Maurice ASTAIX

(Saintes, 1878-Paris, 1945)

astaix maurice portrait 02

Jean-Claude SEGUIN

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Joseph Astaix (Clermont-Ferrand, 26/03/1814-Paris, 01/12/1865) épouse Elizabeth Benoit (12/08/1814-05/01/1904). Descendance:

  • Jean, Jules Astaix (Clermont-Ferrand, 20/05/1839-1919) épouse (Paris 1e, 16/02/1867)Elisabeth, Eugènie Goglet (Paris 9e, 31/01/1838-≤ 1911). Descendance :
    • Paul, François Astaix (Paris 3e, 09/12/1867-1945) épouse Jeanne Etasse (1869-1910). Descendance:
      • Alice Astaix (1898-1965).
    • Charles Astaix (1869-1928)
    • Clothilde, Victorine, Elisa Astaix (19/09/1872-1872)
    • Gustave Astaix (1876-1950)
    • Joseph, Maurice, James Astaix (Saintes, 14/06/1878-Paris 6e, 26/06/1945) épouse (Paris 19e, 21/07/1908) Anaïs, Augustine Jourdan (Paris 19e, 19/04/1878-Sartrouville, 25/08/1960). Descendance:
  • Michel Astaix.

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Petit-fils d'un homme politique clermontois et fils d'un employé de chemin de fer, Maurice Astaix effectue son service militaire au 154e régiment d'infanterie (14/09/1899-25/09/1900). Il est alors électricien-ingénieur. 

La collaboration avec Georges Méliès (1901-[1904])

Il arrive chez Méliès probablement à la fin de l'année 1900 ou en 1901. Georges Méliès l'évoque dans ses mémoires :

Voici maintenant quelques renseignements concernant les "opérateurs" employés successivement par Méliès. Ses premières vues du début furent tournées par lui-même: le premier opérateur professionnel qu'il forma fut Leclerc, auquel succéda Michaut qui devait, par la suite, en association avec Lallement et Astaix, également anciens employés de Méliès, ouvrir la première maison de location de films.


MÉLIÈS, 1945: 179.

L'American Kinetograph (1904-1907)

Dès 1904, Maurice Astaix va constituer une société avec François Lallement et Théophile Michault, qu'il avait connus chez Méliès :

L'AMERICAN-KINETOGRAPH qui, fondé en 1904, compta longtemps parmi les premiers offices de location ouverts en France.
MM. ASTAIX, LALLEMENT et MICHAULT qui se partageaient les services de cette importante entreprise, n'étaient pas de nouveaux venus dans la Cinématogrpahie.


"Agence Générale Cinématographique", Le Livre d'or de la cinématographie, Ciné-journal, Paris, 1911

François Lallement évoque la fondation de la société:

[Vous aviez fondé votre propre société]. Oui, qui s'appelait l'American Kinetograph au capital de 1400 francs, juste ce qu'il nous fallait pour acheter un matériel et un quart d'heure de projection, puisque à ce moment-là dans les théâtres ou dans les music-halls, on ne faisait qu'un quart d'heure de reproduction.


François Lallement, 1953.

La Compagnie des Cinemas-Halls (1907-1908)

Maurice AstaixFrançois Lallement et Théophile Michault vont céder leur affaire à la Compagnie des Cinéma-Halls (rue Laffitte, nº 9) dont la fondation a lieu le 14 juin 1907:

Contrat en date du 10 mai 1907, par lequel MM. Michault, Astaix et Lallement font cession de leur affaire d'exploitations cinématographiques portant sur seize établissements environ, sis tant à Paris qu'en province.


Les Assemblées Générales, 1907, p. 170., 1907, p. 170.

La Compagnie après quelques années de succès va vite péricliter :

De l'AMERICAN KINETOGRAPH, les trois associés entrèrent comme chefs de service à la Société des CINEMAS-HALLS qui, déjà à cette époque, prétendait non sans esprit, centraliser sous le même capital, la location et l'exploitation des films.
Le destin de cette vaste entreprise fut précaire pour des raisons de pure finance. Quoique cela, avec son habile direction, sa durée éphémère ne fut pas sans éclat, et elle fit souvent pâlir une autre étoile qui prétendait à cette époque, être seule à briller.


