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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

BORDEAUX

Jean-Claude SEGUIN

Bordeaux, chef-lieu de la Gironde (France), compte 252 102 habitants (1894). 

1894-1896

Le Kinétoscope de Charles, Jules Lépine (Cercle des Girondins/52, cours du Chapeau-Rouge, 7 avril 1895)

Charles, Jules Lépine est le premier à présenter un kinétoscope à Bordeaux. Il le fait pour une soirée organisée par le Cercle des Girondins:

UNE MERVEILLE SCIENTIFIQUE
Le Cercle «les Girondins offrira demain samedi, aux familles des membres du Cercle et à leurs invités, une soirée qui promet d'être fort attrayante.
Cette soirée débutera par un concert au programme soigneusement composé.
Mais, pour la seconde partie, une surprise est réservée aux assistants : M. Lépine. préparateur au Muséum de notre ville et membre du Cercle, a bien voulu, sur la demande qui lui en a été faite, présenter à l'examen des personnes présentes la dernière et admirable invention de M. Edison, le célèbre ingénieur américain. Nous voulons parler du kinétoscope.
Ce merveilleux appareil, dont certainement nos lecteurs ont entendu prononcer le nom, est encore fort peu connu. C'est la première fois qu’on le verra en France. Il nous a donc paru utile et intéressant d’en donner à nos lecteurs une description avant la lettre, et tel est le but que nous nous proposons en rappelant aujourd’hui la fête du Cercle des Girondins.
Tout le monde connaît le zootrope et le praxinoscope, qui ont tant amusé la jeune génération. En disposant dans une boite circulaire, que l’on mettait en mouvement, des bandelettes sur lesquelles des écuyers sautant à travers des cerveaux étaient peints, la rapidité et la persistance des images sur l'œil offrait la sensation de la réalité. On aurait cru assister aux exercices du cirque. Cet appareil était enfantin et grossier. Le kinétoscope, qui en dérive, est un instrument parfait. On assiste à de véritables scènes mouvementées et très compliquées. La réussite en est admirable, tous les acteurs sont en mouvement; leurs moindres gestes sont si fidèlement et naturellement reproduits, qu'on se demande s’il y a illusion. C’est étourdissant de vérité.
L'instrument se compose d’une grande boite rectangulaire de 1m50 de hauteur, complètement fermée. A la partie supérieure de cette boite est disposé un oculaire dans lequel l’observateur regarde ce qui se passe dans l'intérieur.
Plongez l'œil dans l’oculaire, c’est l'obscurité. Subitement, la lumière se fait et vous voyez apparaître Loïe Fuller. C’est la danse serpentine dans toute sa perfection, ou bien la boutique d’un barbier et ses clients. On y est, pour un peu l’on y entrerait pour se faire raser; ou encore une dispute dans un cabaret : lutte, coups de poings, vous assistez en réalité à la scène ; un combat de coqs : vous voyez les pauvres volatiles sauter en l'air, se déchirer, les plumes voler éparpillées, etc., à l’infini.
Bien curieux le kinétoscope et ses applications pressenties et son procédé si simple!
A l’aide d’un premier appareil nommé kinétographe, on prend la photographie d'une scène quelconque à reproduire ; non pas un cliché unique, mais 46 clichés  à la seconde, soit 2,760 à la minute, sur une pellicule de 28 millimètres de large qui se déplace avec la vitesse correspondante. C'est le dossier de la scène. Avec cette bande, on tire des épreuves positives dont le déplacement devant l'œil, et à la même vitesse, reproduira la scène avec les attitudes et les mouvements des personnages. Chaque bande est en celluloïde souple et mesure environ 12 mètres de longueur.
Cette bande, sans fin, est logée par plis verticaux, sur une série de rouleaux. Elle se déplace facilement et passe horizontalement sous l'oculaire. La vitesse du déplacement, quarante-six photographies à la seconde, est telle que les images se succèdent et se combinent sans qu’il soit possible à l’observateur de s'apercevoir d’autre chose que de l'ensemble de la scène. C’est la reproduction exacte et absolument fidèle du mouvement.
Sous la bande se trouve une lampe à incandescence qui éclaire les épreuves. Dans l'intérieur de la boite existe un moteur électrique qui met tout le mécanisme en mouvement.
Le kinétoscope est une petite merveille d' ingéniosité et digne du nom de son inventeur.
M. Lépine, qui a réservé au Cercle des Girondins la primeur de la présentation de cet appareil, en est le concessionnaire pour notre prochaine Exposition. Tous nos lecteurs pourront donc, d'ici un mois, se rendre compte que nous n’exagérons rien dans la description sommaire que nous venons de faire.
La soirée, demain, se terminera par un bal intime. Les membres du Cercle désireux d'avoir des cartes d’invitation peuvent s'adresser, jusqu à samedi cinq heures, au local du Cercle. 52. cours du Chapeau-Rouge.


