Maurice  LEROY

(Villiers-le-Bel, 1866-Paris, 1926)

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© collection particulière  

Jean-Claude SEGUIN

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Arsène, Victor, Abel Leroy (Château-du-Loir, 18/08/1832-Paris 10e, 24/10/1890)

  • épouse (Paris, 30/05/1859) Cécile, Marguerite, Serpin Deshayes (Château-du-Loir, 03/11/1837-Villiers-le-Bel, 26/02/1864). Descendance :
    • André, Gratien Leroy (Villiers-le-Bel, 18/02/1864-Paris 9e, 18/08/1933) épouse (Thouars, 19/07/1895) Hermine, Modeste Bodin
  • épouse (Écouen, 15/04/1865) Cécile Roslin (Écouen, 14/10/1841-Villiers-le-Bel, 10/09/1901)
    • Maurice Leroy (Villiers-le-Bel, 15/09/1866-Paris 9e, 11/10/1926) épouse (París 9e, 10/03/1894) Jeanne Lion (Rueil, 02/07/1872-).
    • Alice Leroy (1868-1942)
    • Louis Leroy (1870-1962)
    • Octave Leroy (1872-1872)
    • René, Auguste Leroy (1873-1942)
    • Berthe, Marie, Charlotte Leroy (1879-1962)

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Maurice Leroy est le fils aîné d'une famille de huit enfants dont le père est médecin à Villiers-le-Bel. Après ses études, il rentre 36e à l'École Navale (1883) et en sort 11e (1885). Il s'engage comme volontaire pour 5 ans (13/12/1884) à Brest pour les équipages de la flotte. Il participe à la campagne d'Indochine sur la canonnière Le Lutin entre janvier 1887 et mars 1899. Il est enseigne de vaisseau (05/10/1888). En mars 1889, il rentre fatigué, atteint par le paludisme. En 1890, Maurice Leroy s'intéresse aux problèmes d'application de l'électricité. En 1891, il invente un " manipulateur électrique pour signaux de mer " qui est breveté. Les techniques modernes le passionnent. Il donne sa démission de la marine en février 1893.

Ingénieur-électricien, un marché de fourniture pour la Marine de " combinateurs pour signaux - système Leroy " est passé par la firme Ducretet et Lejeune en avril 1893. Il constitue sa propre société - en nom collectif et en commandite -, avec Emmanuel Frédéric Margueritte, le 8 avril 1895, sous le nom de “Maurice Leroy et Cie”. Elle a son siège aux 14 et 16, rue des Bois (París, 9e). Elle a pour objet la " fabrication, constrution et la vente d'appareils électriques et mécaniques et toutes autres opérations se rapportant à cette industrie. " Mais quelques problèmes financiers le conduisent à constituer une nouvelle société, le 26 mai 1896, qui a le même nom, avec pour associé Marie, Jacques, Alexandre André. Son objet reste le même :

Il est formé par ces présentes entre M. Leroy, seul gérant responsable et Mr André, associé commanditaire une société commerciale ayant pour objet la fabrication, la construction et la vente d’appareils électriques et mécaniques et toutes autres opérations se rapportant à cette industrie.


“Société Maurice Leroy et Cie”, 26 mai 1896, D31 U3 3304, Acte 1206, Archives de Paris.

Il est très probable que la constitution de cette nouvelle société ait à voir avec l'exploitation d'un " nouvel appareil chronophotographique " dont Maurice Leroy dépose le brevet (Maurice Leroy,  nº 257 965, 10 juillet 1896) qui est suivi d'une nouvelle version modifiée (nº 261976, 8 décembre 1896). Cet appareil, selon le brevet permet d'éliminer le scintillement, l'un des problèmes majeurs du cinématographe pendant plusieurs années : 

En somme, dans un angle de 100º, les trois opérations obturation, descente de la bande, ouverture, sont produites, alors que dans les appareils similaires, la descente seule demande 120 degrés.
Il en résulte que l’impression lumineuse sur la rétine n’a pas besoin d’avoir, dans mon appareil, une durée aussi considérable que dans les similaires, et que le scintillement, résultant de la durée trop grande de l’obturation, est complètement supprimé.

