Charles Joseph "Joy" VIFQUAIN

(Crete, 1874-Vancouver, 1962)

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Jean-Claude SEGUIN

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Jean Baptiste Victor Vifquain (Saint-Josse-ten-Noode, 20/05/1836-Lincoln, 07/01/1904) épouse (Tipton, 01/09/1857) Caroline Veulemans (Natchitoches, 20/05/1838-Lincoln, 14/07/1926). Descendance:

  • Victor Emanuel Vifquain (1859-1902)
  • Elmer Francis Vifquain (1861-1917)
  • Theresa Isabella Vifquain (1864-1944)
  • John Baptiste Vifquain (On the Big Blue River, 1866-Ames, 20/09/1926) épouse (Belle Plaine, 17/04/1889) May Elvira Patterson (Belle Plaine, 10/05/1867-(Belle Plaine, 21/12/1918). Descendance:
    • Russel Manning Vifquain (1892-1968).
  • Blakely Marion Vifquain (1868-1945)
  • Leopold Vifquain (1869-1869)
  • Mary Caroline Vifquain (1872-1895)
  • Charles Joseph "Joy" Vifquain (Crete, 27/05/1874-Vancouver, 10/06/1962)
    • épouse (Alameda, 26/12/1908) ( Marie Zaccarelli (Italie, 1880-Naufrage du Princess Sophia, 25/10/1918). Descendance:
      • Charlotte "Joy" Vifquain (1913-Naufrage du Princess Sophia, 25/10/1918)
    • épouse (Dawson, 06/1920) Elizabeth Zaccharelli.
  • Josephine Gertrude Vifquain (1880-1907)

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Jean Baptiste Victor Vifquain, père de Charles Joy, accomplit une carrière militaire, avant d'embrasser celle de diplomate. Il est ainsi nommé consul des États-Unis, en 1886, à Barranquilla (Colombie),  en 1888, puis Consul général des États-Unis à Panama. Au cours de ces années d'adolescence, Charles Joseph "Joy" Vifquain semble avoir vécu au moins jusqu'en 1880 à Crete avec sa famille.

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Jean Baptiste Victor Vifquain, Caroline Veulemans et leur huit enfants.
Charles Joseph "Joy" Vifquain (tout en bas) [D.R.] 

Par la suite, il suit ses parents dans les différents postes consulaires. Il est inscrit, en 1890-1891, à  l'université du Nebraska (Lincoln). En 1893, il réside, avec son père, à Lincoln (1449 S), où il est "stenographer."

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Charles J. Vifquain (c. 1890) [D.R.]  Charles J. Vifquain (c. 1895) [D.R.] 

De la fin de ses études à 1897, aucune information ne permet de savoir où réside Charles J. Vifquain. S'agit-il d'une simple coïncidence ou bien s'est installé en France ? Toujours est-il qu'un certain "Vifquain" commercialise des appareils Edison à Paris en 1894, sous le nom de "Compagnie Américaine du Phonographe Edison", sise 30, rue Bergère :

Phonographe Edison.-Le phonographe est une machine parlante très amusante avec laquelle on peut gagner facilement de 90 à 100 fr. par jour; dernier modèle de 1894, 1.100 fr. complet avec tous les accessoires.
Compagnie Américaine du "Phonographe". 30, rue Bergère.
22 juillet 1893.


L'Industriel forain, Paris, du 22 au 28 juillet 1894, p. 259.

Cette annonce va être publiée pendant de nombreux mois dans le périodique corporatif. Pourtant, malgré l'appellation, le commerce vend également des contrefaçons ce qui va conduire Edison à poursuivre "Vifquain". Cette affaire va faire jurisprudence :

