el grimh

GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

Eduardo PINTO

(Lisbonne, 1887-Paris, 1965)

pinto eduardo

Jean-Claude SEGUIN

1

José Augusto Pinto épouse María José de Almeida. Descendance :

  • Antonio Pinto dit "Tonito", "Tonito" ou "Tonyto" ([1872]-)
  • Eduardo Pinto dit "Teddy", dit "Pif-Paf" (Lisbonne, 14/01/1887-Paris 6e, 20/11/1965)
    • épouse Baptista Juliette Eugénie Bastien.
    • épouse Lydie, Lucie Parent (La Ferté-Saint-Cyr, 24/02/1912-Paris 14e, 12/10/2004).

2

Fils d'une famille de forains portugais, Antonio Pinto quitte ses parents pour devenir artiste de cirque:

Mr. EDDY.- Mon frère aîné était dans le métier; il avait 15 ans de plus que moi. Je suis d'origine portugaise, et mes parents ne voulaient pas qu'on soit artiste, chez nous. Mon frère était parti sans rien dire, avec un anglais qui s'appelait Tonny GRES [sic].


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3.

Le clown britannique Tony Grice (ou Greace) a déjà réalisé plusieurs tournées en Espagne et en France: Barcelone (mai-octobre 1879), Vigo ([novembre 1879]), Saint-Sébastien (juillet 1880), Madrid (septembre-octobre 1880), Cordoue (juin 1882), Cordoue (juin 1883), Cordoue (juin 1884), Madrid (juillet-octobre1884), Paris (novembre 1884-août 1885), Saint-Sébastien [août 1885], où il fait la rencontre de ChocolatMadrid (août 1885), Pampelune (novembre 1885). Barcelone (décembre 1885), Madrid (abril-septembre 1886), Paris (octobre 1886-juin 1887), où il fait équipe avec Foottit et Chocolat, Amiens (juillet 1887) où apparaît pour la première fois "Tonino", ... En octobre 1889, il est de nouveau à Barcelone où il participe à un spectacle où l'on retrouve "Tonito", nom de scène d'Antonio Pinto:

CIRCO EQUESTRE:-De nou ha sigut contratat l'original clown inglés Tony-Grice que debutá lo dissapte passat. Al reapareixer fou saludat ab un llarch aplauso, com á mostra de simpatía.
Ab sentiment hem vist que lo dit clown nos' ha corretjit de fer bufonadas entre la concurrencia, que pagant, vá al Circo per distreurers, pero nó á ser blanco de las quijotadas de tant original clown.
Dihém aixó perque diumenje a la tarde feu pagar lo pato a un concurrent qu'estava en fila 1.ª, y encar qu'aquest li propiná una bastonada, no fou lo suficient per corretjirse, pus ell encar després hi feya broma.
Pensi lo senyor Tony lo qu eli passá per igual motiu, en altra temporada en Barcelona y també en Madrit.
Debutá ab ell un jove nomenat "Tonito" qu'es una verdadera especialitat en fer salts mortals, per lo que se vejé sumament aplaudit.


La Tomasa, Barcelona, 11 de octubre de 1889, p. 9.

La presse barcelonaise hésite entre "Tonito" et "Tonino", mais ce qui est vrai c'est qu'elle le décrit comme un véritable acrobate. Dès lors, Tony Grice, naturalisé portugais (1890), fait équipe avec lui pendant plusieurs années. On le trouve aussi sous le nom de Tonyto:

Con un lleno completo reanudó anoche sus funciones el circo de Price.
La compañía se compone de notables artistas ecuerstres y acrobáticos que hicieron anoche sus habilidades ante un distinguido público, que les colmó de aplausos.
El popular clown Tony Grice y su discípulo Tonyto, fueron objeto de una verdadera ovación, lo mismo que el notable profesor de equitación D. Eduardo Díaz y el célebre tirador Krail Rossel.


La correspondencia de España, Madrid, 5 de octubre de 1890, p. 3.

 Avec la disparition de Tony Grice, s'achève l'équipe:

Muerte de Tony Grice.-El 20 a las ocho de la mañana, falleció en la ciudad de Oporto, el conocido clonw, Tony Grice, que desde hace muchos años venía actuando en la compañía que dirige el señor Díaz, y que en el pasado invierno trabajó en Jerez.


El Guadalete, Jerez, 23 décembre 1892, p. 2.

On perd la trace d'Antonio Pinto jusqu'en [1895], époque à la laquelle il revient à Lisbonne:

Quinze ans après, il est revenu à Lisbonne pour travailler. Ça m'a enchanté, et j'ai demandé à ma famille de me laisser partir. Et pourtant, je partais avec mon frère, et non pas avec un étranger comme il l'avait fait, lui. Ils ont fini par me laisser partir, pourtant, et j'ai débuté à Madrid. J'avais 8 ans.


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3.

Il repart en tournée, désormais, sous le nom de Tonito Grice ou simplement Tonito et fait équipe avec "El Tonto": Madrid (juillet 1895):

J'étais acrobate. Ensuite, malheureusement, très jeune, j'ai eu mes accidents. Je me suis déboîté les genoux, et la vie acrobatique a été finie; je suis resté ·"clown Auguste".-Ou vous êtes comique, ou vous ne l'êtes pas. J'ai eu cette chance d'être comique, et nous formions ce groupe dont l'un s'appelait Tonito et moi Pif Paf. Je me suis appelé Pif-Paf, parce que je ne donnais jamais une giffle, j'en donnais deux : pif, paf; et même quand j'était acrobate on m'appelait ainsi: pif-paf par ci, pif-paf par là. Ça m'énervait, je n'aimais pas ça, je disais "Je m'appelle Teddy et pas Pif-paf." Mon frère a également eu un accident. Il s'est cassé les deux tandons, en acrobatie. Alors, nous avons essayé les Augustes, et nous avons toujours réussi.