"Agence Générale Cinématographique", Le Livre d'or de la cinématographie, Ciné-journal, Paris, 1911

Son collaborateur François Lallement se souvient de l'inauguration de l'Hippodrome :

[à propos du cinéma parlant] Gaumont s'en occupait beaucoup. J'étais son concessionaire, en 1907, et nous avons justement ouvert l'Hippodrome avec l'air comprimé. C'était Laudet, l'ingénieur Laudet, qui s'en occupait à ce moment-là.


François Lallement, 1953.

paris 1908 Hippodrome Le plus grand [...] bpt6k69641775 1
Compagnie des Cinéma-Halls, Hippodrome, 15 janvier 1908.

La faillite de la Compagnie conduit les trois collègues à reprendre leur indépendance. 

L'American kinetograph (1908-1909)

Dès le mois d'avril, l'American Kinetograph (installé au 3, rue de Larochette Projetée, 14e arrondissement de Paris) reprend ses activités. En 1909, on retrouve "MICHAUT [sic], ASSAIX [sic], LALLEMENT" au 57, rue St-Anne. :

Lorsqu'ils quittèrent les CINEMAS-HALLS, Messieurs ASTAIX, LALLEMENT et MICHAULT étaient admirablement préparés pour de hautes affaires. Ils créèrent alors l'AMERICAN-KINETOGRAPH avec l'autorité de leur triple concours et en firent une des plus grosses agences du moment.
Tous ceux qui se rappellent la fiévreuses activité des bureaux de la rue Sainte-Anne peuvent en témoigner ! Mais les besoins de la location augmentaient avec le nombre des Etablissements Cinématographiques qui s'installaient en France. Les grands producteurs de films se faisaient loueurs de leurs propres produits; il convenait d'apporter sur le marché des marques nouvelles susceptibles de donner aux programmes plus de variété: en un mot de servir les Cinémas "Indépendants". C'est ce que comprirent fort bien les Directeurs de l'AMERICAN KINETOGRAPH.


"Agence Générale Cinématographique", Le Livre d'or de la cinématographie, Ciné-journal, Paris, 1911

american kinetograph 1908 Le Rideau artistique et littéraire [...] bpt6k54658836 8
Le Rideau artistique, 11e année, numéro 557, Paris, 1908.

En avril 1910, Théophile Michault, souhaitant se consacrer à ses exploitations, quitte la société qui est alors dissoute:

Paris.-Dissolution-5 avril 1910-Soc. Michault et Cie et Michault Astaix et Lallement, Américain Kinetograph, 161, Montmartre.- L.MM. Michault, Altaly et Lallement-5 avril 1910-P.A.


Archives commerciales de la France, 37e année, nº 32, mercredi 20 avril 1910,p. 719.

Agence Générale Cinématographique (1910->1925)

Avec le départ de Théophile Michault, Maurice Astaix et François Lallement décident de fonder, en collaboration avec Paul Kastor, l'Agence Générale Cinématographique : 

La Maison de location Michault & Cie a transporté ses bureaux au nº 16 de la rue Grange-Batelière.
M. Michault s'étant retiré, MM. Astaix, et Lallement, ceux-ci, ayant fait une nouvelle Association avec M. Paul Kastor, continueront leur entreprise cinématographique, comme par le passé, sous la dénomination :
Agence Générale Cinématographique et sous la raison sociale: "Ataix, Kastor et Lallement."


Ciné-journal, 3e année, nº 85, Paris, 9 avril 1910, p. 5.

1911 madame sans gene
"Photographie prise en 1911 à Neuilly, 14 rue Chaveau, aux studios du Film d'Art, pendant le tournage de Madame Sans-Gêne." (Maurice Astaix au 2e rang, 5e à partir de la droite)
Collection Maurice Gianati.
Reproduit dans 1895, numéro hors série, "L'Année 1913 en France", octobre 1933, p. 12.

