- Détails
- Création : 19 mai 2024
- Mis à jour : 26 avril 2025
- Publication : 19 mai 2024
- Affichages : 56
Léo, Ernest OUIMET
(1877-1972)
Jean-Claude SEGUIN
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M.L.E. OUIMET
On peut dire de celui là qu'il a marché vite, et que parce qu'il était laborieux, entreprenant, tenace et infatigable, la fortune lui a souri.
Ceux qui ont connu Ernest Ouimet alors qu’il n’était qu’électricien — mais quel électricien ! — au National, n’auraient jamais cru qu’en deux ans, ce jeune homme — il dépasse à peine la trentaine — serait à la tête de l’une des industries les plus prospères du pays, en dépit de son activité bien connue.
C’est avec raison qu’on a surnommé Ouimet, le "Rois des vues animées” à Montréal, et nous ajouterons que comme tel, il devait s’attendre, selon ce qu’il s’est produit il y a quelque temps, à être choisi comme la première victime d’une censure certes trop sévère, contre ces spectacles du dimanche. Hâtons-nous de dire à ceux qui pourraient craindre pour lui, que Ouimet est homme à se défendre et même à gagner son point s’il ne suffit que d’y mettre de la persévérance.
Quand Ouimet fonda son Ouimetoscope, il y a deux ans, il n’existait pas de vues animées à Montréal. Il fit rapidement de l’argent, et le meilleur public de Montréal prit goût à ce genre de spectacle. Au bout de quinze mois à peine, Ouimet pouvait acheter au prix de $100, 000 la propriété qu’il occupe actuellement. L’ancienne salle Poiré avait pourtant été agrandie et transformée, mais elle était encore trop petite, et l’été dernier, M.L. E. Ouimet construisit au prix de plus de $150,000 le Palais des Merveilles actuel dans lequel des foules vont chaque jour, se recréer sainement, s’instruire, rire et pleurer.
Cette rapide prospérité devait nécessairement faire éclore d'autres ambitions, et c'est pour cela que l'on vit un jour tant de cinématographes à Montréal. Tous n'eurent pas le même encouragement ni la même vogue et quelques-uns culbutèrent après de vagues essais. D'autres se soutiennent encore mais la plupart battent de l'aile.
Le public qui s’y connait en fait de spectacle n’a jamais cessé d’aller chez Ouimet parce qu’il savait qu’on y donnait que du tout premier ordre, et que le Ouimetoscope est le coin aux primeurs par excellence.
Terminons ce très court aperçu biographique par une prédiction que l’avenir ratifiera : Ouimet ne fermera ses portes que lorsque le règne des vues animées sera fini. Ce qui n’arrivera pas de sitôt.
G.C.
L'Annuaire théâtral, Montréal: Geo. H. Robert Editeur, [1908], p. 230.
Sources
Léon-H. Bélanger, Les ouimetoscopes : Léo-Ernest Ouimet et les débuts du cinéma québécois, Montréal, VLB, 1978, 247 p.