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3.

pinto 1899 pinto antonio
Teddy 1899
© Collection particulière
(En el Circo.) Tonito (En la calle.), Gente conocida, año I, Núm. 6.º, Madrid, 11 de julio de 1900, p. 8.

La revue Gente conocida, lui consacre quelques lignes où il est question de son accident:

Tonito Grice, el célebre Tonito, tan gracioso como siempre, recordando a su gran maestro, el inimitable Toni Grice.
Tonito, el primer saltador del mundo, no puede ahora ejecutar sus portentosos saltos, por prohibirselo una luxación; pero en cambio entretiene al público con sus intermedios, salpicados de ingenio y sales.


Gente conocida, año I, Núm. 6.º, Madrid, 11 de julio de 1900, p. 8.

Le nom "Pif-Paf" n'apparaît, dans la presse, qu'en 1903, à Cordoue:

Plaza de toros.-Dos entradas magníficas hubo el domingo, por tarde y noche, en la Plaza de toros. Entre las novedades de las últimas funciones figura la presentación de los clowns Tonito y su tonto Pif-Paf, que debutaron el sábado y son buenos artistas. El público los aplaude todas las noches, obligándoles a repetir sus trabajos.


Diario de Córdoba, Córdoba, 21 de julio de 1903, p. 2.

En août 1903, les deux frères rejoignent la compagnie de Gil V. Alegría du Circo Ecuestre de Barcelone:

Anteanoche se inauguró la temporada del Circo Ecuestre en el Teatro del Tívoli, hallándose el local literalmente ocupado, como que quedaron despachadas todas las localidades y la entrada general. La nueva compañía que presenta el señor Alegría, aunque figura en ella algún artista ya conocido de temporadas anteriores, ofrece un conjunto muy aceptable.
[...]
Entre los clowns figuran el tonto Arturo, Tonito Grice y Pif Paf, con vis cómica bastante para excitar la hilaridad del público, hallándose en el mismo caso otros dos, sin que tengan por lo mismo necesidad de apelar e recursos poco cultos y que desdicen del teatro y del público.


Diario de Barcelona, Barcelona, lunes 31 de agosto de 1903, p. 10394.

barcelone 1903 circo ecuestre
Dyptique du Circo Ecuestre del Tívoli
Temporada 1903-1904
Source: Colección Circus Arts Foundation. Archivo Genís Matabosch.

C'est au cours de la saison 1903-1904 qu'Eduardo Pinto "Pif-Paf" est remarqué par Segundo Chomón, qui est alors coloriste pour Pathé, qui lui propose de tourner un petit film:

Et j'ai fait deux fois le tour du monde. Ensuite, j'avais 18 ans, nous avons été à Barcelone, avec ALLEGRIA. Et un metteur en scène de chez Pathé était justement de passage: il s'appelait Chaumont. C'était le créateur des scènes à trucs. (école de Méliès). Il est venu me voir, et il a parlé avec mon frère pour lui demander si nous pourrions faire un petit scénario. Je lui ai dit franchement que je n'avais jamais fait de cinéma. Il me dit qu'il désirait seulement une entrée de clowns à ce moment-là on ne faisait que de petits métrages de 60 à 75 mètres, ou tout au plus 100 mètres. Cette entrée, j'arrivais tout simplemente sur la piste, en train de lire un journal, avec un chapeau haut-de-forme; mon frère arrivait, mettait le feu au journal, qui mettait le feu au chapeau, ça faisait une boule toute rouge, et l'orchestre commençait: boum, boum, boum... les pompiers arrivaient: pin-pon-pin-pon... ils prenaient une échelle, on l'accrochait au mur et avec une toute petite pompe à vapeur qui avait un siphon, on m'arrosait, et moi avec l'échelle je faisais le tour et je sortais. Pour tourner cela, Chaumont m'avait dit de ne pas me maquiller. Et moi, comme tous les Augustes, les fils Fottit, c'était du gros maquillage. J'étais un gros comique, un comique à froid; je me suis maquillé un tout petit peu seulement, et je me trouvais drôle, mais Chaumont trouvait ça très bien. Moi, j'ai trouvé ça très mal...


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3.

Le tournage a sans doute eu lieu vers le mois de novembre puisque la vue cinématographique est présentée à ce moment-là sous le titre Tonito y Pif-Paf, clowns del Tívoli. Eduardo Pinto va poursuivre ses tournées en Espagne: Valence (février-abril 1904), Cordoue (mai 1904), Burgos (août 1904), Palma de Majorque (décembre 19034), Valence (mars 1905), Cordoue (mai 1905), Almeria (septembre 1905), Barcelone (mai-juillet 1906)...

Et après (1907-1965)

Tonito et Pif-Paf font équipe, à Liège, en octobre-novembre 1907, au Cirque du Nord.

pinto 1907
Los Clowns Tonyto y Pif-Paf, coupures de presse (Liège, 1907)
© Collection particulière

Il aurait alors effectué son service militaire au Portugal, mais il est déjà de retour quelques mois plus tard. En effet, on retrouve Pif-Paf et son frère, dès 1908, en France: Bordeaux (avril 1908), Saint-Jean-d'Angély (mai 1908), Beaune (juin 1908), où il fait équipe avec Tonyto, Marseille (juillet 1908), Elboeuf (août 1908)... C'est vers cette époque qu'il faut situer son engagement au Cirque Métropole: 

J'avais à ce moment-là, après avoir travaillé dans tous les cirques en Espagne, un engagement pour le Cirque Métropole, avenue de la Motte Picquet, à Paris, qui n'existe plus maintenant. Chaumont me dit, "quand vous serez à Paris, venez me voir". 


