Armand MÉNARD (DRANEM)

(Paris, 1869-Paris, 1935)

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Jean-Claude SEGUIN

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Louis, Charles Ménard (Paris, 17/12/1838-Paris 3e, 25/04/1897) épouse (Paris 10e, 18/07/1868) Jeanne, Henriette, Célestine, Rigobert Tissot (Paris, 23/11/1846-Paris 17e, 22/03/1913). Descendance :

  • Charles, Armand Ménard, dit Dranem (Paris 10e, 23/05/1869-Paris 7e, 13/10/1935)
    • épouse (Paris 11e, 17/10/1891) Lucie, Marie Ysembert (Paris 10e, 16/03/1867).
    • épouse (Paris 9e, 10/09/1918) Ana María Lina Ruiz y Miyares.
    • épouse Suzanne Pauline Albertine Waroquiez dite O'Nil.

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Fils de bijoutier, apprenti bijoutier lui-même à Paris (10e), Charles, Armand Ménard fait ses débuts d'amateur, le 7 septembre 1890, au grand café-restaurant de la Mairie (Paris). Il effectue son service, à Bar-le-Duc, au 94e régiment d'infanterie. il épouse Lucie-Marie Ysembert, le 17 octobre 1891. Entre janvier 1892 et février 1894, il est employe comme garçon de magasin chez un marchand de bretelles. Dès cette époque, il alterne ses occupations professionnelles et son goût pour la scène. Finalement, il débute, le 1er avril 1894, comme profesionnel, sous le nom de Dranem, à l'Electric-Concert, au Champ de Mars, comme "chanteur comique, genre Polin". Il passe ensuite au Concert de l'Époque où il interprète des rôles de troupiers et de paysans dont celui d'Anatole Garadoux, dans Les Deux Timides de Labiche. En août 1895, il débute au Concert Parisien et va parfaite son personnage "genre Dranem". En 1896, il chante au Divan japonais, puis, la consécration le conduit à l'Horloge, à L'Alcazar Léon Doux, au Petit Casino, aux Ambassadeurs et débute, enfin, dans Le Fils d'un gniaf, le 2 septembre 1899, à l'Eldorado où il va rester pendant plus de vingt ans. Il y joue plus de deux cents pièces ou revues, crée d'innombrables chansons, et devient "un idiot de génie" comme le qualifie Francisque Sarcey. On lui doit de nombreuses "scies" (chansons ineptes) : Les p'tits poisLe Trou d'mon quaiLa cucurbitacée... Adolphe Brisson croque le portrait suivant de cet artiste :

Un pantalon à carreaux sanglé, trop court, laissant apercevoir les chaussettes ; un veston étriqué et miteux ; non pas des pieds, des bateaux ; un énorme noeud de cravate rose géranium ; un minuscule couvre-chef en feutre déteint ; des cheveux roux ; un pif écarlate, écrasé comme une tomate, au centre d'une face blême ; des lèvres fendues au coup de sabre jusqu'aux oreills, riant d'un rire muet. Ce rire est communicatif. Pourquoi rit-on ? On ne sait... On rit parce que lorsque Dranem rit, il faut rire, et qu'on ne peut s'en empêcher. Cet homme est grotesque ; il l'est immensément, épiquement : qu'il marche en butant à chaque pas, qu'il s'arrête et se dandine sur des jambes flageolantes, qu'il se taise, qu'il parte, qu'il se cache la tête dans un mouchoir de cotonnade, comme pour y vomir la fin de ses phrases, ou qu'il les lance au nez des spectateurs en ayant l'air de se moquer d'eux et de lui-même, une drôlerie intense jaillit de sa personne tout à fois falote et robuste, de sa silhouette de pochard... Ce qu'il dit ? C'est à tel point inepte, plat, grossier, qu'aucun mot ne le saurait rendre... Qu'immporte ! Dranem peut raconter tout ce qu'il voudra ; on l'écoute à peine, on le regarde ; on se divertitt de sa grimace, de son crâne en poire, de son petit chapeau pelé et râpé, des sourbesauts de son corps dégingandé, de sa bouche hilare... Il rit ; et l'on s'en veut de rire, et l'on se demande pour quelle cause on rit ; et l'on ne comprend pas... ; mais on rit.


Adolphe Brisson, 1905

C'est entre 1901 et 1904, puis entre 1910 et 1913 qu'il tourne la plupart des films pour Pathé ou pour Gaumont, en interprétant des saynètes qui font son succès sur la scène. Il fonde, en 1911, une maison de retraite pour les artistes, la Fondation Dranem. Pendant la guerre, il fonde l'Oeuvre Fraternelle des Artistes Lyriques et Dramatiques et se distingue en particulier en maintenant le moral au front et dans les grandes agglomérations grâce à son talent d'artiste. Après la guerre, il réoriente sa carrière vers l'opérette où il triomphe également. Il est Chevalier de la Légion d'honneur (9 septembre 1923). Il est l'auteur de quelques ouvrages (Les Aventures d'Isidore le BouifUne riche natureConseilsLe Fils du GnafLe Voyage aux Dolomites, etc.) de plusieurs pièces de théâtre (L'École des cambrioleurs, L'Homme d'équipeLe Cordon sanitaireAglaé, Le Vieux RépertoireExcès de vitesse...). Il donne aussi des conférences sur la chanson dans toutes les grandes villes de FranceDans les années 30, il tourne une douzaine de films dont Le Roi des palaces, Monsieur Sans-GêneLe Malade imaginaire... Il est Officier de la Légion d'honneur (30 juillet 1935). Il décède à Paris en 1935. 

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Dranem, "Mes premiers pas", Le Journal, Paris, 6 décembre 1913, p. 7.

 

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1901

Le Salut de Dranem (Pathé)

Lahury réserviste (Pathé)

1902

Histoire grivoise racontée par une concierge (Pathé)

1903

Ivrogne et Statue (Pathé)

Ma tante (Pathé)

Les Deux Moines (Pathé)

1904

Un coup d'oeil à chaque étage (Pathé)

Le Mitron (Pathé)

La Purge (Pathé)

Dispute de joueurs (Pathé)

Amateur de glaces (Pathé)

Le Rêve de Dranem (Pathé)

1906

Allumeur-Marche (Gaumont)

Le Trou de mon quai (Gaumont)

Valsons (Gaumont)

V'là le rétameur (Gaumont)

Les P'tits Pois (Gaumont)

L'Enfant du cordonnier (Gaumont)

Être légume (Gaumont)

Le Cucurbitacé (Gaumont)

Le Boléro cosmopolite (Gaumont)

Bonsoir M'sieurs, Dames (Gaumont)

Le vrai Jiu jitsu (Gaumont)

1910

Dranem fait ressemeler ses ribouis (Pathé)

1912

Le Tondeur galant (Pathé)

Dranem, sténo-dactylo (Pathé)

Le Ménage Dranem (Pathé)

Le Séduisant Barbier (Pathé)

1913

Les Mésaventures d'un gendre (Pathé)

Le médecin malgré lui (Lordiere)

1932

Le Roi des palaces (Carmine Gallone)

La Poule (René Guissart)

Monsieur Albert (Karl Anton)

Ah ! Quelle gare ! (René Guissart)

Il est charmant (Louis Mercaton)

Miche (Jean de Marguenat)

1933

Ciboulette (Claude Autant-Lara)

Un soir de réveillon (Karl Anton)

1934

Le Malade imaginaire (Lucien Jaquelux)

1935

Monsieur Sans-Gêne (Karl Anton)

La Mascotte (Léon Mathot)

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