [matricule militaire], mais certains éléments n'entrent pas en cohérence avec une possible identification.
On ne peut dès lors exclure l'idée que "Denizot" puisse être un nom d'acteur. Mais encore faudrait-il connaître celui qui se cache sous le pseudonyme. Seul élément troublant, un court entrefilet de 1903 :
A la Robinière (Ex-Mondain), la première représentation d'En Cage, a révélé en M. Georges Champevert, auteur et interprète, Denizot.
Le National, Paris, 8 janvier 1903, p. 3.
Que faut-il comprendre ? Existe-t-il une similitude entre les deux comédiens ? Ou faut-il penser que derrière "Denizot" se cache tout simplement l'auteur, acteur et cinématographiste Georges Champavert ? Cela est d'autant plus intrigant que les informations sur l'un disparaissent lorsque elles surgissent pour l'autre dans une sorte de chassé-croisé. Étonnant également : "Victor Denizot" rejoint la maison de production marseillaise, Phocea Film, en 1918, puis la quitte alors qu'apparaît Georges Champavert qui va tourner plusieurs films... Certaines données, apparemment discordantes, ne permettent pas encore d'aller plus loin et l'absence de portrait de Georges Champavert ne permet pas de conclure.
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Les origines ([1873]-1904)
Dans le monde du spectacle, le nom "Denizot" est déjà présent dès les années 1840 à Nantes où un acteur comique porte ce patronyme. Toutefois, la grande figure du XIXe siècle est Charles-Hector Denizot (Perthes, 09/03/1844-Paris 12e, 05/07/1906) qui débute (1862) au théâtre Beaumarchais dans Il est fou ! Il passe ensuite au théâtre des Menus-Plaisirs, puis aux Porcherons. Après la guerre de 1870, on le retrouve au théâtre-concert Bataclan. Il intègre la troupe des Fantaisies-Parisiennes en 1878 dont il est directeur en octobre 1882 pour quelques mois... Il est surtout connu comme acteur comique.
Charles-Hector Denizot (c. 1875)
Les données généalogiques ne permettent pas d'établir une quelconque filiation entre ces deux figures.
[Victor] Denizot, sans lien direct apparemment avec les deux précédents, commence à se faire connaître dès son plus jeune âge. Il début à 16 ans au concert, puis part pour le service. Après avoir accompli ses obligations militaires, il se consacre au théâtre. En 1892, un "Denizot", "deuxième comique, jeune comique", est également régisseur au Casino de Bessèges (Gard). On le retrouve membre de la troupe du théâtre de la Gaîté, en octobre 1897, alors qu'il intègre celle du Grand-Théâtre de Marseille comme "grand premier comique". À partir de 1900, il participe à plusieurs tournées en France et en Belgique : Coralie et Cie (Bruxelles. janvier 1900), La Station Champbaudet (Bruxelles. septembre), La Layette (Paris, octobre), Le Champion (Bruxelles. janvier 1901), Le Contrôleur des Wagons-Lits (Bruxelles. mai), Les Joies du Foyer (Bruxelles. septembre), La Terre Neuve (Charleroi, octobre), Bichette (Bruxelles. novembre), L'Auberge du Tohu-Bohu (Charleroi, février 1902), Trente millions de Gladiator (Paris, septembre), Doit-on le dire (Paris, septembre), La Partie d'échecs, Paris, octobre), Deux divorces (Paris, novembre), Ferdinand le Noceur (Paris, novembre)... Quoiqu'il en soit, Denizot poursuit sa carrière théâtrale : Môssieur le Maire (janvier 1903)...
La Bonne Espérance. Théâtre Antoine.
L'Art du Théâtre, février 1903.
Dans les mois qui suivent, Victor Denizot continue ses tournées : Un Chapeau de paille d'Italie (Perpignan. octobre 1903), Le Testament de César Girodot (Liège. janvier 1904)... Au cours de ces années, le Théâtre Déjazet (1902-1903) et le Théâtre Antoine sont les scènes qui accueillent volontiers Victor Denizot.