La Petite Gironde, Bordeaux, 6 avril 1895, p. 2.

Le Kinétoscope de Charles, Jules Lépine (Allées d'Orléans, <15> mai 1895)

À l'occasion de l'exposition de Bordeaux, Charles, Jules Lépine installe un kinétoscope sur les allées d'Orléans:

Le Kinétoscope.
Nous avons déjà parlé à nos lecteurs du kinétoscope, le nouvel appareil si curieux dû à Edison.
La concession de son exhibition vient d’être accordée par la Société Philomathique à M. Lépine, préparateur au Muséum de Bordeaux. La valeur scientifique de M. Lépine, la compétence dont il a fait preuve dans ses nombreux travaux, nous permettent d’affirmer que le kinétoscope nous sera présenté dans les meilleures conditions et que l’illusion sera complète pour les visiteurs.
Cet appareil, vraiment magique, reproduit des scènes dans lesquelles des personnes sont en mouvement. Cette illusion s’obtient en faisant défiler sous les yeux du spectateur des photographies prises pendant les phases successives d’un mouvement. Quarante positions sont perçues dans l’espace d’une seconde, et grâce à cette rapide suite d’intermittences, l’œil reçoit la sensation d’une image continue et, en plus, d’une image en mouvement.
Le kinétoscope sera placé, sur la partie des allées d’Orléans avoisinant le kiosque de musique, dans une construction, de quatre mètres sur cinq de façade, de la plus grande originalité et dont le plan est dû au crayon de M. Ruben Dacosta, architecte à Bordeaux, le collaborateur précieux de M. Tournaire.


Journal officiel de l'Exposition de Bordeaux, Bordeaux, 1er novembre 1894, p. 162.

Au moment de l'Exposition de Bordeaux, la presse évoque la présence d'un kiosque où sont présentés quatre kinetoscopes :

XIIIe Exposition de Bordeaux 1895
[...]
Le kinétoscope.
Un fait intéressant, mais qui malheureusement a été noyé dans les gros événements du jour, s'est passé samedi à l’Exposition.
Dans un kiosque d'une extrême élégance, placé dans les jardins de l'allée d’Orléans, non loin de l'entrée principale de I’Exposition, cours du XXX-Julllet, M. Lépine inaugurait les exhibitions de son kinétoscope. Nous avons à plusieurs reprises parlé en détail de ce merveilleux instrument; nous n’y reviendrons pas. Disons seulement que quatre kinétoscopes, contenant chacun une scène différente, qui sera fréquemment renouvelée, sont mis par M. Lépine à la disposition du public, qui, pour une modique rétribution, pourra tout à son aise admirer un des plus curieux appareils scientifiques qu’ait produits notre siècle.


La Gironde, Bordeaux, 15 mai 1895, p. 2.

Le Cinématographe Lumière (10, allées de Tourny, 29 février->20 juillet 1896)

Les Bordelais vont avoir la chance de découvrir très tôt le cinématographe Lumière. Après Paris et Lyon, c'est l'une des toutes premières villes à accueillir l'invention des Lyonnais. La Petite Gironde annonce ainsi l'ouverture prochaine de la salle : 

La Photographie animée à Bordeaux.
Notre ville va être dotée incessamment d’un spectacle extraordinaire, unique en son genre, et qui remporte, à Paris et à Lyon, un succès considérable.
Nous voulons parler de la photographie animée â l'aide du Cinématographe, de MM. Lumière frères, de Lyon.
M. Chavanon, agent général, fait installer leur ingénieux appareil dans un local situé allées de Tourny, 10, près la rue Jean-Jacques-Bel, et tout fait espérer que, d’ici peu de jours, chacun pourra en admirer le merveilleux fonctionnement.
Le Cinématographe ne se contente pas d’enregistrer les scènes animées les plus variées, il permet de les montrer en grandeur naturelle, à toute une assemblée, sous forme de projections lumineuses qui développent les scènes les plus familières de la vie réelle avec leurs moindres détails.
Nous tiendrons nos lecteurs au courant du jour de l’ouverture de ce spectacle extraordinaire, que, nous en avons la conviction, tous les Bordelais tiendront à honneur de connaître.


