Louis TRÉMOLET

(Saint-Vallier, 1861-Alger, 1945)

Jean-Claude SEGUIN  

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David Trémolet (Genève, 23/01/1827-Saint-Vallier, 01/10/1888)

  • épouse (Saint-Vallier, 18/04/1860) Marie, Fanny Armand (Lamustre, 14/11/1841-[1882]). Descendance :
  • épouse (<1872) Jeanne, Henriette, Etiennette Robert (Suisse-).

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Fils d'un secrétaire de mairie,  Louis Trémolet semble avoir quitté très jeune Saint-Vallier où son père est recensé avec sa seconde épouse. Il ne semble pas s'être présenté pour accomplir ses obligations militaires comme l'indique son matricule militaire. C'est en 1896, alors qu'il s'installe à Alger, qu'il épouse une institutrice, Mathilde, Anna Menvielle. Il exerce également comme photographe et commence à faire passer des annonces dès 1897.

tremolet louis 1897 photominiature
Le Radical algérien, Alger, mardi 13 avril 1897, p. 4.

Le Cinématographe (1900) 

C'est à l'occasion de l'Exposition Universelle de Paris que Louis Trémolet va refaire parler de lui. Il est à l'origine de la constitution de la nouvelle Société du Cinématographe Algérien :

SOCIÉTÉ DU CINÉMATOGRAPHE ALGÉRIEN
8º Une convocation de la Société concessionnaire monopole du Cinématographe Algérien à l'Exposition Universelle de 1900, demandant au Syndicat de s'intéresser à l'oeuvre de vulgarisation algérienne qu'elle entreprend, et qui consiste à faire connaître, au moyen du cinématographe, les beautés de l'Algérie rustique et pittoresque.
Après échange de vues, la Chambre décide d'insérer dans le Journal Général un avis informant les syndicataires qu'ils trouveront au Secrétariat les renseignements relatifs à cette entreprise, qui doit être réalisée par une Société anonyme au capital de 75.000 francs.


Journal Général de l'Algérie et de la Tunisie, Alger, dimanche 4 février 1900, p. 1.

Quelques jours plus tard, Louis Trémolet va exposer les détails de son ambitieux projet :

L'Algérie animée
Un de nos jeunes et sympathiques concitoyens, M. Louis Trémolet, photographe d'art, formait le projet, il y a quelque temps, de montrer l'Algérie vivante, l'Algérie animée, à l'Exposition de 1900. Ce projet qu'il a conçu, il l'a réalisé Nous y applaudissons de tout cœur.
Une société de Cinématographe Algérien s’est constituée, "pour la vulgarisation de l'Algérie pittoresque, rustique, agricole et industrielle, par le moyen du cinématographe et de tous les appareils chronophotographiques et graphophoniques.
Ajoutons que cette société a obtenu la concession et le monopole de l'exploitation du cinématographe et du phonographe algériens à l'Exposition Universelle. C’est dire combien est assuré, combien promet d'être grand le succès de l'œuvre entreprise.
Mais, pour en montrer toute l'importance et toute la portée, laissons parler sou initiateur lui-même.
Voici comment s’exprime M. Louis Tremolet :
"La France adresse aujourd’hui à tous les peuples un appel fraternel, elle les convie à la plus imposante manifestation du Génie humain, et dans quelques mois, notre capitale, Paris, ouvrant toutes ses portes, aux innombrables visiteurs accourus des quatre points du monde, offrira le grandiose spectacle de l’union et de la paix par le travail, elle déploira pour eux toutes ses richesses, tous ses trésors ; de notre côté, nous Algériens, ne devons nous pas aussi faire connaître, admirer et aimer notre colonie, tel a été mon premier désir en créant à l’Exposition de 1900, un spectacle par la photographie animée, représentant notre beau pays, sous ses aspects les plus séduisants et les plus variés.
J'ai voulu mettre sous les yeux des visiteurs, le côté pittoresque et rustique de notre Colonie Africaine, faire connaître l’indigène dans ses coutumes, ses mœurs curieuses et souvent étranges, faisant dérouler devant des millions de visiteur, non par une simple image, mais bien plutôt par le mouvement et la vie elle-même, la réalité en un mot, et dans le cadre enchanteur des pays arabes, les scènes les plus attrayantes et les plus animées.
Au point de vue colonisation, j’ai tenu surtout à montrer les progrès accomplis par notre activité nationale, faire admirer nos grandes cités et leurs industries naissantes, nos grands centres avec leurs exploitations modèles, l'Agriculture et la Viticulture et leurs immenses domaines, en un mot faire connaître et apprécier au monde entier, les beautés les richesses de ce merveilleux pays ; n’est-ce pas là, la plus intéressante et la plus utile Vulgarisation que l’on puisse rêver.
Toutes ces scènes, ayant aussi un caractère essentiellement artistique, seront animées du souffle pour ainsi dire réel de la vie, et produiront l’illusion complète de la réalité, chaque tableau sera la reproduction vivante et fidèle de l’Algérie depuis son littoral jusqu'au désert.
La section algérienne, où sera installé le cinématographe algérien, dont je me suis assuré la concession monopole, est édifiée sur un terrain admirablement situé, au centre des Jardins du Trocadéro réservés aux colonies, et en bordure de la grande avenue, où viendra converger le plus grand nombre des visiteurs. C’est donc là, dans un local spécialement aménagé, et que m’a concédé la section algérienne, que sera créé au point de vue algérien, la plus séduisante attraction du siècle.
Je ne doute pas que mes efforts soient couronnés d’un plein succès et qu'ils contribuent à faire connaître, aimer et apprécier encore davantage notre beau pays, si souvent méconnu, et lui apporter les sympathies de tous les peuples venus dans notre capitale célébrer l'apothéose du travail et du génie national.
Ce sera un pas immense pour le développement de notre Algérie, car, lorsqu’on aura vu la reproduction vivante, on tiendra à la connaître encore mieux, on voudra alors y venir, la parcourir en tous sens, afin d’en admirer les sites merveilleux et les richesses incomparables que la nature s’est plu à lui prodiguer."
Bien dit, Monsieur ! Et nous n’avons que des applaudissements à ajouter à ce magnifique exposé de votre œuvre généreuse de propagande algérienne. Vous nous permettrez seulement de nous réjouir en toute sincérité à ses futurs succès pour notre belle colonie française et pour vous-même...


