- Détails
- Création : 19 mai 2024
- Mis à jour : 29 juillet 2024
- Publication : 19 mai 2024
- Affichages : 4598
Charles CHARLEMONT
(Paris, 1862-Saint-Germain-en-Laye, 1944)
Jean-Claude SEGUIN
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Benoît Charlemont épouse Virginie Colhuyez. Descendance :
- Pierre, Joseph Charlemont (Lesdains, 12/04/1839-Paris 10e, 15/09/1929)
- et Elisa, Honorine Pilet. Descendance :
- Louis, Charles Pilet dit "Charles Charlemont" (Paris 10e, 21/11/1862-Saint-Germain-en-Laye, 31/05/1944) épouse ((Paris 9e, 04/04/1911) Marie, Hélène Pestel.
- épouse Elisa, Honorine Pilet.
- et Elisa, Honorine Pilet. Descendance :
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Les origines (1862-1899)
Joseph Charlemont, est l'un des inventeurs de la boxe française auquel on doit un ouvrage de référence, Théorique et Pratique de la boxe française (1878).
Charlemont a appris la boxe avec son père dès l'âge de deux ans et demi et faisait son apparition en public à trois ans, en donnant une démonstration de la boxe française avec son maître. Il n'était cependant pas destiné à devenir professeur de boxe, car son père lui fit étudier la sculpture. Ce n'est qu'à 24 ans que Charlement se destina résolument à la boxe. Il ne quitta pas complètement la sculpture cependant, car, dans ses loisirs, il modela la terre glaise avec talent et plusieurs de ses oeuvres remportèrent un succès légitime au Salon.
Il devient professeur, en [1889] au lycée Janson de Sailly et au lycée Rollin. Par ailleurs, il est directeur de l'Académie d'Éducation Physique et de boxe. Cette dernière organise des combats comme celui qui oppose Charles Charlemont et M. Moscovino, moniteur à l'Ecole de Joinville :
L'assaut final a eu lieu entre M. Charlemont fils et M. Moscovino, moniteur à l'Ecole de Joinville. La supériorité de Charlemont fils a éclaté et personne ne l'a contestée, pas même son adversaire. Le fils a toutes les qualités du père... avec la jeunesse en plus.
Le Radical, Paris, 1er juin 1894,, p. 3.
Dès les premiers temps, le cinématographe va s'intéresser au sport comme l'écrit G. de Lafreté dans le Journal des sports dans un article important sur la question de la relation de la nouvelle invention avec les compétions sportives :
LE CINÉMATOGRAPHE SPORTIF
Déjà le Biograph et le Cinématographe nous avaient montré des vues animées sportives, tels les exercices de l'école de Joinville; et telle encore une des péripéties d'un match de football. Et déjà nous songions au parti que l'on pourrait tirer, à notre point de vue, s'entend, de l'admirable trouvaille.
[...]
De même, les Anglais auraient tout intérêt à assister, au cinématographe, à la démonstration de la leçon de boxe française, avant d'affirmer, comme il est coutume de le faire de l'autre côté du détroit, que c'est là un sport de voyou.
Journal des sports, Paris, vendredi 18 février 1898, p. 1.
La fin du XIXe siècle est marquée par la rivalité qui oppose la boxe française et la boxe anglaise. Cette dernière débarque en France le 28 octobre 1899, à l'occasion du match qui va opposer Charles Charlemont et le britannique Jerry Driscoll. Le Français en a donné un long récit dont on peut extraire les lignes suivantes :
C'est alors qu'en arrêtant une charge de l'Anglais je plaçai un coup de pied de pointe qui atteignit Driscoll directement à l'abdomen. L'homma laissa tomber ses bras et s'affaissa, paraissant en proie à une vive souffrance. Ne sachant que faire, je me retirai dans mon coin et attendis jusqu'au moment où le président se leva et déclara que, Driscoll ayant été plus de dix secondes sans reprendre le combat, Charlemont était déclaré vainqueur.
Cette victoire n'aura qu'un temps puisque la boxe anglaise finira par s'imposer au cours des années suivantes.
Le cinématographe (1900-1906)
La boxe français a attiré l'attention du cinématographe naissant. Les différentes sociétés vont vite s'intéresser à elle et inscrire à leur catalogue des vues animées : Assaut de boxe entre deux champions de Joinville (Normandin. 1896), Match de boxe. École de Joinville (Méliès. 1897), Le Batôn (Méliès. 1897)... On ignore dans quelle condition Charles Charlemont va tourner les sept vues qui sont au catalogue Gaumont. Ce qui est plus singulier c'est qu'il ne figure pas dans les catalogues des autres producteurs où ce sont des sportifs de l'école de Joinville qui sont à l'écran. Ce clivage n'est peut-être pas anodin d'ailleurs. C'est ce que semblent indiquer les réflexions suivantes :
A une époque peu éloignée, Joinville reconnut la supériorité de la méthode Charlemont, et tandis que ses instructeurs se perfectionnaient à Paris, sous les yeux du maître, ses élèves suivaient la même voie; malheureusement les instructeurs fanatiques disparurent et le ministère eut recours à un professeur civil, monsieur Démeny, qui enseigne actuellement à l'école normale de gymnastique les principes de physiologie appliquée.
Il y avait évidemment progrès, mais le choix fut-il heureux ?
Comme toute réforme complète, elle fut exagérée et ne peut répondre à notre tempérament vif et impressionnable. C'est une gymnastique de malades qui ne fait travailler que certains groupes musculaires et n'offre qu'une développement insuffisant de la cage thoracique; elle est, en outre, d'une monotonie sans égale, et alors que tout exercice doit être plaisir et distraction, il se transforme en corvée pénible.
Ainsi qu'on peut le comprendre, l'école de Joinville va s'inspirer directement de la méthode Charlemont, puis, en 1902, est créé le laboratoire de physiologie qui est confié à Georges Demenÿ. Cette nomination réoriente la pédagogie à l'école et réduit l'influence de Charles Charlemont.
Et après... (1907-1944)
Il poursuit sa carrière de professeur de boxe au cours des années suivantes.
Charles Charlemont, "La boxe Française" dans JOSEPH-RENAUD, 1911: 332/333.
On le retrouve sur les écrans dans plusieurs films au cours des années 1920. Charles Charlemont est fait chevalier de la Légion d'Honneur en 1928. Il se retire à la maison de retraite de la Légion d'Honneur de Saint-Germain-en-Laye où il décède en 1944.
Sources
ANITE, "La Boxe", L'Illustrée parisien, 7e année, nº 350, Paris, jeudi 19 octobre 1905, p. 6-7.
HERBERT René, "En remuant les cendres glorieuses de l'Histoire du Sport (XI)", L'Écho des sports, 8 décembre 1925, p. 1-2.
JOSEPH-RENAUD J. (Préface), La Boxe anglaise & française par les champions du ring, Paris, Pierre Lafitte & Cie, 1911