Le cinématographe : Pathé, Théophile Pathé et Gaumont (1904-1906)
C'est en [1904] que Victor Denizot rejoint l'Ambigu où il va rester pendant six ans. Ce théâtre s'inscrit dans la lignée du théâtre Antoine et défend le "théâtre du réalisme" :
[...] Mais puisque l'on trouve ces effets de théâtre si superbes au grand Guignol, puisque nous avons sincèrement frémi d'horreur, chez Antoine, quand on arrache les yeux à Gloster, pourquoi refuser au théâtre de l'Ambigu le droit au réalisme ? En tout cas, l'interprétation de cette scène fait le plus grand honneur à Mlle Cassive, qui joue Rose Pompon et à ses assassins. MM. Denizot et Gréhan, ainsi qu'à Mme Dauville, qui donne la figure la plus sinistre au personnage de Giriat-Tubéreuse.
Touche-à-tout, 11 décembre 1904, p. 717.
Dans L'Annuaire des artistes (1905), il figure comme "deuxième régisseur" de l'Ambigu (saison 1904-1905). C'est également en 1904 que Victor Denizot va se retrouver devant le cinématographe dans une production de la maison Pathé : Le Règne de Louis XIV (1904) comme le raconte Camille Bardou :
Mon premier metteur en scène, nous dit Bardou, fut Laurent-Heilbronn, précurseur des films historiques ; le directeur du théâtre était alors M. Lépine, qui devait quitter Pathé peu après pour aller tenter fortune en Italie. M. Denizot remplissait le rôle de Louis XIV et M. Moreau celui du prisonnier de Sainte-Marguerite ; je jouais dans la première partie le cardinal Mazarin, et vers la fin je doublais Séverin-Mars.
Guilaume-Michel Coissac, Histoire du cinématographe, Paris, Cinéopse/Gauthier-Villars, 1925, p. 417.
Il n'abandonne pas pour autant les planches de l'Ambigu où on le retrouve à l'affiche des Cambrioleurs de Paris (24 juin 1904) dans le rôle du "Premier garde" et se fait remarquer dans celui de "Superbe" dans Le Crime d'Aix :
M. V. Denizot mérite une mention spéciale pour son rôle de Superbe; c'est bien là le mâle à femmes, à l'encolure de taureau, à la poigne de fer faite pour étrangler les colombes récalcitrantes qui ne veulent pas cracher le pognon.
L'Intransigeant, Paris, lundi 5 décembre 1904, p. 3.
Le Monde illustré, Paris, 9 juillet 1904, p. 477.
Il n'en délaisse pas pour autant la scène belge où il fait plusieurs apparitions au cours de l'année 1904 : Les Joies du Foyer (Bruxelles. septembre 1904) et Le Billet de Logement (Bruxelles. décembre). Il est toujours à l'affiche de l'Ambigu en 1905, où il se fait remarquer dans son rôle de "Rapp" dans La Belle Marseillaise, une pièce historique. Le Théâtre offre de lui un beau portrait en costume.
Ambigu-Comique-La Belle Marseille
8. Rapp (M. Denizot)
Le Théâtre, 15 avril 1905, p. 19.
Il est également dans la distribution des Deux Gosses (Bruxelles. août 1905) et du Crime d'un fils où il joue le rôle de Barbillon.
Le Théâtre, nº 162, septembre 1905, p. 21.
Il franchit alors le pas et se lance dans les affaires en créant une nouvelle agence artistique :
Notre ami V. Denizot, l'excellent artiste du théâtre de l'Ambigu, vient de créer une agence artistique, 75, rue Notre-Dame-de-Nazareth, près le boulevard Sébastopol. Les artistes hommes, dames et attractions en tous genres, peuvent s'y présenter dès à présent. Les directeurs peuvent également s'y adresser en toute confiance.
Le Nouveau journal, Paris, samedi 16 septembre 1905, p. 2
Cela correspond à ses débuts comme cinématographiste et l'on peut penser que sa nouvelle agence va lui permettre de se lancer de façon plus active dans le monde des images animées. C'est d'ailleurs au cours de cette même année qu'il passe à la mise en scène cinématographique chez Théophile Pathé pour lequel il tourne, au moins, La Retraite dont l'opérateur est Paul Thomas :
Mon ambition, c'était naturellement de tourner. Je ne devins cependant opérateur que de longs mois après mon arrivée au laboratoire. Le premier film auquel je travaillai, je m'en souviendrai toute ma vie, s'intitulait La Retraite. Denizeau [sic] l'avait mis en scène et Desgrieux y tenait le rôle principal.
