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- Création : 19 mai 2024
- Mis à jour : 15 mai 2025
- Publication : 19 mai 2024
- Affichages : 312
Léon BOURLAND dit "POLLOS"
(Paris, 1883-Ivry-sur-Seine, 1960)
Jean-Claude SEGUIN
1
Dieudonné, Godefroid Bourland (1842-) épouse Catherine Bourland (1845-). Descendance :
- Léon Bourland dit "Pollos" (Paris 20e, 04/11/1883-Ivry-sur-Seine, 03/06/1960) épouse (Paris 19e, 01/07/1909) Marie Bouvier (Saint-Hilaire-les-Places, 12/12/1879-Paris 20e, 31/03/1958)
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Les origines (1883-)
D'origine belge, Léon Bourland est un enfant de la balle comme il le raconte lui-même :
M. POLLOS.-Je suis né dans un cirque. J'ai toujours fait du cirque. J'ai toujours fait des acrobaties, depuis ma plus tendre enfance. J'ai été "marchand de sable aux terrasses des cafés." Ils nous faisaient faire les pieds au mur, les sauts périlleux.
Le nom de "Pollos" est déjà connu dès 1900 sous la forme "Pollos Adriani" qui apparaît à Pau en octobre :
Salle du Théâtre
Mercredi 10 octobre 1900, à 9 heures du soir
GRANDE REPRÉSENTATION EXTRAORDINAIRE
donnée avec le concours de
l'Orchestre du Palais d'Hiver
SOUS LA DIRECTION DE M. FALISSE
1re Partie.-Les CINGALAIS, dans leurs exercices (avant-dernière représentation).
2e Partie-Les FRENCH'S, original bicyclistes de l'Olympia de Paris.
3e Partie-Les POLLOS' ADRIANI, duettistes fantaisistes de la Scala.
L'Indépendant des Basses-Pyrénées, Pau, mercredi 10 octobre 1900, p. 3.
Un an plus tard, au Corso-Theater de Zurich, au nombre des numéros de variétés, on compte "Les Pollos, komische Akrobaten" et en 1902, à Liège, on trouve "Les Pollos. Knoukanouts excentriques" au Théâtre des Variétés. Les liens entre ces "Pollos" et Léon Bourland restent à établir. Au moment de son conseil de révision, il figure comme "artiste acrobate" et réside au 199 rue de Belleville (Paris 19e) où il continue de vivre pendant de nombreuses années. Il est exempté pour "cataracte œil gauche".
On retrouve, à Bordeaux, en février 1905, les "Pollos-Adriani" sans qu'un lien, ici encore, ne puisse être établi. C'est en 1906 que l'acteur va créer le numéro des "Pollos"à l'Olympia (Paris) en avril :
OLYMPIA, 26, bd des Capucines, directiion P. Ruez. (Téléph. 244-68).-Tous les soirs, à 8 h 1/2, Paris-Fêtard, fantaisie à grand spectacle; Mlle Gaby Deslys, Julia Seale, etc., etc. ; Thernoff, distractions sportives: les 3 Amaranthes, danses acrobatiques ; les Acrobates javanais ; Willie Hale, excentriques anglais; les Pollos comiques, etc., etc.-Matinées jeudis, dimanches et fêtes à 2 heures.
Le Petit Journal, Paris, vendredi 6 avril 1906,p. 5-6.
Le spectacle se prolonge jusqu'au 25 avril 1906. Un autre journal parisien fait une brève critique du numéro des Pollos :
Olympia.
[...]
Parmi les nouveaux numéros il y en a qui vraiment méritent une mention particuliière; nous citerons: les Théron's, des cyclistes surprenants d'habileté et de hardiesse; les Pollos, d'amusants excentriques qui auraient bien plus de succès s'ils mimaient au lieu de parler.
Le XIXe siècle, Paris, jeudi 5 avril 1906, p. 3.