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3.

En septembre 1909, Eduardo Pinto est, en effet, engagé au Nouveau-Cirque où il retrouve Tonito, Foottit et Chocolat:

NOUVEAU-CIRQUE.-Spectacle de réouverture.-Tout le monde était là hier soir pour la réouverture du Nouveau-Cirque qui demeure un événement toujours parisien. Salle brillante comme public et brillante comme décoration, fleurs et plantes vertes, lumières multicolores.
[...]
Des clowns, Foottit, Chocolat, Tonito, Tommy, Georgey, Pif-Paf, Tablette, le nain Pierrot, etc., pleins de verve et de fantaisie, ont amusé le public par leurs joyeuses et originales facéties. Doottit surtout, avec une nouvelle scène comique de sa création, a fait terminer la représentation dans un éclat de rire général.
Et voilà le Nouveau-Cirque encore en route pour une saison qui ne le cédera en rien aux plus belles de ce superbe établissement qui réunit l'art, la grâce, la force et l'adresse: 231, rue Saint-Honoré.-UN M. DU B.


Le Figaro, Paris, 4 septembre 1909, p. 5.

Et, peu après, il est à Bordeaux (octobre-novembre 1909). C'est à ce moment-là qu'il semble avoir repris contact avec Segundo Chomón:

Un an après, j'arrive à Paris, je vais chez Pathé; Chaumont me dit qu'il y avait certainement quelque chose à faire. À ce moment, il y avait Max Linder, Boireau, Deed. Je devais partir en tournée en Italie avec Deed et mon frère. C'était mon frère le créateur des trois clowns: deux Augustes et un clown. Nous sommes arrivés avant les Fratellini... Alors, aux propositions de Chaumont, j'ai répondu que je ne pourrai pas faire une chose continue.


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3.

Pathé (1909-1910)

Ainsi qu'il le raconte lui-même, Eduardo Pinto partage son temps entre des tournages chez Pathé et des prestations artistiques au cirque. Le départ d'André Deed pour l'Italie laisse une place pour un acteur comique:

Alors, j'ai été chez Chaumont, et j'ai commencé un métier dont j'ignorais tout. Je ne me souviens d'aucun titre de films. C'était le gros comique. C'était des courts métrages. J'ai remplacé la série d'André Deed, qui était parti pour l'Italie. Alors, naturellement, je travaillais le soir, comme je pouvais. Il fallait biren que je mange. Quand j'étais au studio l'après-midi, je m'installais sur un fauteuil, et je dormais. M. PATHE est passé dans le studio et il m'a vu dormir, comme ça, deux ou trois fois. Il a demandé à Chaumont, qui est-ce, celui-là qui roupille tout le temps ? Chaumont lui a dit "il travaille après minuit, et il dort l'après-midi, puisqu'il travaille le soir. Il revient toujours au studio le premier." (car j'adorais le cinéma). Alors, dit Pathé, pourquoi ne fait-il pas seulement du cinéma. Chaumont dit, "ça je ne sais pas. Demandez-le lui." Pathé a dit "qu'il vienne à mon bureau". Chaumont se disait "qu'est-ce qu'il va se faire passer." Je me suis trouvé devant un monsieur qui me faisait plutôt peur, et qui était très gentil, pourtant. Il me dit que faites-vous ? - Je suis acrobate et je travaille dans les Music-halls et dans les cirques". -Pourquoi ne faites-vous pas seulement du cinéma ? Vous allez faire pour moi trois ou quatre scénarios- Je dis: Je vais faire trois ou quatre scénarios pour vous, je n'y connais rien, et ça n'ira pas et vous aller me fiche à la porte. Alors il m'a proposé un engagement. C'était le premier engagement que j'avais au cinéma... Pour deux ans. J'ai préféré commencer par un an, prolongeable si ça marchait.
Je suis donc resté un an chez Pathé.


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3, p. 5.

Presque aucun souvenir du clown et aucune trace ne permettent d'établir, pour cette période, une filmographie ne serait-ce que partielle des oeuvres auxquelles il a participé:

Parmi les films comiques que j'ai faits chez Pathé , il y en avait un où, sur un fil de fer, il y avait un papillon. Le papillon se posait sur le fil de fer et avec une canne j'essayais de l'attraper, et une table tombait, une bouteille tombait, etc.


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3, p. 13.

On évoque des "scènes à trucs qu'il réalisait alors pour la maison Pathé: "Scéna-trucs". En outre, son séjour chez Pathé est d'une durée oscillant entre un an - ses déclarations - ou dix-huit mois

S'il a renoncé un temps à sa vie de clown de cirque, dès juillet 1910, il fait partie, avec Tonyto, du spectacle que présente le Cirque Excelsoir à Douai. la chronologie des années suivantes mérite d'être reprise car elle semble quelque peu brouillée tant dans les souvenirs d'Eduardo Pinto que dans les rares articles qui lui ont été consacrés.

