- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 27 novembre 2024
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 10298
Jacques DUCOM
(Paris, 1864-Paris, 1943)
© Le Grimh, Collection particulière
Jean-Claude SEGUIN
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Augustin, Léon Ducom (Paris, 02/09/1821-Paris 17e, 08/02/1900) épouse (Paris, 20/12/1848) Jeanne, Clémentine Cauvart (Paris, 03/10/1829-Paris 17e, 14/04/1909). Descendance :
- Jacques, Eugène Ducom (Paris 2e, 26/03/1864. bapt. 08/05/1864)-Paris 15e, 14/12/1943) épouse (Paris 3e, 07/06/1900) Camille Marlière (Paris, 09/05/1862-Versailles, 21/04/1932). Descendance:
- Jacqueline, Jeanne, Denise Ducom (Paris 15e, 10/11/1902-Paris 18e, 07/08/1996)
- épouse (Paris 15e, 14/02/1925) Étienne, Georges, Marie Bricard (Angers, 06/02/1878-).
- épouse Paris 15e, 24/04/1941) Paul, Édouard, Fernand Brosset.
- Jacqueline, Jeanne, Denise Ducom (Paris 15e, 10/11/1902-Paris 18e, 07/08/1996)
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Les origines (1864-1894)
Fils d'un négociant parisien, Jacques Ducom est élève au pensionnat des Frères des Écoles Chrétiennes (68, rue Raynouard, Paris-Passy).
Fr. Si[busse], Courrier à M. Ducom. Paris. 22 février 1873.
Au moment où il est appelé sous les drapeaux, il exerce la profession de balancier-mécanicien. Il effectue son service militaire à partir du 27 novembre 1885 au 74e régiment d'infanterie et passe dans la disponibilité le 20 septembre 1886.
Dès cette époque Jacques Ducom entretient des relations suivies avec Gaston Tissandier, directeur de La Nature avec lequel il entretient un correspondance nourrie. C'est le 19 juin 1885 que Jacques Ducom, accompagné de Gaston Tissandier, le directeur de La Nature qui s'occupe du ballon, prennent des vues aérostatiques à bord du Commandant Rivière :
M. Albert Londe offre à la Société une série d'épreuves photographiques de la part de MM. Gaston Tissandier et Jacques Ducom. Ces épreuves ont été prises à bord du ballon le Commandant Rivière, le 19 juin 1885. L'appareil, fixé au rebord de la nacelle, pouvait être placé horizontalement pour les photographies des nuages et verticalement pour les photographies de la terre.
Un certain nombre de clichés ont été obtenus dans cette dernière position, et l'un d'eux dépasse en netteté tout ce qui a été fait jusqu'à présent. Il représente la pointe de l'île Saint-Louis, le port de l'Hôtel-de-Ville, le pont Louis-Philippe et la Seine. Les moindres détails sont perceptibles. Cet intéressant résultat montre tout le parti que l'on pourra tirer de la photographie aérostatique. L'Art militaire, la Géographie et la Topographie sont intéressés directement dans tous les progrès que fera cette nouvelle branche de la Photographie.
C'est pourquoi M. Londe tient à signaler les heureux résultats obtenus par MM. Tissandier et Ducom, résultats qui seront certainement confirmés lors des prochaines ascensions.
Bulletin de la société française de photographie, Paris, Gauthier-Villars, 1885, p. 173-174
Gaston Tessandier et Jacques Ducom, Photographie en ballon, 1885
© Le Grimh, collection particulière
Plusieurs de ces photos sont publiées dans l'ouvrage de Gaston Tissandier, {TISSANDIER Gaston, La Photographie en ballon, Paris, Gauthier-Villars, 1886.}La Photographie en ballon{/tip}. Il renouvelle l'expérience par la suite, en particulier avec Paul Nadar, en 1886.
Ultérieurement, il participe à l'Exposition Universelle de 1889, à Paris, où il présente des produits photographiques. À cette époque, il habite au 44 rue des Moines (Paris). On le retrouve également à la 1re Exposition Internationale de Photographie, en septembre 1892, au Palais des Beaux-Arts, à Paris.
