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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

Lucien REULOS

(Paris, 1864-Paris, 1928)

reulos lucien

Jean-Claude SEGUIN

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Constant, Marie Reulos (Paris 12e, 31/07/1827-Paris 17e, 19/08/1895) épouse (Montrouge, 12/03/1859) Claire Eugénie Domage (Paris 12e, 11/02/1837-Paris 5e, 13/11/1879). Descendance :

  • Lucien, Eugène Reulos (Paris 5e, 08/01/1864-Paris, 02/03/1928) épouse (Paris 17e, 29/07/1902) Louise, Renée, Olympe de Mirmont (Paris 7e, 28/01/1868-Sèvres, 02/05/1958). Descendance :
    • Daniel Jean Constant Reulos (Paris, 11/05/1903-Neuilly-sur-Seine, 26/06/1968) épouse (Paris 7e02/02/1937) Jeanine, Marie, France Suquet (22/04/1915-Avignon, 05/05/1987).

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Fils d'un tanneur-corroyeur et d'une mère au foyer, Lucien, Eugène Reulos, engagé conditionnel d'un an (Paris 5e, 07/11/1882),  effectue son service militaire au 4e régiment d'infanterie (11/11/1882-11/11/1883).

Le vélocipédiste et le commerçant (1891-1895)

Lucien Reulos, qui se fait connaître comme cycliste, va s'associer, au début de l'année 1890, à Jules Terront, lui-même vélocipisten et frère du champion Charles Terront, qui vient de quitter la maison Humber pour s'établir à son compte.   La société "Reulos et Terront", au capital de 20.000 francs est fondée au début de l'année 1891.Un magasin est ouvert 66, avenue de la Grande-Armée.. Lucien Reulos semble faire office de commercial de l'entreprise :

M. Reulos, de la maison Terront et Reulos, vient de partir pour une tournée d'affaires, en Bretagne, d'une durée de trois semaines.


Le Véloce-sport, Paris, 5 mai 1892, p. 376.

La  notoriété de Charles Terront est un argument commercial de poids pour le commerce de vélocipèdes:

Tous les vélocipédistes ont encore présente à la mémoire la fameuse course de Paris-Brest et retour, dans laquelle s'illustra Charles Terront.
La Maison Terront et Reulos construit en ce moment tous ses modèles de machines sur les indications et sous la direction du vieux champion, dont la compétence en matière vélocipédique est reconnue. Aussi nous ne pouvons mieux faire que d'engager tous les amateurs désireux d'avoir une machine de première qualité, remplissant toutes les conditions d'élégance de première qualité, remplissant toutes les conditions d'élégance, de légèreté et de solidité, à écrire à la Maison Terront et Reulos pour demander le catalogue de 1892.


Le Véloce-sport, Paris, 5 mai 1892, p. 379.

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L'industrie vélocipédique, 1892, p. 230.

Pourtant, en septembre 1893, la dissolution de la société Terront et Reulos est prononcée :

Paris.-Dissolution.-2 sept. 93.- Société TERRONT et REULOS, vélocipède, 66, av. Grande-Armée.- L.M. Fayet.- 30 août 93.-P.A.


Archives commerciales de la France, 6 septembre 1893, p. 1082.

Peu après, le fonds de commerce est mis en vente sans succès :

Avant-hier a eu lieu, en l'étude de Me Grignon, notaire, 26, boulevard Saint-Michel, à Paris, la vente du fonds de commerce établi sous la raison sociale Terront et Reulos.
Aucun acquéreur n'a relevé l'enchère, à cause, paraît-il, d'une clause dans l'acte de vente, stipulant, que l'un ou l'autre des deux associés ci-dessus pouvait dans la suite, reprendre le commerce vélocipédique.


Le vélo, Paris, jeudi 12 octobre 1893 p. 2.

Finalement, le fonds de commerce est repris par Sitterlin & Peter, en 1894.

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Le Vélo, France, dimanche 29 avril 1894, p. 3.

Lucien Reulos, associé à Lamberjack, prend la direction d'un établissement, situé 30, avenue de la Grande-Armée, de la Société Française Gladiator-Phebus :

Passé hier, 30 avenue de la Grande Armée, au garage que la Société Française Gladiator-Phebus vient d'ouvrir pour ses clients. L'aimable M. Reulos, directeur du coquet établissement nous donne quelques intéressant détails sur l'installation des divers services : garage proprement dit, vestiaire, etc... Les fervents des deux grandes marques françaises apprécieront dès les premiers beaux jours l'utilité et l'agrément de cette innovation. Au manège de la rue Emile Allez, Lamberjack initie les clients de Gladiator Phebus aux mystères de l'équilibre. Vendre d'exquises machines, les entretenir dans l'état de neuf et apprendre aux novices à en faire usage, n'est-ce point esssayer de satisfaire en tous points le public ? Bravo Gradiator-Phebus !


