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Les origines (1857-1895)

Originaire de la province de Saxe, Hermann Otto Foersterling est déjà installé à Berlin au moment de la naissance de son premier enfant Rudolf. En 1893, il figure comme propriétaire du commerce "Krimm Otto", fabricant d'appareils d'optique.

Berliner Adressbücher, 1893, p. 707.

L'établissement occupe le rez-de-chaussée et le premier étage du 12 Leizigerstraße où il commercialise la marque "Helios". On sait qu'il entretient une correspondance avec Ludwig Stollwerck, le célèbre chef d'entreprise, à propos des appareils phonographiques dont témoignage un courrier datant du mois de mai 1895. À cette époque, il fait paraître des encarts publicitaires au-delà de la seule ville de Berlin :

Optische Waren.
[...]
Foersterling & Co., Berlin "., Leipzigerstrasse 12 (jeder Art).

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Strassburger Post, Strasbourg, dimanche 7 juillet 1895, p. 7.

Le cinématographe (1896-1900)

L'intérêt d'H. O. Foersterling pour les images animées est sans doute précoce en considérant qu'il fait commerce d'appareils optiques. Ses relations avec Stollwerck et le Britannique Birt Acres qui est en train de travailler à un appareil cinématographique ont ouvert l'hypothèse d'une possible collaboration. Toutefois, aucun document ne permet d'asseoir cette possibilité. Il faut attendre l'année 1896 pour disposer d'informations plus fiables.

Selon une publicité publiée dans Der Komet en décembre 1896, Hermann Otto Foersterling indique qu'il aurait vendu un appareil cinématographique dès le mois de mai :

Ich habe im Mai 1 Kinematographen verkauft, im August hat eine Concurrenz ihren ersten Apparat verkauft, nichtsdestroweniger und trotzdem sein Apparat nicht im entferntesten an meinen heranreicht.

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Der Komet, nº 613, 19 décembre 1896.

Hermann Otto Foersterling n'ayant pas breveté, semble-t-il, d'appareil au cours de l'année 1896, il faut penser qu'il parle de commercialisation d'un cinématographe acheté auprès d'un constructeur. Grâce au catalogue du Vitagraphe de la maison Clément & Gilmer, nous disposons du témoignage d'Hermann O. Foersterling lui-même :

Berlin, 10 Juillet 1896.
L'appareil VITAGRAPHE de Mrs CLÉMENT et GILMER, Paris, a fonctionné à notre plus grande satisfaction. Les projections sont absolument fixes. Son mécanisme est sûr. Nous ne pourrions le remplacer par aucun autre modèle.
H.O. Foersterling et Cº.

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Le Vitagraphe (1897)

À quelques jours près, la revue corporative Der Komet publie une publicité pour un "Biomatograph. Edison's Ideal" où l'on précise que le brevet de l'appareil doit être déposé sous peu :

Viel Geld verdient man in kürzester Zeit durch die Vorführung des Kinematograph, Patent angemeldet, zeigt in Lebensgrösse.

Der Komet, Pirmasens, nº 590, 11 juillet 1896, p. 23.

Der Komet, Pirmasens, nº 591, 18 juillet 1896, p. 23.

Il y a tout lieu de croire qu'Hermann O. Foersterling commercialise le Vitagraphe sous le nom de "Biomatograph", même s'il semble prétendre qu'il aurait construit un appareil en instance de brevet.

"Le Vitagraphe Clement & Gilmer"
Le Vitagraphe (1897)

La représentation offerte par le catalogue date probablement du milieu de l'année 1897 (ce que confirme aussi quelques autres informations) par la présence de la "cuve à eau" (C), principe utilisé par les Lumière après l'incendie du bazar de la Charité (4 mai 1897). Dans sa version initiale, le Vitagraphe monté pour la projection ne devait sans doute pas en comporter.

C'est vers cette même époque que le forain hollandais Christiaan Slieker aurait acheté un appareil cinématographique auprès d'Hermann O. Foersterling. Pourrait-il s'agir du Vitagraphe ? 