La Petite Gironde, Bordeaux, 26 février 1896, p. 2.

Le choix des allées de Tourny n'est certes pas anodin, nous sommes dans l'une des plus belles places de Bordeaux où flâne la meilleure bourgeoisie. On image donc que l'une des premières cibles ne sont sans doute pas les classes populaires. Au numéro 10, se trouvent les Cycles Gladiator (septembre 1895), et le cinématographe est présenté " à côté du comptoir d'Escompte " (Le Nouvelliste de Bordeaux, Bordeaux, 26 février 1896). Quant à Antoine Chavanon, il s'agit d'un proche collaborateur des Lumière qui est assisté de Vincent Billard, un opérateur au service des inventeurs lyonnais.

cinematographe 1896 bordeaux comptoir général escompte
La Phographie animée par le Cinématographe de MM. A & L. Lumière
© Musée Paul-Dupuy, Toulouse
Bordeaux, Comptoir National d'Escompte de Paris
10, allées de Tourny (début du XXe siècle)


Le cinématographe va organiser, le samedi 29 février 1896, une première séance réservée aux invités de marque et aux journalistes :

M. Chavanon, agent général de MM. Auguste et Louis Lumière, avait convié hier soir samedi la presse et quelques invités à la soirée d'inauguration des projections de photographies animées obtenues à l'aide du Cinématographe.
Une dizaine de tableaux, reproduction de scènes de la vie courante, ont littéralement émerveillé les spectateurs. C'est là une des manifestations de la science dans ce qu'elle a de plus curieux, de plus aimable et de plus intéressant.
Ajoutons que le local, vaste, bien aéré, est très coquettement et surtout très confortablement aménagé, et en terminant nous adressons nos remerciements à M. Chavanon, pour la courtoisie avec laquelle il a fait hier soir à ses nombreux invités les honneurs de son salon.
Les séances publiques du cinématographe sont données à partir d'aujourd'hui dimanche, allées de Tourny, angle de la rue Jean-Jacques-Bel.


La Gironde, Bordeaux, 2 mars 1896.

Le public est convié le lendemain dimanche à venir découvrir les photographies animées du cinématographe Lumière. La presse va vite consacrer quelques articles, passage obligé, sur le fonctionnement du cinématographe. C'est le cas de La France dans son édition du 2 mars 1896 et du Nouvelliste dans celle du 7 mars 1896, grâce aux explications fournies par Antoine Chavanon lui-même. Ce dernier article se termine par quelques lignes qui annoncent de futurs tournages :

[...] 
Ajoutons, pour terminer, que M. Chavanon se propose de croquer quelques scènes bordelaises dans lesquelles se trouveront des personnages typiques de notre asphalte. Cette idée sera certainement très bien accueillie du public et ne fera qu'augmenter la vogue énorme qu'a obtenue, dès le premier jour, l'exposition des allées de Tourny.


Le Nouvelliste, de Bordeaux, Bordeaux, 7 mars 1896, p. 3.

Les tournages locaux constituent toujours une bonne méthode pour attirer le public qui cherche à s'y reconnaître ou à identifier untel ou untel. Le tournage n'aura lieu que quelques mois plus tard et il n'est sans doute pas dû à Antoine Chavanon. Au cours du mois d'avril, certains jours, le cinématographe suspend ses projections dans la salle des allées de Tourny pour participer à des soirées au bénéfice de différents acteurs du théâtre des Arts : 

Le Cinématographe
Le cinématographe prenant part à la représentation donnée au bénéfice de M. Deroudilhe au Théâtre des Arts, les séances données au local, 10, allées de Tourny, seront suspendues pendant toute la journée du samedi 11 avril. Elles reprendront, comme à l'ordinaire, le dimanche 12 avril, à midi.


La Gironde, Bordeaux, samedi 11 avril 1896.