Cet appareil va être présenté et exposé, à París, 45 rue de Trévise, avant le mois de mars 1897 comme en témoigne Ch. Petit de la Société photographique du Nord de la France :

M. le Président nous donne des explications sur le fonctionnement de cinéma Leroy, qu'il a vu à Paris, et dont la section a reçu des prospectus.


Bulletin de la Société Photographique du Nord de la France, mars 1897, p. 36.

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Cinéma Leroy, brevet nº 261976, 8 décembre 1896 Prospectus du Cinéma Leroy
© collection particulière

En 1896, la plupart des appareils cinématographiques sont destinés à un public de professionnels du spectacle, ce qui n'est pas le cas du cinéma Leroy qui grâce à " son petit volume et sa grande légèreté qui le rendent si transportable en font dès maintenant l'appareil de l'amateur et du touriste par excellence. " Les dimensions du cinéme Leroy (20 cm x 16 cm x 11 cm ; poids : 2 kilos) lui permettent en effet une grande mobilité. L'appareil permet à la fois de tourner, développer et projeter, à l'instar de plusieurs appareils dont le cinématographe Lumière. Sur la brève exploitation du " cinéma Leroy ", il ne reste pas grand-chose. On peut toutefois signaler la présence d'un appareil à Béziers :

Nous ne saurions trop engager le public à rendre visite au spectacle merveilleux de la photographie animée, qui obtient le plus grand succès partout où M. Leroy, l'inventeur, l'a fait installer.
Tous les jours, maison Donnadieu, allées Paul Riquet, coin de l'avenue de Bessan.


Le Publiciteur de Béziers, Béziers, 1er janvier 1897, p. 2.

Quelques jours plus tard, à Barcelone, un appareil " cinematógrafo Le Roy " est présenté rue Puertaferrisa. S'agit-il du même que celui qui est présenté à Béziers ?

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La Vanguardia, Barcelone, 31 janvier 1897, p. 1.

En tout état de cause, l'exploitation du "Cinéma Leroy" va être de courte durée, dans la mesure où Léon Gaumont trouve quelques similitudes entre le chronophotographe Demenÿ et l'appareil de Maurice Leroy, et le menace d'un procès, comme cela figure dans le courrier suivant :

3 mars 1897
Messieurs LEROY & Cie
14, rue des Bois, Paris

[...]
Vous avez reconnu que le dispositif employé dans le Cinéma de votre Sieur Leroy, pour l'avancement des bandes, était analogue à celui breveté par Monsieur Demenÿ dont nous sommes les concessionnaires exclusifs.
Pour nous éviter d'intenter un procès onéreux pour l'un et pour l'autre, il a été convenu ce qui suit [...]


Corcy, 213

L'accord proposé consiste à récupérer la totalité des appareils construits, sauf les trois cinématographes livrés à MM. Vallat, Schuttembarck et Clément Maurice, le matériel et l'outillage au prix de 3000 frs. En outre, la maison Gaumont va assurer la commercialisation de l'appareil dont 32 sont en construction au début du mois de mars (Corcy, 214-215).

Le rachat et la commercialisation des appareils Leroy va metttre un terme aux activités cinématographiques de Maurice Leroy. Ses nouvelles activités commerciales le conduisent, comme ingénieur-électricien, à exploiter une chute d'eau au Lude (Sarthe) et à installer un réseau de distribution dont il garde la propriété pendant de nombreuses années. En 1901, il intègre le groupe Thomson-Houston qui le charge de la responsabilité de l'agence commerciale de l'Ouest jusqu'en 1912, puis de 1912 à 1924 celle de Paris. Il est alors chargé d'une mission de reconnaissance de certains minéraux de Madagascar et, à la suite d'une campagne éprouvante, il décède à Paris, en 1926. Il est chevalier de la Légion d'Honneur (1907).

Bibliographie

CORCY Marie-Sophie, Jacques Malthête, Laurent Manonni et Jean-Jacques Meusy, Les Premières Années de la société L. Gaumont et Cie, Paris, AFRHC/BIFI/Gaumont, 1998, 496 p.

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27/12/1896-07/01/1897 France Béziers Allées Paul-Riquet Cinématographe
         

 

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