L'appareil acheté par Christiaan Slieker
Nieuwsblad van Friesland, lundi 14 octobre 1935, p. 5

Une nouvelle publicité, publiée dans Der Komet au mois de septembre 1896, présente un opérateur manipulant un appareil cinématographique désigné comme "Edison's Ideal" qui projette un bouquet de vues animées.

Der Komet, Pirmasens, 12 septembre 1896, p. 22.

Il reste pourtant délicat d'identifier les différents éléments du document : l'opérateur (s'agit-il de Foersterling ?), l'appareil de projection et les vues représentées (une arrivée de train, des baigneuses, des africains, un concours hippique...). Le nom du cinématographe "Edison's Ideal" est cependant le même que celui utilisé en juillet... Cela laisse à penser que nous sommes en présence du même appareil, selon toute vraisemblance le Vitagraphe. Un nouvel article, publié vers la fin du mois de septembre, évoque plus explicitement le fonctionnement de l'appareil cinématographique et parle expressément de "Vitagraph" :

Biomatograph auch Kinematograph, Kinephotograph, Vitagraph etc.
genannt ist ein Apparat, welcher, wenn richtig und gewissenhaft vorgeführt, viel Lob, viel Amüsement und auch das nöthige Kleingeld einbringt. Aber wehe, wehe, wer einen solchen Apparat kauft und jede Warnung des betreffenden Fabrikanten auf die leichte Achsel nimmt und statt sich gewissenhaft mit dem von ihm erstandenen Apparat unter Aufsicht eines Lieferanten zu beschäftigen, glaubt, er sei schlauer als alle anderen Menschenkinder und womöglich als der Fabrikant selbst. Er wird bald merken, daß er seine Lehrzeit nun vor coram publico zu bestehen hat und statt sich einen Namen und volle Taschen, sich und seinem Lieferanten nur Schande machen. Ja ! Viele glauben der Apparat allein ist dann Schuld an Allem. Gerade als ob sie sich nur das Taschentuch des Zauberkünstlers zu kaufen brauchten und glauben dann ein Karnickel herausziehen zu können, wie sie es von Zauberkünstler sehen.
Bei einem Kinematographen muß man darauf achten, daß die Films richtig und schnell an der richtigen Stelle eingesetzt werden, daß das Projektions-Objektiv scharf eingestellt wird, daß das Licht der Bogenlampe oder der Kalkkegel des Brenners genau die richtige Entfernung vom Condensator und dieser entsprechend vom Objektiv hat und genau centrisch zu den beiden Linsen steht. Man muß beachten, daß der Films richtig ausläuft etc. etc.
Alles Sachen, die ein intelligenter Mann in wenigen Stunden begreift und deren Handgriffe er nach einigen Tagen flotter Uebung absolut beherrscht. Aber der arme Fabrikant, wenn nun ein Superkluger seinen Apparat nicht behandeln kann ! Ich kenne nun schon keinen Fabrikanten mehr, dem nicht mit Klage gedroht wäre, wenn die Sache durch die Schuld des Vorführenden nicht klappte. Ich bin selbst Fabrikant und mache prinzipiell keine Concurrenz-Fabrik schlecht, halte civile Preise, bin coulant. Aber ein Lied kann ich nun auch von dem Artikel singen. Grüß Gott !
H. O. Foersterling.“

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Der Komet, Pirmasens, nº 601, 26 septembre 1896, p. 2-3.

Le commerçant continue à faire passer des annonces dans la presse professionnelle ou internationale.

El Imparcial, Madrid, dimanche 10 janvier 1897, p. 4.

Au cours de cette année, une polémique va surgir entre H. O. Foersterling et Oskar Messter, autre pionnier du cinéma allemand, dont la revue Der Komet va se faire largement l'écho.

Der Komet, Pirmasens, nº 612, 12 décembre 1896, p. 26.	Der Komet, Pirmasens, nº 612, 12 décembre 1896, p. 27.
Der Komet, Pirmasens, nº 613, 19 décembre 1896, p. 24.