La presse continue régulièrement d'annoncer le spectacle, même si les articles ou entrefilets ont tendance à disparaître. Il faut un événement particulier pour que les journaux évoquent à nouveau le cinématographe. C'est ainsi le cas du banquet organisé par l'Association amicale des Anciens élèves de l'École centrale des arts et manufactures qui se termine dans la salle du 10, allées de Tourny par des projections cinématographiques :

Le groupe de Bordeaux et du Sud-Ouest de l'Association amicale des Anciens élèves de l'École centrale des arts et manufactures se réunissaient samedi soir, après son banquet annuel, dans les salons du Cinématographe, où était donnée une séance de cinématographie de M. Lumière, comprenant une conférence sur la photographie animée, faite par le directeur du Cinématographe, M. Chavanon, et la projection de toutes les vues dont dispose l'appareil. C'est avec une clarté qui a mérité les plus vifs applaudissements de cet auditoire d'élite que M. Chavanon a démontré la technique du Cinématographe, après avoir expliqué les inventions de Hamchutz (sic) et d'Edison, les promoteurs de la photographie animée. Après les merveilleuses projections de M. Lumière, dont le succès a été très grand, démonstration a été faite des appareils. Un champagne d'honneur, après lequel on s'est séparé, a été offert à leurs invités par les anciens élèves de Centrale.


Le Nouvelliste de Bordeaux, Bordeaux, 4 mai 1896.

Afin de renouveler quelque peu la formule mise en place depuis l'ouverture du poste, des soirées de gala sont organisées au cours desquelles les projections animées sont précédées d'une conférence, un peu sur le modèle de la soirée de l'Association amicale :

Des séances de gala, précédées d'une conférence explicative sur le fonctionnement de l'appareil, auront lieu les mardis et vendredis, à partir de 8h1/2 du soir. Prix d'entrée : 2f. La première séance de gala est fixée au vendredi 29 courant, à 8h1/2 précises
du soir.


Le Nouvelliste de Bordeaux, 28 mai 1896.

Par la suite, seuls les renouvellements significatifs du programme conduisent à publier un article dans la presse. C'est le cas des vues du couronnement du tsar à Moscou, ainsi que la présentation de vues locales :

LE CINÉMATOGRAPHE.-Samedi soir a été donnée une séance fort intéressante au Cinématographe Lumière.
La direction avait convoqué les membres de la presse, ainsi que quelques personnalités de notre ville, afin de leur présenter toute une série de nouveaux tableaux empruntés à l'actualité la plus palpitante.
Les Fêtes du couronnement du tsar à Moscou ont défrayé la première partie du programme. Nous avons vu successivement reproduire les divers épisodes de cette sensationnelle solennité ; Les souverains, leurs Grands-officiers, Les ambassadeurs, Les délégations asiatiques, Les troupes à pied et à cheval ont défilé sous nos yeux avec leur mouvement et leur vie.
Il serait difficile de donner une idée exacte de cette prestigieuse évocation. Ce sont des choses qu'il faut voir pour se rendre compte de la merveilleuse invention de M. Lumière. Tout spectacle est pâle et froid à côté de cette conserve animée de la réalité. Les applaudissements et les cris d'admiration du public ont, du reste, souligné comme il convenait l'apparition des tableaux successifs.
La deuxième partie nous avait réservé quelques vues de Bordeaux, où la vie de notre cité est prise sur le fait ; voitures, tramways, passants affairés ou flâneurs se succèdent dans l'imprévu de leurs préoccupations ou de leur fantaisie.
Mention particulière à la démolition d'un mur et à sa reconstruction par un passage à rebours des clichés. Cette dernière expérience présente un intérêt tout particulier au point de vue technique.
Nous devons noter une grande amélioration en ce qui concerne la durée des tableaux et la succession des images partielles. Le papillotement nécessaire nous semble s'être beaucoup atténué, et il est permis d'espérer sa suppression complète dans un avenir peut-être prochain.
En résumé, soirée exceptionnelle, qui vaudra sans doute au Cinématographe Lumière des milliers de visiteurs. Ce sera un grand succès et un succès légitime.


Le Nouvelliste de Bordeaux, Bordeaux, 20 juillet 1896, p. 3.

Dans le catalogue commercial de la maison Lumière, on ne trouve pas de vues de Bordeaux, mais leur tournage a bien eu lieu, probablement dans la seconde quinzaine du mois de juin et il est dû avec une forte probabilité à Alexandre Promio. Par la suite, la presse cesse pratiquement de parler du cinématographe et le dernier article semble être celui publié par La Vie mondaine (Bordeaux) dans son édition du 1er novembre. 