Société Éclair (1910-1911)

Dès avril 1910, le personnage cinématographique de "Teddy" apparaît dans des films comme Teddy hausse les épaules (avril) de la maison Gaumont - diffusé en Grande-Bretagne sous le titre Teddy Shrugs His Shoulders (352 ft)ou Teddy est incorrigible (janvier 1911) dont on ignore l'origine. Toutefois, rien ne permet de savoir si le prénom "Teddy" a quelque chose à voir avec Eduardo Pinto. En revanche, en 1911, la société Éclair produit quelques films où "Teddy" est le nom d'un personnage comme dans Teddy adore la musique (juillet) interprété par Eduardo Teddy. Cette collaboration - dont on ne connaît pas les détails - a dû durer quelques mois, avant la signature d'un nouveau contrat avec la société Films Lux.

Films Lux (1911-1912)

Les propres déclarations d'Eduardo Pinto ont créé une certaine confusion lorsqu'il déclare:

Je suis donc resté un an chez Pathé, puis chez l'Eclipse et chez Lux. Chez Lux, il y avait Bourgeois, et Joé Hamman.
Je suis donc vraiment venu au cinéma par mon métier: le Cirque. C'est parce qu'ils m'ont vu au Cirque qu'ils m'ont engagé au cinéma.
J'ai fait la connaissance de Bourgeois à la Lux, pour tourner des films comiques.
[...]
Quand je suis entré chez Lux, on a voulu faire du comique; mais Bourgeois n'était pas metteur en scène comique. Alors, je me suis dégoûté de chez Lux. José Hamman voulait tourner avec moi, mais jusqu'où ça aurait-il pu aller ? J'étais malgré tout forcé de rester un an là, puisque j'avais un engagement d'un an.


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3, p. 5 et 6.

Or les films de Films Lux qui lui sont attribués sont de 1912 dont Teddy a mangé des grenouilles (octobre 1912) ce qui laisse penser que la chronologie que propose Teddy est assez approximative. Mais ce qui ressort de ses propos, c'est qu'Eduardo Pinto ne se plaît pas dans la société qu'il quitte au bout d'un an.

L'Eclipse (1912-1913)

À la société l'Eclipse, Léopold Gratioulet, dit "Maurice", fils du pionnier Clément-Maurice, est responsable du laboratoire. Outre ses talents d'acteur, Eduardo Pinto va passer à la mise en scène comme il l'explique ci-après:

Eclipse m'a écrit, ensuite, pour me demander des scénarios comiques. Ils m'avaient trouvé un genre comique anglais, et l'Eclipse envoyait des films en Angleterre. J'y suis entré, mais il fallait que je mette en scène moi-même. Il y avait Maurice, comme directeur à l'Eclipse; il s'occupait de l'usine. Maurice, de la famille des tirages Maurice. Je n'avais jamais mis en scène. Un bon artiste, me dit Maurice, fera toujours un bon metteur en scène. Si vous ratez une ou deux scènes, vous les recommencerez. J'ai dit "je ne veux pas d'engagement. Je vais faire un ou deux scénarios, et si ça plait, on verra." Il y avait à cette époque-là les trois frères Servas, qui mettaient en scène les "Polycarpe".-Je fais le premier scénario et je rate une scène. J'étais fier de moi. Je travaillais à mon compte. La maison fournissait les opérateurs, double métrage de négatif, les décors, et moi tout le reste: artistes, meubles, etc. et on me donnait 9 francs du mètre de négatif. C'était beaucoup, à cette époque-là. Je n'ai jamais mangé d'argent.
Au bout du deuxième scénario, ils m'ont fait un engagement de deux ans, pour reprendre la série des Polycarpe et pour remplacer Joseph Servas, qui, lui, a fait les NICK VINTER, avec de gros sourcils noirs, collés, très larges.
J'ai donc fait la série des Polycarpe, avec une nouveauté: l'Enlèvement de Polycarpe.


Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3, p. 6.

La production d'Eduardo Pinto à la Société Eclipse s'élève à quelques oeuvres dont deux épisodes au moins de la série "Polycarpe" et quelques films où il reprend le rôle de Teddy. Après son départ, il va brièvement retrouver Tonyto pour quelques numéros de cirque:

Cirque d'Été.
Place de la Nation.
[...]
Les clowns Tonyto et Pif-Paf sont d'une gaieté folle, et surtout ont des farces tout à fait nouvelles.


Cirque d'Été. Place de la Nation) Le Dépêche du Berry, Bourges, mardi 22 avril 1913, p. 3.

Société Eclair (1914-1917)

Sans doute peu après, il rejoint la Société Éclair où il va travailler, en particulier avec Victorin Jasset qui réalise Protéa. Eduardo Pinto tourne ainsi le deuxième épisode en 1914 ainsi que certains épisodes de Nick Carter:

- Pour combien de films avez-vous tourné jusqu'à présent ?
- Moi ? oh ! je ne me rappelle même plus le nombre, mettons des quantités, si vous voulez. Je vous citerai seulement les principaux: la série des Nick Carter, rôle pas commode à iouer, je vous assure ; celle des Protéa, ensuite. Dans une des scènes les plus dramatiques, je devais, étant sur ma monture au galop, m 'emparer de gens qui se trouvaient dans l'auto; c'est assez difficile ; je devais aussi bondir, de mon cheval lancé à toute allure, dans l'auto qui filait devant moi cherchant à m'échapper.


LETELLIER, 1923: 166.

1914 nick carter
Eduardo Pinto dans Nick Carter (c. 1914)

Le conflit mondial suspend les activités de l'artiste qui s'engage dans la Légion Étrangère, puis, à l'entrée en guerre du Portugal, il est incorporé dans l'armée lusitanienne. Après trois blessures, outre l'intoxication par les gaz, Teddy est réformé en 1915 ce qui lui permet de reprendre le tournage de Protéa III. On le retrouve également au Cirque de Paris en février:  

Au Cirque de Paris, avenue de la Motte-Piquet: [...] les gondolants clowns Tonyto et Pif-Paf.