COUR D’APPEL DE PARIS (1re ch.)
Présidence de M. de Viefville

Audience du 8 août 1895
ORDONNANCE SUR REQUÊTE. — ORDONNANCE DE RÉFÉRÉ. — CONTREFAÇON. — SAISIES. — INSTANCE CORRECTIONNELLE AU PRINCIPAL. — POUVOIR DU JUGE. — RECEVABILITÉ D’APPEL.
Même en matière de contrefaçon, le juge qui a permis, sur requête, la saisie des objets prétendus contrefaits, avec réserve de lui en référer, a qualité pour user de cette réserve et statuer contradictoirement, nonobstant l'introduction devant le Tribunal correctionnel de l'instance au principal, et l'appel de son ordonnance est recevable. La jurisprudence de la 1re chambre de la Cour de Paris est constante sur le pouvoir du juge de statuer contradictoirement, en suite d’une ordonnance par lui rendue sur requête avec réserve de lui en référer, et ce même alors que le Tribunal est saisi au principal. — La recevabilité de l’appel de la seconde ordonnance n’est pas davantage en question.
La Cour, dans la cause actuelle et pour la première fois, étend sa jurisprudence à la matière des contrefaçons et au cas où l'action est déjà portée au fond devant la juridiction correctionnelle.
Les faits du procès sont très simples. La Société Edison a, en vertu d’une ordonnance de M. le président du Tribunal civil de la Seine du 19 septembre 1894, fait procéder, le 24 du même mois, à la saisie de deux phonographes, argués de contrefaçon, dans les bureaux de M. Vifquain.
Le 28 septembre, dix-sept colis, contenant cinq phonographes, ont été saisis en gare des Batignolles, où ils avaient été déposés.
Dès le 24 septembre, en suite de la saisie, la Compagnie Edison avait assigné M. Vifquain devant le Tribunal correctionnel, à raison des faits de contrefaçon qu’elle lui imputait.
Le 16 octobre 1894, M. Vifquain, usant des réserves insérées par M. le président en permettant de saisir, introduisit un référé pour faire rapporter la permission accordée ; mais le 20 octobre, après avoir entendu les avoués des parties, M. le président maintint son ordonnance sur requête.
M. Vifquain a interjeté appel de cette ordonnance contradictoire du 20 octobre 1894.
Après avoir entendu Me FRÉDÉRIC METTETAL, son avocat, Me HUARD fils, avocat de la Compagnie Edison, la Cour a prononcé comme suit :
La Cour,
Considérant que l'ordonnance sur requête du 19 septembre 1894, autorisant la saisie des appareils argués de contrefaçon, n'a été rendue par le Président du Tribunal que sous la condition de lui en référer en cas de difficultés ;
Que cette ordonnance a été rendue par le Président en vertu des pouvoirs de juridiction gracieuse qui lui sont attribués par la loi ; qu'il était donc compétent pour statuer sur le recours introduit devant lui relativement à ladite ordonnance, à raison de la réserve qu'il y avait insérée;
Que le référé du 30 octobre 1894 est, au contraire, une décision contradictoire, rendue en vertu de la juridiction contentieuse ; qu'elle est, par suite, susceptible d'appel ;
Que la Cour a, dans les documents qui lui sont soumis, les éléments d'appréciation suffisants pour statuer en fait ;
Qu'il y a lieu de réformer, et tout en maintenant la saisie, à raison du procès en contrefaçon, lequel n'a point encore été l'objet d'une solution définitive, de substituer à la saisie matérielle des appareils la saisie descriptive, laquelle sauvegarde suffisamment les droits éventuels de la Compagnie Edison ;
Par ces motifs,
Dit que le juge des référés était compétent pour statuer ; 
Déclare l'appel recevable ;
Maintient dans toutes ses dispositions, et notamment dans celle relative au cautionnement de 1,000 francs, l'ordonnance du 19 septembre 1894;
Et réformant en ce qui touche la saisie réelle, dit que Vifquain sera autorisé à rentrer en possession de tous les appareils et de tout le matériel saisi, tant rue Bergère 30, qu'à la gare des Batignolles, nonobstant toute saisie;
Dit que les dépositaires des objets dont s'agit sont autorisés à les remettre sur le vu du présent arrêt; quoi faisant, déchargés;
Dit toutefois qu'avant la remise desdits objets, il sera procédé, à la requête d'Edison ou, à son défaut, à celle de Vifquain, à la description, par procès-verbal d'huissier, des appareils argués de contrefaçon ;
Fait masse des dépens de première instance et d'appel, pour être supportés par moitié entre les parties.


Le Droit, Paris, 11 septembre 1895, p. 1.

Finalement, "Vifquain" va avoir gain de cause, dans la mesure où Thomas A. Edison a commis l'erreur de ne pas protéger l'invention du phonographe par un brevet. En 1896, à la faveur de l'invention du cinématographe, l'entreprise va commercialiser un appareil, le "cinéphotographe américain". On retrouve des publicités dans la presse espagnole.