Le monde artistique, Paris, 10 mars 1895, p. 139.

Le 24 mai 1895, Lucien Reulos s'installe au 9 bis, rue Demours. Quelques semaines plus tard, la disparition du père de Lucien Reulos est annoncée dans la presse parisienne :

Nous apprenons avec regret la mort de M. Reulos, père de M. Lucien Reulos, directeur de la succursale des Gladiator, avenue de la Grande-Armée, qui ne compte que des amis dans le monde cycliste. Nous adressons à M. Lucien Reulos nos vifs et bien sincères regrets.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui à trois heures et demie, en l'église Saint-Ferdinand des Ternes. On se réunira à la maison mortuaire, rue Demours, 9bis.


Le Rappel, Paris, 20 août 1895, p. 3. 

À la fiin de cette année, Lucien Reulos, publiciste à Paris, est décoré, des Palmes académiques (officier d'académie).

La collaboration avec Georges Méliès (printemps 1896-automne 1897)

Il semble que ce soit Leborgne, un ancien camarade de régiment de Georges Méliès, qui le met en contact avec Lucien Reulos. Cette rencontre a dû se produire au cours du printemps 1896. Un autre mécanicien, Lucien Korsten participe également à l'élaboration de ce qui le premier kinétograph. Par ailleurs Reulos est également cinématographiste comme l'indique cet article de septembre 1896 :

Qui ne se rappelle Reulos, l’aimable cycliste, autrefois inséparable camarade du joyeux Lamberjack aîné ?
Reulos a quitté le commerce vélocipédique pour se consacrer à une entreprise cinématographique, si j’ose m’exprimer ainsi.
Intéressé maintenant dans la direction du théâtre Robert-Houdin, Reulos va montrer bientôt des photographies animées de cyclistes.
Et il se propose de prendre sur le vif les coureurs, jeudi prochain, au Vélodrome de la Seine.
Reulos espère que les coureurs seront nombreux et voudront lui faciliter la tâche, ce dont nous ne doutons pas.
Avis à ceux qui désirent voir non seulement leurs traits, mais encore leur coup de pédale reproduit photographiquement avec l’illusion du mouvement.


Le Vélo, Paris, mardi 1er septembre 1896, p. 1.

Cet article indique que Lucien Reulos a un rôle actif dans le tournage des films dès le mois de septembre 1896:

L'ami Reulos devait, ainsi que nous l'avons annoncé, prendre hier sur le vif quelques scènes de l'entraînement pour le cinématographe de Robert-Houdin.
Malheureusement Reulos est arrivé un peu en retard; aussi a-t-il préféré remettre à aujourd'hui, à 3 heures, sa petite séance.
Qu'on se le dise !
Robert Coquelle.


Le Vélo, Paris, 4 septembre 1896, p. 2.

En revanche, on ignore si le film en question a pu être tourné, car il ne figure pas au catalogue Méliès.

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"Verre de projection sevant à la présentation des films". (1897) "
© Cinémathèque Française

Le document ci-dessus a été reproduit chez Sadoul (p. 321) avec la date 1896. Or ce n'est qu'en 1897 que Georges Mëliès quitte le nº 14 du Passage de l'Opéra pour le nº 20. Pour leur part, Bessy et Lo Duca identifient, par erreur, le personnage de droite avec Jean-Eugène Rober-Houdin. Il s'agit, en fait, comme nous l'indique Jacques Malthête-Méliès, de Jules David, dit "Marius", servant de scène au théâtre Robert-Houdin. Les deux autres personnages, à gauche, sont Georges Méliès et Lucien Reulos.

C'est également à ce moment-là que les deux hommes et Lucien Korsten déposent un brevet pour un "appareil à produire la photographie des scènes animées et à en faire la projection." (Brevet 259.444 du 4 septembre 1896; GB189619446A). 

Pendant ce temps-là, un appareil - qui se réclame comme étant celui de "Méliès et Rolos" [sic] - circule dans le Sud-Ouest de la France, de septembre à décembre 1896 : Agen, Biarritz - où des vues sont prises -, Pau, Oloron-Sainte-Marie..., sous la responsabilité de la Société du Technitographe. Une partie des films au moins semble bien provenir du catalogue Méliès... Dans la presse parisienne, les noms de Méliès et Reulos sont parfois associés :

MM. Méliès et Reulos ont réalisé le rêve de tous les Parisiens : revoir encore le Tsar et la gracieuse Tsarine. Depuis vendredi, on peut voir, au théâtre Robert-Houdin, dans le kinétographe, le passage du Tsar avenue du Bois et le départ pour Versailles en poste.