Jacques Ducom. Carte d'exposant. Exposition Universelle (1889) © Collection particulière/Grimh |
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Jacques Ducom. Carte d'exposant 1re Exposition Internationale de photographie. Palais des Beaux-arts (avril-septembre 1892) © Collection particulière/Grimh |
Cette époque est également marquée par la publication de son ouvrage sur la photographie, Les Débuts d'un amateur photographe qui rencontre le succès.
Le cinématographe (1895-1906)
La collaboration avec les Lumière (1895-1896)
Dès les premiers essais du cinématographe, Jacques Ducom s'intéresse à la nouvelle invention. En ce sens, la lettre qu'il reçoit, en date du 28 mars 1895, six jours à peine après la présentation, à Paris, de la nouvelle invention est assez révélatrice de la place qu'il occupe auprès des Lumière et des relations parfois houleuses qu'il peut entretenir. En mars 1895, il propose ses services à Louis Lumière pour la construction d'un appareil, mais l'inventeur décline l'offre car il est déjà engagé auprès de Jules Carpentier. Louis Lumière le prie, malgré tout, de bien vouloir collaborer :
Voici ce dont il s'agit:
M. Carpentier, de la Rue Delambre, nous a demandé de lui concéder la construction de notre appareil. Étant donnéqu'il possède un outillage remarquable, qu'il est déjà connu du monde photographique - notez bien que nous ne doutons nullement que vous eussiez pu vous outiller très bien et que votre haute compétence dans les questions photographiques soit également très connue - étant donné aussi que M. Mascart nous pousse énergiquement à nous entendre avec M. Carpentier, nous allons, je crois lui donner cette construction.
Je suis désolé de vous apprendre une nouvelle si contraire à ce que vous espériez, mais j'aime mieux le faire franchement et vous déclarer que malgré cela, il y aura je crois beaucoup à faire avec notre kinétographe. Instruire les acquéreurs, faire, pour les vendre au public, des bandes positives prêtes à être projetées etc... et pour cet autre genre de collaboration, nous serions très heureux de pouvoir compter sur vous.
Louis Lumière, Lettre à Jacques Ducom, Lyon, le 28 mars 1895.
Louis Lumière, Lettre à Jacques Ducom, Lyon, le 28 mars 1895. © Collection particulière/Grimh |
Il est probable qu'il ait lui-même tourné plusieurs vues Lumière, dès 1895, même s'il est difficile de les identifier. Un document postérieur rédigé par la fille de Jacques Ducom ([1977], col. particulière), indique qu' "il fut un des opérateurs de la Sortie des usines, de L'arrivée du train à la Ciotat, de L'arroseur arrosé." et qu'il possédait "un des tout premiers appareils" Lumière. En tout état de cause, il est bien présent lors de la séance inaugurale du 28 décembre 1895 : "Le jour de l'inauguration c'était M. Moisson qui tournait la manivelle et chargeait l'appareil, c'était votre serviteur qui réglait la lampe et réembobinait les bandes." (Jacques Ducom, Le Cinématographe scientifique et industriel [1911], Paris Albin Michel, 1924, p. 43). Dans un courrier de Louis Lumière à Jules Carpentier (31 décembre 1895), on peut lire, en complément :
[...] Mon père nous a tourmentés pour que nous le laissions organiser ces exhibitions à Paris et nous avons tenu à ne pas nous en mêler du tout. Il est probable que c'est par Ducom que la célèbre maison Richard a été approvisionnée de cartes d'entrée car Ducom est l'ami de Maurice et mon père tenait beaucoup à la collaboration de ce dernier.
Louis Lumière, Lettre à Jules Carpentier, 31 décembre 1895. (reproduite dans Auguste et Louis Lumière, Correspondance 1890-1953, Paris, Cahiers du Cinéma).