1896 06 28 cinefotografo americano 
El imparcial, Madrid, dimanche 28 juin 1896, p. 4.

En octobre 1896, Vifquain publie une petite annonce :

ON DEMANDE à louer une boutique sur les grands boulevards, entre la Madeleine et le faubourg Poissonnière.-S'adresser VIFQUAIN. 30, rue Bergère, Paris.


Le Journal, Paris, 1er septembre 1896, p. 4.

Cela laisse penser que l'entreprise cherche à se développer, sans doute en lien avec la commercialisation du cinéphotographe américain. Pourtant l'annonce disparaît presque immédiatement... Peu après, une annonce dans un journal espagnol suscite des interrogations. Depuis Londres, des "cinefotógrafos" sont mis en vente :

DESEANSE representantes en todas las ciudades de España, para la venta de Cinefotógrafos (fotografías animadas) y Films (películas). Últimas novedades, las mejores y las más baratas conocidas hasta hoy. Escribir á W. Gefferson y C.ª, 76, Albany Street. Regenta Park, Londres.


La época, Madrid, martes 20 de octubre de 1896, p. 4.

Une annonce énigmatique et une société qui ne l'est pas moins... Mais hormis le nom de l'appareil, rien ne permet d'établir des passerelles entre les deux. Toujours est-il qu'en janvier 1897, des projections sont organisées par Charles Joseph Vifquain et W. H. Alexander, avec un vitascope Lima (Pérou). Puis, de nouveau, en février 1897, l'annonce de septembre 1896 est à nouveau publiée dans la presse parisienne :

ON DEMANDE à louer une boutique sur les grands boulevards, entre la Madeleine et le faubourg Poissonnière.-S'adresser VIFQUAIN. 30, rue Bergère, Paris.


Le Journal, Paris 4 février 1897, p. 4.

Puis, cette annonce, reprise deux jours plus tard, par le même quotidien, disparaît définitivement. Il manque des éléments pour nouer des liens entre ces mystères sociétés, "Vifquain" et Charles Joseph Vifquain.

Par la suite Charles "Joy" Vilquain va s'éloigner de la cinématographie. En juillet 1897, alors qu'il occupe les fonctions de vice-consul des États-Unis à Panama, Charles Joseph Vifquain rédige un courrier sur les problèmes liés à la fièvre jaune et à la signature (29 juin 1897) d'un contrat entre le Département de Panama et les Belges Émile Lebrun et Bélisaire Marenovich pour effectuer la construction d'un établissement pour la distribution des eaux à Panama. Dès 1898, En pleine ruée vers l'or, il quitte Lincoln pour Dawson (Klondike) où il rejoint son frère qui vient d'acquérir plusieurs mines:

Charles J. Vifquain, son of General Victor Vifquain, has left Lincoln for the Klondike region. Mr. Vifquain mill join his brother Blakely, who is at Dawson. Blakely Vifquain has bought an interest in several mines. He reports that he paid $3.500 for a town lot in Dawson, and that lumber is selling there for $100 a thousand feet.


The Johnson News, Johnson (Nebraska), 6 mai 1898, p. 3.

En 1899, il intègre la grande loge Yukon Order of Pioneers, fondée en 1894.

vifquain charles 1899 vifquain charles Yukon Order of Pioneers, Discovery Day, August 17, 1913 (HS85 10 27821)
Charles J. Vifquain
membre de l'Y.O.O.P. (1899)
Yukon Order of Pioneers, Journée de la Découverte, 17 août 1913.

Il figure sur la liste des employés de la British Yukon Company à partir du 20 juillet 1905. Dès le mois de mars 1909, il réside à Dawson (Y.T. Canada) où il est dans les affaires de transport. Il est toujours employés à la British Yukon Company, le 6 juin 1916. En 1917, une partie de la famille de son épouse Zaccarelli réside à Vancouver. En octobre 1918, alors qu'il travaille pour la White Pass Transportation Company à Dawson City (Yukon Territory) [White Pass & Yukon Railway Co.], son épouse et sa fille périssent dans le naufrage du Princess Sophia (25 octobre 1918). En 1920, il épouse Elizabeth Zaccarelli. Il réside par la suite (< 1949) à Vancouver (British Columbia, Canada). Il décède en 1962.

vifquain charles sepulture

Calvary Catholic Cemetery and Mausoleum
Lincoln, Lancaster County, Nebraska, EE. UU.

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