L'Anti-juif algérien, Mustapha, mardi 20 février 1900, p. 2.

Un autre organe de presse français offre quelques informations complémentaires: 

Aux attractions algériennes. L’administration de l’Exposition cause un préjudice énorme aux propriétaires du stéréorama algérien, qui ne peuvent faire fonctionner leur appareil mécanique faute de la force motrice qui devait leur être fournie depuis l’ouverture de l’Exposition. Ne voyant encore rien venir et fatigués de perdre tous les jours de l’argent, MM. Francowitchtz et Godan viennent de se décider à installer un moteur électrique qui fonctionnera aujourd’hui ou demain. J’engage tous les visiteurs à s’arrêter au stéréorama, ils ne regretteront pas leur argent. Il en est de même pour le propriétaire de la grotte de Bou Arnaina, renfermant un million en pièces de vingt francs authentiques et qui, outre ce million, a installé une cascades de pièces d’or; il a été obligé, lui aussi, de monter un moteur électrique. À signaler une nouvelle attraction, celle de M. Trémollet [sic], propriétaire du cinématographe algérien. Vues animées de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Afrique centrale.


La Libre Parole, Paris, 22 mai 1900, p. 2.

Dès le mois de juillet, la société fondée par Louis Trémolet prononce sa dissolution :

AVIS
Société en commandite par Acitons, TRÉMOLET et Cie, pour l'exploitation du Cinématographe Algérien
Les Actionnaires sont convoqués en assemblée générale le samedi, 21 juillet 1900, à neuf heures du matin, dans les salons de l'Hôtel de la Régence, à Alger.
Ordre du jour:
1º Dissolution de la Société;
2º Nomination d'un liquidateur aux lieu et place du gérant actuel ;
3º Autorissation pour le liquidateur de vendre le matériel et de céder le droit au bail.
Le Président, Auguste SEIGLE.


La Dépêche algérienne, Alger, 15 juillet 1900, p. 3.

Et après (1901-1945)

Au cours des années suivantes, Louis Trémolet continue ses activités de photographes et on le retrouve à plusieurs reprises à l'occasion de salons d'exposition ou de publications de revues. Ainsi en janvier 1901, Louis Trémolet expose ses photographies dans le salon d'exposition du Petit Athénée:

AU PETIT ATHÉNÉE
Les Expositions
Faisant un moment trêve aux expositions de peinture, le Petit Athénée nous convie actuellement à visiter, dans la salle de conférences de la rue de la Liberté, une double série d’œuvres d’art d'un genre particulier et par lesquelles s’affirme, une fois de plus, un programme très éclectique, mais patiemment, réalisé, de diffusion artistique et d’initiation du public aux choses de goût et de beauté.
Ce sont d’abord les photographies artistiques de M. Louis Tremolet.
C’est un fait aujourd'hui indéniable que la photographie, grâce à la rapidité de ses objectifs, à la sensibilité de ses plaques et à la science avec laquelle les clichés sont interprétés, peut se mettre au rang des arts. Il n’est plus vrai que la personnalité du photographe est remplacée tout entière par un appareil inconscient. Cette personnalité se révèle par la composition du sujet, par le choix du moment où le spectacle extérieur donne une impression caractéristique, par le sentiment de l’effet et aussi par une sorte de prescience de ce que donnera sur le papier l’œuvre de lumière surprise par la plaque sensible.
M. Louis Tremolet fait, très victorieusement, la démonstration de ce progrès de la photographia moderne.


Le Dépêche algérienne, Alger, jeudi 17 janvier 1901, p. 4.

Pensant la première guerre mondiale, il édite une pochette de cartes postales au profit de l'Oeuvre du Secours algérien : 

Rimes de guerre.
Sous ce titre, notre concitoyen, M. Louis Trémolet, met en vente, dans les kiosques et divers magasins d'Alger, une pochette de cartes postales au profit de l'Oeuvre du Secours algérien: La Victoire de la Marne, Aux Orphelins belges, Rédemption, Après la captivité, Honneur et Patrie, tels sont les titres de ces cartes postales, dont les vers sont d'une belle inspiration. Le geste de solidarité de M. Trémolet est des plus méritoires et valait d'être souligné.


La Dépêche algérienne, Alger, mardi 5 janvier 1915, p. 4.

Il décède à Alger en 1945. Son fils, le lieutenant Gilbert Trémolet, reçoit la Légion d'honneur

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