Guillaume-Michel Coissac, quelques années plus tard, évoque également cette séance inaugurale :
Si j'avais été admis à prendre la parole, j'aurais signalé qu'à cette séance inaugurale, c'est le chef mécanicien [...] des usines Lumière qui tournait la manivelle, M. Jacques Ducom réglant la lampe et réembobinant la pellicule.
Comoedia, vendredi 19 mars 1926, p. 5.
Le fils de Clément-Maurice, Léopold Maurice confirme lui aussi la présence de Jacques Ducom au Grand Café où il alterne avec Félix Mesguich :
Les projections étaient assurées tantôt par MESGHISH, tantôt par DUCOM à raison de deux séances par heure.
"Léopold Maurice témoin des débuts du cinéma", Bulletin de l'AFITEC, 23e année, nº 29, 1969, p. 3.
Un dessin humoriste anonyme daté du 25 décembre 1895 représente Jacques Ducom prenant une photographie.
L'Amitad J. Ducom. 25 décembre 1895.
© Collection particulière/Grimh
Jacques Ducom est-il resté encore quelque temps après la séance pour manipuler le cinématographe ? On peut penser que les premières représentations terminées, avec des opérateurs, l'appareil a pu continuer à fonctionner sans lui.
Le passage chez Gaumont (1896)
C'est au début de 1896 que Jacques Ducom se rapproche de Léon Gaumont qui lui confie qu'il est "préoccupé par la mise au point de l'appareil Demeny" et ce n'est que quelque temps après qu'il est engagé par Le Comptoir Général de Photographie où il est responsable de l'atelier de chronophotographie.
Léon Gaumont, Lette à Jacques Ducom, Paris, 4 avril 1896.
© Collection particulière/Grimh
En des termes qui ne permettent pas de savoir dans quel contexte elle a été écrite, cette lettre évoque semble-t-il une proposition qu'aurait faite, à l'emporte-pièce, Léon Gaumont à Jacques Ducom. Peut-être s'agit-il de la responsabilité de l'atelier de photographie qui va lui incomber par la suite. Toujours est-il que c'est cette place qu'il occupe, en juillet 1896, alors qu'il envoie un courrier à Gaumont faisant état de difficultés qu'il rencontre avec l'un de ses subalternes, M. Ferrières :
18 juillet 1896
Monsieur Ferrières, E. V.
Mr Ducom me fait part de quelques difficultés qu'il a avec vous pour assurer la bonne marche de nos travauxchronophotographiques. Je tiens trop compte de la bonne volontéque vous avez prouvée ces temps derniers pour ne pas vous ensavoir gré ; mais je dois cependant envisager l'avenir & certes jem'exposerais à des déboires & à des pertes si je laissais le feucouver dans un atelier où les bons rapports entre employés sontindispensables. Je viens donc vous demander de me faire le plaisirde renouer de bonnes relations avec M' Ducom & de vous mettre àsa disposition. Je sais qu'il en cofüe quelques fois [sic} de laisserfléchir tant soit peu l'amour propre., mais je pense que vous avezsuffisamment de tact & de dévouement à la Maison pour que :jepuisse vous demander ce sacrifice qui est un peu dû à:l'indiscrétion que vous avez commise au sujet de vosappointements & qui m'a mis dans un très grand embarras vis-àvisde tout le Personnel vous trouvant avoir la [mot(,) absent(s) :paie la ?] plus importante de la Maison quoiqu'un des derniersentrés .Allons un bon mouvement et réfléchissez au service que jevous demande.Bien à vous.L. Gaumont.
CORCY, 1998: 127.
Léon Gaumont répond de façon embarrassée et tente de calmer les esprits :
18 juillet 1896
Mon cher Ducom,
Votre lettre n'est pas sans me causer quelques ennuis. Entre vos lignes vous semblez demander le renvoi de Mr· Ferrières : je ne puis vous donner cette satisfaction. Mr· Ferrières ayant fait son possible jusqu'à ce jour pour me prouver sa bonne volonté, et je dois lui tenir compte des soirées & dimanches passés à l'atelier pour assurer la bonne marche de l'affaire. Je vais néanmoins lui demander d'y mettre un peu plus du sien pour que les intérêts de l'entreprise ne soient en rien si non [sic] compromis même pas engagés par des rapports trop tendus entre vous & lui. Je compte sur votre tact pour savoir dissiper des ennuis dont je ne voudrais pas avoir à m''occuper.