Les attaques virulentes - voir ci-dessus les différents encarts - de Foersterling et les réponses de Messter portent, pour l'essentiel, sur la publicité que Foesterling fait passer dans la presse où il se prétend constructeur d'appareils cinématographiques, ce que conteste Oskar Messter qui l'accuse par ailleurs d'avoir plagié son catalogue. Après des mois de polémique, Messter va attaquer en justice H. O. Foersterling.

Vorwärts, Berlin, vendredi 7 mai 1897, p. 6.

Au terme du jugement prononcé par la 9^e Chambre de Commerce de Berlin, la société H. O. Föersterling & Co est priée de s'abstenir d'utiliser les expressions: "Kinetographen-Fabrik" (Usine de kinétographes) et d' "Erfinder der ersten deusfchen Präzisions-Kinetographen" (Inventeur des premiers kinétographes allemands de précision) sous peine d'une amende de 100 Marks.

Sans doute échaudé par ces déboires avec ses concurrents, la société H. O. Föersterling & Co va déposer un brevet (80041. 28/05/1897) et la marque "Scioptikon-Scenetographe". Le brevet porte sur un appareil cinématographique qui s'apparente, semble-t-il, au kinora ou au mutoscope. 

Deutscher Reichsanzeiger und Preußischer Staatsanzeiger, Berlin, lundi 6 septembre 1897, p. 19.	Deutscher Reichsanzeiger und Preußischer Staatsanzeiger, Berlin, vendredi 2 juillet 1897, p. 15.

En octobre 1897, Hermann Otto Foersterling dispose d'un nouveau local à Friedenau près de Berlin

Der Komet, Pirmasens, 2 octobre 1897, p. 1.

Par la suite, entre 1899 et 1900, il intensifie ses activités d'inventeur et multiplie les brevets : "Improved Photographic Plate Holder and Charging Apparatus" (GB19472. 27/09/1899), "Improvements in and connected with Catching Apparatus for Exposed Photographic Plates" (GB19473. 27/09/1899), "Improvements in and connected with the Production of Photographs" (GB19474. 27/09/1899), "Device for Applying Liquids to Film Strips, Paper Rolls and the like" (GB16876. 22/09/1900), "Improvements in and connected with Photographic Printing Machines" (GB16957. 24/09/1900) "An Improved Photographic Printing Machine" (GB16958. 24/09/1900)...

Grâce aux différents brevets, on sait qu'H. O. Foersterling vit à Friedenau (près de) jusqu'en 1899, puis à Schlachtensee (près de Berlin) en 1900.

Et après... (1901-1912)

Les activités d'H. O. Foersterling, à partir de 1901, fléchissent singulièrement, mais la société Foersterling & Co est toujours présente dans les annuaires berlinois jusqu'en 1907.

Berliner Adreßbuch, Ausgabe 1907.

 Hermann Otto Foersterling décède à Berlin, en 1912, à l'âge de 55 ans.

Sources

GOERGEN, Jeanpaul: »Sensationellste Schaunummer der Gegenwart!« Zeitungsinserate des Berliner Filmpioniers H.O. Foersterling von 1896. In: Frank Kessler, Sabine Lenk, Martin Loiperdinger (Hg.): Lokale Kinogeschichten.Frankfurt am Main: Stroemfeld/Roter Stern 2000 (KINtop. Jahrbuch zur Erforschung des frühen Films 9), S. 109–115. DOI: https://doi.org/10.25969/mediarep/15946.

ROSSELL Deac, 'Showmanship and Deception: the Case of H.O. Foersterling' in Thomas Elsaesser (ed.), German Cinema: The First Two Decades (Amsterdam, 1996).

ROSSELL Deac, "Jenseits von Messter-die ersten Berliner Kinematographen-Anbieter.", Kintop, 6, p. 166-184.

ROSSELL Deac, "Beyond Messter: Aspects of Early Cinema in Berlin", Film History, v. 10, nº 1, 1998, p. 52-69.

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