Le Gaulois, Paris, 12 octobre 1896, p. 3.

 Le nom de Reulos réapparaît à l'occasion de soirées privées où il projette des vue animées :

Société Vélocipédique Métropolitaine
La vieille société parisienne a donné hier, dans les salons Ronceray, une soirée musicale, réussie à tous les points de vue.
Un programme des mieux composés est applaudi par une assistance élégante composée exclusivement des membres de la S.V.M. et de leurs familles.
Plusieurs artistes prêtaient leur concours à la fête.
Noté particulièrement MM.Collongues, Ravet, Siblot, F. Vieuille, Zocchi, A. Vieuille, Portejoie, Lejeune, L. Balthazard et Mlle Berthe Botot.
MM. Boissot et Kanapell accompagnaient les artistes au piano.
Entre la première et la seconde partie M. L. Reulos a vivement diverti l'auditoire par une séance de kinétograph. Deux artistes américains, Howel et Master, ont recueilli l'unanimité des applaudissements.
Lacroix du Maine.


Le Vélo, Paris, 25 février 1897, p. 2.

Les années 1898-1899

Les informations concernant ces années-là sont assez anecdotiques. Le lieutenant d'infanterie Lucien Reulos est ainsi remarqué à l'occasion d'une sortie effectuée en habits militaires : 

Rencontré hier avenue G.-A., à la porte du manège Humber, un superbe lieutenant d'infanterie de réserve en qui j’ai reconnu l'ami Reulos.
L’ex-associé d’Emile Lamberjack vient d’obtenir son deuxième galon. J’allais le féliciter très chaudement pour ce brillant avancement, mais j’ai rengainé mes compliments quand j’ai vu — ô horreur! — ô scandales — cet ex-intrépide chauffeur enfourcher une noble bête que son ordonnance venait de lui amener.
Reulos sur une noble bête devant un manège d’automobiles !!! C’est le comble de l'ironie dans l’infidélité.
Robert du Voisinage.


Le Vélo, Paris, jeudi 10 février 1898, p. 1.

En octobre 1898, il dépose, seul, un nouveau brevet (Brevet 282.546 du 29 octobre 1898; GB189822976A). Une autre anecdote est peut-être plus révélatrice de sa vie privée, puisqu'on le rencontre à l'occasion d'une promenade à Nerville, en compagnie du peintre A. Belhomme :

Nerville.
Dans notre village délicieusement adossé à la forêt de l’Isle-Adam et dont les rues sont à peu près inaccessibles aux automobiles, nous avons croisé dimanche, fait extraordinaire, dans la côte du Bout d’en bas, une superbe Amédé Bollée contenant sept voyageurs.
C’était le peintre A. Belhomme, frère du chanteur et lui même lauréat du Conservatoire, sa femme et sa mère; le sporstmann Lucien Reulos, officier d'Académie; notre confrère Fabien, de l’Echo du Lac; Mme et M. Parquet, deux chauffeurs intrépides que les côtes du Jura ont familiarisé avec les dures montées de notre ravissant pays.


Le Petit Pontoisien, Paris, samedi 23 septembre 1899, p. 1.

La Société Reulos, Goudeau et Cie et le Mirographe (1900-1902)

C'est au début de l'année 1900 que Lucien Reulos s'associe avec Jacques Goudeau pour fonder la société Reulos, Goudeau et Cie:

I
Suivant acte passé devant Me Lindet et l'un de ses collègues notaires à Paris, le huit janvier mil neuf cent, enregistré.
Il a été formé entre:
M. Eugène-Lucien Reulos, négociant, demeurant à Paris, rue Demours nº 9 bis.
M. Auguste Jacques Goudeau, mécanicien, demeurant à Paris, boulevard Saint-Martin, mº 39.
D'une part.
Une Société qui sera en nom collectif à l'égard de MM. Reulos et Goudeau et en commandite simple à l'égard du commanditaire et qui a pour objet l'exploitation des brevets ci-après indiqués, la fabrication, le commerce et la vente d'un nouveau système de cinématographe d'amateur dont la dénomination sera ultérieurement faite et la fabrication et la vente des vues et de tous appareils et accessoires concernant la photographie animée.
La raison et la signature sociales sont:
REULOS GOUDEAU ET CIE
La signature et l'administration son confiées à MM. Reulos et Goudeau et chacun d'eux aura la signature sociale, mais ne pourra en faire usage que pour les besoins de la Société.
Le siège social est à Paris, rue de Bondy, nº 30. Il peut être transporté partout ailleurs, du consentement des associés en nom collectif.
La durée de la Société est de quinze années, à compter du premier janvier mil neuf cent.
Les apports sociaux s'élèvent à une somme totale de cent vingt-deux mille francs, comprenant savoir:
Apport de M. Reulos:
Premièrement. Le brevet français qui lui a été délivré le vingt neuf octobre mil huit cent quatre-vingt-dix-huit sous le nº 282546.
Deuxièment. le droit d'exploitation des brevets étrangers concernant le nouveau système cinématographique et délivrés par les gouvernements belge, anglais et allemand.
Troisièment. Et le droit d'exploiter le brevet demandé au gouvernement américain pour le même système d'appareils.
Cet apport est fait pour une somme de mille francs, ci... 1.000
Quatrièmement. Et une somme de vingt mille francs avancée par lui pour étude, essais et outillage. ci.... 20.000.
Total vingt et un mille francs ci. 21.000
Apport de M. Goudeau:
Ses connaissances spéciales évaluées à la somme de mille francs, ci.  1000
Le commanditaire apporte la somme de cent mille francs. ci.. 100.000
Ensemble cent vingt-deux mille francs, ci.  122.000.
En cas de perte des trois quarts du capital social la dissolution pourra être provoquée par chacun des associés.
En cas de décès du commanditaire la Société continuera avec les ayants droit de celui-ci.
Le commanditaire ne pourra jamais être tenu pour une somme supérieure à sa commandite.
II
Suivant un autre acte reçu par Me Lindet, les vingt-quatre et vingt-cinq janvier mil neuf cent, le siège de la Société dont il s'agit a été transféré à Paris, cité Rougemont nos 4 et 4 bis à compter du vingt-quatre janvier mil neuf cent.


La Loi, Paris, mardi 30 janvier 1900, p. 100.

Une semaine plus tard le nom “Mirographe” est déposé. En juin 1900, un additif au brevet de 1898 indique ses caractéristiques (US663785A Kinematographic Apparatus). Un article publié dans Journal des débats politiques et littéraires permet de comprendre le fonctionnement de l'appareil : 

La dernière invention cinématographique appartient à MM. Reulos et Goudeau. ll est évident que, maintenant, beaucoup d'amateurs ne se contenteront plus de faire des photographies simples. On a voulu des appareils stéréoscopiques; aujourd'hui, on veut des photographies animées. On tient à saisir au vol une scène intéressante et à la conserver éternellement. Avec certains appareils déjà dans le commerce, comme le cinématographe Démény, on peut parfaitement prendre des vues animées et préparer des bandes. Mais l'appareil est encore assez compliqué. MM. Reulos et Goudeau ont cherché à créer un système pratique et à la portée des amateurs. Ils y ont parfaitement réussi. On peut emporter leur Mirographe comme on emporte une grosse jumelle photographique, planter l'instrument sur un pied et revenir chez soi avec une provision de vues et de scènes qui s'animent ensuite à volonté. Les bandes développées, l'appareil devient cinématographe. Il permet de projeter les photographies, et, en même temps, il est en état de les montrer sans projection. L'instrument est donc à plusieurs fins et il possède, de plus, des avantages spéciaux.
Le mirographe est, comme dispositif, absolument nouveau ; ses dimensions sont très réduites : 14 centimètres de haut, 10 de long, 6 de large. Le mirographe proprement dit tient dans la poche. Un petit bâti vertical, des roues dentées, mises en mouvement par une poignée que l'on fait tourner doucement quand on veut prendre une scène. Les roues dentées entraînent la bande qui entre dans un couloir vertical par un bout pour sortir par l'autre. Le joli de l'invention, c'est le mécanisme entraîneur de la bande. Pour prendre les vues ou les projeter ensuite, il faut que la bande soit soumise à un entraînement progressif avec éclipses et expositions successives à la lumière. Or, les roues dentées mues par la manivelle entraînent, d'un mouvement continu un disque qui porte un rebord. Ce rebord n'est pas entièrement circulaire, il se rapproche tout à coup de l'axe de rotation, de sorte que les points de sa circonférence après avoir été à égale distance décentre sur les trois quarts du disque s'en rapprochent pendant un quart de rotation; il y a en un mot sur le même diamètre une différence de 1 centimètre. Cette disposition intéressante a pour effet d'obliger la bande à ne se déplacer en avant pendant la rotation que lorsqu'elle est sortie du rebord circulaire ; pendant un quart de temps, éclipse et progression ; pendant trois quarts, exposition à la lumière et prise de l'image. Les bandes ne sont plus perforées ici, mais portent sur leur bord de petits crans de 1 millimètre de côté. Ses crans sont libres pendant l'entraînement sur le disque ; mais, quand ils s'engagent dans la partie excentrique de ce disque, ils prennent contact et la bande est poussée en avant. Il y a progression.
L'exposition à la lumière est relativement longue et l'éclipse courte, ce qui est avantageux et pour la prise des images et pour leur projection. La substitution des bandes à crans aux bandes trouées laisse plus de place à l'image.
L'entraîneur de mouvement constitue tout le système. Pour photographier, il n'y a plus qu'à déposer dessus et dessous une boîte complètement close. Une bande part de la première boîte pour se rendre dans la seconde vide, où on la recueille impressionnée. On introduit le mirographe dans une chambre noire avec objectif très lumineux et on opère comme avec un appareil ordinaire, en faisant tourner la manivelle.
Pour projeter, on peut ne se servir que d'une lampe à pétrole, le mirographe disposé devant un excellent objectif, et les images, selon la distance, atteignent de 1 mètre à 1  m 90. Les bandes renferment 500 images, ont 6 mètres de long et la durée de la projection est de quarante secondes environ. L'objectif donne net à partir de 2 mètres.
Enfin, en plaçant le mirographe dans une boîte à fort microscope, on peut se passer des projections et voir directement les tableaux animés, comme dans l'ancien kinétoscope.
Cet instrument nouveau nous paraît bon parce qu'il est utilisable pour la projection, même dans de petites pièces ; il donne un carré de projection de 0 m 25 par mètre de recul. La scintillement si gênant dans la plupart des appareils disparaît et il n'y a plus de trépidation En somme, les amateurs en tireront bon parti.