La nouvelle société va vite prospérer et elle dispose d'opérateurs attitrés ainsi que des représentants comme MM. Monaco, Léon Michaud et Philibert Robin. Dans les années qui précèdent la 1re guerre mondiale, sa prospérité  est remarquable et elle s'assure, pour la France, le monopole du Film d'Art, du Films des Auteurs et du film Pharos. En outre, elle dispose d'agences à Marseille (M. Reynaud, 18, rue Haxo), en Algérie (M. Goudeau, 3, rue El-Moungar, Oran), en Égypte (M. Paquier, Alexandrie), en Turquie d'Europe (Riederer, Salonique) et en Turquie d'Asie (M. Nalpas, Smyrne). Elle à sa propre marque "Askala".

agence generale cinematographique 1911 Livre d'or Ciné Journal 1911"LE BUREAU DE LA DIRECTION"
"De gauche à droite sont assis MM. ASTAIX, LALLEMENT et KASTOR"
Le Livre d'or de la cinématographie, Ciné-journal, Paris, 1911

 agence generale cinematographique 1911 Livre d'or Ciné Journal 1911 02
"EN ATTENDANT LA PROJECTION (Une des salles de l'Agence Générale Cinématographique" 
Le Livre d'or de la cinématographie, Ciné-journal, Paris, 1911

En 1912, un procès va opposer la Compagnie Française des Phonographes et l'Agence Générale Cinématographique sur la question délicate des droits d'auteur concernant l'adaptation d'oeuvres littéraires au cinéma :

Un film cinématographique qui fait revivre un drame, en présentant dans le même ordre les épisodes de ce drame, à l'aide de tableaux successifs ayant le même point de départ, la même action, le même dénouement, constitue une contrefaçon, le sujet y apparaissant avec la manière personnelle dont l'auteur du drame l'a traité.


Journal des tribunaux de commerce, 1er janvier 1915, p. 255.

À l'issue du jugement, l'Agence Générale Cinématographique sera condamnée à verser 500 francs au titre de dommages-intérêts.

1913 agence generale cinematographique facture
Lettre de l'A.G.C. à Hiraux et Millière pour la location d'un film Éclipse: Spot le chien détective (mars 1913)
Collection Maurice Gianati
Reproduit dans 1895, numéro hors série, "L'Année 1913 en France", octobre 1933, p. 14.

Dès le début de la mobilisation, Maurice Astaix rejoint son régiment. Il est envoyé sur le front dans la région d'Arras :

Agence générale cinématographique
[...]
M. ASTAIX, mobilisé depuis le deuxième jour, actuellement dans les tranchées, en première ligne, région d'Arras, en bonne santé.


Ciné-journal, 1er février 1915, p. 17. 

À partir de 1916, il reprend ses activités et un conflit va opposer Léon Brézillon, président du Syndicat Français des Directeurs de Cinématographes et l'Agence Générale Cinématographique au sujet de l'exploitation du film La Flambée

L'Agence Générale Cinématographique distribue, en particulier, les films de Charlie Chaplin et produit le premier film de René Clair, Paris qui dort et les films de Maurice Chevalier tournés par Henri Diamant-Berger.

agence generale cinematographique 1921 charlot
L'Agence Générale Cinématographique. Charlot. L'As des comiques. 1921.

Il semble qu'à partir de 1922, le nom de Maurice Astaix ne soit plus associé à ceux de François Lallement et Paul Kastor qui ont rejoint  le tandem constitué par l'Agence Générale Cinématographique et l'Union-Éclair.

Directeur de salles (1927->1938)

À partir de 1927, Maurice Astaix prend la direction d'une nouvelle salle de cinéma :

"La Cigale", boulevard Rochechouart, établissement qui eut sa vogue en tant que music-hall, devient cinéma.
C'est M. Astaix, un des pionniers de l'exploitation qui s'en est rendu propriétaire et qui en assurera la direction.


La Critique cinématographique, nº 33, samedi 9 juillet 1927, p. 17.