La Presse, Paris, 21 février 1916, p. 2. 

En 1916, il tourne, sous la direction de Georges Rémond, le film Les Poilus de la 9e, inspiré du roman d'Arnould Galopin, où Il y tient le rôle du caporal Parisot:

Après, viennent les Poilus de la 9e, où je jouais le caporal Parisot, un beau rôle patriotique, qui m'enthousiasmait, et bien entendu toujours quelques tours de force ou d'adresse pour corser le programme. L'auto où a pris place l'espion roule devant moi à quarante-cinq à l'heure. Je la poursuis en motocyclette; quand je suis à proximité, je saute par-dessus le guidon dans l'auto, et je saisis le misérable à la gorge.


LETELLIER, 1923: 166. 

L'année suivante, c'est avec le quatrième volet de Protea, "Les Mystères du château de Malmont" qu'il met provisoirement un terme à sa collaboration avec Éclair. La presse remarque sa prestation:

Tous les rôles sont interprétés dans le meilleur style mélodramatique, mais Mme Josette Andriot joue le rôle de Protea avec un entrain, une vigueur, une énergie incomparables.
Elle est bien l'artiste idéale de ce genre d'aventures, car rien ne lui est impossible; et il faut, dans, la hiérarchie des compliments, lui offrir la première place qu'elle partage avec Teddy, ce Planchet moderne.
[...]
Constant LARCHET.


"Protea", Le Film, nº 78, 10 septembre 1917, p. 10.

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Eduardo Pinto "Teddy" dans Protea IV (1917)

En Espagne, le succès que rencontre le film est tel que le scénario est publié sous forme de livre qui s'épuise vite:

EL LIBRO DE PROTEA IV
Mucho confiábamos en el éxito al poner a la venta los folletos con el argumento y fotografías de esta sensacional serie, que dentro de poco admirará con las heroicas hazañas de la protagonista y de su simpático compañero Teddy a todos los públicos de España.
La gran aceptación que ha logrado este libro de Protea IV o los Misterios del Castillo de Malmort, ha superado en mucho a nuestos cálculos, con todo y ser éstos de los más optimistas.
La demanda es tan grande que ya tenemos casi agotado la edición y estamos pensando en otra neuva con que atender los compromisos que nos llueven de todas partes, ocurriéndonos lo mismo con las magníficas aleluyas de las que ya hemos encargado un nuevo y crecido tiraje, lo que demuestra que el público sabe correspondent a los esfuerzos que hacemos por servirles y que se ha interesado de manera muy singular por la película a que se refieren folletos y aleluyas, una de las producciones que con más derecho pueden figurar en el ibro de oro de la cinematografía.


El mundo cinematográfico, nº 28, Barcelona, 22 de diciembre de 1917, p. 12.

Ses activités cinématographiques ne l'empêchent pas pour autant de se produire sur les planches dans des saynètes comme Teddy Flirte qu'il donne à Bobino:

Bobino, 20, rue de la Gaîté. Samedi 8, dimanche 9, matinée et soirée, lundo 10 décembre, Teddy, le protagoniste de Protea, se jouera lui-même dans un sketch bouffe, Teddy flirte, ayant comme partenaires Mlle Carel, M. Chemin et l'extraordinaire danseur nègre Alex.


La Liberté, Paris, vendredi soir 7 décembre 1917, p. 2.

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Teddy Flirte, sketch (1917)
[reproduit dans LE ROY, 1995: 43.] 

Les Films D. H. (1918-1919)

Eduardo Pinto va ensuite collaborer avec la société anonyme Les Films D.H. de Germaine Dulac, avec laquelle il va tourner deux films. Le premier, Trois pantins pour une femme ou Trois pantins pour une poupée et Le Bonheur des autres sous la direction de la cinéaste. Ce dernier film sort en janvier 1919:

Teddy, comme il convient, fait tous les métiers, y compris celui, moins défini, d'homme qui saute du haut d'un troisième étage. Il a ce flegme maître-de-soi-et-de-tout qui enchante chez les excentriques d'outre-mer. Cet amoureux à transformation va jusqu'à être le "premier fossoyeur" d'Hamlet.


Le Film, Paris, 6e année, nº 159, 15 avril 1919, p. 35.

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"Teddy 1919"
Photographies du tournage de Trois pantins pour une femme
© Collection particulière

Eduardo PInto se souvient ainsi de cet épisode:

Entre temps on me fait tourner deux films pour l'Amérique: Trois pantins pour une femme, où j'étais un cow-boy hardi,décoré,qui sauve l'héroïne; et le Bonheur des autres, où l'habitude que j'ai des sports m'a beaucoup servi.
Le chat appartenant à ma fiancée lui échappe et s'enfuit sur le toit, au-dessus du troisième étage. Elle voudrait que quelqu'un allât le chercher. J'y vais. Je prends une échelle à glissière que j'appuie contre la façade et je grimpe jusqu'à la toiture. A la seconde même où je vais atteindre le but, la partie supérieure de l'échelle, mal attachée, glisse et va rejoindre le sol. J'ai juste le temps de m'agripper à la gouttière, je fais un rétablissement et me voici sur le toit.
Je m'empare du fugitif, et, le tenant dans mon bras gauche replié, je m'apprête à descendre. J'y parviens de la façon suivante. Suspendu à la gouttière; j'écarte du mur, avec mes pieds, la persienne d'une fenêtre du troisième que l'on a forcément poussée contre la paroi pour éclairer la pièce.
Lorsque la persienne se trouve à angle droit avec le mur, je m'y pose à califourchon, puis j'utilise les lattes comme autant d'échelons et j'arrive à saisir la barre d'appui.
Une fois là, je recommence l'opération pour un volet du deuxième, et quand je suis au premier, je lâche la barre d'appui, je saute légèrement dans la rue et cours rapporter Minet à sa maîtresse inquiète.