Répertoire (autres titres) : Le Forgeron battant le fer, Le Cavalier sautant en selle, Les Flots déferlant en nappes d'écume (La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, Bordeaux, 2 mars 1896), Le Saut à la couverture (La Gironde, Bordeaux, 7 mars 1896), Une discussion (La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, Bordeaux, dimanche 8 mars 1896), Les ForgeronsLe Repas de bébéLa Baignade en mer (Le Nouvelliste de Bordeaux, Bordeaux, 10 mars 1896), La MerArrivée d'un train en garePlace des CordeliersChapeau à transformationsLes Deux BébésLeçon de voltige (La Vie bordelaise, Bordeaux, 22 mars 1896), Sortie de l'usine Lumière (Le Nouvelliste de Bordeaux, 24 mars 1896), Défilé à chevalCortèges impériaux se rendant au Kremlin, [Cortèges impériaux] en revenantDescente de l'escalier rouge par le tsar et la tsarine, précédés et suivis des princes et ambassadeurs de toutes les nations, Charge de cuirassiers (La Gironde, Bordeaux, 20 juillet 1896).

Le Cinématographe Lumière (Théâtre des Arts, 11-18 avril 1896)

Grâce à un accord entre Antoine Chavanon, responsable du poste Lumière des allées de Tourny et le théâtre des Arts, plusieurs séances de projections animées vont y être offertes au public à l'occasion de soirées données au bénéfice de différents comédiens comme l'acteur local Louis Deroudilhe :

THÉÂTRE DES ARTS. Nous avons annoncé que M. Deroudilhe, dont le bénéfice aura lieu samedi prochain 11 avril, a pu se procurer le précieux concours du Cinématographe de MM. Auguste et Louis Lumière. 
Le cinématographe, placé 10 allées de Tourny, attire chaque jour un nombreux public dans ses élégants salons ; le succès de la photographie animée est très grand, mais les spectacles du théâtre des Arts pourraient redouter que, vu les dimensions de la salle de la rue Castelneau d'Auros, les reproductions du cinématographe ne soient un peu restreintes et relativement peu visibles.
Nous pouvons assurer que les mesures seront prises pour proportionner les dimensions de l'ouvrage au cadre de la salle, c'est-à-dire que - ce sera un attrait de plus - les vues agrandies paraîtront grandeur nature.
Location ouverte de 11h à 5h, 52 rue Saint-Sernin.


Le Nouvelliste de Bordeaux, Bordeaux, 10 avril 1896, p. 3.

L'initiative va se renouveler  huit jours plus tard pour rendre hommage à M. Perny, un autre acteur spécialisé dans les rôles de jeunes premiers :

Théâtre des Arts
La soirée d'aujourd'hui, aux Arts, sera donnée, comme nous l'avons annoncé, au bénéfice de M. Perny, le sympathique jeune premier rôel de notre seconde scène.
Depuis deux ans, M. Perny a marché de succès en succès, et tous les rôles qu'il a abordés lui ont valu, de la part des dilettantes comme du grand public, les plus chaleureux bravos.
Le public bordelais sera heureux de lui donner une preuve de sympathie et de le fêter ce soir.
Le spectacle se composera des Deux Gosses, avec Mlle Hélène Réyé, dans le rôle de Claudinet.
M. Perny s'est assuré le concours du Cinématographe, dont le succès a été prestigieux l'autre soir.
Voici la série des scènes de photographie animée qui sera offerte aux spectateurs : 1º Bébé pêcheur ; 2º Un coin du port de Marseille ; 3º La voltige ; 4º Un prêté pour un rendu ; 5º Discussion ; 6º Saut à la couverture ; 7º Un débarcadère ; 8º Les Forgerons ; 9º Les Deux Gosses : 10º Le cantonnier ; 11º Le serpentin ; 12º Le chapeau à transformations ; 13º La place des Cordeliers, à Lyon ; 14º La baignade en mer ; 15º Une démolition ; 16º L'arrivée d'un train en gare.


La Gironde, Bordeaux, dimanche 19 avril 1896.

