- Détails
- Création : 19 mai 2024
- Mis à jour : 3 juin 2025
- Publication : 19 mai 2024
- Affichages : 61
Daniel CORNIER
(Écully, 1860-Paris, 1912)
Jean-Claude SEGUIN
collaboration
Rosario RODRÍGUEZ LLORÉNS
1
Jean Claude Cornier (1834-) épouse Anthelmette Bériolo Giorso. Descendance :
- Daniel Cornier (Écully, 27/05/1860-Paris 3e, 02/12/1912) épouse (Calais, 23/07/1887. Div. 26/12/1895) Gabrielle, Marie Vergne (Paris 2e, 09/12/1867-<1912). Descendance :
- Gabrielle, Albertine Cornier (Calais, 29/08/1887-Arthon, 10/10/1977) épouse (Paris 2e, 28/09/1912) Albert, Louis, Adrien Gerbaud (Chaillac, 11/09/1888-).
- Antoinette Cornier (1865-)
2
Les origines (1860-1900)
Fils d'un tulliste, Daniel Cornier est né (1860) à Écully, près de Lyon. La famille réside à Lyon en 1866, Passage Sibille. En 1872, la famille habite rue de l'Enfance où père et fils exercent le métier de tulliste et la mère travaille comme devideuse. Selon la notice biographique publiée dans L'Écho des jeunes, il aurait aimé la danse dès son enfance :
Tout jeune, la danse était sa passion favorite, ses pas faisaient l'admiration de tous ceux qui l'entouraient. Nouveau Vestris, il étudiait sas cesse des pas pleins de grâce et d'originalité.
L'Écho des jeunes, Asnières, 15 novembre 1896, p. 1.
Toutefois, selon le recensement de 1876, il vit rue du Sentier et exerce la profession de tisseur. Il aurait été élève de l'école de danse de Lyon :
Bien qu'ayant fait toutes ses classes comme danseur à l'école de Lyon pour occuper un brillant emploi au Théâtre...
L'Écho des jeunes, Asnières, 15 novembre 1896, p. 1.
Appelé sous les drapeaux en 1880, il continue à pratiquer la danse :
L'âge d'être soldat étant venu, notre troupier n'abandonna pas pour cela la chorégraphie, et durant ses quatre ans de service militaire, il donna souvent des représentations en ville avec costumes, ce qui le fit même casser de son grade de caporal, après huit mois de présence sous les drapeaux. Pensez donc un caporal, danser en public, c'dst grave, très grave !....
L'Écho des jeunes, Asnières, 15 novembre 1896, p. 1.
À l'issue de son service militaire, Daniel Cornier se lance dans une carrière d'artiste. Est-ce lui qui se retrouve ainsi à Pont Saint-Esprit en octobre 1885 lors d'un spectacle à son bénéfice ?
PONT S'AINT-ESPRIT.-Comme complément à note article du 1er octobre, en ce qui concerne le théâtre du Casino, nous devons mentionner que la représentation extraordinaire du 4 octobre, sera donnée au bénéfice de M. Daniel Cornier, le Donato du jour, avec le concours de Mme Alberty, la ravissante forte chanteuse de l'Eldorado d'Anvers, de M. Albertini, des Folies Bergères de Paris, de M. Arthur, le désopilant comique du palais de cristal de Marseille, et M. Loyal, l'homme serpent de l'Hippodrome de Paris.
Rien n'a été négligé pour assurer le succès de cette soirée qui, pour la variété et le bon choix des morceaux, sera on peut le dire, la meilleure qui nous ait été donnée.
Les vives sympathies qu'a su s'attirer Daniel Cornier, autant par son mérite que par ses bonnes relations avec les habitués du Casino, nous font espérer que dimanche, la vaste salle sera trop petite pour contenir tous ceux qui viendront applaudir le vaillant artiste, et prodiguer des bravos à sa troupe, dont le mérite est incontestable.
Le Progrès du Midi, dimanche 4 octobre 1885, p. 3.
À cette époque, Daniel Cornier habite à Calais où il va épouser (1887) Gabrielle Vergne. L'Echo des jeunes continue à décliner la biographie de Daniel Cornier :
Ce fut dans un petit établissement de l'avenue de Clichy, qui s'appelait le Concert Moderne, qu'il fit ses débuts en 1886. Son succès fut immense toujours comme disait le bon Daubray, au point que M. Cassonnet, un connaisseur, alors directeur des Folies de Belleville, l'engagea immédiatement.
L'Écho des jeunes, Asnières, 15 novembre 1896, p. 211.