Dans les mois qui suivent, Léon Bourland se lance dans une tournée qui va le conduire, en particulier, à Marseille (Casino de la Plage, mai) et Lyon (Casino-Kursaal, octobre) avant de revenir à Paris, aux Folies-Bergère
M. MODOT.- Ton numéro "LES POLLOS" c'était avant d'entrer chez GAUMONT ?
M. POLLOS.- Je suis resté 7 ans avec les POLLOS. On a fait toutes les villes du monde. Un numéro a duré trois mois aux FOLIES BERGÈRES. A cette époque-là... il y avait la bagarre tous les jours. A vingt ans, je recevais encore des coups de pied dans les fesses et des bonnes baffres [sic] sur la gueule. Je me suis révolté, j'ai dit que j'en avais marre, et j'avais 40 cm de tour de bras. Et j'avais 43 de cou.
C'est la même année qu'il joue dans l'un de ses premiers rôles pour la société Gaumont dans le film Un nouveau Guillaume Tell comme il le rappelle à Max Bonnet :
M. MAX BONNET. Pour QUASIMODO, la Esmeralda, c'était la petite Becket, lui, c'était VORINS.
Les metteurs en scènes à cette époque-là ? Mlle Alice, qui a mis en scène avec FEUILLADE, DENIZOT, qui était avant Alice.
La première fois que j'ai tourné chez GAUMONT, j'ai fait Guillaume TELL, avec Paul. J'ai encore la photo.
C'est encore chez Gaumont qu'il tourne avec Romeo Bosetti, Le Cul-de-jatte emballé en 1908. Il est alors domicilié (Paris. 199, rue Belleville) avec sa future épouse Marie Bouvier. Dans ses souvenirs, Léon Bourland évoque également longuement le tournage d'un fim avec le metteur en scène Gérard Bourgeois avec quelques incohérences chronologiques :
J'ai travaillé avec Gérard Bourgeois, le metteurs en scène; la première année qu'on dansait le Cake Walk. On faisait de la voltige. Je pouvais 15 ou 16 ans. On était pari faire un film, et puis, on est resté en carafe. Mme Bourgeois avait mis de côté l'argent du retour pour les acteurs. C'était une femme honnête. Une fois revenus, nous avons continué notre numéro. Le père Bourgeois ne nous payait jamais. Un beau jour je vais faire du cinéma à la Lux. C'était Bourgeois qui était metteur en scène. Moi, je voulais mon pognon. Il me dit : "Je vais vous faire rattraper ça." Alors là, marrant. Il cherchait des artistes sachant faire du patin à roulettes. Ça se passait "Au Petit Pot". Il me demande : "Tu sais monter en patin à roulettes ?" Je lui réponds : "Comme père et mère". Il fallait deux autres types sachant marcher en patins à roulettes. Je sors du Petit Pot, je vais faire une virée sur les boulevards, je rencontre le beau frère de Fernand, Allaire, qui était un plus petit que moi, et qui me dit : "Je voudrais bien faire un cacheton". Je lui dis de venir, qu'on verrait bien.
Quand Fernand l'a vu, il lui a dit : "Vous savez monter en patins à roulettes ?" - "Oh, demandez plutôt à Pollos...- Il en fallait encore un autre. Je rencontre un autre fauché, c'était Sagot [sic] - celui qu'on avait déguisé en Peau Rouge à la teinture d'iode-, il était fauchée aussi. "Tu vas venir, et tu lui diras que tu sais monter en patins à roulettes." Et nous voilà inscrits tous les trois pour le lendemain à 8 h du matin, à la Lux. Le lendemain, à 9 heures, la la Lux, je m'habille en flic ; Sagot s'habille en flic, et Allaire en poivrot. On avait pris le char à banc. On a répété ; j'ai dit aux deux autres de faire comme moi. On met nos patins à roulettes et on vient nous chercher : "C'est à vous !" Le poivrot on le colle le long d'un arbre, et les deux agents s'amènent. Mon Sagot commence à se casser la gueule. Si vous aviez vu ce cafouillis... Heureusement, personne ne pouvait se relever, on s'effondrait. Bourgeois n'avait jamais vu ça. C'était les hommes qu'il lui fallait. C'était formidable. On a touché un louis de mieux.
Si vous nous aviez vus, le soir... Tu parles d'un Pernod...