C'est à nouveau au bénéfice d'un autre acteur du Théâtre des Arts, M. Gabriel Roger, que le cinématographe va prêter ses services pour compléter la soirée théâtrale du 21 avril : 

Théâtre des Arts
Demain mardi, représentation extraordinaire au bénéfice du M. Gabriel Roger, le sympathique premier rôle de genre, vivement applaudi cette année dans les rôles du Dompteur, du Paradis, création de premier ordre ; de Montègre, de l’Ami des Femmes ; du marquis de Chantelaur, du Remplaçant ; de Bevailan, du Roman d’un Jeune Homme pauvre ; de Hoche, du Lion amoureux, etc., etc. M. Roger s’est assuré le concours du Cinématographe. Bordeaux marche sur les traces de Paris ou de Londres, où il n'est pas de spectacle select de qui ne se termine par quelques scènes de photographies animées. La location est ouverte de dix heures à cinq heures, 52, rue Saint-Sernin.
Le Cinématographe offrira au public plusieurs tableaux nouveaux. Voici la série complète :
1e Le Menuisier (1re exhibition) ; 2e Bébés pêcheurs ; 3e un prêté pour un rendu ; 4e le Repas de Bébé ; 5e Le Cantonnier ; 6e les Forgerons ; 7e les Deux Gosses ; 8e Retour de voyage (1re exhibition) ; 9e le Chapeau à transformations ; 10e les Ateliers maritimes à La Ciotat (1re exhibition); 11e le Serpentin ; 12e la place des Cordeliers (Lyon) ; 13e une démolition ; 14e Baignade en mer ; 15e la Place de la Concorde (Paris) (1re exhibition) ; 16e l’Arrivée du train.


La Petite Gironde, Bordeaux, 21 avril 1896, p. 3.

Le Théâtre des Arts va faire appel, encore une fois, au cinématographe pour une soirée organisée au bénéfice de l'actrice Mme Renée Lemercier, le 25 avril :

On nous prie de rappeler la représentation de demain soir samedi au bénéfice de Mme René Lemercier, grand premier rôle, avec le concours du Cinématographe.


Le Nouvelliste de Bordeaux, Bordeaux, 25 avril 1896.

Un cinquième acteur du Théâtre des Arts, auquel on rend hommage le mardi 28 avril, va également faire appel au cinématographe pour une dernière fois :

Théâtre des Arts. Demain mardi sera donnée la représentation au bénéfice de M. Albert Chevalier, le sympathique régisseur du Théâtre des Arts. Il a obtenu le concours du Cinématographe qui sera exhibé pour la dernière fois au Théâtre des Arts. Sans aucune augmentation du prix des places, le public pourra voir le magnifique drame de M. Decourcelle les Deux Gosses et une série de vingt-deux scènes de photographie animée, triées sur le volet. La location est ouverte de dix heures à cinq heures, 63, rue Saint-Sernin.


La Petite Gironde, Bordeaux, 28 avril 1896, p. 3.

Si la formule, presque constante, développée par le système Lumière consiste à présenter un spectacle uniquement constitué de vues animées, il arrive - comme dans le cas bordelais - que l'appareil se " dévergonde " et participe à des spectacles de théâtre ou de variétés. Dans le cas présent, l'expérience se renouvelle avec un succès certain.

Le Cinématographe (Bouffes-Bordelais, [26]-[29] avril 1896)

Un appareil cinématographique fait partie des représentations qui sont données aux Bouffes-Bordelais, la nouvelle salle bordelais, située rue Judaïque, qui n'est d'ailleurs pas totalement achevée :

Bouffes-Bordelais
Demain soir dimanche, pour les dernières représentations, Bordeaux dans la Lune, avec grand ballet fantastique nouveau de M. Ambrosiny, le Serpent et la Rose.
Succès sans précédent du Cinématographe, avec ses très curieuses projections de photographies animées.


La Petite Gironde, Bordeaux, 26 avril 1896, p. 3.

Information très lapidaire qui n'est pas vraiment complétée par un autre entrefilet :

Bouffes bordelais
Le cinématographe déroule devant les yeux des spectateurs ses merveilleuses projections de photographies animées.


Le Nouvelliste de Bordeaux, Bordeaux, mercredi 29 avril 1896.