Puis il va passer trois années (1888-1891) à l'Eldorado :
Mme Allemand directrice de l'Eldorado et de la Scala, le remarqua le soir d'une première de Revue dans laquelle il était tout à fait en dehors et lui fit des offres pour l'Eldorado. Il y resta trois ans consécutifs, faisant l'impossible pour trouver du nouveau, ce qui est excessivement difficile dans ce genre, car les chansons de comiques danseurs ont généralment le tort d'avoir toutes la même note. Ce fut à ce Concert, qu'il créa ses principaux succès; les citer tous serait beaucoup trop long, nous nous contenterons d'en énumérer les principaux, qui sont: Le Touriste danseur, Les Sauteurs, Le Danseur classique, Un Ballet raté, Chez la Marquise, Dans Paris, Le Mousse en bordée, et cent autres environ, qui demeurent dans tous les répertoires d'artistes similaires.
L'Écho des jeunes, Asnières, 15 novembre 1896, p. 211.
Lamberti (paroles) et L. Gangloff (musique). Le Danseur classique.
Il y crée également Danseur par amour, Les Danses françaises. Il entame alors une tournée qui va durer quatre ans ([1891-1894] et au cours de laquelle il va rencontrer celle qui deviendra sa partenaire :
En quittant l'Eldorado, il va se faire acclamer chez nos bons amis les Russes, il demeure durant quatre ans dans cette France du Nord, revient à Paris et ramène avec lui une ravissante Russe, Mlle Medoutchenkoff, avec laquelle il monte un travail nouveau, plein d'originalité et des plus élégants. Cette jeune et jolie artiste se fit applaudir elle-même, seule, dans différents grands concerts, notamment aux Ambassadeurs, dans La Revue des Demi-Vierges, de notre confrère Jean Darc, où elle excellait dans un quadrille original en compagnie des Edoardo-Monition et de Mlle Florentiny. Cornier-Ménesco ont ensemble plusieurs créations, ce sont des scènes à transformations à danses avec chant, scènes de pantomimes, imitations avec chorégraphie pour finir. Cette association d'artistes forme le numéro le plus charmant qu'il soit possible de voir, la gaité de bon goût y coudoie la richesse des costumes et l'originalité fin de siècle. Du reste, tous ceux qui ont été à même de les applaudir comme ils le méritent, partagent en tous points mon opinion à leur égard.
L'Écho des jeunes, Asnières, 15 novembre 1896, p. 211-212.
La Revue des Demi-Vierges est en effet présentée à partir du mois d'août 1894 aux Ambassadeurs et elle est encore à l'affiche en juillet 1895 où l'on retrouve Mlle Menesco parmi les danseuses. On peut dater de l'automne 1894, les premières apparitions dans la presse du duo Cornier-Menesco. C'est le cas à Tours où ils donnent un spectacle à l'Eden-Concert :
Eden-Concert
La coquette salle de l'Eden-Concert attire tous les soirs de nombreux dilettanti qui viennent applaudir M. et Mme Grenier [sic] Menesco, les charmants artistes, qui, depuis leurs débuts ont acquis la faveur du public et c'est justice; la gracieuse Mme Menesco non seulement chante à ravir, mais qui plus est, danse for agréablement.
M. Grenier, dans ses scènes d'imitation, nous a montré un Anglais parfaitement correct, et des danseurs de diverses catégories tout à fait réussis.
L'Union libérale, Tours, jeudi 14 novembre 1894, p. 3.
Cela n'empêche pas les deux partenaires d'intervenir séparément sur les scènes parisiennes. Ainsi Mlle Menesco "pétulante dans l'Art de se retrousser" est à la Gaîté des Gobelins en janvier 1895. L'année 1895 est marquée par le divorce de Daniel Cornier qui est prononcé le 26 décembre.
Au cours des années suivantes, le duo Cornier-Menesco va se produire sur les scènes parisiennes tout en organisant des tournées en province pendant l'été avec la troupe de l'American Folies-Bergère : L'Hippodrome (Lille, mai 1896), Le Cirque (Reims, juin), Casino (Biarritz, septembre).
L'Écho des jeunes, Asnières, 15 novembre 1896, p. 211.
On les retrouve également à l'étranger, en particulier à Budapest en décembre 1896.
Pester Lloyd, Budapest, vendredi 4 décembre 1896, p. 10.
L'année suivante, on les retrouve au Casino de Nancy (février 1897), puis, toujours avec l'American Folies-Bergère où la presse donne quelques détails sur leur spectacle :
American Folies-Bergères.-Un spectacle de piquant intérêt, à cause de la grande variété et de la valeur de ses éléments, c'est celui que donnera au Cirque, pour quelques jours seulement, la troupe American Folies-Bergères.
Cette troupe se compose de clowns nombreux, rivalisant de grosse gaieté, de souplesse et d'élasticité. [...] Le couple Cornier Menesco nous donne un échantillon bien réussi des danses cosmopolites, depuis la gigue anglaise et le fandango espagnol jusqu'au cancan et aux fantaisies les plus clodochesques.