FRANCIS AMBRIÈRE.
L'Image, nº 15, Paris, 1932.
À l'hiver 1905, Victor Denizot, son épouse et une poignée d'acteurs embarquent à Liverpool (3 décembre) à bord de l'Oceanic en direction de New York où ils arrivent en décembre. Paul Cazeneuve est le directeur de cette compagnie comme le commente La Presse :
LE RETOUR DE M. CAZENEUVE
[...]
Monsieur Paul Cazeneuve arrivera ce soir ou demain matin à Montréal avec plusieurs nouveaux artistes qu'il vient d'engager en France. Il fait la traversée à bord de l'"Oceanic", et il nous amène entr'autres, Victor Perny qui a conquis l'admiration du public, il y a trois ans aux Nouveautés; M. Victor Denizot, de l'Ambigu, de Paris; Melle Adrienne Dericourt, grande jeune première d'un rare mérite et plusieurs autres.
La Presse, Montréal, mercredi 20 décembre 1905, p. 15.
La troupe va jouer, au Théâtre Français, la pièce de Victor Hugo, Ruy Blas où Victor Denizot interprète le rôle de don Guritan. Les autres acteurs sont Mrs Marie E Denizot, Marguerite Mignon, Adrienne Dericourt, Victor Perny, Amélie Perny...
"M. Denizot" (Guritan)
L'Annuaire théâtral, Montréal, 1908, p. 230.
À son retour, Victor Denizot continue à alterner ses activités théâtrales et cinématographiques, mais le décès soudain (Nemours, 12 mars 1906) de Frédéric de Chirac, fondateur du "Théâtre Réaliste", lors d'une tournée organisée par Mme Denizot, va faire du premier le successeur du second. Victor Denizot tourne la manivelle comme cinématographiste alors que Georges Monca se trouve devant l'appareil de prise de vues pour une société disposant d'un studio à Asnières :
Monca resta quelques années sans songer au cinéma, lorsqu'en 1906 Denizot lui fit tourner comme artiste quelques scénarios, dans un petit studio d'Asnières.
Guilaume-Michel Coissac, Histoire du cinématographe, Paris, Cinéopse/Gauthier-Villars, 1925, p. 399.
Toujours en 1906, sans doute au printemps ou à l'été, on retrouve Victor Denizot chez Gaumont, où il travaille sous l'autorité d'Alice Guy, responsable alors du secteur cinématographique. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas tendre avec lui dans ses souvenirs. Elle lui reproche un comportement moral qu'elle n'approuve pas :
Nous avions cependant engagé un chef de figuration, Denizot. La prise de contact avec le monde qu'il introduisit au studio me fit comprendre à quel point j'étais ignorante de certains types humains.
Denizot avait amené ce jour-là quelques figurantes qui devaient paraître en maillot dans une quelconque féerie.
Sur le plateau, Gaumont discutait avec les ingénieurs d'un détail technique. Ils m'appelèrent pour me mettre au courant.
À cet instant, une des femmes sortit de la loge, dans le plus simple appareil... son maillot sur le bras.
- J'suis bien fâchée, Mamzelle, dit-elle, j'suis dans mes mauvais jours et j'ai taché vot'maillot.
Je me sentis rougir. Les hommes s'étaient détournés discrètement, souriant sans doute de ma gêne...
Alice Guy, Autobiographie d'une pionnière du cinéma (1873-1968), Paris, Denoël/Gonthier, 1976, p. 74.
Quelques pages plus loin, Alice Guy renouvelle ses critiques envers Victor Denizot au sujet des salaires que reçoivent les figurants :
Tout ne se passait pas sans accroc. J'avais surpris le chef de la figuration, Vincent [sic] Denizot, brutalisant un de ses hommes et je l'avais menacé de renvoi si la chose se renouvelait. Encouragé, un de ces pauvres diables vint à moi et me confia que, sur leur maigre salaire (en l'occurrence 3 à 5 F), cet individu leur retenait 0,50 F et se livrait à des voies de fait s'ils " rouspétaient ". Pour mettre fin à cet abus, je résolus de les payer moi-même. Cela ne fit pas l'affaire du chef, il me le fit bien savoir.