Je vous serre la main.
L. Gaumont
CORCY, 1998: 128.
Ces anicroches n'empêchent pas pour autant la réalisation d'un projet particulièrement novateur. C'est à l'été 1896, en effet, que l'on commence à entendre que Joseph Antoine Floury, directeur du théâtre du Châtelet, va reprendre la pièce des frères Cogniard :
Un tableau à sensation de la reprise de la Biche au Bois, au Châtelet, sera un ballet présenté par le moyen du cinématographe. Sur la toile de reproduction, tout le ballet sera exécuté et les mouvements rythmés et réglés au métronome accompagné par l'orchestre. On compte avec raison sur un gros effet.
Le Figaro, Paris, 6 août 1896, p. 5.
Jacques Ducom a longuement expliqué l'origine de ce projet dans Le Cinématographe scientifique et industriel. Edmond Floury, le fils du directeur du Châtelet, s'adresse à Gaumont pour faire exécuter une scène qu'il a composée : Un personnage, tourmenté par des démangeaisons nasales, est finalement délivré de sa torture par une bonne fée. La scène filmée prend place à la fin de la féerie et représente une foule de lutins qui exécutent une danse infernal afin de débarrasser le personnage de son ensorcellement. C'est sur le toit du Châtelet que la scène est tournée. Cette bande figure au catalogue Gaumont sous le titre Ballet du Châtelet. La première de La Biche au bois a lieu le 14 novembre 1896. À peine quelques jours plus tard, Jacques Ducom quitte le Comptoir Général de Photographie où Léon Gaumont n'est guère satisfait de ses compétences comme chef de service :
Mon Cher Ducom,
Le format & le ton employés pour la note remise par vous. hier soir, chez rnoi, ne laissent aucun doute sur la décision que vous avez prise de quitter la Maison. Je regrette cependant que vous n'ayez pas jugé à propos de mettre un peu plus de forme dans la demande de remboursement de vos faux frais de théâtre.
Laissez-moi croire en effet que si nous ne sommes pas d'accord sur votre compétence comme chef de service & sur l'efficacité de votre présence au laboratoire, nous n'en devons pas moins, pour cela, rester sur le terrain de [la] courtoisie que ne doit pas quitter tout individu de bonne éducation.
Votre demande laisse supposer que vous avez eu d'autres débours pour assurer la bonne marche de l'appareil Demenÿ au Châtelet. Vous me feriez grand plaisir en me les indiquant, je tiens tout particulièrement à les rembourser : la maison. comme vous devez le savoir n'a jamais eu pour habitude de demander des subsides pour assurer ses succès.
Je vous attendrai pour cela demain matin lundi rue St Roch à 9 heures et pour régler les autres questions que vous auriez à poser.
Si vous avez laissé quelques affaires rue des Alouettes au Laboratoire , soyez assez aimable de m''en apporter la liste & je vous les ferai parvenir.
Ces points irritants liquidés, inutile d'y revenir & d'envenimer un rnalentendu qui ne peut aboutir à rien de bien agréable pour l'un & pour l'autre.
Je vous ai proposé de prendre des vues pour augmenter notre collection de phototypes. Je vous ai demandé de me tracer un programme. L'avez-vous fait ? Pouvons-nous tomber d'accord ?
Allons je compte sur vous demain lundi à 9 h. du matin au Comptoir & en attendant je vous serre la main.
L. Gaumont
CORCY, 1998: 174-175.
L'atmosphère chez Gaumont n'est guère propice à un travail apaisé et, quelle que soit les responsabilités des parties respectives, le départ de Jacques Ducom, nécessaire et souhaité pour calmer le jeu, se produit après six ou sept mois d'activité de ce dernier au Comptoir Général de la Photographie.