Dès 1911, Léon Bourland va rejoindre l'équipe du metteur en scène Jean Durand avec lequel il réalise de nombreux films jusqu'à la Première Guerre Mondiale dont un certain nombre en Camargue où le metteur en scène tourne plusieurs westerns. Il semble avoir été pressenti pour la série des Calino de la société Gaumont :
M. PALLOS: Chez GAUMONT, c'est moi qui devais faire les CALINO.
Cela ne s'est pas fait, mais il va apparaître dans deux films "Calino" de Jean Durand. Il ne renonce pas pour autant à ses tournées : Bordeaux (Appollo-Théâtre. Décembre 1911), Toulouse (Théâtre des Nouveautés. Décembre 1911), Boulogne-sur-Mer (Kursaal. décembre 1911), Paris (Olympia. Janvier et février 1911), Paris (Le Coliseum. février-mars 1913), Paris (Alcazar d'Eté. Juillet 1913), Paris (Coliséum. janvier-février 1914)...
Journal de Saint-Denis, Saint-Denis, 1er décembre 1912, p. 2.
Lors de la mobilisation générale (2 août 1914), il est maintenu exempté. À partir de la fin de l'année 1914, Léon Bourland change de numéro pour se lancer dans le duo "Stim et Stom" comme il s'en souvient ci-après :
M. POLLOS.-Je suis né dans un cirque. Je ne me suis jamais arrêté. J'ai monté des numéros, le dernier que j'ai fait c'est les Stim et Stom.
Il aurait alors tourné quelques films en Italie (Le avventure di Colette [1916], Il Piccolo Mozzo [1916], Bidoni e la maschera dai denti neri [1918]). Toutefois des doutes subsistent sur ces prétendus tournages. D'une part, l'interprète d' Il Piccolo Mozzo se nomme "M. Pollos" et non pas "L. Pollos" (Léon). D'autre part, il est finalement affecté au 12e régiment d'artillerie et appelé à l'activité le 16 mai 1917, puis après la fin du conflit, envoyé en congé illimité le 26 juillet 1919, ce qui ne lui permet pas d'aller tourner le film Bidoni e la maschera dai denti neri, annoncé dans la revue In Penombra (1re année. nº 6) de novembre 1918... Enfin, il est bien difficile d'imaginer qu'en temps de guerre, un soldat, fût-il exempté pendant quelque temps, puisse ainsi voyager en Italie...
À son retour de la guerre, il reprend le numéro des "Stim & Stom".
L'Intransigeant, Paris, décembre 18 septembre 1921, p. 3.
Ce numéro est encore présenté en 1922 à l'Eden de Saint-Étienne. Au cours de la guerre, il fait également quelques apparitions dans le cinéma italien. Par la suite, son nom disparaît pratiquement du monde du spectacle avant son probable dernier rôle, Mostaguen, l'alcoolique assassiné au début du Chien jaune (Jean Tarride. 1932).
Léon Bourland et son épouse résident toujours au 199, r. de Belleville. Paris 20e lors des recensements de 1926, 1931, 1936 et 1946. Ils figurent également à cette adresse sous leur nom d'artistes dans Le Tout-Cinéma de 1934 et de 1938.
Le Tout-Cinéma, Annuaire général illustré, 1934-1935, p. 1123.
Vers 1939, Léon Bourland est encore présent dans un film de la Paramount qu'il évoque dans son témoignage :
M. Paulos : Le vrai fond, c’était Bataille, Beauvais, Calino, moi, Monis... Il avait 62 ans. On disait « le pauvre vieux »... J’en ai 66 moi maintenant...
