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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

James SYDNEY

(actif entre 1889 et 1909) 

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Jean-Claude SEGUIN

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James Sydney

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D'une famille appartenant au monde du cirque, James Sydney - qui pourrait être d'origine anglaise - se fait connaître à partir de 1889 au moins. On le retrouve à Marseille (Eden Cirque Nava, décembre 1889), à Paris. Dans la capitale, il travaille au cirque Fernando (1892-1893) :

Nous connaissons déjà plusieurs clous sur lesquels M. Fernando est en droit de compter. On y verra notamment une inénarrable imitation de la Loïe Fuller par l'excellent clown Sidney, aidé dans cette tâche par Mazzoli, l'Auguste minuscule.


Le Journal, Paris, 27 janvier 1893, p. 3.

Il passe aussi au Cirque Moderne (1894), au Cirque d'Été (1896), au Cirque Medrano (1898)... En 1901, il travaille à l'Hyppo-Palace en 1901 et 1902. Le journal Le Matin va lui consacrer un long article à l'occasion d'une journée réservée aux enfants:

LA LOGE D’UN CLOWN
Sidney à sa toilette-Comment on fabrique le rire-Ce que durent les amuseurs de foules-Le Shakespeare de la piste.
Un régiment de jeunes Parisiens effectif complet a grimpé, hier, à l'assaut des fauteuils et des banquettes de l'Hippo-Palace, parce que le Matin offrait la joie du cirque à trois mille de ses abonnés. Pour compléter leur vision des choses de la piste, je vais les conduire dans les coulisses, côté des clowns..
Sidney vient de quitter la piste sous la menace de la chambrière qui régit le monde de M. Loyal. Les longues tresses jaunes de sa perruque sautent autour de sa face hébétée, continuent la danse. Il court vers sa loge, traînant sa longue robe de percale à fleurs, enflée monstrueusement par une crinoline. Et ses petits souliers blancs, si prestes, d'habitude, s'embarrassent dans les plis de l'étoffe, trébuchent sur les marchés de l'escalier qui conduit aux étages supérieurs du cirque.
Après avoir créé de tout l'effort de ses muscles disciplinés des attitudes raides, des mouvements heurtés, cassés, le pauvre clown halète, rendu. Ses mains maigres claquent la rampe de petites tapes brèves, non voulues, mouvements réflexes trahissant l'émoi de sa machine nerveuse. Je suis la traînée de sa jupe. Il s'arrête devant une porte en bois blanc et dit avec toute la drôlerie travaillée de son accent anglais :
- Voici le loge ! Vous savez ! Ce n'est pas beau!
La friperie du rire.
La loge d'un clown oblige le regard de qui la visite à d'incessantes pirouettes. On n'y peut rien observer attentivement.
Celle de Sidney, pièce longue aux murs nus, a deux mille figures ou plutôt deux mille grimaces. Mais elle ressemble surtout au réduit à pétrin d'un boulanger et à une boutique de bric-à-brac.
D'un côté, sous les lampes électriques, la longue tablette qui supporte les minuscules tubes de fard se drape de velours blanc sous la farine du rire. Blanc en poudre, blanc liquide, blanc gris ! Petites glaces, réchauds, récipients à fondre la colle, brosses, tout l'outillage ingénieux de ce laboratoire de clown est duveté de blanc.

 

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Le Matin, Paris, 18 octobre 1901, p. 2.