Journal des débats politiques et littéraires, Paris, jeudi 27 décembre 1900, p. 1. 

goudeau 02

reulos mirographe publicite 1901
Mirographe (1900)
© Centre National du Cinéma et de l'Image Animée 
Publicité pour le mirographe (1901)

Dans une publicité pour l'appareil, datée de 1901, on voit la fille de Félix Mesguich, Rita en train de faire fonctionner le mirographe, mais l'on ignore si les inventeurs de l'appareil ont entretenu des relations professionnelles ou personnelles. 

mesguich rita Le Cinéopse   organe mensuel de l'industrie cinématographique...   la projection
"COLLECTION FÉLIX MESGUICH
Mademoiselle R. Mesguich projetant avec le Mirographe de Reulos et Goudeau en 1901."
reproduit dans Le Cinéospe, Paris, 1er février 1932.

Au nombre des collaborateurs, se trouve François Lallement qui obtient un certificat juste avant de partir chez Georges Méliès

mirographe 1901 12 30
Le Mirographe, Paris, le 30 Décembre 1901
"François Lallemand" Commission de Recherche Historique. CRH104-B4.
Source: Cinémathèque française

La société est finalement dissoute le 23 mars 1902.

Les années 1902-1928

En juillet 1902, Lucien Reulos épouse une artiste peintre Renée de Mirmont :

Mardi dernier a eu lieu à la mairie du dix-septième arrondissement, le mariage de M. Lucien Reulos avec Mlle Renée de Mirmont, la jeune et jolie artiste peintre dont les envoies aux Salons sont si remarqués.
Nous adressons aux nouveaux mariés nos meilleurs voeux avec l'espoir que la nouvelle situation de Mlle Renée de Mirmont ne l'enlèvera pas à l'art dont elle est appelée à devenir l'un des meilleurs représentants.


L'Intransigeant, Paris, 1er août 1902, p. 3. 

reulos renée de mirmont
Renée de Mirmont, Portrait de femme
© Musée d'Orsay

Dès lors, le nom de Lucien Reulos disparaît pratiquement de la presse. Le 11 septembre 1907, Gaston Méliès, frère de  Georges, épouse, en secondes noces, Hortense-Louise de Mirmont, sœur de Renée. Par la suite, en 1908, Lucien Reulos part aux États-Unis, avec Gaston Méliès pour se consacrer à la Star Films et à la production de la G. Melies Manufacturing Company.

Sources

BESSY Maurice et LO DUCA, Georges Méliès mage, Paris, Prisma, 1945, 206 p.

SADOUL Georges, L'Invention du cinéma. 1832-1897, Paris, Éditions Denoël, 1946, 364 p. 

Remerciements

Jacques Malthête-Méliès. 

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