L'hypothèse Pathé (1897-1898)
On ignore ce que devient Jacques Ducom au cours des deux années suivantes. Serait-il passé alors chez Pathé ? Seul la brève notice biographique établie par sa fille unique, Jacqueline, mentionne un séjour dans cette maison d'édition de films :
Collaborateur des Frères Lumière (Tout premiers films cinématographiques)
puis des Frères Pathé (prises de films à Vincennes)
Ami de Louis Gaumont.
[...]
Mon père a collaboré par la suite avec "Pathé frères"-j'ai des documents de mises en scène de divers films de cette époque.
Dans les documents familiaux, il existe simplement un carnet qui pourrait rappeler les "documents de mises en scène de divers films de cette époque. On y trouve ce qui s'apparente à deux scénarios et quelques dessins en relation avec eux. Le carnet n'est pas daté, ce qui rend difficile toute identification.
Si comme l'écrit Jacqueline Ducom, des prises de vue ont été effectuées à Vincennes, c'est probablement au cours de cette période, mais pour l'heure les titres restent impossibles à déterminer.
Retour chez Lumière (1899-1900)
Jacques Ducom, resté en bons termes avec les Lumière, va reprendre diverses activités auprès des inventeurs lyonnais. Un premier courrier, daté du 13 janvier 1899, a pour objet d'une part, un malentendu entre Gabriel Mareschal, directeur de La Nature, et les Lumière et d'autre part, l'accès à une exposition dont est responsable [Léon] Chedeville. Le deuxième courrier permet de savoir que Jacques Ducom travaille toujours pour les Lumière et qu'il tourne des vues animées, semble-t-il, pour le compte du même Chedeville.
Administrateur Lumière, Lettre à Jacques Ducom, Lyon, 26 février 1899.
© Collection particulière/Grimh
Toutefois, le caractère lapidaire du courrier ne permet pas d'en savoir d'avantage sur le sujet des vues cinématographiques. Si l'on se fit à la date de la lettre, on peut penser que le tournage a eu lieu dans les jours précédents, sans doute en février. À cette époque, au catalogue Lumière, on trouve les funérailles du président Félix Faure, mais rien ne permet de dire qu'il soit ici question de cette série de films. Quant à Chedeville, dont il est à nouveau question, il semble jouer un rôle auprès des inventeurs.
Grâce au propre témoignage de Jacques Ducom, nous savons également qu'il tourne, pour les Lumière, plusieurs vues d'artistes de cirque comme les frères Kremo :
Les frères Chremo, acrobates ; Footit et Chocolat du Nouveau-Cirque, nous procurèrent bien des vues à succès, nous les exécutions alors pour la maison Lumière.
Jacques Ducom, Le Cinématographe scientifique et industriel [1911], p. 45.
La grande affaire de l'année 1900, c'est bien entendu l'Exposition Universelle pour laquelle les frères Lumière préparent une nouvelle caméra et un nouveau projecteur 75 mm. Jacques Ducom va faire partie du service du cinématographe Lumière, en compagnie de Charles Moisson et d'Emmanuel Ventujol, mais il est également très probable qu'il ait été celui qui a filmé un certain nombre de vues de l'événement.
"Ducom. Service du Cinématographe Lumière. Salle des Fêtes" Carte de Service Exposition Universelle Internationale de 1900. © Collection particulière/Grimh |
"Vues du grand écran du Cinématographe Lumière, installé par l'administration de l'Exposition Universelle de 1900 dans la Salle des Fêtes, située alors, au centre de la Galerie des Machines. Cet écran avait 18 mètres de haut sur 18 mètres de large.
(Photographie communiquée par M. Moisson qui s'occupait de la direction technique de ce cinéma, assisté de M. Ventugol [sic] et de l'auteur de cet ouvrage)"
© Jacques Ducom, Le Cinématographe scientifique et industriel
En effet, dans l'un des courriers que Louis Lumière lui adresse en avril 1900, on peut voir qu'il est en train de préparer des prises de vues, sans doute, sous la supervision de Gabriel Veyre, de retour de son long voyage en Orient.