A la paroi qui fait face à la « toilette » sont accrochés les vêtements du grotesque. Un chand d'habits ne glanerait pas, sa vie durant, dans une ville de toqués, accoutements plus singuliers : gilets à sous-pieds, pantalons à faux-cols, bottines dont la pointe recourbée se coiffe d'un gibus/chemises à six manches et chaussettes à doigts articulés qui disent : papa. Ajoutez à toute cette friperie pailletée, satinée, coupée de galons extravagants, fleurie d'astres qui rigolent, les accessoires fous du cirque: bonnets à poils amples comme des barriques, figures en carton de policemen qui semblent évadés des- romans terribles d'Anna Radcliffe.
Ce monceau d'excentricités, que l'on ne vendrait pas un louis au carreau du Temple, a coûté au clown deux ou trois mille francs et des heures de lente, pénible composition. Car un « paillasse » écrit son habit comme un auteur sa pièce pour le Palais-Royal.
A coups de pinceau.
Pendant que sa loge me fait des grimaces, Sidney efface sa figure de vieille Anglaise et montre l'usure de ses traits.
- La tâche est pénible de toujours créer du rire, monsieur Sidney ! Les clowns durent-ils longtemps ?
- Cela dépend de leur « bon conduite » répond gravement, l'artiste en aiguisant la pointe de son nez entre son pouce et son index enduits de carmin. J'ai grand soin de moi, vous savez ! Je mange beaucoup de viandes saignantes et beaucoup, aussi, de choses sucrées. Puis je dors de une heure à sept. C'est très suffisant, vraiment ! Vous êtes né professionnel ?
- Très bien Je travaillais à quatre ans. Mon père me présentait dans une boîte !… Et je suis certain de gagner mon rosbeef au cirque tant que je pourrai remuer la langue. Il y a pour nous bien des façons d'amuser le public. Nous sommes: blagueurs, sauteurs, cascadeurs, que sais-je ? Les uns ne veulent plaire que par la hardiesse de leurs sauts et le jet imprévu de leurs cabrioles. D'autres content, miment des drôleries. Mais la plupart des clowns, aujourd'hui, cascadent, c'est-à-dire emploient toute leur adresse, toute leur force, tout leur esprit d'invention afin d'amuser les spectateurs devenus difficiles.
-Et vous êtes 
- Cascadeur !
Tout en énumérant les variétés du genre clown, Sidney presse un tube de noir sur le fond d'une casserole. Il puise à petits coups de pinceau sur cette singulière palette et agrandit sans cesse l'arc de ses sourcils.
Puis-je m'informer de l'importance des cachets qu'exigent les maîtres de votre art ?
- Un bon clown peut gagner quinze cents francs, deux mille francs par mois. Les moindres d'entre nous reçoivent vingt louis.
Ici, l'interviewé continue la ligne mince de sa bouche par un ruban de carmin qui va taquiner ses oreilles.
Mais, ajoute-t-il d’un ton mélancolique, le public ne sait pas toujours faire une distinction entre le vrai clown et le simple figurant. Pour avoir une lune dans le-dos, on n'est pas l'émule de Billy Hayden !
- Billy Hayden ?
- Ce fut le grand maître des amuseurs du cirque, celui qui a composé la plupart des facéties qui, depuis un demi-siècle, font rire l'Angleterre, la France et l'Amérique. Il eut l'esprit des petits drames pour rire. C'est votre Shakespeare !
- Oui, vraiment ! Voyez-vous ! le « nouveau blague, ça ne porte pas comme le vieux ».
Là-dessus, Sidney me salue en gentleman, puis me montre les basques à pointes de son habit. Sur son échine maigre, vêtue de noir, rient deux yeux, deux ronds d'étoffe verte.
LÉON ROUX.


Le Matin, Paris, 18 octobre 1901, p. 2. 

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"Le clown Sydney et son chien attelé"
Le Sport universel
, Paris, 5 janvier 1902, p. 42.

En 1903, James Sydney va prendre la direction du cirque Variétés: 

Cirque Variété-Nous apprenons que le clown Sidney a prit [sic] la direction du cirque.
Tous les soirs les artistes sont très applaudis signalons particulièrement Les Krag's pot pourri acrobatique et chaînes d'argent, Lickson et ses chiens miniatures. Les Navaros et de Gerardy surnommé le gladiator mondain, l'homme le plus fort du siècle qui soulève sur ses épaules 25 personnes. Succès énorme de "l'Hôtel du bon repos" avec le concours de toute la troupe.


J. DELEUZE.Music-hall revue, nice, 20 août 1903, p. 69.

Sydney crée également des pantomimes comme Pierrot soldat ou l'Empereur:

Encore un succès pour le Cirque Hollandais et nous sommes heureux de le constater. Hier a eu lieu devant un nombreux public la première représentation de la pantomime Pierrot soldat ou l'Empereur.
Rien n'a été négligé pour faire de cette vaste composition une reconstitution historique. M. James Sydney a fouillé archives et bibliothèques et a donné une scène bien vivante de cet épisode. Dans le rôle de Pierrot, il a soulevé l'enthousiasme unanime. La représentation n'a été pour lui qu'une longue ovation et, certes, Sydney le mérite bien, car il est toujours plus comique, plus inventif, plus désopilant. Les autres rôles ont été également fort bien joués.
Dimanche et lundi, matinée à 2 heures 1/2 avec List et ses ours et les Kisellys et Miss Kayda, etc.
Tous les soirs, grande rperésentation à 8 heures et demie.


Le Progrès de la Côte-d'Or, Dijon, 21 mai 1904, p. 3.

C'est à la fin de 1904 ou au début de 1905, que James Sydney va tourner le seul film qu'on lui connaît : Sidney, le clown aux échasses de l'éditeur Pathé. En 1907, il dirige le Nouveau Cirque. En décembre 1909, il est au cirque de Paris, puis son nom disparaît de la presse. En 1923, le "clown Sidney et son auguste Foottit, du nouveau Cirque, les rois du rire" sont en tournée (Le journal de Saint-Jean-d'Angély, Saint-Jean-d'Angély, 30 septembre de 1923, p. 1)... mais le célèbre Foottit a disparu deux ans avant. Il faut alors penser que les deux noms sont utilisés par d'autres artistes.

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