Alice Guy, Autobiographie d'une pionnière du cinéma (1873-1968), Paris, Denoël/Gonthier, 1976, p. 81-82.
Ces jugements à l'emporte-pièces doivent être nuancés en l'absence du témoignage de la "partie adverse". Victor Denizot, directeur d'agence, recrute des figurants et des acteurs pour les films tournés chez Gaumont, mais on ignore quels sont les personnes et les critères d'embauche. On peut lire dans la presse l'une de ses annonces :
M. Denizot, l'impresario et artiste de l'Ambigu, porte à la connaissance des directeurs qu'il possède des spectacles tout montés, pour concerts, théâtres et music-halls, à des prix relativement bon marché.
V. Denizot, 75, rue Notre Dame de Nazareth, tous les jours, de 5 heures à sept heures.
Le Nouveau Journal, Paris, 5 mai 1906, p. 1.
Un autre témoignage très bref est fourni par Max Bonnet :
M. MAX BONNET. Pour QUASIMODO, la Esmeralda, c'était la petite Becket, lui, c'était VORINS.
Les metteurs en scènes à cette époque-là ? Mlle Alice, qui a mis en scène avec FEUILLADE, DENIZOT, qui était avant Alice.
La chronologie proposée par Max Bonnet reste cependant incertaine.
Victor Denizot va reprendre ses activités théâtrales dès l'automne 1906. Avant d'engager une nouvelle tournée en France, il écrit quelques courtes pièces : Petite Vierge (étude d'amour sur la grand'route), Assassin (pièce passionnelle), ... Et content et Le Coq. Ces oeuvres réalistes sont présentées à Wassy en octobre et la presse nous permet d'en connaître le contenu :
Le Théâtre réaliste à Wassy
L’impresario M. V. Denizot a donné vendredi soir dans notre théâtre municipal la représentation de théâtre réaliste qui avait été annoncée.
Ces pièces réalistes, c’est à-dire vécues, sont d’use vérité absolue dans leur intensité dramatique. Quoique les titres de ces pièces paraissent un peu lestes, l’action en est tour à tour saisissante ou comique, mais rien de bien choquant.
L’interprétation a été superbe, aussi les acteurs ont récolté de sympathiques applaudissements. C’était enlevé par des artistes de valeur, l’action vous empoignait amenant tour à tour le rire on les larmes.
Le programme a été ainsi suivi :
/... et content, ou goûtez et comparez, étude psychologique mondaine en 1 acte. C’est une dame qui a trompé son ami avec un autre et pour le consoler elle lui avoue que pour juger de ses qualités elle ne pouvait faire moins que de comparer. Il est content.
Assassin ! étude passionnelle en 1 acte. On assiste à l’agonie d’une pauvre femme dont le fils envoyé avec les forçats en Nouvelle-Calédonie, pour avoir tué dans un moment de folie, s’est évadé et se trouve au pied du lit de la mourante quand la police envahit le taudis. Sa maîtresse Jacqueline pour qui il s’est fait assassin est là. La scène est plutôt émotionnante.
Petite Vierge, étude d’amour sur la grand’ route.
Un garde-chasse a donné asile pour la nuit à un malheureux. C’est un paria qui, aigri contre la société, est imbu des principes socialistes ; après n’avoir su se conduire lui-même, il fait de grandes phrases. Bref, pour reconnaître l’hospitalité qui lui est donnée, il tente de violer la fille du garde-chasse.
Ah I c’te vache, idylle rustique.
Gai quiproquo d’un paysan qui vante les qualités de sa vache â un amoureux qui croit que c’est de sa fille qu’il veut parler.
Le Coq, étude satyrique.
On l’avait sans doute réservée pour la fin, celle-là. Elle était un peu leste. Certain député s’était fait la réputation d’un grand tombeur de femmes et cependant il était tout à fait inoffensif dans le tête-à-tête. Pour sauver les apparences, son secrétaire le sonnait au moment psychologique. Notre député était si peu à craindre que sa femme, qui l’avait épousé sur la réputation qui lui était faite d’un tempérament ardent, avait été obligée de réclamer les services du secrétaire.
C’est la fin et le rideau se baisse au milieu des applaudissements et des rappels. Il est minuit.
Le Petit Champenois, Chaumont 7 octobre 1906, p. 2.