Louis Lumière, Lettre à Jacques Ducom, Lyon, 5 avril 1900. © Collection particulière/Grimh |
Voici quelques lignes de cette lettre :
Lyon-Monplaisir, le 5 avril 1900
Mon Cher Monsieur Ducom, Veyre vient de me remettre les premières pellicules que vous avez exposées. Cela ira bien, certainement, malgré que la netteté ne soit pas parfaite : vous ne m'avez pas dit si l'objectif fonctionnait à toute ouverture ce que je suppose, étant donné le mauvais temps. Il est évident que dans ces conditions il faut une précision parfaite dans la mise au point et encore la tolérance focale est-elle faible. Évitez donc ces conditions de luminosité insuffisante, de façon à pouvoir diaphragmer à f/12.5 au moins. Ce que vous me dites des bobines en bois me chiffonne un peu. Le mouvement devant être continu, la bobine ne devrait pas se lancer. Quoi qu'il en soit, si le fait se reproduit, allez vite chez Carpentier et priez le de faire adapter un dispositif à frottement aussi simple que possible de façon que ce soit vite fait car le temps presse de jour en jour davantage. J'écris ce soir à Mr Chevrier. Cordiale poignée de main, à la hâte.
Louis Lumière, Lettre à Jacques Ducom, Lyon, 5 avril 1900, col. particulière.
Dans le fonds familial, ont été conservés un certain nombre de photogrammes auxquels Jacques Ducom n'est sans doute pas étranger. Plusieurs de ces vues ont été tournées à l'occasion de l'Exposition Universelle.
Le Château d'eau vu de la Tour Eiffel (Lumière 1154) |
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Danse espagnole de la Feria Sevillanos (Lumière 1123) |
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L'Exposition Universelle © Collection particulière/Grimh |
Au cours de l'été 1900, Jacques Ducom va également tourner une série de six vues où apparaissent les deux clowns Foottit et Chocolat. Elles ont été prises au Nouveau Cirque : Vues comiques prises au nouveau-cirque
[signature illisible] Administrateur Nouveau-Cirque, Lettre à [Jacques Ducom], Paris, 24 juillet 1900
© Collection particulière/Grimh
Des vues à identifier ([1900]-1905)
Dans le fonds familial, on trouve en outre une série de photogrammes qui restent à identifier.
Photogrammes divers © Collection particulière/Grimh |
Dans la mesure où ces fragments se trouvent dans la même enveloppe que celles de l'Exposition Universelle, on peut penser, avec la prudence de mise, qu'ils datent de la même époque.
C'est en avril 1901 que Jacques Ducom et son épouse ouvrent un magasin de Travaux Photographiques, au 37 rue Lafayette (Paris) où il commercialise les appareils "Pankoras" qu'il a brevetés avec Échassoux.
Jacques et Camille Ducom, Imprimé, Paris, 15 avril 1901. | |
Jacques Ducom, Publicité, Paris. © Collection particulière/Grimh |
Il distribue également l'appareil photographique "Sigriste" avec lequel il réalise de très nombreux clichés. Il vend le magasin à Paul Aubertin (31 octobre 1905).
Et après... (1906-1943)
En 1907, l'avocat Louis Dufay (1874-1936) met au point un procédé de photographie en couleurs. Il constitue la Société Anonyme des Plaques et Produits Dufay.
Source: INPI. Photographie et Lithographie 1906-1910
Dans le fonds Ducom, on retrouve plusieurs documents relatifs ce nouveau procédé. D'une part, l'[acte de fondation] - dont il manque la première page - de la Société pour l'exploitation en France des procédés Dufay. On y trouve une étude précise des procédés de films en couleurs ainsi qu'une évaluation précise du fonctionnement de la future société. Un article de synthèse porte sur L'Exploitation en France des Procédés et Brevets "Dufay" pour la photographie des couleurs avec une étude sur les différents procédés connus. Enfin, un troisième document s'intitule: "Société Française de Cinématographie en couleurs naturelles". Dans le fonds Ducom, on retrouve des photogrammes teintés qui semblent bien correspondre à la période 1908-1914 au cours de laquelle Jacques Ducom fait partie de la société.