Le Dépêche républicaine de Franche-Comté, Besançon, lundi 31 mai 1897, p. 2.
Les tournées en province se poursuivent au cours de mois qui suivent, puis ils rejoignent la troupe du Ba-Ta-Clan :
La troupe de Ba-Ta-Clan possède deux danseurs d'un réel talent: les Cornier-Menesco; leurs diverses créations dans la revue Y a pas d'Erreur! ont été fort goûtées du public. Avec eux, le gracieux ballet des muscadins et merveilleuses, le pas des blanchisseuses, puis celui des Hollandaises contribuent dans une bonne mesure au succès de la prestigeuse revue de nos aimables confrères H. Moreau et H. Boucherat.
Les Droits de l'homme, mercredi 15 févier 1899, p. 3.
Le Cinématographe ([1899])
Le Jardin de Paris dont le directeur est Joseph Oller se situe sur les Champs-Élysées. Le Guide des plaisirs à Paris décrit ce lieu qui accueille des spectacles pendant l'été :
Oller, le créateur de tant d'attractions parisiennes, Oller, le magicien, a su faire du Jardin de Paris un petit paradis où se promènent et dansent, pour le plaisir des yeux, les plus belles filles d'Ève du monde. Sous sa direction, ce Jardin brille de tout l'éclat de feu Mabille, avec, en plus, les merveilleuses projections de l'électricité, les arbres aux vertes et épaisses frondaisons toutes étoilées de lumière, les guirlandes et les girandoles de feu qui donnent à ce décor unique dans Paris un aspect de fête fantastique.
Autour du Kiosque monumental où trône un orchestre de 50 musiciens, les reines de la danse révèlent aux étrangers toutes les attitudes, toutes les poses, toutes les fantaisies et les audaces du "cancan" parisien. C'est une acrobatie savante qui éveille, tout comme une danse d'Orient, des sensations de volupté. Les Parisiennes du Jardin de Paris dansent surtout avec leurs jambes et leur danse paraîtrait assurément hardie et effrontée si elles y mettaient moins de grâce et moins d'art.
Guide des plaisirs à Paris, Paris, Paris, Édition photographique, [1901], p. 56-57.
"L'entrée du Jardin de Paris"
Guide des plaisirs à Paris, Paris, Paris, Édition photographique, [1901], p. 56.
En août, au nombre des artistes qui agrémentent les soirées du Jardin de Paris se trouvent les Cornier-Menesco:
L'endroit le plus frais et le plus recherché est le Jardin de Paris. Avant de partir à la mer, on y vient passer les soirées et applaudir l'excellente diseuse au piano, Mlle Charmeroy dont le succès est des plus vifs, la Consuelo de Lima, étourdissante de verve, et les soeurs Rossi, très amusantes dans En panne, leur pantomime cycliste. Heureux débuts de M. Stéphane, romancière, et des Cornier-Menesco, danseurs fantaisistes.
Le Figaro, Paris, vendredi 18 août 1899, p. 5.
Il est probable que ce soit au cours de cet été que la société Pathé tourne une série de vues animées de danses cosmopolites des Cornier-Menesco : Valse tourbillon, Danse de barrière, Danse anglaise comique, Mazurka russe, Gigue anglaise, Boléro espagnol, Tarantelle napolitaine, Matelotte française et Danse chinoise. Elles figurent pour la première dans le catalogue général de janvier 1901, puis dans le catalogue espagnol de 1904.
![]() |
![]() |
Pathé. Catalogue 1901 | Pathé. Catalogue espagnol (1904) |
Et après... (1900-1912)
Au cours de l'année 1901, on retrouve à plusieurs reprises les Cornier-Menesco à l'affiche : La Sirène (Paris, mai 1901), Jardin d'été (Rochefort-sur-mer, août 1901), la Mésange (Paris, décembre 1901)... L'année 1902 est marquée par une tournée internationale qui va conduire les Cornier-Menesco au Brésil.
Cidade do Rio, Rio de Janeiro, vendredi 23 mai 1902, p. 4.
À leur retour, il semble que les représentations s'espacent : Eden-Théâtre Concert (Nîmes. novembre 1902), Fleuron-Concert (Paris, mars 1903) comme si le duo était en train de se séparer. Daniel Cornier poursuit une carrière en solo : Le Music-Hall d'Été (Nantes, juillet 1905), Concert du XXe siècle (Paris, janvier 1908)...
Il décède n 1912.
Sources
SACLÉ Constant, "Cornier-Ménesco. Fantaisistes Comiques Danseurs", L'Écho des jeunes, Asnières, 15 novembre 1896, p. 1-2.