Cette tournée le conduit également à Cluny (octobre), à Dijon (octobre), à Beaune (octobre), Tours (novembre)...
Et après... (1907-≥1931)
Victor Denizot continue de présenter son spectacle, sous le nom de "Théâtre Libre" au cours du premier trimestre de l'année 1907. Aux titres déjà connus, il faut y ajouter Cruel amour co-écrite avec F. Stéphane, et Le gueux (étude socialiste en un acte) : Lille (février), Saint-Gobain (février 1907), Abbeville (février), Langres (mars), Nogent-sur-Seine (mars), Belfort (mars), Roanne (mars), Charolles (mars), Neuchâteau (mars), Reims (avril-mai), Rouen (juillet)... La presse dévoile le nom des comédiens de la troupe :
Tournée V. Denizot : Mlle L. Reyme, du Grand-Guignol, M. L. Prieur, du Théâtre Sarah-Bernhardt, Mme Vial, de Déjazet; M. Baudoin, du Théâtre des Arts; Mlle Iris de Lausanna, du Théâtre des Variétés; Mlle Jane Barthys, du Théâtre National de l'Odéon, M. Crosnier, du Théâtre de l'Ambigu; et de MM. Alberty, Franh, Mmes H. Leroy et Roussel, dans les rôles de la pièce qu'ils ont créés à Paris: Cruel Amour. Saint-Gobain.
Le Réveil de l'Aisne, Chauny, dimanche 31 mars 1907, p. 3
Peu après, il retrouve le cinématographes. En effet, ses activités à la Société Française des Films "Éclair" sont à situer entre 1907, date de la création de l'entreprise, et 1911, avant son départ pour l'Italie. S'il semble avoir un rôle certain dans cette entreprise au cours de cette période, il n'en reste que de rares traces dont le souvenir de Maurice de Canonge :
Maurice de Canonge: "Je débute en 1910 à l'Odéon et l'année suivante dans le cinéma à l'Eclair sous la direction de Denizot."
La Critique cinématographique, 1er décembre 1931, p. 28.
C'est vers la fin de l'année 1911 que Victor Denizot rejoint la société turinoise, Itala Film :
M. DENIZOT à l'ITALA-FILM
M. Denizot, un des anciens metteurs en scène de l'Éclair, entre à l'Itala-Film. Nos compliments.
Cinéma-journal, 4e année, nº 170, 25 novembre 1911, p. 13.
Il y déploie des activités de metteur en scène et tourne de nombreux films :
Le Succès
Sait-on le rôle que joue un metteur en scène dans une Société d'édition ? Le public ne s’en doute certes pas, et pourtant c’est de son habileté que dépend le succès d’un scénario.
L'Itala, dont les films sont si appréciés du public parisien, sort presque chaque semaine une vue remarquable. Elle possède un personnel artistique d'élite et nous ne sommes pas fâchés dé donner à nos lecteurs, pour une fois qu'il nous est connu, le nom d’un des metteurs en scène de cette Société. M. Denizot, ancien directeur de la scène des Sociétés Pathé, Gaumont, Pharos, Eclair, est maintenant à l'Itala. Il a sorti dernièrement : Art et Innocence, Le Plus beau Jour de la Vie, Le vrai Ami. Nous le félicitons.
Le Courrier cinématographique, 2e année, nº 19, 4 mai 1912, p. 32.
Victor Denizot va également voyager (Simone, Centre Afrique, Sud de l'Italie, Maroc...) pour le compte de l'Itala Film :
Itala Company.-The expansion of this old-established firm increases day by day. The numerous studios which it possesses already suffice no longer for its extensive productions, so a company has been dispatched to Morocco, where, under the direction of Mr. Denizot, various foreign pictures will be made. This series should prove highly original and of exceptional interest.
The Bioscope, 9 octobre 1913, p. 110.
Selon la presse italienne, Victor Denizot aurait été appelé au moment de la mobilisation générale avant d'être réformé quelques mois plus tard :
M. Denizot, Direttore di scena, dopo sei mesi di presenza al 12ª artiglieria, è stato riformato. Ha riprese le sue funzioni a Torino. Ben tornato!...
La Cinematografia italiana ed estera, 9e année, nº 4, Turin, 28 février 1915, p. 72.