LETELLIER, 1923: 166.

On ignore à quel moment il tourne Et l'amour triompha dont il garde un souvenir précis:

A Vichy, j'ai tourné Et l'Amour triompha, dans un décor sans agencement, puisque les hôtels le parc, le golf, l'Ardoisière même étaient notre scène et que la figuration se composait des baigneurs. On peut faire aussi réel, mais plus, c'est difficile.
A un certain moment il s'agit d'enlever une jeune fille, qui demeure au deuxième étage, en face de celui que j'occupe, rue du Marché. L'auto ? le sidecar ? le cheval ? la voiture ? même l'aéro, tout cela est bien vieux jeu. Il faut innover. Innovons !
Je monte sur le toit de ma maison et, muni d 'un lasso, j'en fais tournoyer l'une des extrémités jusqu'à ce qu'elle s'enroule autour d 'une chemmée construite sur le toit de l'immeuble où habite l'héroïne. J'attache ensuite solidement l'autre extrémité à une cheminée sur le toit de ma propre maison. Ceci fait, j'enroule l'une des extrémités d'un second lasso à cette espèce de pont suspendu et mouvant. Je saisis l'extrémité restée libre et je me lance dans le vide. En développant les oscillations je finis par atteindre le balcon où la jeune fille m'attend. Je la prends dans mon bras gauche et, portant ce précieux fardeau je me balance de nouveau au-dessus de la rue jusqu'à ce que j'atteigne mon propre balcon.
Ma partenaire eut tellement peur de tomber quand elle se vit au bout de cette corde qu'elle s'évanouit. Premier obstacle. Ensuite, je m'aperçois qu'en raison d'une torsion du lasso, c'est ma camarade inerte qui va heurter de son dos le balcon et s'y blesser. Deuxième péripétie plus grave et que je veux empêcher. Je fais un mouvement, l'artiste évite le choc avec le fer, mais c'est moi qui heurte le balcon avec mon genou et si doucement qu'un des motifs d'ornementation est brisé en deux. J'en ai gardé un morceau en souvenir.


LETELLIER, 1923: 166.

Éclair (juillet 1919-janvier 1920)

Ces deux films terminés, Teddy est à nouveau engagé par l’Eclair pour une durée de sept mois. C’est ainsi que de juillet 1919 à janvier 1920 il tourne, sous la direction de Gérard Bourgeois, Le Fils de la Nuit. Le tournage a lieu, principalement, en Algérie:

La plupart des scènes de ce film ont été tournées en Algérie: à Biskra et dans les ruines de Timgad, à Alger. Mais c’est à San-Remi-de-Provence que l’on tourna une scène du cinquième épisode où Teddy fit une terrible chute. La passerelle qui devait céder sous son poids cède trop tôt. Teddy fit, avec son cheval, une chute de dix mètres et alla s’écraser au fond d’un ravis d’où on le tira en piteux état: épaule gauche ouverte, bras démis, poignet foulé, genou droit déboité. Teddy, après trois mois de soins, se sert encore avec une certain gêne de son bras gauche.


"Teddy", Ciné pour tous, nº 30, 27 mars 1920, p. 6.

pinto eduardo 1920
Eduardo Pinto "Teddy"
Le Journal du Ciné-Club, nº 5, Paris, vendredi 13 février 1920, p. 1.

De cet accident ont été conservés deux photographies et un récit publiés par Le Journal du Ciné-Club ("Teddy" et Photographies de l'accident de Teddy).

Cinéma et Danse (1919-1965)

C'est sous la direction de Gérard Bourgeois qu'il va tourner, en 1922-1923, son dernier film pour grand écran:  La dette de sang en deux épisodes:

De son côté, M. Gérard Bourgeois vient de terminer la mise au point de La Dette du Sang dont les droits d'édition ont été achetés par les Cinématographes Harry.


Le Petit Journal, Paris, mercredi 10 janvier 1923, p. 5.

1923 dette de sang
"Sauvetage au fond d'un puits dans la "Dette de Sang"
Eduardo Pinto dans La Dette de sang (1923)

Eduardo Pinto réalise de  nouveaux exploits:

Le dernier fi.lm que je viens de tourner est la Dette de Sang, - ne pas confondre avec une production américaine d'un titre à peu près pareil, - un très beau scénario-de M. Gérard Bourgeois et qui va être projeté sur les principaux. écrans d'Europe.
Je personnifie là-dedans un barman qui, en lndo~Chine, sauve un officier de marine français, M. Kervan, aux prises avec le bandit Jack Mortimer. L'officier, entre autres malheurs, est jeté dans un puits abandonné et plein de vase. Il va périr, ou asphyxié par les gaz délétères, ou enlisé. A moi de le tirer de cet antre de mort. Je ne cache pas que je me suis demandé comment j'y parviendrais. Aucune indication, aucune suggestion.
Je réfléchis et je trouve.
Venu à cheval jusqu'au puits, je noue l'une à l'autre les étrivières, une des extrémités étant bien accrochée en haut, et me laisse .glisser tout le long. Quand je touche l'étrier, je constate qu'il s'en faut de beaucoup que je puisse atteindre le corps de M. Kervan, blessé et évanoui. Que faire ?
Alors ? Alors, je passe mon pied gauche dans l'étrier et, me pendant la tête en bas, je tatonne dans l'obscurité et finis par repérer le corps. J'essaye de l'attirer à moi et de le hisser jusqu'à orifice. Efforts vains.
Il m'est impossible de faire un rétablissement avec ma jambe gauche qui commence à s'ankyloser, surtout étant donné le poids à rernonter.
Réellement je n'en pouvais plus. Mes oreilles se mettent à bourdonner ; ma jambe trop longtemps raidie me faisait mal; j'avais des boules dans les bras. Allais-je à mon tour perdre connaissance, et "pour de bon". Il fallait une solution  rapide; Au cinéma on ne doit jamais rester à court d'inspiration.
Encore une idée ! Je défais ma ceinture de flanelle rouge. J'enroule solidement le corps de I'officier, toujours gisant dans la vase. J attache ensuite la ceinture à l'étrier.
Ceci terminé, je grimpe - avec quelle peine ! - le long des étrivières et sors du puits empesté. Une fois à l'air libre, et les étrivières bien liées à la selle, Je prends doucement mon cheval par la bride et le force ainsi à tirer sur le lien compliqué, mais résistant, qui ramène M. Kervan, inerte, jusqu 'à l'orifice, où je vais le prendre pour lui donner ensuite les soins nécessaires.
Et c'est tout, conclut Teddy avec une modestie rare.


LETELLIER, 1923: 166.

Outre Eduardo Pinto, les interprètes principaux sont Francine Mussey, Maud Garden, Gaston Norres et Lucio Flamma. À partir de 1919, Eduardo Pinto va travailler pour Pathé-Baby, pendant une dizaine d'années. En 1928, il gagne le 1er concours Pathé-Baby grâce à un documentaire pris d'avion de la ville de Royan. ainsi qu'un autre film sur La Course des garçons de café. Il tourne également La manie de Riri.

Dès 1922, Eduardo Pinto change de carrière et se consacre desormais à la danse en ouvrant une académie de danse:

ACADEMIE DE DANSE TEDDY (LE TEDDY DU CINEMA), 10, passage de l'Elysée-des-Beaux-Arts (18e), place Pigalle. Ecole complète et perfectionnée complètement dans le moderne par sa méthode directe, par le professeur Teddy. Sa Société sélecte. Leçons particulières sur rendez-vous tous les jours, excepté le dimanche. Cours d'ensemble, après-midi de 5 h. à 7 h. Soir de 9 h. à minuit. Leçons de maintien. Leçons particulières pour le Balancello. Progrès rapides. Toutes danses modernes. Succès garanti, monte des numéros de music-hall et sketches.


Comoedia, Paris, lundi 10 avril 1922, p. 5.

pinto 01
"Vous dansiez ? Eh bien, mourez maintenant !"
Détective, Paris, 24 décembre 1956, p. 10.

Il va connaître un certain succès puisqu'il est champion du monde de danse (1923), il organise des championnats d'endurance de danse (Palais de Foncillon Royan) en 1933... Il va également diriger divers établbissements à Royan (Pavillon de Foncillon, Dancing Teddy, Casino de Vallière) entre 1924 et 1934, à Lagny (Moulin Bleu) en 1935. En outre, il maintient ses activités comme professeur de danse (Académie Venot, Paris, 1937-1939; Casino de Royan, 1954), comme clown (1936-1940) et il prend la direction (1945) de l'Ambiance Club (8, rue Danton)...

pinto 05
"Vous dansiez ? Eh bien, mourez maintenant !"
Détective, Paris, 24 décembre 1956, p. 11.

Alors que les années d'après-guerre ne lui sont guère favorables, sa situation va encore se dégrader:

Teddy avait beaucoup d'élèves. Il formait des acrobates aussi bien que des danseurs de salon. Il faisait des économies et envisageait l'avenir avec sérénité.
Mais les économies d'avant 1939 ont fondu comme comme les neiges d'antan. Et notre après-guerre n'est pas particulièrement propice à leur résurrection.
Teddy est demeuré professeur de danse parce qu'il ne pouvait pas faire autre chose, mais forcé par l'âge, il dut renoncer à enseigner l'acrobatie. Son drame n'est pas là, ni même dans la disparition progressive des gens qui veulent bien payer pour apprendre à danser. Les goûts modestes du professur lui permettent de vivre avec la cinquantaine de leçons qu'il donne encore chaque mois. Mais, bientôt, un huissier va le chasser du local où il enseigne son art.


Détective, Paris, 24 décembre 1956, p. 11.

Après avoir pris sa retraite en 1962, Eduardo Pinto s'éteint trois ans plus tard.

pinto 06
"En ce temps-là, le nom du héros de tant de films populaires avait la vedette sur les affiches des music-halls où il se produisait souvent en chair et en os"
"Vous dansiez ? Eh bien, mourez maintenant !"
Détective, Paris, 24 décembre 1956, p. 11.
 

pinto 03

"M. Edouard Pinto, regarde avec mélancolile les souvenirs que lui ont offerts des danseuses, ses anciennes èlèves."
Détective
, Paris, 24 décembre 1956, p. 11.

Bibliographie

JANNE Henriette, "Teddy", Le Journal du Ciné-Club, nº 5, Paris, vendredi 13 février 1920, p. 10.