Photogrammes divers (procédés couleurs) © Collection particulière/Grimh |
La Cinémathèque française conserve dans ses collections un fragment qui provient de l'un des films dont on retrouve également un fragment dans le fonds Ducom.
Fragment. Société Dufay
Source: Cinémathèque française
L'année 1911 est marquée par la publication de la première histoire du cinématographe écrite par Jacques Ducom Le Cinématographe scientifique et industriel, aux éditions la librairie des Sciences et de l'Industrie, dont il y aura plusieurs édtions notamment en 1924 et en 1931. En outre, il travaille toujours pour la société Dufay en 1914.
L. Dufay, Lettre à Jacques Ducom, Chantilly, 6 décembre 1913.
© Collection particulière/Grimh
Alors qu'éclate la première guerre mondiale, Jacques Ducom travaille toujours pour la société Dufay. Par la suite, il est employé par la maison Spad.
Blériot aéronautique, A Jacques Ducom, Suresnes, 10 octobre 1917.
Il s'éteint en 1943. La mutation par décès est établie l'année suivante.
Sources
CORCY Marie-Sophie et alii, Les Premières années de la société L. Gaumont et Cie, Paris, BIFI/AFRHC/Gaumont, 1998.
"Correspondance Tissandier-Ducom" (1885-1894).
DUCOM Jacqueline, Notices biographiques de Jacques Ducom, 1er mars [19XX] et 9 juillet 1977 (collection particulière).
- Il s'agit de deux courriers séparés, l'un adressé à un [conférencier] destiné à fournir des informations biographiques sur Jacques Ducom, l'autre semble adressé à un potentiel acquéreur du fonds Ducom. C'est au cours de cette dernière transaction qu'aurait été vendu le cinématographe Lumière que possédait Jacques Ducom et dont il pourrait être question: "La rareté de l'objet doit lui donner une certaine valeur et permettra de choisir le plus offrant, sans oublier qui aidera à cette transaction".
DUCOM Jacques, Livret militaire, 1884 (collection particulière).
DUCOM Jacques, Les Débuts d'un amateur photographe, Paris, Georges Carré, 1895.
DUCOM Jacques, Le Cinématographe scientifique et industriel [1911], Paris Albin Michel, 1924.
Remerciements
Les descendants de la famille Ducom.
Le groupe hospitalier Bichat.
3
1896
Ballet du Châtelet (Gaumont)
[Ballet japonais nº 1] (Gaumont)
[Ballet japonais nº 2] (Gaumont)
1899
Les Krémos (équilibristes) (Lumière)
5. Pyramide
6. Les petits lutteurs (longueur : 13 mètres)
1900
Exposition universelle de Paris 1900 (Lumière)
Inauguration de l'Exposition par M. le Président de la République
Le Château d'Eau vu de la Tour Eiffel
Vue prise d'une plate-forme II
Vue prise d'une plate-forme III
Vue prise d'une plate-forme IV
Vue générale du Pont Alexandre III
Le Vieux Paris : Vue prise en bateau I
Le Vieux Paris : Vue prise en bateau II
Vue générale de l'Exposition prise du Trocadéro
Les Invalides : Vue prise du pont Alexandre III
La Tour Eiffel vue du Trocadéro
Les Escaliers du Pont de l'Alma
Plate-forme mobile et train électrique
L'arrivée du Cortège officiel au banquet des Maires
Danse espagnole de la Feria Quadro Flamenco (Lumière)
Danse espagnole de la Feria Sevillanos (Lumière)
Vues comiques prises au Nouveau-Cirque (Lumière)
Foottit et Chocolat 1. Boxeurs
Foottit et Chocolat 2. Acrobates sur la chaise
Foottit et Chocolat 3. Chaise en bascule
Foottit et Chocolat 4. Guillaume Tell