C'est à son retour qu'il coréalise avec Luigi Romano Borgnetto son oeuvre la plus connue Maciste (1915) . Une revue espagnole résume en quelques lignes sa carrière :
"Se encuentra..."
Se encuentra en Londres el Sr. Denizot, el conocido metteur en scène que ha dirigido en cuatro países de Europa, trabajando en todas las grandes casas de films, como "Pathé", "Gaumont", "Eclair", "Itala, etc., etc.; también ha trabajado en Rusia y Alemania, y últimamente ha hecho todas las grandes escenas del esterior en la grandiosa cinta de la "Itala-Film", Cabiria.
("El Mundo Cinematográfico."), La Cinematografia italiana ed estera, 10e année, nº 8, Turin, 30 avril 1915, p. 91.
Après moins de quatre ans de collaboration avec l'Itala Film, Victor Denizot quitte la société turinoise :
V. Denizot, direttore di scena, non fa più parte dell'"Itala".
La Cinematografia italiana ed estera, 9e année, nº 21 et 22, Turin, 15 et 30 novembre 1915, p. 67.
À la recherche de nouvelles activités professionnelles, il fait passer dans la presse de langue anglaise une petite annonce dans le but de collaborer avec une société de production anglaise :
Engagements Wanted
FRENCHMAN (first-class references : Pathé, Gaumont, Eclair, Itala film) ; producer, since 1903 ; familiar with cinematography in all its details, and able to supply original scenarios ; dramatist ; officer of the Academie Erancaise ; discharged from Army after Battle of the Marne; desires engagement as producer or artist with an English Producing Company. Offers to : Denizot, 7, Buttigliera, Turin, Italy.
The Bioscope, jeudi 13 janvier 1916, p. 222.
À cette époque, il se rend d'ailleurs en Grande-Bretagne afin de nouer quelques contacts.
"Mr. Denizot"
The Bioscope, 2 mars 1916, p. 979.
Sa situation reste assez précaire, et il fait passer une nouvelle annonce en anglais :
FILM PRODUCERS
If you have no Representative in France or Italy, write to Denizot 10, Cranbourn Street, who undertakes and makes himself personally responsible for all such business. References from the best-known firms.
The Bioscope, jeudi 24 août 1916, p. 689.
Finalement, après un an de contacts infructueux, il est de retour en Italie où il reprend du service, pour un temps, à l'Itala Film :
Ha integrado de nuevo en la Itala Film, el renombrado director de escena Denizot.
El Cine, samedi 20 janvier 1917, p. 7.
Quelques mois plus tard, il quitte de nouveau l'Italie pour rejoindre Marseille où vient de se monter la nouvelle société "Phocéa-Film" (1916. 3, rue des Récollettes) :
La Compagnie nouvelle d’éditions cinématographiques (Phocea-Film), 3, rue des Récollettes, Marseille, vient de s'attacher de façon permanente, à titre de metteur en scène M. Victor Denizot, qui remplissait, depuis sept ans, à l’Itala-Film, ces importantes fonctions. M. Victor Denizot a été, on le sait, un des metteurs en scène du célèbre film Cabiria. On ne peut donc que féliciter Phocea-Film d’une décision qui ramène dans une maison française un artiste qui honore l’art du cinéma.
Le Courrier cinématographique, 8e année, nº 1, 5 janvier 1918, p. 10.
"Une visite à la Phocea-Film. Les Artistes"
Victor Denizot (assis au centre).
Quelques Lignes sur Phocéa-Film
De cette expérience, il reste en particulier le bref témoignae de Gaston Dumesnil :
M. DUMESNIL. Il [Camille Bardou] avait connu Jasset à Marseille. On était à Marseille pour monter une affaire de Cinéma: Phocea Film et Bardou était là, avec un autre metteur en scène nommé Denizot. L'affaire a périclité, ils ont tourné à Marseille à ce moment-là, et Bardou a proposé de se mettre à la disposition de Jasset.
FONDS SADOUL, Cinémathèque française, cote GS-A-34 COMMISSION HISTORIQUE 12 FÉVRIER 1944.
Vers le milieu de l'année 1919, sans pour autant quitter la société Phocéa-Film - où il est toujours domicilié, en 1920, 3, rue des Récollettes -, Victor Denizot constitue sa propre entreprise où il prépare un premier film :
Phi-Phi a disparu de l'affiche depuis lundi dernier, mais M. Phidias et Mlle Aspasie nous restent quelques jours encore.