Il va par la suite étendre son circuit de salles de cinéma en dirigeant, en particulier, le Vincennes-Palace. A l'occasion d'une enquête de la revue La Critique Cinématographique, il donne son avis sur la composition des programmes : 

LES GRANDES ENQUETES DE LA CRITIQUE
LA QUESTION DES PROGRAMMES
Faut-il deux grands films pat' programme ou un seul grand et plusieurs petits ?
VII
Réponse de M. Astaix ,directeur du Cigale-Cinéma et du Circuit Astaix.
M. Astaix. directeur du Cigale-Cinéma, possède un circuit de cinq salles, dont l’une, le Vincennes-Palace, utilise deux grands films par séance. Le Cigale-Cinéma, par contre, ne donne qu’un grand film; mais des attractions, composées de deux numéros, sont ajoutées à la première partie du programme. En outre, M. Astaix a conservé l’orchestre que cet établissement possédait à l’époque du film muet.
A notre question, M. Astaix nous répond :
— C’est le jeu de la concurrence et la faute de bien des maisons de distribution qui ont conduit nombre de petits exploitants à adopter la nouvelle formule de spectacle. Certains distributeurs abaissent en effet le pourcentage pour les petits exploitants afin de leur permettre de présenter deux films par séance à leur public.
La moyenne et la grande exploitation souffrent de cette néfaste habitude. Pour elles, les pourcentages sont maintenus; les directeurs de ces salles n’ont donc la possibilité que de donner un film par séance.
La nouvelle formule d’exploitation vous satisfait- elle?
— Oui et non.
Il est indéniable que de donner deux grands films par séance attire le public. Mais où va-t-on?
Le public ne réclamait pas cela. On l’habitue dangereusement à’ une telle abondance. Tenez, voici un cinéma qui présente, au cours d’une même séance, La Belle Marinière et Chanson d'une Nuit...
Et M. Astaix nous tend un prospectus d’un cinéma de la. banlieue.

Ces deux films sont tous récents, ils sont des œuvres de premier plan. Que pourra donner cet établissement la semaine suivante pour contenter son public ?
Il faudrait donner de bons films de court métrage comme première partie. Mais qui les fera ? On paie 35 % pour le grand film. Pour le petit film de première partie, l’exploitant ne peut payer plus de 5 %, ce qui porte son programme à 40 %, pourcentage maximum qu’il est difficile de dépasser. Faire un film de quinze cents mètres avec 5 % d’un programme, est-ce possible ? J’en doute fort.
— Les attractions que vous donnez en ce moment au Cigale-Cinéma pour compléter vos premières parties trop maigres, vous satisfont-elles pleinement ?
— Pas toujours.
Je donne chaque fois un numéro d’acrobatie et un tour de chant.
Les acrobaties plaisent toujours. Mais il n’en est pas de même pour les tours de chant.
— La raison ?
Le nombre des music halls et cafés-chantants diminuant de plus en plus, les auteurs spécialisés dans les skteches et les chansonniers n’écrivent presque plus pour ce genre de spectacle. Il en résulte qu’on est souvent contraint de reprendre d’anciennes chansons et d’anciens sketches, ou de présenter des numéros de qualité inférieure.
— Les reprises d’anciennes chansons ne plaisent pas au public ?
— Elles plaisent aux vieilles générations, mais pas aux jeunes.
 Louis SAUREL.


La Critique cinématographique, 8e année, nº 328, Paris, 10 juin 1933, p. 12.

En 1936, il est toujour recensé à Paris (Notre-Dames-des-Champs). Il s'éteint en 1945.

Sources

BERNER Raymond, "Souvenirs de M. Astaix", La Cinématographie française, Numéro Spécial "Hommage de la cinématographie française", novembre 1935, p. 71.

Le Livre d'or de la cinématographie,Ciné-journal, Paris, 1911

François Lallement, opérateur de Georges Méliès (diffusé le 18 février 1955, sur la première chaîne), entretien réalisé par Pierre Tchernia, ORTF. coll. "Ecouter, voir", France, couleur, INA. (voir MORISSEY: DVD).

MÉLIÈS Georges, "Mes mémoires par Georges Méliès" dans Maurice BESSY et LO DUCA, Georges Méliès Mage, Paris, Prisma, 1945, 206 p.

MEUSY Jean-Jacques, Paris-Palaces ou le temps des cinémas (1894-1918), Paris, CNRS Éditions, 1995, 564 p.

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