*Un Norte en Veracruz

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*Un norte en Veracruz

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19/12/1897 MexiqueMexico cinematógrafo Un Norte en Veracruz
02/02/1898 Mexique, Tehuacán
Salvador Toscano Norte en Veracruz
01/03/1898 MexiqueMexico Salvador Toscano Norte en Veracruz 
18/04/1898 MexiqueDurango Salvador Toscano Norte en Veracruz 
02/08/1898 MexiqueSan Luis Potosí Salvador Toscano Norte en Veracruz 
14/08/1898 MexiqueCelaya Salvador Toscano Norte en Veracruz 
08/09/1898 MexiqueGuadalajara Salvador Toscano Norte en Veracruz 
23/10/1898 MexiqueZacatecas Salvador Toscano Norte en Veracruz

Un Norte en Veracruz (état de la question)

Un Norte en Veracruz (état de la question)

Jean-Claude SEGUIN

Ce titre - qui fait référence au vent très violent qui souffle dans la région de Veracruz en hiver - a été attribué au pionnier Gabriel Veyre qui, en janvier 1897, repart du Mexique par le port de Veracruz en direction de La Havane (Cuba). Dans un courrier envoyé à sa mère, l'opérateur et cinématographiste raconte son départ de Mexico :

[...]
Le départ a eu lieu de Mexico à 7 heures du matin le lundi 11 janvier pour Veracruz où je suis arrivé à 6 h 30 du soir. Voyage absolument merveilleux. Cette de chemin de fer est la ligne la plus pittoresque du monde. On descend le long des montagnes pendant près de trois heures suspendu au-dessus des précipices. À un endroit, on aperçoit une ville microscopique à mille mètres en dessous. C'est vraiment merveilleux. J'ai pris quelques vues que je vous enverrai. J'ai couché à Veracruz d'où le bateau Lafayette est parti le lendemain mardi à 4 heures.
Mais au moment de partir, par un faux mouvement, l'hélice du bateau a enroulé une amarre de fer et l'on a eu toutes les peines du monde à la dégager. Nous pensions même ne pas partir ce jour-là. Enfin, à 6 heures, l'hélice est libre et nous filons pendant quatre jours...


Gabriel Veyre, Chère maman..., Habana, Cuba, 15 janvier 1897. Reproduite dans JACQUIER, 1996: 77-78.

Dans ce court texte, Veyre évoque "quelques vues" dont on imagine qu'il s'agit simplement de photographies qui seront envoyées à la famille. La première projection connue du titre Un Norte en Veracruz date, pour l'heure, du 19 décembre 1897, soit plus de onze mois après le départ du propriétaire du cinématographe Lumière. On ne connaît pas de projections à Cuba, où se rend Veyre et elle ne figure pas davantage au catalogue Lumière. Ces différents éléments rendent quelque peu fragile l'hypothèse d'un tournage par Gabriel Veyre.

Par ailleurs, la presse mexicaine - sur toute l'année 1897 - n'a gardé la trace que d'un épisode climatique de ce type qui s'est produit, à Veracruz, le 13 décembre 1897:

TERRIBLE NORTE EN VERACRUZ
El día 13 del actual sopló un fuerte Norte en Veracruz. He aquí los perjuicios que causó el huracán:
En el muelle se fueron a pique diversas embarcaciones con carga. En la parte de afuera de la ciudad fueron destelladas muchas casas o ignórase la suerte de los botes pescadores y de una familia que salió a paseo al mar.
Serían las 8 a.m. del día 13 cuando se dejó sentir el meteoro. Una hora después soplaba con tal furia que no ha quedado casa que no tenga que lamentar pérdidas, alguna de más o menos consideración. Macetas rotas, flores destruidas, jaulas con pájaros arrastradas de los balcones a la calle, cristales rotos, puertas, etc., y en la parte antes extramural, la mayor parte de las fincas de madera han sufrido graves deterioros. Varios postes de la luz eléctrica y líneas telegráficas están por el suelo; cercas de alambre y madera destruidas. Seis lanchas con carga del vapor español se fueron a pique, cerca del muelle fiscal, tres botes de pescadores fueron arrojados a Antón Lizardo, anunciándose la desaparición de tres o cuatro de sus tripulantes.


El Contemporáneo, San Luis Potosí, 19 de diciembre de 1897, p. 3.

L'ouragan qui frappe ainsi Veracruz a lieu huit jours avant la première présentation connue du titre, ce qui pourrait correspondre. Toutefois, il existe certaines réserves sur ce tournage qui tombe à point nommé... D'une part, les conditions météorologiques sont telles que l'on a du mal à imaginer un cinématographiste - à supposer qu'il y en ait eu un à ce moment-là - braver ainsi l'intempérance du climat. D'autre part, le délai entre le Norte et la projection semble trop court pour imaginer que le film puisse être prêt pour le 19 décembre...

Reste alors, la dernière hypothèse : le détournement d'un film du catalogue Lumière reproduisant des conditions météorologiques défavorables comme dans le cas de Gros temps en mer, tourné en 1896. 

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Lumière, Gros temps en mer (1896)

Cela ne serait pas la première fois que l'on détourne ainsi un film pour le faire coller à une réalité locale...

Biblbiographie

JACQUIER Philippe & Marion Pranal, Gabriel Veyre, opérateur Lumiere, Institut Lumière / Actes Sud, 1996.

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