Le dernier film intéressant que j'ai fait, c’était pour Paramount, il y a 5 ou 6 ans. On vient me chercher, on m’amène à la Paramount, on me regarde des pieds à la tête, j’étais un peu petit, je voyais ça, mais on m’a dit oui quand même ; on m’amène au studio, il y avait un escalier qui partait du haut du théâtre, tout droit. On me dit voilà - c’était Zellas – « Il vous donne un coup de poing dans la figure, et vous dégringolez l’escalier ». Entendu. On me dit « Ça ne sera pas pour aujourd'hui, ça sera pour demain. On va vous payer. » J'étais fauché, on me donne 300 balles. On me reconduit en voiture en me disant « À demain ». Le lendemain, je m’amène à 9 heures, le metteur en scène me dit : »Non, non, pas encore ». Je rouspète. « On va vous payer ». On me redonne trois cents balles et on me reconduit en voiture... Le troisième jour, on me dit « C’est à vous ». Me voilà là-haut, je dis à Zellas « Surtout, ne tape pas ». Il me dit « T’en fais pas ». Le metteur en scène voulait répéter. J’ai dit « Ça non. Vous pouvez être tranquille pour moi, mettez deux appareils, cinq appareils si vous voulez, mais répéter, rien à faire ». Il n’y en avait qu’un qui rigolait, c'était moi. Je suis monté là-haut, je suis dégringolé, j’ai fait une quinzaine de roulades, je n’ai même rien senti. Je restais par terre, c’était un doublage... On vient me relever, me tâter : c'est très bien, très bien, c'est fini. Je vais me déshabiller, j’étais presque déshabillé, on vient me dire « Il faudrait recommencer... ». J’ai dit « Je veux bien, mais il faut les lâcher... » « Oui, d’accord ». « Bon ». On a recommencé, mais c'était moins bien.
C’était pour un metteur en scène allemand. Mais réellement, c'était une drôle de cascade ! Ce qui prouve que si j’avais répété, ça n’aurait rien donné du tout. On ne peut pas répéter les choses comme ça. C’était Guissard l’opérateur.
Commission de recherches historiques du 8 juille 1944. Jean Durand.
Léon Bourland décède à Ivry-sur-Seine en 1960.
Sources
BASTIDE Bernard, Aux sources du cinéma en Camargue, Avignon, Palais du Roure, 2018, 179 p.
D'HUGUES Philippe, "Pour une filmographie complète de Jean Durand", 1895, Nº 5-6, AFRHC, 1989, P. 39-42.
LACASSIN Francis, À la recherche de Jean Durand, Paris: AFRHC, 2004, 256 p.
RICHARD Jacques, "Les acrobates du rire. Aux sources des burlesques français", Archives, nº 89, septembre 2001, 20 p.
RICHARD Jacques, Dictionnaire des acteurs du cinéma muet en France, Paris: Editions de Fallois, 2011, 912 p.
Remerciements
Bernard Bastide
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1906 |
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Un nouveau Guillaume Tell (Gaumont) | ![]() |
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1907 |
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Le Cul-de-jatte emballé (Gaumont) | ![]() |
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1908-1910 |
Tournage d'un film avec Gérard Bourgeois | |
1911 |
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Aventures de trois Peaux-Rouges et d'un cow-boy à Paris (Jean Durand) | ||
L'Inoubiable Berceuse (Jean Durand) | ||
1912 |
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La Prairie en feu (Jean Durand) [un indien] | ![]() |
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La Fausse Information (Jean Durand) | ||
Zigoto plombier (Jean Durand) | ![]() |
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Onésime aux enfers (Jean Durand) [un diablotin] | ![]() |
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Onésime et l'étudiante (Jean Durand) [un aide chirurgien] | ![]() |
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1913 |
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Onésime garçon costumier (Jean Durand) [Mazarin] | ![]() |
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Onésime sur le sentier de la guerre (Jean Durand) [un indien] | ![]() |
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Onésime champion de boxe (Jean Durand) [le noir ?] | ![]() |
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Une triste Aventure d'Onésime (Jean Durand) | ||
Onésime débute au théâtre (Jean Durand) | ![]() |
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La Disparition d'Onésime (Jean Durand) [un policier] | ![]() |
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Onésime et le pas de l'ours (Jean Durand) | ![]() |
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Onésime et le coeur de tzigane (Jean Durand) | ||
Onésime et son collègue (Jean Durand) | ![]() |
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Onésime et l'oeuvre d'art (Jean Durand) | ![]() |
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Onésime correspondant de guerre (Jean Durand) | ||
Le Noël d'Onésime (Jean Durand) | ||
Les Papiers du mort (Jean Durand) | ||
Calino veut se faire renvoyer (Jean Durand) | ||
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