En effet, la gracieuse et gentille Germaine Kym, dont le succès a été si grand à Marseille et ailleurs, tourne avec son camarade l'excellent Portal et M. Marc Iris un scénario intitulé l'Anti-féministe, pour le compte de la Société Denizot, créée récemment à Marseille.
Spectator, Marseille, jeudi 3 juillet 1919, p. 9.
Le nom de la société est la "Denizot Film Cie" qui s'installe dans le quartier Saint-Just de la capitale phocéenne :
M. Denizot, le metteur en scène bien connu, vient de constituer une Société Cinématographique Française sous le nom de Denizot Film Cie, qui sera représentée à Paris, par M. Hodel, 3, rue Bergère.
Le siège social, les studios, les laboratoires, les bureaux de la nouvelle firme éditrice sont à Marseille, boulevard Albe (Saint-Just).
Le Courrier cinématographique, 9e année, nº 35, 30 août 1919, p. 50.
Plusieurs projets de films sont mis en route dont Les Fables de La Fontaine en collaboration avec la Film Centaure :
Les Fables de La Fontaine au Ciné.
Quelle bonne nouvelle et comment n'y a-t-on pas songé plus tôt !
La Société Denizot et Co, de Marseille (Film Centaure et Denizot Film), vient d'avoir l'heureuse idée de filmer les fables de La Fontaine.
Ces scènes très courtes seront, à la fois instructives pour les enfants et d'un souvenir charmant pour nous, en nous faisant revivre les heures de jeunesse où nous les apprenions.
Le Cinéopse, 1er mars 1920, p. 101.
Une dernière information le concernant date de 1931 alors qu'il vient de répondre positivement à une demande formulée par G. M. Coissac :
L'année 1931 apportera-t-elle, à la Maison de Retraite d'Orly, les éléments de valeur que lui souhaitent les administrateurs de cette oeuvre et ceux de la Mutuelles du Cinéma ? Tout permet de l'espérer. Notre appel n'a-t-il pas été entendu avec enthousiasme des inventeurs, des créateurs de notre industrie et de leurs tout premiers collaborateurs, des opérateurs du début, comme Mesguich, des metteurs en scène ignorés de beaucoup comme Zecca, Lucien Nonguet-Denizot, Monca- Charles Burguet, etc ? L'idée fait son chemin.
[...]
G. M. Coissac.Le Cinéospe, 13 janvier 1931, p. 5.
Remerciements
Bernard Bastide
Sources
L'Annuaire théâtral, Montréal: Geo. H. Robert Editeur, [1908], [262] p.
BOUSQUET Henri, Catalogue Pathé des années 1896 à 1914, tome "1896-1906), Henri Bousquet, 1996.
"M. V. DENIZOT". [Notice biographique. Origine inconnue].
GUY Alice, Autobiographie d'une pionnière du cinéma (1873-1968), Paris, Denoël/Gonthier, 1976, 238 p.
PERTHES H. de, Charles-Hector Denizot, Paris: Photographie artistique Louis Laurent, [1875], 8 p.
"Quelques Lignes sur Phocéa-Film", Hebdo-Film, 3e année, nº 30, 27 juillet 1918.
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1904 |
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Le Règne de Louis XIV (Louis XIV) (Pathé) | |
1905 |
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La Retraite (Théophile Pathé) | |
1912 |
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Art et Innocence (Itala Film) | |
Le Plus beau Jour de la Vie (Itala Film) | |
Le Vrai Ami (Itala Film) | |
Le Secret de l'âme (Itala Film) | |
La Fosse du Vivant (Itala Film) | |
1913 |
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Tigris | |
Le Bijou de la Reine | |
1914 |
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Le Forçat 113 | |
1915 |
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Maciste | |
Mariella | |
1919 |
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[L'Anti-féministe"] | |
L'Insaisissable Montenlair | |
Les Fiançailles de Grassouillet | |
1920 |
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*Le Portrait de Dorian Gray |
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Pas de femmes !... (Denizot Film Marseille) | ![]() |
Les Fables de La Fontaine | |
1921 |
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La Fumée de la mort |