Louis, Napoléon DEFER dit CHARLUS

(Aumale, 1860-Verberie, 1951)

charlus 1930 portrait

Jean-Claude SEGUIN

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Valery, Adolphe Defer (1812-) épouse Catherine Boulongne (1818-). Descendances :

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Né à Aumale, Louis, Napoléon Defer perd sa mère alors qu'il est encore jeune et est élevé par sa soeur. Voilci comment il raconte dans ses mémoires son enfance et sa jeunesse :

Mon père était plombier. Je perdis ma mère alors que j'était tout jeune et c'est ma soeur qui m'éleva.
Grâce à elle, je fis des études dans un collège ecclésiastique jusqu'à l'âge de quinze ans. Puis, après avoir été commis chez l'agent-voyer [agent de l'administration des Ponts et Chaussées - merci Monsieur Caradec ! - de la ville pendant deux ans, je vins à Paris où je fis plusieurs places dans la "nouveauté".
À la vérité, j'avais une idée de derrière la tête en allant à Paris. Je m'imaginais que là, il me serait possible de réaliser mon rêve : devenir un chanteur et vivre de cette profession.
Je me rendais compte que j'avais de la voix. Je ne sais si, grâce à, des études spéciales, j'aurais pu devenir un as du si bémol, mais ce dont je suis certain, c'est que j'ai toujours fait preuve d'une "résistance" peu banale. Les performances (mais oui, le mot est bien à sa place) que j'ai accomplies au studio d'enregistrement comme je le relaterai plus loin, montrent que je dispose d'un organe vocal hors série.
Mes patrons successifs, qui n'avaient pas besoin des services d'un chanteur, me gardèrent peu de temps chez eux ; car ils s'aperçurent bien vite que j'étais mieux à mon aise quand j'interprétais pour la joie de mes collègues, la chanson à la mode, que lorsqu'il me fallait auner de l'étoffe.
Et puis, livré à moi-même et sans aucune surveillance, je laisse à penser la vie que je pouvais mener.


CHARLUS, 1930.

Il accomplit son service militaire à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle) au 40e chasseurs à pied. Incorporé en 1881, il est libéré en septembre 1885. C'est peu après qu'il entame une carrière de chanteur. Il va reprendre le répertoire des chanteurs en vogue  On le retrouve au Divan Japonais, à l'Éden-Concert (1888)... 

C'est en 1896 qu'il rencontre Emile Pathé et pour lequel il va enregistrer de très nombreux titres:

[...] que je fus présenté à Émile Pathé, en 1896. J'étais à ce moment-là à la Gaîté-Rochechouart où je venais de créer des succès populaires : "Adèle, t'es belle", "Les Agents sont de Braves Gens", "Le coup de Soleil". Qui sait à quoi je pouvais prétendre ? Mais l'enregistrement phonographique me prit en entier ? ou presque ? et cela en me faisant par trop délaisser la scène, changea ma destinée d'artiste.
C'est ce que l'on voudra bien admettre quand j'aurai dit que j'ai été enregistré chez PATHÉ plus de quatre-vingt mille fois, répétant jusqu'à deux mille fois la même chanson. C'était le temps où les cylindres vendus dans le commerce étaient gravés à raison de quatre à la fois. On ne les multipliait pas encore par le procédé de montage qui ne fut employé chez nous qu'en 1900.


CHARLUS, 1930.

Dès 1899, il intervient avec Ferdinand Zecca dans le film Le Muet mélomane  :

Je venais précisément d'interpréter, avec Charlus, une fantaisie dialoguée intilulée Le muet mélomane. Nous rejouâmes cette scène devant un opérateur, cette fois. Le film obtenu, il suffisait de le projeter au rythme d'un métronome pour que les mouvements de la bande et ceux du cylindre coïncidassent. Il ne fallait à celui qui tournait la manivelle qu'un peu d'habileté de main. Je vous assure que la synchronisation ainsi obtenue était plus parfaite que celle des premiers " talkies".


Francis Ambrière, "Les Souvenirs de Ferdinand Zecca", L'Image, nº 13, 1932, p. 27.

 

Sources

CHARLUS, J'ai chanté, Compiègne: Le Progrès de l'Oise, [1930], 50 p.

"Charlus ! Le Roi du phono mais aussi Le Forçat du gramophone", Du Temps des Cerises aux Feuilles mortes:  http://www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/fiches_bio/charlus/charlus.htm

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