"Photographies de l'accident de Teddy", Le Journal du Ciné-Club, nº 7, Paris, vendredi 27 février 1920, p. 7.

"Teddy", Ciné pour tous, nº 30, 27 mars 1920, p. 6.

"Teddy", El mundo cinematográfico, Barcelona, 30 de diciembre de 1920, p. 3.

LETELLIER A.-M., "L'Intrépide Teddy", Cine-Miroir, 2e année, 1er juin 1923, p. 166-1677.

"Teddy et les comiques du muet venus du cirque : réunion du 8 octobre 1949" Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, 8 oct. 1949, CRH59-B3.

"Teddy", Cinémathèque Française, Fonds Commission de Recherche Historique, CRH110-B4.

MORNAY Lucienne, "Vous dansiez ? Eh bien, mourez maintenant !" Détective, Paris, 24 décembre 1956, p. 10.

LE ROY Éric et Laurent BILLIA (dir.), Éclair. Un siècle de cinéma à Épinay-sur-Seine, Paris, Calmann-Levy, 1995, 208 p.

RICHARD Jacques, "Eduardo Pinto", Dictionnaire des acteurs du cinéma muet en France, Paris, Editions de Fallois, 2011, p. 711-713.

Remerciements

Nos remerciements aux descendants d'Eduardo Pinto.

3

L'établissement de la filmographie d'Eduardo Pinto rencontre certains écueils. Le premier, ce sont les propres souvenirs de "Teddy" qui ne se souvient plus des titres de sa période Pathé; le deuxième, l'instabilité de certains titres; le troisième, fondé sur l'analogie, laisse à penser que certains titres comportant le prénom "Teddy" pourrait être de lui. Sur ce dernier point, l'exemple de Teddy est un mauvais élève (1912) est assez probant puisque le scénario conservé permet de constater que "Teddy" est le nom d'un jeune enfant qui ne veut pas aller à l'école. Il convient donc d'être prudent sur les attributions non ou mal étayées.

1903

Tonito y Pif-Paf, clowns del Tívoli

1910

Teddy hausse les épaules (avril)

1911

Teddy est incorrigible (janvier)

Les Trois duels de Teddy (Éclair, 141 m.) (juin) [Teddy's Three Duels. 490 ft).

Teddy's Three Duels.--Teddy causes such havoc in the hearts of three ladies that he finds himself called upon to fight duels with their respective admirers. The first duel is to be fought with revolvers, and the combatants are to be mounted on cycles ; in the second, swords are the weapons arid roller skates are to be worn, while in the third a hose is the chosen weapon. In the first bout Teddy does terrible execution, winging a second or two as well as overcoming his opponent ; in the second, after both have fallen, Teddy transfixes his opponent's back ; and in the third he soon bowls over the enemy, to say nothing of the bystanders, by a well directed stream of water. The reward of courage awaits Teddy when the three maidens pounce upon him at once. (Released June 22nd. Length 490 ft.)


The Bioscope, London, Thursday 15 June 1911, p. 125.

Comment Teddy, champion cycliste, perdit son pari (Éclair, 100 m.) (juin)

Teddy adore la musique (Éclair, 124 m.) (juillet) [Teddy Adores Music 425 ft.].

1911 teddy aime la musique
Éclair, Teddy adore la musique (1911), 12 x 17 cm.
Source: Collection Philippe Legendre (Ancienne collection Émile PIerre).

Teddy Adores Music.—Teddy's wife does not share his love for melody, and drives Teddy into the street. He soon finds another opportunity to practice : furniture is being removed from a house and a piano stands at the curb. Teddy quickly chalks a bar of music on the end of a table and begins to play, but the workmen seize him and he climbs on top of the van for safety, and is thence thrown heavily into a passing empty cart. Teddy's next essay is at a musical instrument shop, where he demands an instrument that will make a lot of noise, and finally decides upon a double bass, and with this as the nucleus, soon gathers together a band, with which he begins to perform in a courtyard. The musicians' greeting is far from cordial ; a shower of missles of all varieties descends upon them, and the last picture is of Teddy's baton still waving triumphantly above a heap of heavy furniture. (Released July 27th. Length 425 ft.).


The Bioscope, London, Thursday 20 July 1911, p. 65.

1912

Les amis de M. Gaudillot (Lux)

Teddy a mangé des grenouilles (Lux, 164 m.) (octobre) 

L'Enlèvement de Polycarpe (Eclipse, 265 m) (octobre)

Teddy a horreur de la fumée (Éclipse, 132 m.) (novembre)

Le cauchemar de Polycarpe

La Guigne de Teddy.

Teddy est mécontent de sa cuisinière.

Le Tic de Teddy.

1913

Protea (Éclair, Victorin Jasset) (août)

1914

Protea II. Protéa et l'auto infernale (Éclair, Joseph Faivre) (juin)

1914 protea 02

1915

Protéa III. La Course à la mort (Éclair, Joseph Faivre) (octobre 1915)

1915 protea 03

1916

Les Poilus de la 9e [caporal Parisot] (Éclair, Georges Rémond) (septembre)

1916 poilus de la 9

1917

Protea IV. Les Mystères du Château de Malmort (Éclair, Gérad Bourgeois) (septembre)

1917 protea 04

 

1918

Le bonheur des autres (Germaine Dulac)

Trois pantins pour une poupée (Germaine Dulac)

Et l'amour triompha [date de tournage inconnue).

1919

Le Fils de la nuit (Films D. H., Gérard Bourgeois)

1919 fils de la nuit

1922

La dette de sang (Gérard Bourgeois)

4

         
         

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