Nous ignorons le nom de l'opérateur et celui de l'appareil qui propose les photographies animées.

bordeaux bouffes bordelais

Bordeaux, Les "Bouffes Bordelais" (c. 1905)

Le Cinématographe du Grand restaurant du Louvre (21, cours de l'Intendance, [7] octobre-[décembre] 1896) → 1897

J. Pérard, le propriétaire du Grand restaurant du Louvre, sur le cours de l'Intendance, n'a  pas attendu l'arrivée du cinématographe pour offrir à ses clients des " projections lumineuses " afin d'agrément leur dîner. Il n'est donc pas très surprenant de voir que dès le mois d'octobre, il va proposer des " séances de cinématographie gratuites " (La France, cité dans Berneau, 1988: 20).

bordeaux restaurant louvre 03
A. Germond de Lavigne, Biarritz et autour de Biarritz, (Guide Joanne), Paris, Librairie Hachette et Cie, 1894, p. 15 (annonces)

Aucune information en revanche sur le répertoire des vues ou sur l'origine du cinématographe. Ces projections vont avoir une très longue vie puisque il y en a encore en 1908.

→ 1897

Le Cinématographe (Place des Quinconces, [15] octobre-[17] novembre 1896)

La foire d'octobre, qui commence le 15 octobre et se termine quinze jours plus tard (prolongée, en 1896, jusqu'au 17 novembre), va accueillir plusieurs appareils destinés à la projection de vues animées. La presse reste très discrète sur ces loges cinématographiques. On en trouve une première dans l'allée Sud :

Elle vient de s'ouvrir, notre grande foire d'octobre, et elle a été amplement baptisée par de fortes ondées [...] Le Cinématographe, donnant la photographie animée en couleur, et où nos lectrices pourront admirer " Émilienne d'Alençon ", " Otéro " et " Une scène piquante de suggestion ".


La Vie joyeuse, Bordeaux, 22 octobre 1896.

À peine un autre entrefilet au début du mois de novembre :

La foire d'octobre.- [...] Dans l'allée sud : le Cinématographe a droit à une visite, de même que la Photographie animée [...].


La Vie Joyeuse, Bordeaux, 5 novembre 1896.

La Photographie animée (Place des Quinconces, [15]octobre-[17] novembre 1896)

La foire d'octobre, qui commence le 15 octobre et se termine quinze jours plus tard (prolongée, en 1896, jusqu'au 17 novembre), va accueillir plusieurs appareils destinés à la projection de vues animées. La presse reste très discrète sur ces loges cinématographiques. On en trouve une dans l'allée Sud :

Dans l'allée Sud : la Photographie animée, scène vivante en mouvement, donnant l'illusion réelle de la vie.


La Vie joyeuse, Bordeaux, 22 octobre 1896.

À peine un autre entrefilet au début du mois de novembre :

La foire d'octobre.- [...] Dans l'allée sud : le Cinématographe a droit à une visite, de même que la Photographie animée [...].


La Vie Joyeuse, Bordeaux, 5 novembre 1896.

Le Chronophotographe (Foire, [15]octobre-[17] novembre 1896)

La foire d'octobre, qui commence le 15 octobre et se termine quinze jours plus tard (prolongée, en 1896, jusqu'au 17 novembre), va accueillir plusieurs appareils destinés à la projection de vues animées. La presse reste très discrète sur ces loges cinématographique. Un " Chronophotographe " propose des séances :

La foire
[...]
La dernière merveille scientifique et amusante, le Chronophotographe, projections lumineuses et animées de grandeur naturelle. À chaque représentation, l'Arrivée du tsar à Paris : le Défilé du cortège.


Le Nouvelliste de Bordeaux, Bordeaux, 23 octobre 1896.

Le Scénéoscope du Café Bibent (1, cours du XXX-Juillet, 20-[22] octobre 1896)

Alors que la foire continue à battre son plein, le café Bibent propose quelques séances de photographies animées :

Depuis mardi soir, une nouvelle attraction est installée au café Bibent, à l'entresol, à l'usage des promeneurs qui se rendent à la foire. Il s'agit du Scénéoscope, qui n'est autre chose qu'une exhibition du même genre que le Cinématographe ou photographie animée.


Le Nouvelliste de Bordeaux, Bordeaux, 22 octobre 1896.

Le café Bibent va fermer ses portes vers 1901 et à sa place, à partir de 1903, s'ouvre le café Gobineau.

bordeaux cafe bibent

Imp. Wetterwald Frères, Bordeaux, Bordeaux.-Grands Hôtel, Café, Restaurant de la Maison Gobineau
Une vue extérieure de l'Établissement
(c. 1904)

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